
Le ressenti d’un interne face à l’erreur médicale
Interne en cardiologie, j’ai eu à assurer la prise en charge initiale d’une patiente, Mme
@@@ arrivée dans mon service un jeudi vers 17h00.
La patiente était une jeune femme de 38 ans, 2 enfants, sans antécédents particuliers,
fumeuse, qui souffrait de céphalées depuis 15 jours. Elle avait consulté une première fois
aux urgences dix jours auparavant, l’urgentiste avait conclu cliniquement à une crise
migraineuse dans un contexte d’hypertension non connue auparavant et l’avait laissée
repartir avec un traitement symptomatique. La patiente avait alors consulté son médecin
traitant à 2 reprises. Ce dernier a introduit un double traitement antihypertenseur, pour
corriger cette hypertension de novo. La patiente s’était représentée ce jour aux urgences
avec un tableau associant céphalées pulsatiles bitemporales irradiant dans la nuque, tension
artérielle à 170/100 au bras droit et 145/90 au bras gauche, diarrhées depuis 3 jours,
vomissements la veille mais pas ce jour. Devant l’asymétrie tensionnelle, les urgentistes lui
font faire un angioTDM thoraco abdomino pelvien à la recherche d’une dissection de l’aorte
ou des artères sous-clavières. Cette hypothèse ayant été infirmée par l’examen, l’urgentiste
estime avoir éliminé la pathologie présentant le plus de risque pour la patiente en termes de
probabilité diagnostic et par son pronostic. L’urgentiste (Dr ROSS les noms sont fictifs ) fait
alors appel au cardiologue, le Dr DEGARDE pour un avis concernant cette hypertension avec
asymétrie tensionnelle résistant à un double traitement antihypertenseur. Le cardiologue de
garde fait alors hospitaliser la patiente dans mon service pour prise en charge et recherche
d’hypertension artérielle secondaire.
Lorsque j’examine la patiente, je suis frappé par ses plaintes concernant ses céphalées. Elle
ne semble pas soulagée malgré les antalgique et le loxen IV. Mon interrogatoire révèle que
la patiente est douloureuse depuis une séance de gymnastiques 15 jours auparavant.
J’évoque alors une dissection carotidienne. Je réalise un examen clinique neurologique
minutieux qui ne révèle absolument rien. Pas de signes de localisation, pupilles symétriques,
pas de souffles carotidiens, nuque souple, pas de Babinski, pas de photo/phonophobie
aucun trouble de la conscience ni de la vigilance. Par ailleurs, la patiente présente une
fébricule à 38,4°C qui n’existait pas aux urgences. Mais mon interrogatoire confirme bien
des diarrhées et vomissements la veille qui entreraient facilement dans un tableau de gastro
entérite. L’idée d’un diagnostic de thrombophlébite cérébrale me passe par la tête mais la
pathologie est rare, il n’y a pas de contexte évocateur en dehors du tabagisme et les BHCG
sont négatifs.
Ayant bien étudié la prise en charge des céphalées aux urgences (cf la présentation
« céphalées aux urgences » que j’ai réalisé en staff aux urgences d’Aulnay-sous-bois le
semestre précèdent), je me sens alors frustré de ne pas avoir de scanner cérébral que