RECHERCHE
8 - 2008
RE 118
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© Editions T.I.
couplages avec d’autres propriétés physiques sont
également possibles (optique, magnétique, thermi-
que...).
Un NEMS peut, dès lors, être considéré comme la
réduction ultime d’une fonction plus ou moins
complexe, impossible ou difficile à réaliser à partir
d’un système purement électrique ou électronique.
Outres les avantages évoqués au paragraphe pré-
cédent, la réduction d’échelle ouvre l’accès à l’utili-
sation de nouveaux phénomènes apparaissant à
l’échelle nanométrique (force de Casimir, effets
quantiques...) et à une plus grande sensibilité.
Remarquons cependant que dans ces composants
les parties mécaniques sont pour l’instant passives,
c’est-à-dire qu’elles ne font que répondre à une
sollicitation (ou commande) généralement d’origine
électrique.
Encore cet exemple ne représente-t-il qu’une
fonction « simple» : la détection d’une fréquence de
résonance. Afin de profiter au maximum des poten-
tialités de ces nanocomposants, il est beaucoup plus
intéressant de pouvoir concevoir des systèmes plus
complexes et autonomes (c’est-à-dire n’ayant pas
recours à des sources externes macroscopiques)
permettant de réaliser plusieurs types de mesures,
de traiter ces mesures et de pouvoir transmettre les
résultats sous forme optique ou électromagnétique.
On voit donc que le développement de ces sys-
tèmes peut requérir, en plus d’une ou plusieurs ali-
mentations DC (une réserve d’énergie), une
multitude de types de signaux alternatifs suivant les
fonctionnalités envisagées et le traitement des
informations : sources basses fréquences, sources
de fréquences variables, sources hautes fréquences
pour télécommunications. De ce point de vue, il est
intéressant de noter que certains téléphones por-
tables utilisent déjà jusqu’à six types différents de
bases de temps. La multiplication des fonction-
nalités et des signaux spécifiques à certains types
de mesures peut donc rapidement amener à de
réels problèmes d’intégration de ces sources AC.
L’intégration de ces différents signaux alternatifs
pose cependant un certain nombre de problèmes
liés à l’échelle nanométrique que nous allons
exposer au paragraphe suivant et qui amènent à
s’intéresser toujours davantage à la mise au point
de nouvelles sources de courants alternatifs plus
adaptées à ces futurs systèmes.
1.3 Problèmes rencontrés
à l’échelle nanométrique
De manière générale, l’acheminement d’un signal
alternatif est d’autant plus difficile que la fréquence
augmente et le fait de réduire les dimensions du
circuit ne facilite pas cette tâche. On peut citer par
exemple de sérieux problèmes d’accord d’impé-
dance car les objets nanométriques sont souvent
très éloignés des 50
Ω
utilisés comme standard,
mais également les fortes pertes liées à la dégra-
dation du facteur de qualité des résonateurs nano-
métriques. Une autre source de problèmes provient
de la faiblesse des signaux à détecter et de la
difficulté à les exploiter.
2. Génération de signaux
alternatifs
Il est relativement facile de réaliser une source
d’énergie débitant de manière constante. C’est le
cas de la pile en électricité. En revanche, la réalisa-
tion d’une source à débit périodique requiert un
mécanisme supplémentaire afin de convertir un
signal continu en un signal alternatif. Dans le cas de
la dynamo, l’énergie dépensée de manière continue
par le cycliste et produisant un mouvement uni-
forme est convertie en un signal électrique de
période liée à la vitesse de rotation de la roue et de
la dynamo. Les paragraphes suivants présentent
différents mécanismes permettant la conversion
d’un signal DC en AC.
2.1 Progrès dans la génération
de signaux électriques alternatifs
Les premières expériences portant sur des
courants alternatifs remontent au milieu du
19
e
siècle et ont conduit à la découverte des ondes
électromagnétiques par Hertz en 1887. Il utilisait
alors un dispositif électromécanique (déjà ! même si
celui-ci contrairement à ceux du paragraphe 1.2,
n’avait rien de nanométrique) constitué d’un éclateur
(deux boules métalliques séparées par un écart
faible) dans lequel les décharges d’une bobine de
Ruhmkorff engendraient des courants alternatifs
grâce à une lame ressort. Ces expériences furent à
Exemple :
prenons le cas de l’utilisation la plus
connue d’un NEMS à savoir la
nanobalance
; la
détection de masses de plus en plus infimes (de
l’attogramme au zeptogramme, voir références [2]
et [3]) est particulièrement intéressante afin
d’atteindre la résolution ultime de la cellule, la
molécule voire l’atome.
Dans le cas d’un NEMS, le principe physique uti-
lisé est le suivant : une modification de la masse
d’un résonateur (causée, par exemple, par l’accro-
chage sélectif des molécules recherchées) entraîne
une variation des fréquences de résonance de ce
résonateur (voir figure
1
). Ainsi, si
f
0
est la fré-
quence de résonance initiale du résonateur, lors
des mesures, il faut utiliser un signal électrique
d’excitation de fréquence variable pour balayer en
fréquence aux alentours de
f
0
. La réponse du réso-
nateur peut alors être détectée sur une électrode
de mesure et la nouvelle fréquence de résonance,
f
1
, correspondant à la réponse maximale du réso-
nateur, permet de remonter à la variation de
masse. Cette détection requiert donc une source
AC sinusoïdale « de bonne qualité » pouvant fine-
ment balayer les fréquences autour de
f
0
afin de
déterminer des déplacements de fréquence de
résonance les plus fins possibles. Le traitement du
signal de sortie requiert, quant à lui, une partie
électronique qui doit être également alimentée.
Sur le bruit et la dis-
sipation dans les NEMS
voir Phénomène de dis-
sipation dans les
nanostructures [RE 66]
de P. Andreucci et L.
Durrafourg. Base
« Physique-Chimie ».
Si l’on reprend l’
exemple précédent de la
nanobalance
(voir figure
1
), le signal utile est à
la fréquence de résonance du nano-objet qui est
également la fréquence d’excitation. Il faut donc
détecter un signal faible, provenant d’une faible
variation de masse, noyé dans le signal d’entrée
qui fuit directement vers le circuit de détection.