DOSSIER DE PRESSE
HISTOIRE
DUNE VIE
création théâtre | d’après le livre éponyme d’Aharon Appelfeld | traduction de
l’hébreu par Valérie Zenatti ditions de l’Olivier et Points) | adaptation Jean-
Luc Vincent et Bernard Levy | mise en scène Bernard Levy assisté de Jean-Luc
Vincent
avec Thierry Bosc et avec les voix de Zohar Wexler, Emmanuelle Grangé,
Bernard Weisbrot, Robert Hatisi
MARDI 10 > JEUDI 19 MARS 2015
MARDI ET VENDREDI À 20H30
MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30
DIMANCHE À 16H
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Création le 4 nov à la Coupole, Scène Nationale de Sénart - Combs-La-Ville
THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
SERVICES PRESSE
THÉÂTRE 71 | Zef Isabelle Muraour 01 43 73 08 88 – 06 18 46 67 37 – isabelle.muraour@gmail.com
LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
tarifs27 € tarif normal 18 € +60 ans, billet découverte, groupe à partir de 8 personnes, carte famille nombreuse,
comités d’entreprise, collectivités, abonnés des théâtres partenaires, adhérents cinéma, Fabrica’son, médiathèque
Pablo Neruda, ACLAM et Conservatoire intercommunal de Malakoff, associations des Amis de la Maison des Arts de
Malakoff et des Z’amis du Conservatoire 13€ –30 ans, demandeurs d’emploi, intermittents du spectacle, personnes
handicapées 9 € –12 ans, bénéficiaires du RSA, –30 ans pour l’Association des Z’amis du Conservatoire et les élèves
du Conservatoire intercommunal de Malakoff
HISTOIRE D’UNE VIE
l’équipe artistique
création théâtre
d’après le livre éponyme d’Aharon Appelfeld
traduction de l’hébreu par Valérie Zenatti ditions de l’Olivier et Points)
adaptation Jean-Luc Vincent et Bernard Levy
mise en scène Bernard Levy assisté de Jean-Luc Vincent
avec Thierry Bosc
avec les voix de Zohar Wexler, Emmanuelle Grangé, Bernard Weisbrot, Robert Hatisi
scénographie Giulio Lichtner
lumières Christian Pinaud
costumes Séverine Thiébault
son Xavier Jacquot
vidéo Romain Vuillet
régie générale
John Carroll
régie lumière Lucie Juliot
durée env. 1h15
production déléguée Scène nationale de Sénart
coproduction Compagnie Lire aux éclats, MC2 : Grenoble, L’Espace des arts Scène Nationale de
Chalon-sur-Saône, Scène Nationale d’Albi, La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, Scène
Nationale de Sénart
La Compagnie Lire aux éclats est subventionnée par la DRAC Île-de-France
TOURNÉE 2014.2015
4 › 6 novembre la Coupole, Scène Nationale de Sénart - Combs-La-Ville | 01 60 34 53 60
13 › 15 novembre Théâtre de l’Ouest Parisien - Boulogne-Billancourt | 01 46 03 60 44
18 & 19 novembre La Passerelle, Scène Nationale - Saint-Brieuc | 02 96 68 18 40
26 › 29 novembre Théâtre Garonne - Toulouse | 05 62 48 54 77
4 & 5 décembre Le Granit, Scène Nationale - Belfort | 03 84 58 67 67
9 & 10 décembre Scène Nationale d’Albi | 05 63 38 55 56
15 & 16 janvier Lespace des Arts, Scène Nationale - Chalon-sur-Saône | 03 85 42 52 12
27 › 31 janvier MC2 : Grenoble, Scène Nationale | 04 76 00 79 00
3 & 4 février Théâtre de l’Archipel, Scène Nationale - Perpignan | 04 68 62 62 00
10 › 19 mars 2015 Théâtre 71, Scène Nationale - Malakoff | 01 55 48 91 00
NOTE D’INTENTION
Ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux autres dans la mémoire, et
convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été dévorée par l’oubli. Ce qui restait
semblait n’être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après fragment, j’ai senti que ce n’était
pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une forme de sens.
