
Du pupitre du président Février 2013
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Trouver un équilibre entre la conance et le
doute
Un point qu’on soulève fréquemment est que
les sociétés pharmaceutiques donnent aux
médecins du matériel promotionnel biaisé.
Il est regrettable que cette réexion jette un
éclairage négatif sur toutes les contributions
positives que l’industrie pharmaceutique fait à
la médecine, et met en doute la capacité des
médecins à faire preuve de discernement. Les
médecins trouvent utiles les renseignements qu’ils
reçoivent de l’industrie pharmaceutique, mais ils
ne se ent pas exclusivement à une seule source
d’information. Selon un sondage mené en 2011
auprès de quelque 500 médecins américains par
KRC Research (et nancé par les Pharmaceutical
Research and Manufacturers of America), «
près de huit médecins sur dix considèrent que
les sociétés de recherche pharmaceutique et
leurs représentants commerciaux sont des
sources d’information utiles sur les médicaments
d’ordonnance »[2, 3].
En outre, les médecins interrogés ont déclaré
qu’ils utilisent diérentes sources pour se
tenir informés sur les médicaments en plus
de l’information reçue des représentants
biopharmaceutiques et des programmes de
formation par les pairs nancés par l’industrie, qui
comprennent les cours de formation médicale
continue, les revues médicales à comité de lecture
et la consultation de collègues. En outre, bien
que l’industrie pharmaceutique puisse inuencer
les pratiques médicales, il existe un certain
équilibre des pouvoirs du fait que les médecins
inuencent également l’industrie en fournissant
une rétroaction au sujet des médicaments, des
résultats de recherches cliniques et des séances
de formation.
De bons résultats pour les patients sont le test
décisif de notre capacité à tirer prot des avancées
thérapeutiques que l’industrie pharmaceutique
peut orir. Je suis certain que de nombreux
collègues seraient d’avis qu’il ne sert à rien
de prescrire un médicament qui coûte trop
cher quand un autre convient parfaitement,
un médicament qui nécessite un schéma
posologique complexe, qui sera sans doute
un obstacle à l’observance médicamenteuse,
ou encore un médicament qui occasionne
une multitude d’eets secondaires, entraînant
également la non-observance et possiblement
de graves eets sur la santé. Je pense que nous
savons tous que nous tenons compte de tous ces
facteurs quand nous prenons des décisions en
matière d’ordonnance, décisions qui ne peuvent
être inuencées par la promesse de stylos ou de
déjeuners gratuits.
Écrire et réécrire les règles
On peut se préoccuper de la relation entre les
médecins et l’industrie pharmaceutique, mais
la redénir ne signie pas pour autant qu’il faut
couper tous les ponts. On ne fermerait pas
dénitivement une route après un accident de
la circulation. On tenterait plutôt de déterminer
comment les risques pourraient être mieux
gérés pour prévenir ce type d’accidents, tels
qu’une signalisation plus visible, l’ajout de feux
de circulation contrôlés ou la réparation des nids
de poule. On peut aussi faire de la maintenance
préventive en ce qui concerne notre relation
avec l’industrie pharmaceutique, notamment
en précisant les règles et en guidant les deux
parties en toute sécurité lorsque leurs chemins se
croisent.
Pour sa part, le Collège royal des médecins
et chirurgiens du Canada (CRMCC) a élaboré
une nouvelle norme de soutien nancier
commercial pour l’élaboration et l’approbation
d’activités dans le cadre de son programme de
Maintien du certicat (MDC) an de répondre
aux préoccupations des membres concernant
l’utilisation de termes tels que le parrainage
et le codéveloppement. Il s’agit d’un eort de
collaboration entre le CRMCC et le Collège des
médecins de famille du Canada, la Fédération
des médecins spécialistes du Québec, le Conseil
québécois de développement professionnel
des médecins et l’Association des facultés de
médecine du Canada. L’objectif est l’établissement
d’une norme nationale claire et exhaustive
régissant les rôles relatifs au parrainage
commercial du développement professionnel
continu (DPC). La nouvelle norme sera applicable
aux sociétés pharmaceutiques, aux entreprises
de fournitures médicales, aux sociétés de
communication et de formation médicale et
à d’autres organismes sans but lucratif. « Ce
n’est pas une refonte des normes d’agrément
du Collège, mais un processus pour clarier et
rendre plus cohérent la dénition des relations
appropriées entre les diérents types de bailleurs
de fonds pour les activités ou programmes de
DPC », explique le Dr Craig Campbell, directeur
exécutif des aaires professionnelles, au Collège.