RO C H E DIAG NOSTICS - 10 000 B IO N°74 - MAI 2006 ROC H E DIAG NOSTICS - 10 000 B IO N°74 - MAI 2006
INNOVATION
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RO C H E DIAG NOSTICS - 10 000 B IO N°74 - MAI 2006 ROC H E DIAG NOSTICS - 10 000 B IO N°74 - MAI 2006
ou tel secteur thérapeutique, en par-
ticulier celui de la douleur pour lequel
nous avons une expertise mondialement
reconnue à Genève. Cette interaction est
extrêmement motivante et nous entrete-
nons des liens privilégiés avec le service
de Pharmacologie Clinique (Pr. P. Dayer
et Dr J. Desmeules).
La première phase d’introduction d'une
nouvelle analyse est en règle générale
initiée au travers d’études cliniques, dont
certaines viennent d’être récemment
publiées.
Outre les objectifs spécifiques des étu-
des, bien définis en amont par l’inves-
tigateur, il s’agit aussi pour nous de
valider la pertinence clinique d’un test,
c'est-à-dire de bien définir dans quelle
situation il présentera vraiment une aide
pour la prise en charge et/ou le suivi thé-
rapeutique (choix de la molécule et de la
posologie initiale). Ainsi que mesurer et
démontrer l’impact médico-économique
favorable de l’introduction de la pharma-
cogénétique en routine. »
Comment concevez-vous la
place de la technique AmpliChip
CYP450 dans votre laboratoire ?
« Nous avions déjà des techniques (com-
merciales ou développées au laboratoire)
pour rechercher les génotypes (allèles)
les plus fréquents des CYP450 2D6
et 2C19. Notre expérience acquise en
9 mois avec l'AmpliChip nous permet
maintenant d’évaluer comparativement
les performances des différents tests.
Globalement, il existe une très bonne
corrélation analytique entre nos techni-
ques "classiques" et l'AmpliChip, mais la
biopuce permet en un seul test de com-
biner l’étude des allèles 2D6 et 2C19.
Surtout, un des avantages majeurs per-
mis par le format biopuce est la capacité
d’explorer en même temps un nombre
beaucoup plus important d’allèles (pour
le CYP 2D6, du moins), en particulier
des allèles fréquemment rencontrés chez
les patients d’ethnies non caucasiennes
que nous ne pouvons pas rechercher de
façon systématique simplement en multi-
pliant le nombre de tests.
Pour une ville internationale et cosmo-
polite comme Genève, et face à l’accé-
lération des échanges inter-culturels et
des migrations de population, pouvoir
rechercher des polymorphismes a priori
rares, mais néanmoins répandus dans
d'autres ethnies, répond presque à une
exigence éthique.
Enfin, un autre intérêt de la biopuce est
de pouvoir définir, en cas d'allèle multi-
dupliqué détecté simultanément avec un
allèle déficient, l'identité de l'allèle impli-
qué afin de mieux prédire le phénotype
résultant (seule la duplication d'un allèle
normal donnera un phénotype de méta-
boliseur ultrarapide). Cette distinction ne
peut pas être faite avec une méthode de
génotypage classique. »
Quels développements
espérez-vous sur AmpliChips ?
« Ils sont nombreux. En effet, les poten-
tialités de cette technologie sont énor-
mes. Actuellement, nous déterminons
les polymorphismes de deux gènes, mais
nous pourrions tout aussi bien analy-
ser plusieurs milliers de gènes simulta-
nément sur le même genre de
puce. La limitation n'est plus
d'ordre technologique, mais
la question consiste mainte-
nant à déterminer quels sont
les gènes pertinents dont l'ana-
lyse permettra d'améliorer la prise
en charge du patient. Par exem-
ple, aujourd’hui le test AmpliChip
CYP450 donne des informations sur la
pharmacocinétique des médicaments à
voie métabolique hépatique CYP 2D6 et
2C19-dépendants, mais nous espérons
pouvoir un jour rechercher des polymor-
phismes dans les gènes-clés intervenant
également dans la pharmacodynamie
des médicaments.
En outre, les développements en cours
dans le domaine de l'oncologie sont
aussi immenses, et notre laboratoire, qui
travaille également sur les phénomènes
de régulation épigénétique par hypermé-
thylation, attend beaucoup de la techno-
logie des puces à ADN.
Nous ne doutons pas que ce type de
plateforme s’ouvrira à un grand nombre
d’applications. »
Vos plateformes de biologie molé-
culaire, qu’il s’agisse du Light
Cycler ou de l’AmpliChip, sont-
elles exclusivement utilisées par le
service de Chimie clinique. Quelle
est votre philosophie en terme de
mise en commun de moyen ?
« Vous avez raison de m’interroger sur
ce point. En effet, la politique du service
est très en faveur de l’ouverture de ces
plateformes à d’autres services, pour
d’autres applications. C’est déjà le cas
pour la PCR en temps réel (Light Cycler)
utilisée par d’autres services, par exem-
ple pour le génotypage en routine des
Apolipoprotéines E ou dans des domai-
nes plus expérimentaux comme la trans-
plantation d'îlots pancréatiques (étude
du relargage des cellules Bêta dans la
circulation sanguine après transplanta-
tion, par analyse des ARN messagers
circulants de l’insuline).
Si ce n’est pas encore le cas pour la
plateforme AmpliChip, les dévelop-
pements de nouveaux tests nous
imposeront forcément d’aller dans
cette voie d’une communauté de
moyens. Cette mise en commun
de plate-formes techniques est
d'ailleurs un des points centraux du
projet de regroupement des laboratoires
actuellement en cours aux HUG. »
Cette plateforme est à la pointe en
matière d'innovation biologique.
Cette image novatrice est-elle
importante pour votre laboratoire ?
« Oui. On est toujours sensible à l’ima-
ge de son laboratoire ! Physiologiste
et endocrinologue de formation initiale
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