Chapitre 6. Economie ouverte : 1. L`ouverture du marché

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06/12/2012
Chapitre 6. Economie ouverte : le modèle Mundell‐Fleming
Elisabeth Cudeville
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• Le développement des échanges internationaux (biens et services et flux financiers) a rendu fortement interdépendantes les conjonctures internationales.
Il est devenu impossible de ne traiter des questions macroéconomiques que dans un cadre d’économie fermée. • Modèle Mundell‐Fleming développé au début des années 60 = extension du modèle IS‐LM à une économie ouverte, i.e. on intègre les échanges de biens et services, de capitaux et de devises avec le reste du monde. Objectif principal : étudier l’efficacité des politiques économiques selon le régime de changes en vigueur (changes fixes ou changes flexibles).
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1. L’ouverture du marché des biens
Exportations et importations en % du PIB, France
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Exportations et importations en % du PIB, Etats‐Unis
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1. 1 Déterminants des échanges de biens Le prix relatif des biens étrangers / aux biens domestiques = taux de change réel. On exportera d’autant plus de biens domestiques et on importera d’autant moins de biens étrangers que les biens domestiques sont moins chers / aux biens étrangers. Soient :
 P le prix d’une unité de biens domestiques en monnaie nationale et P* le prix des biens étrangers en monnaie étrangère.  E, le taux de change nominal exprimé comme le prix de la monnaie étrangère en termes de monnaie nationale (prix d’un $ en euro : 1$=E€). EP* est donc le prix en euro d’une unité de biens étrangers.
Le prix relatif des biens étrangers en termes de biens nationaux = taux de change réel, que l’on note ε, est donc donné par :
EP *

P
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• Plus ε ≡ EP*/P est grand, plus les biens étrangers sont chers relativement aux biens nationaux : Le volume de biens nationaux demandés par les agents du reste du monde (RM), que l’on note X, croît avec ε :
X  X ( )

la demande de biens étrangers par les nationaux, que l’on note M, décroît avec ε :
M  M ( )

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1. 2 Balance courante et taux de change réel
• La balance courante : NX  X ( )   M ( )
 NX  NX ( )
Comment réagit la balance courante quand ε varie?
Attention : X représente les exportations en volume de biens nationaux et M les importations en volume de biens étrangers  pour écrire le solde de la balance courante en volume de biens nationaux il faut « convertir » les unités de biens étrangers en unités de biens domestiques, i.e. multiplié M par le taux de change réel ε.
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NX  X ( )   M ( )


Deux types d’effets d’une dépréciation réelle (hausse de ε ) sur le solde de la balance courante :
Effets volume : une hausse de ε ( ≡ EP*/P ) renchérit les biens étrangers/aux biens domestiques  augmente le volume des exportations et réduit le volume des importations.
Effet prix : une hausse de ε renchérit la valeur des importations en termes de biens domestiques (εM).
 Au total, tout dépend de l’ampleur relative des effets volume et de l’effet prix.
On supposera qu’une dépréciation réelle améliore le solde de la balance commerciale = Condition de Marshall‐Lerner (CML)
NX  NX ( )

Empiriquement débattue  courbe en J, CML plutôt vérifiée 8
à long terme mais pas à court terme.
La courbe en J
L’effet prix domine
Les effets volume dominent
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2. L’ouverture du marché financier
• Les agents ne détiennent pas de monnaie étrangère,
seule la banque centrale en détient.
• Par contre ils peuvent acheter indifféremment des
titres domestiques ou des titres étrangers, supposés
parfaitement identiques et donc substituables.
 Puisque les titres étrangers et domestiques sont
identiques, dès lors qu’il n’y a pas d’entraves aux
échanges de titres, les arbitrages des agents assurent
que titres étrangers et titres domestiques vont
s’échanger au même prix et donc procurer le même
rendement.
 Égalisation des rendements entre titres domestiques
et titres étrangers sous l’hypothèse de parfaite mobilité
des capitaux = parité des taux d’intérêt (PTI).
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2.1 La Parité des Taux d’Intérêt (PTI)
Deux possibilités d’investissement financier :
• Soit on investit 1 euro aujourd’hui dans un titre domestique rémunéré au taux d’intérêt nominal domestique i, on reçoit demain (1+i) €.
• Soit on investit aujourd’hui 1 euro dans un titre étranger, rémunéré au un taux d’intérêt étranger i*. Les titres étrangers sont libellés en $, investir aujourd’hui 1 €, soit 1/E $ rapporte demain (1+i*) $, soit Ea/E(1+i*) €.
• Ces deux placements doivent procurer le même rendement = Parité des Taux d’Intérêt (PTI):
1 i 



