PARLEMENT EUROPÉEN 2009 - 2014 Commission des pétitions 1.9.2009 COMMUNICATION AUX MEMBRES Objet: 1. Pétition 1354/2008 présentée par Femke Sybrandi, de nationalité néerlandaise, au nom de la localité de Delfshaven, concernant la libre circulation des travailleurs des pays d'Europe centrale et orientale Résumé de la pétition La pétitionnaire affirme que l'arrivée de travailleurs des pays d'Europe centrale et orientale (PECO) pourrait avoir un effet positif sur la croissance économique au niveau national, tout en étant potentiellement dommageable sur le plan économique dans les quartiers. Les entreprises des PECO peuvent travailler à moindre coût que les petits commerçants établis dans les quartiers. Les entrepreneurs néerlandais, qui sont tenus par la législation néerlandaise, ne peuvent se mesurer aux entreprises des PECO et survivent d'ores et déjà difficilement. La pétitionnaire demande une étude concernant les conséquences de l'afflux de travailleurs et d'entreprises des PECO. Elle souhaite par ailleurs savoir si des mesures juridiques sont possibles afin de lutter contre la concurrence déloyale. 2. Recevabilité Déclarée recevable 23 février 2009. La Commission a été invitée à fournir des informations (article 202, paragraphe 6, du règlement). 3. Réponse de la Commission, reçue le 1er septembre 2009. Les points soulevés par la pétition ont trait à deux libertés fondamentales différentes inscrites dans le traité CE: d'une part, la libre circulation des travailleurs garantie au titre de l'article 39 du traité CE, et d'autre part, la libre prestation des services dans un État membre autre que celui où elles sont établies est garantie aux entreprises au titre de l'article 49 du traité CE. En vertu de la libre circulation des travailleurs, tout citoyen de l'UE est en droit de travailler CM\789438FR.doc FR PE428.045v01-00 Unie dans la diversité FR dans un autre État membre (ou, sous certaines conditions, à rechercher un emploi). Cette liberté protège les citoyens européens contre toute forme de discrimination en matière d'emploi, de rémunération et d'autres conditions de travail par rapport à leurs collègues ressortissants de cet État. Les travailleurs qui occupent un emploi dans un État membre sont, par principe, soumis aux règles fixées par le droit du travail de cet État membre. Il convient toutefois de distinguer la libre circulation des travailleurs de la libre prestation des services, qui inclut le droit, pour les entreprises, d'offrir des services dans un autre État membre que celui où celles-ci peuvent envoyer ("affecter") leurs propres travailleurs à titre temporaire. En dépit du titre ("la libre circulation des travailleurs des pays d'Europe centrale et orientale"), les questions soulevées dans la pétition semblent cibler des situations dans lesquelles des travailleurs employés par des entreprises des PECO sont affectés aux Pays-Bas à titre temporaire dans le cadre de la prestation des services au Pays-Bas, plutôt que des situations dans lesquelles des travailleurs exercent leur liberté de circulation. Pour ce qui est de l'impact économique et social de la libre circulation des travailleurs, la Commission souhaiterait faire référence à sa communication sur "Les répercussions de la libre circulation des travailleurs dans le contexte de l'élargissement de l'Union européenne"1. L'une des principales conclusions de ce rapport est que les citoyens des États membres des PECO occupant un emploi dans une entreprise du pays d'accueil ont été un atout pour la croissance économique, sans pour autant nuire aux rémunérations ni à l'emploi des travailleurs locaux. Ce dernier aspect ne signifie pas qu'il n'y a eu aucune répercussion en termes de coût économique et social. Néanmoins, l'expérience montre qu'au lieu de restreindre l'accès au marché du travail pour les ressortissants de l'UE, il existe d'autres solutions qui représentent un meilleur moyen, plus efficace, de faire face à ces coûts. Plus précisément, toute conséquence sur les services publics, le logement, la cohésion sociale, l'exploitation ou le travail au noir doivent assurément être abordées par un marché du travail, ainsi que des politiques sociales et d'éducation adéquats. En ce qui concerne la libre prestation des services, il convient de rappeler que la directive 96/71/CE (la directive "Détachement des travailleurs"), qui s'applique aux entreprises de travail intérimaire, ou aux entreprises qui mettent un travailleur à disposition, établies dans un État membre et ayant des activités dans un autre État membre, cette directive vise à concilier l'exercice de la liberté fondamentale des entreprises à offrir des services transfrontaliers au titre de l'article 49 du traité CE, avec la protection appropriée des droits des travailleurs temporairement affectés à l'étranger pour lesdits services. À cette fin, la directive fixe au niveau communautaire des règles obligatoires devant être appliquées aux travailleurs détachés dans le pays d'accueil, en établissant un noyau dur de conditions de travail et d'emploi clairement définies en vue d'assurer un niveau de protection minimal. L'une des dispositions de ce noyau dur devant être observées par le prestataire de service dans le pays d'accueil concerne les taux de salaire minimal qui doivent être fixés par des dispositions législatives et/ou des conventions collectives qui sont généralement applicables dans les secteurs professionnels concernés. 1 COM(2008) 765 final, novembre 2008. PE428.045v01-00 FR 2/3 CM\789438FR.doc La directive joue un rôle majeur, non seulement en encourageant un environnement de concurrence loyale entre tous les prestataires de services, en garantissant des conditions égales, mais aussi en établissant un instrument essentiel visant à éviter la concurrence déloyale, la réduction des rémunérations des prestataires de services locaux et une "course vers le bas" au niveau européen concernant les conditions de travail. Conclusion En résumé, il y a lieu de rappeler que la libre circulation des travailleurs et la libre prestation des services ont toutes deux considérablement contribué à la croissance économique soutenue, au renforcement de la compétitivité, à l'amélioration des conditions de vie et à la prospérité générale en Europe. En outre, il revient aux autorités nationales de surveiller étroitement l'application correcte des règles en vigueur en vue d'établir l'environnement nécessaire à la concurrence loyale. CM\789438FR.doc 3/3 PE428.045v01-00 FR