L`A.L.E.C.E : contribution de l`Europe Centrale à la coopération entre

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L'A.L.E.C.E : contribution de l'Europe Centrale à la
coopération entre les européens
M. Wladyslaw CZAPLINSKI
Professeur titulaire de droit international et européen
Professeur à l'institut des sciences juridiques de l'Académie polonaise des sciences / Varsovie
Titulaire d'une Chaire Jean Monnet
en droit international et européen à l'Université de Gdansk
1. le principe de l'intégration dans les pays socialistes
La coopération de l'Europe centrale est ancienne et date des années 50. Le premier organisme
de cette coopération est le COMECON ou CEAM. Cette coopération devait conserver la
souveraineté des Etats socialistes. La création du marché commun a renforcé la coopération
entre les pays occidentaux. Les Etats socialistes n'ont pas essayé d'entrer en relation avec
l'Union Européenne. Les deux organisations internationales ne se reconnaissaient pas. La
situation a changé en 1988-1989 après la signature du premier accord de coopération
bilatérale entre les pays du CEAM et la Communauté Européenne. Ainsi le 25 juin 1988 les
deux organisations internationales ont signé le Protocole de Luxembourg concernant la
reconnaissance mutuelle des organisations. A cette époque les économies socialistes étaient
déjà en banqueroute et il était clair qu'il fallait changer les économies socialistes. On a essayé
de réformer les systèmes économiques de la Hongrie et de la Pologne et d'autres pays de
l'Europe centrale, mais sans grand succès parce que c'était impossible de réformer des petites
parties d'une économie globalisée. Par exemple, en Pologne dans le secteur agricole on a
voulu introduire l'économie de marché qui devait être un avantage pour l'économie. En réalité,
ce n'était pas vrai parce que tous les produits agricoles étaient de toute façon achetés par
l'Etat.
En 1990 on a commencé à réformer l'économie dans tous les pays socialistes ; ces pays
avaient toujours un certain choix. Certains pays ont même mis en place une thérapie de choc
(Pologne, Hongrie, République Tchèque partiellement). Il y a 4 ou 5 ans l'économie tchèque
est tombé en crise à cause de substantielles réformes de l'économie tchèque. Les autres pays
comme la Russie, l'Ukraine, la Roumanie, la Bulgarie n'ont pas introduit de changements
immédiats. Ils ont connu une période plus longue de transition économique.
2. l'intégration paneuropéenne de l'Europe occidentale et les accords d'association avec les
pays de l'Europe centrale
Quelques Etats d'Europe centrale ont changé leur position par apport à la Communauté
Européenne et ont essayé de devenir membres de la Communauté Européenne. Cette dernière
ne pouvait imaginer d'accepter de nouveaux membres à cette époque. Par ailleurs, l'unification
de l'Allemagne a montré que l'économie de l'Allemagne de l'est ne fonctionnait pas et rendait
sceptique
l'Europe
de
l'Ouest.
La conclusion du traité sur l'Union Européenne a provoqué une fracture très profonde dans les
conceptions de l'intégration en l'Europe. Il y avait un conflit entre les partisans de
l'élargissement de l'Union Européenne et ceux de l'approfondissement des coopérations.
Les gouvernements allemand et français étaient partisans de ne pas élargir l'Union
Européenne. C'était une erreur parce que l'élargissement à cette époque aurait permis d'éviter
le problème de l'élargissement progressif dans le futur (12 pays en même temps).
La conclusion de l'accord sur l'espace économique européen (EEE) en 1992, à conduit la
Suède, l'Autriche, la Finlande à se poser la question de l'intégration à partir de l'espace
économique
européenne
dans
l'Union
Européenne.
Simultanément, on a essayé d'ajourner la réception des pays de l'Europe centrale. Il y a eu
quelques accords entre les pays de l'Union Européenne et les pays de l'Europe centrale. Au
début, 3 accords : Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne. Ces Etats one décidé de présenter leur
candidature à l'Union Européenne, position qui a été rejetée par l'Union Européenne. Il n'y
avait aucune obligation de la part de l'Union Européenne de s'élargir à de nouveaux membres.