Ea
Ea
1  i *  E 1  i   E a 1  i   1  i 
1  i*
E
E

i  i*
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• Les entrées nettes de capitaux (achats nets de titres domestiques) dans l’économie domestique dépendent de ce différentiel de rendement : les agents investiront d’autant plus en titres domestiques (entrées de capitaux) que leur rendement sera élevé par rapport aux titres étrangers, i.e. que i−i* est grand pour Ea=E.
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2.2 Balance des capitaux et mobilité des capitaux
• Entrées nettes de capitaux :
NK  k (i  i*) avec k un réel positif ou nul.
k = degré de mobilité des capitaux. • Cas limites : si k = 0, les capitaux sont immobiles internationalement, NK = 0 quelque soit i−i*.
si k  +∞, parfaite mobilité des capitaux, i=i*.
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3. Marché des changes et régimes de changes
• L’économie domestique échange avec le reste du monde :
des biens et services
des titres
• Bien évidemment, les biens et les titres étrangers doivent être régler en monnaie étrangère (en $).
• C’est sur le marché des changes que s’échangent les monnaies, la monnaie nationale contre des devises étrangères.
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• Les agents doivent régler leurs achats de biens étrangers ou de titres étrangers en monnaie étrangère, ils vont devoir convertir auprès du système bancaire de la monnaie domestique contre de la monnaie étrangère  Les échanges internationaux de biens et services et de capitaux ont pour contrepartie des échanges de devises. • Si l’économie achète plus (resp. moins) de biens et/ou titres à l’étranger qu’elle n’en vend à l’étranger (= déficit (resp. excédent) de la balance globale des paiements) cela se traduira par une demande (resp. offre) excédentaire de devises contre de la monnaie nationale sur le marché des changes.
B  NX (Y , Y *,  )  NK ( i , i *)  0





(resp.  0)
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L’équilibre du marché des changes
• L’équilibre du marché des changes est réalisé quand la demande excédentaire de devises contre de la monnaie nationale est nulle, i.e. quand la balance globale des paiements est équilibrée : B  0  NX (Y , Y *,  )  NK (i  i *)  0



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L’ajustement à l’équilibre du marché des changes dépend du régime de change : – En changes flexibles, le marché des changes s’équilibre par les prix. Le prix relatif de la monnaie étrangère par rapport à la monnaie nationale, le taux de change E, se fixe de manière à égaliser les offres et demandes relatives de devises : si B>0, la monnaie nationale s’apprécie / à la monnaie étrangère, E augmente; si B<0, la monnaie nationale se déprécie / à la monnaie étrangère, E baisse.
– En changes fixes, le marché des changes s’ajuste par les quantités. Le taux de changes est fixé par la banque centrale qui s’engage à satisfaire les offres et les demandes de devises à ce cours, c’est le stock de réserves en devises au bilan de la banque centrale, i.e. l’offre nominale de monnaie qui s’ajuste. 18
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Le régime de changes flexibles pur
Le taux de change E se détermine librement sur le marché des changes en fonction de l’offre et de la demande de devises contre de la monnaie nationale  ajustement par les prix. E = E* tel que B= 0, soit
NX (Y , Y *, E )  NK ( i , i *)  0





A l’équilibre du marché des changes, le solde de la balance des capitaux compense exactement celui des opérations courantes : 19
4. Le modèle de Mundell‐Fleming (IS/LM en économie ouverte) en changes flexibles
• Même hypothèses que dans IS/LM : prix P et salaire W
rigides, etc., mêmes hypothèses de comportement.
• Le taux d’intérêt i et le taux de change E sont parfaitement flexibles.
• Hypothèse de « petite économie ouverte » On suppose que les évolutions des grandeurs macroéconomiques domestiques ont un effet négligeable sur le reste du monde : Y* et i* en particulier peuvent être considérés comme des données exogènes. Par rapport à IS‐LM, un marché en plus : le marché des changes  l’équilibre global correspond à l’équilibre simultané sur le marché des biens, de la monnaie et des changes.
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4.1. L’équilibre sur le marché des biens et la courbe IS
• En économie ouverte, la demande globale a une composante supplémentaire, les exportations nettes de biens ou balance courante :
Z  C  I  G  NX
Z  C (Y  T )  I (Y , i )  G  NX (Y , Y *,  )



Elle est moins pentue que la demande intérieure (fuite par les importations)
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IS en économie ouverte
IS : Y  C (Y  T )  I (Y , i )  G  NX (Y , Y * ,  )
 Y  c1 (Y  T )  c0  b1Y  b2i  b0  G  x1Y * m1Y  
avec x1 , m1 et  positifs.
 Y (1  c1  b1  m1 )  c1T  c0  b2i  b0  G  x1Y * 
Y 
c1T  c0  b2i  b0  G  x1Y * 
1  c1  b1  m1
Le multiplicateur est plus faible  les relances par la
demande sont moins efficaces car une partie de la relance
« part » vers l’étranger sous forme de hausse des
importations  rôle de la propension marginale à importer
sur l’efficacité des politiques de demande : plus elle est forte,
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moins les relances par le demande sont efficaces.
Equilibre sur le marché des biens et balance courante
Demande
DD (C+I+G)
dG  0
ZZ (C+I+G+X-εM)
Perte d’efficacité lié aux fuites
via les importations.
Y
Balance courante
Y0
Y1
NX
Y
Excédent
courant
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Déficit
courant
Effet d’une hausse du revenu étranger
Demande
ZZ
DD (C+I+G)
ZZ (C+I+G+X-εM)
dY *  0
Y
NX
Y0
Y1
Y
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Excédent
courant
Déficit
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• Face à une récession internationale, la coordination (coopération) internationale peut permettre d’éviter une crise durable si les pays craignent de faire des déficits commerciaux.
• Risque de comportement de passager clandestin.
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IS : Y  C (Y  T )  I (Y , i )  G  NX (Y , Y * ,  )

