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L’éditeur de la Revue Commerce me faisait remarquer récemment que les
économistes l’amusent beaucoup parce qu’ils n’arrêtent pas de prévoir une appréciation
du dollar canadien qui ne se concrétise pas. Rappelez-vous, qu’ils avaient promis que si
on adoptait l’Accord de libre-échange le dollar canadien s’apprécierait. Oui, mais vous
avez oublié qu’il fallait aussi maîtriser l’inflation et éliminer les déficits budgétaires avant
que le dollar ne puisse performer. Toutes ces choses se sont maintenant réalisés et le
dollar canadien a toujours du plomb dans l’aile. Oui, mais vous avez oublié une dernière
chose : le déficit de la balance courante. Même cela sera une chose du passée. Nous
prévoyons un surplus de la balance courante du Canada en 2000-2001. Alors qu’est-ce
que le dollar attend pour s’apprécier et réduire le coût de nos vacances aux États-Unis ?
Il est donc temps de ressortir notre arsenal d’indicateurs à propos du dollar
canadien afin de remettre les pendules à l’heure. Remarquez, comme c’est toujours le cas
en économie, que les choses ne sont jamais blanches ou noires, mais dans plutôt dans des
tons de gris.
Toile de fond
Le dollar canadien s’est déprécié, car le taux de change reflète notre capacité
relative à produire des biens et des services dont 45 % sont maintenant exportés. Étant
donné que les exportations de biens représentent encore près de 43 % de celles-ci, le
dollar canadien est toujours perçu comme une devise dont la valeur est reliée au prix des
matières premières. Cette relation de long terme est toujours valable, car malgré le
raffermissement du prix des matières premières, leur prix relatif ne s’est guère amélioré
par rapport aux prix industriels (graphique 1). Notons que c’est seulement à la fin des
années 80, lorsque la Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt à court terme à près de
600 points de base au-dessus des taux américains pour maîtriser l’inflation, que le dollar
s’est apprécié tout en déviant de sa valeur déterminée par le prix relatif des matières
premières. Une fois cette épisode passé, le taux de change du dollar canadien s’est à
nouveau enligné sur le prix relatif des prix des matières premières.
L’attrait du dollar américain
Depuis 1995, les États-Unis ont bénéficié d’une période de croissance
économique très rapide causée à la fois par une accélération des gains de productivité
apportés par la révolution micro-informatique et par des entrées massives de capitaux.
Dans un premier temps, ces entrées de capitaux n’ont que des aspects positifs pour les
Américains et par contraste ont accentué la faiblesse relative du Canada. Les entrées de
capitaux ont permis aux Américains d’investir et de consommer davantage tout en
soutenant la valeur du dollar américain. En 2000, les Américains sont toutefois devenus
si dépendants des capitaux étrangers qu’il faut que les achats nets d’actifs financiers
américains par les non résidents s’élèvent à plus de 1,1 milliard de dollars par jour pour
financer leur déficit de la balance courante. Le dollar américain pourrait donc se
déprécier au cours des prochaines années. Bien qu’il soit difficile de prévoir quand est-ce