Les_problemes_du_genre_theatral

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Les problèmes du genre théâtral. Aide à la dissertation.
Le genre théâtral est particulier : en effet, le texte est lié à la représentation et les deux ne peuvent être
dissociés. Cependant, le lecteur peut lire une pièce de théâtre « dans son fauteuil » comme dit Musset et
imaginer les décors, les personnages et les tons.
I. Le théâtre et sa représentation :
- Une pièce dure le temps de la représentation, elle ne respecte donc pas la vie puisqu’en deux heures,
elle va proposer beaucoup d’actions qui n’existent pas dans la vraie vie. Victor Hugo essaie de régler ce
souci en décidant de ne plus respecter les unités de temps (24 heures) et de lieu (un seul lieu). La pièce,
de plus, se déroule dans une salle de spectacle, un lieu clos qui renferme un décor : ce dernier peut
changer aujourd’hui mais auparavant, les changements de décor sont très lourds à gérer. A l’époque du
Baroque, un système de poulies permettait de changer le décor et ensuite, pour la multiplicité des lieux
du théâtre de drame romantique, l’espace scénique était compliqué aussi à représenter.
- Les personnages sont joués par des acteurs et de ceux-ci, de leur jeu, dépend l’intérêt de la pièce.
Les personnages doivent être représentés au plus juste : la jeune première doit avoir l’âge du rôle par
exemple, mais aussi le jeu doit être convaincant et crédible. C’est l’acteur qui va porter le rôle, d’où
le succès de Sarah Bernhardt (fin XIXème-début XX ème), de Gérard Philipe (milieu du XX ème) ou
dans notre monde contemporain d’Isabelle Huppert ou de Gérard Depardieu. Toutefois, la lecture de la
pièce peut être inventée par le metteur en scène : par exemple, un Tartuffe de Molière à l’accent allemand
proposant un Tartuffe aux idées totalitaires est possible, des personnages costumés comme aujourd’hui
pour le Misanthrope ou des chansons des années 70 pour une pièce de Musset, avec sur scène des
voitures de cette époque… Le metteur en scène propose sa propre lecture et par exemple, peut vouloir
faire polémique comme ces femmes voilées sur scène pour Les Femmes savantes de Molière.
- Le spectacle est un cérémonial, qui nous incite au plaisir de la sortie et au loisir : les trois coups, la
joliesse du décor, tout concourt à aller au spectacle, le noir se fait et le silence nous conduit à aller
ailleurs dans un autre monde, qui est la vie… mais qui ne l’est pas.
II. L’illusion théâtrale :
- Ensuite, le spectacle théâtral est une illusion : il représente la vie et des êtres humains mais ces
personnages nous racontent une histoire, parfois du passé, parfois d’aujourd’hui. Le spectacle sur scène
est donc une illusion, tout ce que nous voyons n’existe pas, comme au cinéma, sauf que pour le théâtre
l’illusion par le prisme des acteurs est réelle. Les acteurs sont proches de nous, ils sont devant nous, en
chair et en os.
- Il n’est donc pas étonnant cependant de retrouver des sentiments proches de nous et donc réels ou
des situations que nous avons vécues et auxquelles nous pouvons nous identifier : par exemple, la
condition de la jeune fille au XVIIème siècle, parler pour un autre d’amour comme le fait Cyrano, être
amoureux, la mort d’un proche etc… de même, le théâtre propose aussi des situations quotidiennes et
met en scène notre propre vie, par exemple, des conflits, des rivalités, des moments de doute, des
exaltations… Toutes ces situations sont mises en scène dans l’illusion mais correspondent à notre vécu.
- Le théâtre occidental, fondé sur la parole et sur l’argumentation, sur la vie des hommes, est donc un
théâtre qui fait réfléchir sur notre condition humaine, et ce, depuis toujours : Sophocle dans Œdipe
Roi présente un personnage fautif de s’être marié avec sa mère, à travers ce mythe, c’est toute notre
condition humaine qui est concernée. De même pour le destin et la fatalité, puisque nous devons tous
mourir, le théâtre met en scène les interrogations de l’existence. Si Antigone se questionne chez Anouilh,
c’est une révolte par rapport à son oncle qui est l’image du père : la jeune fille de l’Antiquité est ici
réactualisée et modernisée par Anouilh. Au XVIIème siècle, on va au théâtre pour se divertir mais le but
des auteurs est moral. Il faut édifier le public et que le spectacle soit cathartique, il faut corriger les
mœurs en riant.
