Région et Développement 87
l'inflation. Dans les pays fortement inflationnistes, la dépréciation continue du
taux de change est la cause essentielle de la dynamique inflationniste, alors que
la masse monétaire, le budget ou les salaires ne viennent qu'ensuite (Helpman et
Leiderman, 1988).
Le taux de change a également un impact indirect sur l'inflation à travers
son effet disciplinaire et de crédibilité. L'expérience des pays à forte inflation
montre que la fixation d'un objectif intermédiaire dans le cadre de la politique
monétaire, sur lequel peuvent se baser les anticipations, est une nécessité. Parmi
les différents objectifs intermédiaires possibles, le taux de change offre un signal
clair et direct de la volonté des autorités monétaires de s'imposer une discipline
financière car il est un prix clé de l'économie, facilement observable par tous, sur
une base journalière. L'engagement de change serait également un instrument de
discipline budgétaire, son respect empêchant les autorités d'utiliser la création
monétaire ou la taxe d'inflation comme source de revenus.
Parallèlement, la fixité du change évite les besoins institutionnels
complexes des ancres alternatives (facteurs de crédibilité, infrastructures
financières…). Le change présente ainsi de nombreux avantages par rapport aux
agrégats de monnaie. Pour Cukierman (1990), le taux de change doit d'autant
plus être utilisé comme instrument temporaire de stabilisation que l'économie est
habituée à l'inflation – ce qui se traduit par une forte sensibilité des prix aux
variations de change, un système d'indexation étendu (qui ralentit l'influence de
la politique monétaire sur les prix) et par une demande de monnaie élastique à
l'inflation. En outre, dans un contexte d'inflation, l'incertitude la plus forte
concerne la demande de monnaie (Fischer, 1986). En période de désinflation,
l'agrégat monétaire devient instable car la demande de monnaie de transaction
tend à augmenter avec la baisse de l'inflation anticipée. Si le taux de change est
flottant et que l'objectif intermédiaire est un agrégat de monnaie, les taux
d'intérêt montent, appréciant la monnaie au détriment de la compétitivité. Un
objectif monétaire flexible sera ainsi préférable pour accommoder la demande de
monnaie dans la phase de stabilisation.
A court terme, les politiques de stabilisation basées sur le change se
révèlent être, d'après les études empiriques, un succès dans les pays à inflation
chronique. Tous les pays ayant mis en place avec succès une politique de
stabilisation en situation d'hyperinflation ou de forte inflation ont utilisé
l'ancrage nominal par le change (Bruno, 1993). Des études plus récentes
confirment qu'en moyenne l'inflation a été plus faible et moins volatile dans les
pays à taux de change fixe (Edwards, 1993 ; Ghosh et al., 1997 ; FMI, 1997),
mais que les taux de croissance moyens sont plus élevés dans les pays à taux de
change flexible (FMI, 1997).
Ces études empiriques, qui comparent généralement la performance
moyenne d'inflation de deux groupes de pays, ceux ayant adopté l'ancrage par le