Dans cette situation il a fallu créer une certaine coopération entre les Etats les plus avancés de
l'Europe centrale. L'Union Européenne a poussé les 3 Etats (Pologne, Hongrie,
Tchécoslovaquie) à créer une nouvelle organisation qui remplace le COMECON. L'Union
Européenne a renouvelé la méthode communautaire d'installation de liens économiques entre
les Etats de l'Europe centrale.
2. l'accord de l'ALECE du point de vue de ses relations avec l'Union
Européenne
L'accord ALECE (Association de libre échange centre européen) a été conclu à Cracovie en
1992. Le but de l'ALECE était l'introduction d'une zone de libre échange entre les
participants. Les accords d'association de la Communauté Européenne ont été conclus en
1991, mais sont entrés en vigueur seulement en 1994 (pendant 3 ans ont été mis en œuvre des
protocoles provisoires). Leur but est l'instauration d'une zone de libre échange en 10 ans.
L'accord de l'ALECE représentait un modèle d'association sur le même schéma que celui de
l'Union Européenne. Le libre échange des marchandises était fondé sur les mêmes principes
qu'à
l'Union
Européenne
:
absence
des
douanes
;
interdiction
d'impôts
discriminatoires
;
interdiction
de
restrictions
quantitatives.
Il fallais une liberté des capitaux. On a libéré les paiements entre les pays membres de
l'ALECE. Mais l'ALECE n'avait pas de banque commune. Tous les paiements étaient
effectués
dans
les
pays
tiers
(surtout
occidentaux).
Une nouveauté résidait dans les règles d'origine qui n'avaient pas joué un grand rôle à
l'époque communiste. Ces règles concernaient la reconnaissance de l'origine des marchandises
inspirées des règles douanières, des Communautés Européenne dont le Règlement du Conseil
de
1968).
Pendant le communisme, il n'y avait pas de libre concurrence. Suivant le modèle
communautaire, on a essayé d'éliminer les possibilités d'aide publique. Le chômage est
devenu un problème important. Les entreprises connaissaient la banqueroute parce qu'elles
produisaient des produits inutiles.
S'agissant du droit de la concurrence. Le traité de Rome posait les bases mais la mise en
oeuvre des règles de concurrence par ces organes suivait l'interprétation de la cour de
Luxembourg, qui a joué un grand rôle, or on n'a pas créé de Cour dans le cadre de l'ALECE.
Le dumping est interdit dans l'Union Européenne entre les Etats membres. L'ALECE a
également prévu des mécanismes anti-dumping. Chaque Etat peut ainsi introduire certaines
mesures de protection antidumping. L'application de ces règles est l'objet des négociations
entre les Etats concernés.
La disposition relative à l'acceptation des nouveaux membres. L'ALECE est un " accord
fermé " : un nouveau membre ne peut adhérer à l'ALECE que sur la base de l'accord unanime
de
tous
les
Etats
membres
de
l'ALECE.
S'agissant de la révision, il y a une possibilité d'approfondir la coopération entre les membres
parce
que
l'accord
peut
être
modifié
par
un
protocole
additionnel.
L'ALECE : 4 Etats fondateurs - Slovaquie, Hongrie, Pologne, République Tchèque. Trois
Etats ont adhéré : Slovénie, Lettonie, Lituanie, Estonie, l'Ukraine. Avec l'élargissement de
l'Union Européenne l'ALECE risque fort de perdre son importance.
Il y a, s'agissant des protocoles additionnels, deux questions importantes :
- la première concerne réduction accélérée des tarifs de douane ;
- la deuxième intéresse le changement des règles d'origine. Les règles cumulatives : si plus de
50 pour cent de parties d'une marchandise sont produites dans un Etat, cette marchandise a
son
origine
dans
cet
Etat.
Les buts de l'adhésion des Etats à l'ALECE étaient différents. Par exemple, pour la Slovaquie
l'ALECE était la seule possibilité de joindre l'Europe.
On peut dire que l'ALECE a réussi. On a intensifié la coopération, diminué les différences
économiques entre les pays, reconstitué les anciens liens de coopération. Mais les avantages
sont aussi politiques: c'est mieux pour un Etat d'appartenir à une certaine organisation.
L'ALECE a renforcé la sécurité économique et politique. Les Etats ont appris à coopérer dans
certains systèmes d'intégration.
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