32 • Questions actuelles
La vraie aide aux mourants
L’aide à mourir, comprise comme assis-
tance ou accompagnement du mourant, vise à
lui rendre la mort plus facile, à l’aider à vivre
sa propre mort. On pourrait donc parler d’aide
à vivre pour les mourants. Une telle aide peut
prendre des formes diverses.
Beaucoup de personnes meurent très âgées,
sans traitements agressifs et sans soins inten-
sifs. La mort survient au terme d’un processus
de diminution de leurs forces et de défaillance
progressive de leurs fonctions vitales. L’assis-
tance aux mourants, c’est ici utiliser les
moyens qui diminuent leurs souffrances. Dans
de telles situations, il n’y aurait aucun sens, en
mettant en œuvre tous les moyens dispo-
nibles, à vouloir prolonger la vie au-delà de la
survenue prévisible de la mort naturelle. Le
respect de la fin inéluctable demande de s’effa-
cer et d’accepter la mort. Outre l’assistance
médicale, normale, l’aide apportée au mourant
consistera en soins, en une sollicitude et un ac-
compagnement personnels qui soulageront le
mourant dans la phase ultime de sa vie, et per-
mettront de mourir d’une mort chrétienne. On
cherche aujourd’hui à assurer cette aide et cet
accompagnement grâce à des personnes et des
services formés à cette fin.
Cela vaut également pour les situations où le
processus conduisant à la mort a abouti à la
cessation progressive des fonctions biolo-
giques, et à laquelle viennent s’ajouter soudain
des complications (pneumonie par exemple)
qui accélèrent le processus. Ici, en règle géné-
rale, le médecin n’est pas tenu de combattre
les complications, ce qui ne ferait que surseoir
à une échéance proche et inéluctable.
La question se pose de savoir ce qu’il est
permis de faire pour un malade en phase ter-
minale en proie à de grandes souffrances, qu’il
est possible de combattre, mais par des
moyens qui, outre la neutralisation de la dou-
leur, peuvent avoir pour effet possible d’accé-
lérer la mort en cas de traitement prolongé.
Étant donné le développement actuel des mé-
dicaments anti-douleur, cette possibilité ne
devrait pas être fréquente, mais elle ne peut
être exclue. Un médecin qui aurait connais-
sance des effets secondaires de ce type pour-
rait-il néanmoins administrer de tels remèdes?
Lorsqu’un groupe de médecins posa cette
question à Pie XII (•), il répondit : «Lorsque
d’autres moyens font défaut, et que compte
tenu des circonstances on n’empêche pas par
là l’accomplissement du devoir religieux et
moral qui demeure, cela est permis. » Il ne
s’agit pas ici de donner la mort de façon inten-
tionnelle; écourter la vie est un effet secon-
daire de l’apaisement des souffrances.
Parfois une personne qui souffre d’une ma-
ladie incurable, et qui, selon le diagnostic du
médecin et le pronostic médical, n’a plus une
grande espérance de vie, pourra s’interroger
sur l’opportunité de se soumettre à une opé-
ration qui, sans doute, pourrait différer la
mort, mais entraînerait également de graves
séquelles corporelles et psychiques. Si le ma-
lade se prononce de façon consciente et libre
contre cette intervention, sa décision doit
être respectée car, au lieu d’une prolongation
des souffrances qui n’a pas de sens, le malade
opte pour une mort consciente et digne.
(•) Voir encadré
p. 11.
À l’occasion de la « Semaine pour la Vie 1996 »,
le Conseil des Églises Évangéliques et la
Conférence épiscopale d’Allemagne ont publié
une déclaration commune intitulée : « La fin de
la vie, c’est encore la vie ». Voici un résumé de
leurs propos sur l’importance du mouvement
des soins palliatifs et ses objectifs :
Ce Mouvement des soins palliatifs, né en Allemagne
sous l’impulsion de la Grande-Bretagne et des
États-Unis, a démarré lentement et a connu bien des
difficultés et des échecs. Mais il ne s’est jamais laissé
détourner de ses objectifs, à savoir :
– reconnaître la fin de la vie comme faisant partie de la
vie ;
– découvrir le sens de la fin de la vie ;
– faire prendre conscience que les mourants et leurs
proches sont à accompagner ensemble ;
– apporter le support d’une équipe interdisciplinaire ;
– associer des auxiliaires bénévoles, hommes et femmes ;
– assurer le suivi de tous les acteurs ;
– s’assurer de la coopération de toutes les personnes
impliquées dans chaque situation que l’on prend en
charge ;
– intégrer le concept de soins palliatifs dans les services
et les institutions existant ;
– avoir des connaissances spécialisées en matière de
contrôle des symptômes ;
– assurer la continuité de la prise en charge ;
– accompagner les endeuillés.
Cf. DC 1996, n°2138, p. 493-497.
LES OBJECTIFS DES SOINS PALLIATIFS