 



i
 dG  0

 ou dT  0

ou dY *  0
 ou d  0

IS G , T , Y *, 

Y
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• Une hausse du revenu étranger Y* conduit à une augmentation des exportations, donc à une amélioration de la balance commerciale et donc de la demande et du revenu  IS se déplace vers la droite.
• Une hausse du taux de change réel ε (lié par exemple à une hausse du taux de change nominal E) améliore le solde de la balance commerciale car on a supposé la condition de Marshall‐Lerner vérifiée. Elle conduit donc à une augmentation de la demande de biens et services et du revenu  IS se déplace vers la droite.
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4.2. L’équilibre sur le marché de la monnaie et la courbe LM
• Hypothèses inchangées / au comportement de demande
de monnaie.
• L’équilibre sur le marché de la monnaie s’écrit :
i
LM M 
dM  0
Y
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4.3. L’équilibre sur le marché des changes et la courbe BB
L’équilibre sur le marché des changes correspond à
l’équilibre de la balance globale des paiements qui s’écrit :
NX (Y , Y *,  )  NK (i  i*)  0
BB :




 L’équilibre sur le marché des changes définit une
relation croissante entre Y et i :
si i augmente, entrées de capitaux car le rendement des titres
domestiques augmente  amélioration de la balance des
capitaux et excès de la balance globale des paiements. Pour
rétablir l’équilibre sur le marché des changes, la balance
commerciale doit se détériorer donc Y augmenter.
 La courbe BB est le graphe de cette relation dans le
repère (Y, i). Sa pente dépend du degré de mobilité des
capitaux k.
La Courbe BB
i
 di*  0

 d  0
dY *  0

i  i*
BB , Y *, i *
k
Y
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Cas particuliers
 Parfaite mobilité des capitaux (k = +∞)
i
i  i*
BB
Y
 Absence de mobilité des capitaux (k = 0)
i
BB
Y tel que NX (Y , Y *,  )  0
Y
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4.4 L’équilibre macroéconomique
 L’équilibre global correspond à l’équilibre simultané sur tous les marchés  il est défini à l’intersection des courbes IS‐LM‐BB.
 On suppose une forte mobilité des capitaux : BB moins pentue que LM.
i
LM M , H 
BBY *,i*,  
IS G , T , Y *,  
Y
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5. L’efficacité des politiques économiques 5.1 La politique budgétaire
• Une hausse des dépenses publiques financée par emprunt accroît la demande directement et indirectement via l’effet multiplicateur.
• Sur le marché des biens, les entreprises accroissent la production et le revenu augmente (IS  IS’). • Sur le marché de la monnaie, la hausse du revenu crée une excès de demande qui pousse le taux d’intérêt à la hausse.
 L’équilibre interne se rétablit en A pour un revenu et un taux d’intérêt plus élevés.
• Sur le marché des changes, le solde de la balance globale des paiements se détériore sous l’effet de la dégradation du compte courant induite par la hausse du revenu, et s’améliore sous l’effet des entrées de capitaux induites par la hausse du taux d’intérêt domestique. La mobilité des capitaux étant forte, le second effet l’emporte et la balance globale des paiements s’améliore.
 En A, la balance globale des paiements est excédentaire, ce qui correspond à un excès de demande de monnaie nationale contre des devises sur le marché des changes (A au dessus de BB).  Tendance à l’appréciation de la monnaie nationale (baisse E).
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• En changes flexibles, le taux de change s’ajuste pour rééquilibrer le marché des changes  appréciation de la monnaie nationale.
• L’appréciation de la monnaie nationale réduit la compétitivité des produits domestiques et la balance commerciale se détériore (IS’
IS’’ et BBBB’), ce qui permet de rétablir l’équilibre sur le marché des changes. • L’équilibre global se rétablit en E’ pour un revenu et un taux d’intérêt plus élevés par rapport à l’équilibre initial. L’efficacité de la relance budgétaire est réduite par la baisse de la demande liée à la détérioration de la balance commerciale, elle même induite par l’appréciation de la monnaie nationale : on parle d’éviction par le commerce extérieur. Dans le cas de parfaite mobilité, l’éviction par le commerce extérieur est totale : la détérioration de la balance commerciale compense dBC  dG
exactement la hausse des dépenses publiques ( ) et la politique budgétaire est dans ce cas totalement inefficace. 34
La politique budgétaire en changes flexibles
i
i’
i1
LM
BB’
A’
dG  0
2
A1
1
BB
dE  0
i0
2
A0
IS’
IS
Y0
Y1
IS’’
Y’
Y
Eviction par le commerce extérieur
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