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américain ne font donc que retarder la diminution du déficit de la balance
courante des États-Unis indispensable à plus long terme.
Aucun pays ne peut s’endetter indéfiniment sans éventuellement mettre en
danger la stabilité de sa monnaie et son autonomie financière. En effet, un
scénario plutôt catastrophique pour les Américains serait que dans quelques
années les Chinois utilisent leurs réserves de change, qui s’élevaient déjà à
483 milliards de dollars en juillet 2004, pour acquérir le contrôle de quelques
multinationales américaines d’importance stratégique. Ce n’est pas une prévision,
puisque la puissance militaire des États-Unis leur procure déjà la maîtrise des
régions stratégiques dans l’approvisionnement en pétrole dont les Chinois auront
de plus en plus besoin. Un atout de taille pour contenir les ardeurs d’un pays
assoiffé de pétrole. Pour l’année 2004, on évalue la consommation chinoise de
pétrole à 6 millions de barils par jour et en supposant un taux de croissance de
5,5 % d’ici 2025, la consommation de pétrole en Chine s’élèverait à près de 19
millions de barils par jour. Notez qu’au cours des dix dernières années (1993-
2003), le taux de croissance annuel moyen du PIB réel de la Chine a été de 9 % et
celui de la consommation de pétrole s’est élevé à 7,5 %. L’expansion rapide de la
Chine et ses besoins croissant en ressources naturelles et en pétrole pourraient
donc être l’objet de tension entre les États-Unis et la Chine. Il faut donc espérer
pour l’humanité qu’une guerre entre ces deux titans n’ait pas lieu.
Chambardement dans la division internationale du travail
Il est facile de comprendre à quel point une nouvelle division du travail est
en train de se mettre en place dans le secteur manufacturier. Le pourcentage des
importations américaines de marchandises en provenance de la Chine qui s’élevait
à 5,8 % en 1994 a bondi à 12,9 % en 2004. Le même phénomène se produit au
Canada où le pourcentage est passé de 1,9 % en 1994 à 5,8 % en 2004. Les
entreprises manufacturières d’ici non pas d’autres choix que d’importer de Chine
les composantes à meilleur marché pour assurer leur propre compétitivité et en fin
de compte leur propre survie. À long terme, les Américains ne pourront pas être
continuellement financés par les banques centrales d’Asie. Il faut donc espérer
que la Chine et les autres pays d’Asie accepteront une appréciation de leur
monnaie et compteront davantage sur leur demande intérieure pour assurer leur
développement économique. En contrepartie, les Américains devront cette fois-ci
accroître davantage leurs exportations pas rapport aux importations pour contenir
leur dette envers les non résidents. En conclusion, le développement économique
de la Chine est déjà et sera, malgré certains déséquilibres à court et moyen terme,
positif pour le développement économique et le niveau de vie de habitants de la
planète.