opérations. Les armées étaient ainsi autonomes. L'évolution de la société a
en quelque sorte délocalisé l'exercice plein et entier du commandement vers
les strates du management, consolidant un éloignement entre la prise de
décision ( managers disposant de véritables états-majors ) et le contact
direct avec le terrain ( confrontation avec la menace ).
Cette dilution du pouvoir de commander est renforcée par de nouveaux
paramètres ( informatique, automatisme des procédés, judiciarisation,
politiques,..) qui font perdre de l'autonomie à des échelons subordonnés. Il
en découle que toute décision a besoin d’être justifiée et l'on cherchera
systématiquement à déterminer les responsabilités des uns et des autres en
cas de souci. La même tendance a touché le monde de l'administration et de
l'entreprise où l'on assiste à une sorte de déconcentration du pouvoir central
de décision vers l'ensemble des entités composant l'entreprise. Les
intentions partent du siège de la structure alors que l'action est locale et
cette relation est ralentie par l'ensemble des strates qui forment les couches
successives de l'arbre décisionnel.
Idée 3 : le management serait plus proche de l’organisation, le
commandement plus proche du terrain.
Il faut en effet bien distinguer le commandement des hommes ( en
intervention, au feu ) et le management des organisations qui accompagne
cette continuité. Ainsi, le commandement serait plus proche du terrain, le
management plus proche de l’organisation.
Pour commencer, les circonstances ne sont pas les mêmes : il y a une
différence entre décider « sous le feu »( commandement ), dans l'urgence et
réfléchir dans un bureau ( management ). Les problèmes à traiter ne sont
pas les mêmes : alors que le commandeur est directement confronté au
sinistre ( incendie ) ou à l'ennemi, le manager bénéficie de la distance et du
temps pour s'organiser. Le manager n’a pas la sensibilité du commandant
parce que la prise de risque n'est pas la même.
Parallèlement, la formation et l'ancienneté influent directement sur le
management et le commandement : seuls les « chefs reconnus » sur le
terrain jouissent de la plénitude du commandement. Le management viserait
à mettre en application des principes alors que le commandement tirerait sa
légitimité du contact avec les troupes. Peut-être que manager, c'est aussi
fixer les grands objectifs ( large marge de manœuvre )alors que commander
est nécessaire lorsqu'il faut remettre les gens dans la bonne direction (
marge plus étroite ).
Aujourd’hui, l’informatique, les procédures et la gestion des collectivités et
des établissements font que les cadres sont plus dans du management que
dans du commandement. On pourrait penser que ce sont davantage des
profils de gestionnaires qui sortent des grandes écoles et cela, à tout niveau.
Ainsi, peut-être que le commandement , c'est du management plus quelque
chose d'autre, et l'on parle alors de sensibilité, de confrontation.
Enfin, il est indéniable que l'autorité chargée du commandement doit
bénéficier d'une certaine crédibilité . Si cette dernière repose en partie sur la
compétence, elle trouvera également sa légitimité dans l'intégrité, la loyauté
et la rigueur que l'autorité qui commande s'appliquera à elle même. Ne dit-on
pas que le chef, c'est celui qui doit montrer l'exemple ! Par conséquent, toute
personne investie d'un commandement et sachant parfaitement maîtriser
ces paramètres, devrait être plus disposée à bénéficier du respect qui en
découle, gage de crédibilité.