Durée 1 h - Genre Théâtre - Tout public à partir de 10 ans
DISTRIBUTION
Personnage A Juan Martinez
Personnage B Aristide Legrand
Texte et mise en scène Bryce QUETEL
Création lumières Jean-Clarence SIMOND
DUREE 1h
GENRE théâtre
PUBLIC à partir de 10 ans
RESUME
Deux comédiens, engagés dans la lecture publique d’un texte en constante construction, sont
animés, malgré eux, par l’écriture d’un auteur omnipotent.
TEXTE DE COMMUNICATION
Et si vous étiez contraint de lire à haute voix ce qui suit excepté ce qui est écrit en italique :
« Excusez-moi, on vient de me demander de lire à haute voix ce qui est écrit sur cette feuille. Ne
me demandez pas qui est « on » ? Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire, mais bon… Je me lance.
À partir du moment où je me lance, c'est-à-dire maintenant, je respecte la consigne de départ, lire
à haute voix ce qui est écrit sur cette feuille. On est bien d’accord. Oui ? Qui est d’accord ? « On »,
on est d’accord… Mince, « on », encore… Ah ça y est j’ai compris « on » c’est nous, vous et moi,
vous qui m’écoutez et moi, ce n’est pas le même « on ». Ce n’est pas le même « on » qu’au début
du départ quand on m’a demandé de lire cette feuille à haute voix. Non parce qu’on pouvait prêter
tout cela à la confusion. Hein ? À qui ? Est-ce que je dis à haute voix ce qui est écrit sur cette feuille
en ce moment ? Oui je l’avoue. Vous avez pensé par vous-mêmes que je pense par moi-même
quand je vous parle de moi, même si nous ne sommes pas les mêmes que les autres qui ont déjà lu
cette feuille avant moi. Je m’en doutais. Je ne fais que respecter la consigne de départ depuis le
début. Vous pensez que je suis en entrain de parler en mon nom propre mais vous vous trompez,
ce n’est pas moi, c’est la feuille… »
(Ne dites pas ça, faites-le, silence, en fait vous le faites déjà, donc vous pouvez passer à la suite)
« Mettez-vous à ma place. Même le petit silence que je viens d’effectuer avant de vous demander
de vous mettre à ma place est écrit dans une didascalie. Si si, je ne vous mens pas. Tout ce qui se
passe en ce moment est dicté par le texte. C’est comme une dictature. Hein ? Vous ne savez pas
ce qu’est une didascalie ? Eh bien pour remédier à ce léger problème de circonstance, je vous
invite à venir voir Schnork, Puck et moi, Schnork, Puck et moi, Schnork, Puck et moi. Trois fois,
matraquage publicitaire.
Temps, ah non zut il ne fallait pas que je le dise, je crois que l’auteur a omis d’écrire cette
didascalie en italique. C’est pour ça que j’ai commis cette erreur.
Bref. Signé : l’auteur, forcément… »
A PROPOS DU TEXTE
D’une apparente simplicité, ce texte trépidant présente plusieurs modes d’entrée et plusieurs
univers à la fois.
Etouffé par un univers quotidien sans relief, l’auteur, criminel torturé, soumis à ses pulsions, reste
un personnage évoqué. Il est toutefois présent en permanence. Il détient le pouvoir que lui
confère son acte scriptural.
Les deux comédiens bien présents, eux, laissent, avec professionnalisme, se dessiner leurs
personnages tout en posant un regard critique et distancié sur la situation. L’arrivée, décidée par
l’auteur, de Schnork va les déposséder de tout libre arbitre et de la relative liberté d’interprétation
dont ils disposaient jusque-là. Quant aux personnages, ils ne peuvent plus exister dès lors que
Schnork choisit d’habiter l’un des deux comédiens. Le personnage concerné est alors contraint de
s’effacer et le comédien est forcé aussi de se soumettre. Les limites du champ d’action de
Schnork, inspiré par la jalousie et l’ambition, sont posées par l’auteur.
« Le comique étant l'intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. »
Eugène Ionesco
La situation dramaturgique du texte est la lecture publique. On ne sait plus quand le texte est lu,
appris ou interprété. Cette mise en abyme provoque une permanente déstabilisation.
Plusieurs niveaux de message permettent au spectateur de reconstituer ce qui n’est pas dit mais
qui transparaît en filigrane. Les didascalies, nombreuses et lues parfois à voix haute, viennent
remplir les vides interstitiels qui pourraient s’installer. Seuls des silences offrent un temps de répit
pour tenter de se raccrocher à une logique sans cesse remise en question.
Pour le spectateur le rire conjure le malaise, répond au sens, il est le signe d’une adhésion à un
voyage absurde. Les personnages, quant à eux, seront contraints de s’effacer sous la gomme de
leur créateur laissant l’œuvre inachevée.
Pour cette pièce cocasse, surréaliste et trépidante, Bryce Quétel a obtenu le 1er prix du concours
NIACA 2011 des «15èmes Rencontres Méditerranéennes des Jeunes Auteurs de Théâtre » avec le
soutien du Conseil Général des Alpes-Maritimes et de la SACD.
EXTRAIT
A. Bonsoir Mesdames, bonsoir Mesdemoiselles, bonsoir Messieurs. Bienvenue à tous, et merci
d’être venus écouter notre lecture publique.
B. Donc le principe, bonsoir à tous, c’est que nous allons lire à haute voix ce qui est écrit.
Temps
A. Alors il faut bien comprendre une chose, c’est que ce que vous entendez maintenant, vous
l’entendez parce que nous lisons à haute voix ce qui est écrit. En résumé ce que je suis en train de
dire c’est que ce que nous disons est écrit dans les feuilles que nous lisons.