- Mais c’est une illusion car parfois, le théâtre place des situations exagérées ou démesurées. Dans le
drame romantique, les scènes d’aveu d’amour ne peuvent être réelles, comme la belle tirade d’Hernani
à Dona Sol où il se blâme, ou bien des rencontres sont fortuites voire hasardeuses et nées de
l’imagination de l’auteur comme par exemple, la statue du Commandeur dans Dom Juan qui s’anime.
Les pièces à machines baroques traduisaient cette irréalité du théâtre : machine volante, Pégase ailé,
apparitions diverses… Le théâtre est ici le lieu du rêve et de l’imagination.
-Et aussi le théâtre est le lieu où s’exprime la violence et ce quels que soient les genres du théâtre :
violence du chœur tragique qui se lamente dans les tragédies grecques, violence des comportements par
exemple Phèdre qui demande à Hippolyte son épée, ou des reproches de Thésée à Hippolyte,
réprimandes d’Emilie à Cinna ou soufflet du père de Chimène au père de Rodrigue ou Vadius et Trissotin
en venant aux mains dans Les Femmes savantes. Mais bien sûr violence dans le théâtre du XIX avec la
mort de don Salluste dans Ruy Blas, les batailles à l’épée dans Cyrano et le combat contre cent hommes
ou la violence de Père Ubu qui passe à la trappe tous les opposants.
III. La double énonciation :
- Le spectateur en sait plus que les personnages sur scène et il connaît donc les ressorts de l’intrigue :
Arnolphe dans l’Ecole des femmes est dupé par Agnès et Horace, les spectateurs savent qu’Agnès est
amoureuse mais le personnage principal ne le sait pas, lui. De même, s’il a déjà lu la pièce, il ne connaîtra
rien de nouveau mais il veillera à la mise en scène, au plaisir du spectacle et aux inventions du metteur
en scène.
- Le spectateur fait donc partie de la pièce, en quelque sorte et parfois, dans les apartés, le personnage
s’adresse à lui. Le public est alors complice de la supercherie, chez Molière par exemple, Sganarelle se
sert de cela pour montrer sa ruse et son intelligence et Harpagon dans son monologue célèbre s’adresse
carrément au public et l’accuse de lui avoir volé son argent. Ce spectateur est alors de connivence mais
parfois, cela peut prendre des tournures fâcheuses pour lui : par exemple, dans les scènes à témoin caché,
le spectateur sait que le personnage écoute tout et tremble pour celui qui ne connaît pas la ruse. Par
exemple, Néron entend la déclaration d’amour de Britannicus à Junie, il décide, tapi dans l’ombre de
tuer son rival « Narcisse, c’en est fait ». Ou bien Rosanette dans On ne badine pas avec l’amour de
Musset qui écoute la déclaration d’amour entre Camille et Perdican. Parfois, le spectateur aimerait que
le personnage caché se dévoile, comme dans la scène du balcon dans Cyrano, la méprise est importante
et engage le cadet de Gascogne amoureux de sa cousine à se faire passer pour un autre. Roxane ne voit
rien.
- De même, le spectateur peut assister à de nombreuses représentations d’une même pièce, à des
moments d’intervalle, sans en être lassé : les metteurs en scène proposent en effet des mises en scène
audacieuses ou astucieuses qui peuvent renouveler la pièce. Le théâtre est donc un spectacle vivant qui
évolue ou se modifie en fonction des époques.
IV. Des évolutions mais des permanences :
- Comme les autres genres, le théâtre est soumis au temps : les tragédies grecques sont éloignées de
notre temps, Tartuffe évoque un sujet contemporain de Molière, les médecins ne soignent plus comme
du temps de Louis XIV, la cour d’Espagne s’est démocratisée et ne ressemble pas à celles dépeintes
chez Victor Hugo…
- Mais les thèmes sont les nôtres : l’amitié par exemple, le courage, la noblesse d’âme, l’apparence
physique rejoignent notre
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