J’ai découvert l’œuvre d’Aharon Appelfeld il y a plus de dix ans. La complexité de son univers
fictionnel, la simplicité de sa langue et la sensibilité de ses interrogations me touchent à chaque
nouveau livre que je lis. En 2004, paraissait
Histoire d’une vie
(Prix Médicis étranger), son premier
livre explicitement autobiographique. Je fus frappé par la force du combat qu’il y décrit : son
combat pour devenir écrivain en acceptant ce qu’il est et d’où il vient. C’est ce parcours que je
désire aujourd’hui mettre sur scène. Je ressens une proximité unique avec cet écrivain. Ce qu’il
écrit fait sans doute écho à ma propre vie, non dans les faits bien sûr, mais dans cette volonté
farouche de s’arracher à tout déterminisme en écrivant sa propre histoire. Lui, par la littérature,
moi, par le théâtre.
Le parcours d’Aharon Appelfeld est unique : orphelin à huit ans, il va s’échapper d’un camp
ukrainien et errer seul dans les forêts jusqu’à la fin de la guerre. À treize ans, il débarque en Israël.
Commence alors la lente et douloureuse prise de conscience de sa vocation littéraire. Il est
aujourd’hui l’un des plus grands écrivains israéliens vivants. Il a quatre-vingt ans et vit à
Jérusalem. Cette trajectoire est pour moi celle d’un véritable héros.
Histoire d’une vie
, c’est le récit d’une lutte à la première personne. Une lutte pour reconstituer sa
mémoire, pour accepter de trouver le silence qui l’a entouré pendant la guerre et le faire revenir
vers lui, car « dans ce silence était cachée mon âme ». Une lutte pour ne pas perdre sa langue
maternelle tout en acceptant d’en faire sienne une autre, l’hébreu. Un combat permanent entre
le présent, celui de l’homme nouveau israélien, et le passé, celui de l’enfant juif rescapé des
camps.
Lécriture est simple, économe. Elle mêle fragments de mémoire et réflexions sur la langue, la
mémoire et l’identité, avec une grande finesse et une grande émotion. J’ai le sentiment que le
théâtre peut naître de cette parole, de ce drame constitué par la lutte d’un homme pour devenir
lui-même. À travers la voix d’un acteur, la musique, si présente dans l’œuvre d’Appelfeld, le
mélange des sons et des langues, on pourra faire entendre et amplifier cette écriture unique et
donner à voir le combat d’un homme traversé par des forces contradictoires. Paradoxalement, du
récit d’une vie si singulière, se dégage l’universalité de la quête menée par tout homme : la quête
d’une histoire individuelle et personnelle que l’on construit à la fois avec et contre les
déterminismes historiques et culturels.
Bernard Levy, avril 2014
NOTE DE MISE EN SCÈNE
Ladaptation d’
Histoire d’une vie
pour la scène s’est faite simplement : un acteur seul en scène
incarne un personnage/auteur et prend ainsi en charge le texte original écrit à la première
personne, dans lequel il raconte son destin en s’interrogeant aujourd’hui sur son histoire, son
identité, son écriture. Il n’y a donc pas de mise en dialogue, de réécriture, de travail d’adaptation
au sens où on l’entend généralement. En revanche, il y a bien théâtre car une parole, qui mêle
réflexion et récit, est dite au présent devant nous. La véritable difficulté consistait en fait à
réduire le texte d’origine sans perdre sa richesse et sa complexité. Nous avons fait le choix de
préserver le fil rouge de la mémoire et de l’interrogation permanente sur les questions d’identité
et d’écriture, quitte à laisser de côté nombre de passages magnifiques (notamment tous les
récits de la première partie du livre qui racontent le destin d’autres enfants pendant la guerre).
Mais porter un livre à la scène, c’est aussi donner envie aux spectateurs d’aller le lire dans son
intégralité.
Ce travail d’adaptation a immédiatement posé deux questions scéniques centrales : celle de
l’incarnation et celle de la scénographie. Autrement dit : qui parle et où parle-t-il ? Il semblait
important de trouver un acteur qui serait très loin d’Aharon Appelfeld lui-même mais qui, par sa
présence et sa nature, aurait l’épaisseur nécessaire pour rendre crédible ce regard posé par un
homme sur sa vie et son destin d’exception. Dès lors, l’acteur Thierry Bosc s’est très vite imposé :
le concret mêlé de poésie de sa présence scénique et de son rapport au langage, son talent pour
raconter des histoires, son humour mêlé de gravité, étaient indispensables au projet. Après avoir
été notre Hamm dans
Fin de partie
, puis notre Estragon dans
En attendant Godot
, il serait notre
Aharon.