B. Nous pouvons en conclure, dès lors, que la lecture à haute voix a déjà commencé.
Temps
A. Quand je vous parle, là, ce que je dis est écrit, ce que je dis est écrit, ce que je dis est écrit.
(Temps) Si je répète « ce que je dis est écrit » trois fois, c’est que c’est écrit comme ça.
B. Moi aussi. (Temps) Moi aussi est écrit, quand je réponds, je réponds parce qu’il y a des mots qui
font que je réponds directement à ce qu’il dit de manière indirecte...
Temps
A. Euh... excusez-moi hein, mais j’ai comme une drôle d’impression, à ce stade de la lecture, c’est
que, si ce que je dis, je le dis parce que c’est écrit alors je suis qui ? Ce que je veux dire c’est que ce
que je veux dire je ne peux pas le dire, je ne peux pas dire ce que je veux puisque ce qui est écrit
c’est ce que je dis. Vous voyez ce que je veux dire ?
B regarde A. Vous dites ?
A regarde B. Ce qui est écrit... non rien
Silence, ils regardent les feuilles et le public par alternance
A. Là, par exemple, on a laissé un silence parce qu’il y a ce que l’on appelle une didascalie.
B. Une didascalie pour ceux et celles qui ne sauraient pas ce que c’est, c’est quelque chose qui est
écrit en italique (Il fait un geste oblique) que l’on ne doit pas faire mais dire. Euh... Non je me suis
trompé, excusez-moi. (Il relit bien) C’est ce que l’on ne doit pas dire mais faire, voila, c’est ça.
A. C’est ça, c’est ça, (Il fait le même geste) c’est comme le geste que vous venez d’avoir, vous l’avez
fait car après « italique » c’est écrit en italique : « il fait un geste oblique ». En l’occurrence celui-ci.
B. C’est pratique.
A. Si je puis me permettre c’est plutôt tragique. Car cela veut dire que nous n’existons seulement
qu’à travers le texte, donc notre liberté est assez relative étant donné que nous ne bougeons et ne
parlons qu’à partir de ce qui est écrit. Nous sommes assujettis à… Ah… Ah…
B. Ah ?
A éternue
B. A vos souhaits.
A. Merci…
B. Vous l’avez fait exprès ?
OBJET D’ETUDE POUR LES SCOLAIRES
La problématisation de la réflexion
Face à cet objet théâtral l’élève spectateur, confronté à la situation présentée, simple en
apparence, pourra, en s’appuyant sur une analyse réflexive individuelle ou collective, construire
des critères d’entrée et repérer toutes les clefs ouvrant sur des champs d’interrogation de la
Littérature, de la création littéraire et de la création en général.
Le rôle de l’écrivain
A travers l’intrigue et par son écriture personnelle, Bryce Quétel, par ailleurs metteur en scène et
comédien, pose la question de ce qui est appe couramment « l’inspiration ». La présence
inopinée d’une page blanche au cours de la pièce est pour poser la question de la création. Le
texte est, au même titre que tout autre, le reflet interprété ou crument réaliste d’une vision d’un
univers à la fois tangible et imaginaire. La production écrite est un savant mélange entre une
analyse du monde, un vécu et l’expression d’émotions au regard d’un contexte historique, social
et artistique.
La création littéraire
Les références à Shakespeare à travers les personnages évoqués, les citations, rappellent que
l’Ecrivain est aussi l‘héritier d’auteurs antérieurs et de leurs œuvres. Déformés, transposés,
adaptés, sources de création et d’invention, le creuset universel à disposition lui permet de
s’inscrire dans l’Histoire de la Littérature et dans l’Histoire de l’Humanité.
La mise en abyme
Le théâtre, la lecture, le récit sont inscrits dans cette pièce de théâtre, ainsi, plusieurs niveaux de
représentation sont créés. Des groupements de textes et de documents permettront d’étudier ces
effets de style à travers le théâtre (de Corneille à Anouilh en passant par Brecht, Simovitch,
Marivaux, Molière, Pirandello, et autres auteurs sans oublier Beckett), mais aussi dans des
romans, œuvres picturales, bandes dessinées, publicités…
L’autobiographie
Elle prend toute sa place également ici. Le théâtre n’étant qu’illusion, la question peut être posée
de la notion de vérité. Cet écart est exprimé autour de l’énigme de la disparition de la femme de
l’auteur Lequel ? Celui du texte ou celui du meurtre ? »). Le spectateur est alors contraint de se
fier à une intime conviction toute relative.
Le surréalisme/réalisme
Un monde surréaliste entoure cette pièce, c’est bien Schnork qui l’apporte avec lui. Sa vie,
racontée par ses soins, laisse entendre que l’impalpable imaginaire sans fin de l’homme peut
inventer une dimension spatio-temporelle autre, mais en lien avec la réalité. Ainsi une école de
farfadets débouche sur un improbable casting de personnages dont l’évolution et la vie
dépendront du bon vouloir des auteurs. Cet univers fictionnel et le personnage de Schnork
trouveront écho en chacun des spectateurs dans une relation personnelle le rôle essentiel sera
tenu par des émotions, créant une sensibilisation à ce qui n’est pas mais pourrait être. Là se
situent la force poétique et suggestive du texte.
La mise en scène / L’interprétation
Une scénographie volontairement minimaliste, un travail d’acteur fouillé et tout en nuances,
posent la question de l’interaction entre texte et représentation. La problématique de la mise en
scène est posée. En quoi un décor ou toute concrétisation pourrait enrichir ou au contraire
desservir l’interprétation ?
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