Pour concevoir l’espace, nous avons fait appel à notre scénographe et complice Giulio Lichtner. Il
fallait, comme souvent dans nos spectacles, mêler réalisme et abstraction. En nous inspirant de
notre travail sur l’opéra
Didon et Énée
, nous avons imaginé une boîte qui puisse aussi bien être
le lieu concret de l’écriture (la fameuse « chambre » de l’écrivain, comme l’appelait Virginia
Woolf) que le lieu mental de la mémoire en action. Grâce à la lumière de Christian Pinaud et au
travail vidéo de Romain Vuillet, l’espace scénique pourrait être tout cela à la fois.
Imperceptiblement, le bureau de l’écrivain, où les rayons du soleil de Jérusalem passent à travers
les stores, évoque la forêt ukrainienne ou la maison des grands-parents.
Bernard Levy, Jean-Luc Vincent, septembre 2014
EXTRAIT
« Je me souviens très peu des six années de guerre, comme si ces six années-là n’avaient pas é
consécutives. Il est exact que parfois, des profondeurs du brouillard épais, émergent un corps
sombre, une main noircie, une chaussure dont il ne reste que des lambeaux. Ces images, parfois
aussi violentes qu’un coup de feu, disparaissent aussitôt, comme si elles refusaient d’être
révélées, et c’est de nouveau le tunnel noir qu’on appelle la guerre. Ceci concerne le domaine du
conscient, mais les paumes des mains, le dos et les genoux se souviennent plus que la mémoire.
Si je savais y puiser, je serais submergé de visions. J’ai réussi quelquefois à écouter mon corps et
j’ai écrit ainsi quelques chapitres, mais eux aussi ne sont que les fragments d’une réalité trouble
enfouie en moi à jamais.
Pendant de longues années, je fus plongé dans un sommeil amnésique. Ma vie s’écoulait en
surface. Je m’étais habitué aux caves enfouies et humides. Cependant, je redoutais toujours
l’éruption. Il me semblait, non sans raison, que les forces ténébreuses qui grouillaient en moi
s’accroissaient et qu’un jour, lorsque la place leur manquerait, elles jailliraient. Ces éruptions se
produisirent quelquefois, mais les forces du refoulement les engloutirent, et les caves furent
placées sous scellés.
Le tiraillement entre ici et là-bas, en haut et en bas, dura plusieurs années. Les pages qui suivent
éclairent l’histoire de cette lutte, laquelle s’étend sur un front très large : la mémoire et l’oubli, la
sensation d’être désarmé et démuni, d’une part, et l’aspiration à une vie ayant un sens, d’autre
part. Ce n’est pas un livre qui pose des questions et y répond. Ces pages sont la description d’une
lutte, pour reprendre le mot de Kafka, une lutte dans laquelle toutes les composantes de mon
âme prennent part : le souvenir de la maison, les parents, le paysage pastoral des Carpates, les
grands-parents et les multiples lumières qui abreuvaient alors mon âme. Après eux vient la guerre,
tout ce qu’elle a détruit, et les cicatrices qu’elle a laissées. Enfin les longues années en Israël : le
travail de la terre, la langue, les tourments de l’adolescence, l’université et l’écriture.
Ce livre n’est pas un résumé, mais plutôt une tentative, un effort désespéré pour relier les
différentes strates de ma vie à leur racine. Que le lecteur ne cherche pas dans ces pages l’histoire
structurée et précise d’une vie. Ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux
autres dans la mémoire, et convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été
dévorée par l’oubli. Ce qui restait semblait n’être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après
fragment, j’ai senti que ce n’étaient pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une
forme de sens.
À un très jeune âge, avant de savoir que mon destin m’amènerait vers la littérature, l’instinct me
murmura que, sans une connaissance intime de la langue, ma vie serait plate et insipide.
Dans ces années-là, l’approche de la langue était par principe mécanique : « Acquiers des mots et
tu auras acquis une langue », disait-on. Cette approche mécanique qui exigeait de s’arracher à
son monde pour se transporter dans un monde sur lequel on n’avait guère prise, cette approche,
donc, il faut le reconnaître, s’imposa, mais à quel prix : celui de l’anéantissement de la mémoire
et de l’aplatissement de l’âme. »
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