Les aspects caractéristiques de la dépression associée à l’épilepsie sont la dépression
chronique et un risque relatif de traits névrotiques, par exemple la somatisation, l’apitoiement
sur soi et des périodes agitées de comportement psychotique péricritiques. Les épisodes
dépressifs majeurs sont plus susceptibles de se produire en phase intercritique, alors que les
épisodes plus courts (qui habituellement ne répondent pas aux critères de la dépression du
DSM-IV et ne requièrent pas de traitement) se produisent souvent en phase péricritique. Des
aspects paranoïdes ou psychotiques peuvent également accompagner la dépression, ce qui
indique une dépression psychotique.
D’autres facteurs sont la stigmatisation sociale, la discrimination, des difficultés
professionnelles et les restrictions des activités de la vie quotidienne qui contribuent à un
sentiment de perte de contrôle personnel. Les sentiments d’inadaptation et la crainte que les
gens s’aperçoivent des crises mènent souvent à un manque de confiance dans les rapports
sociaux ainsi qu’à un retrait social et l’isolement. Les difficultés sociales, ajoutées au stress
occasionné par une incapacité chronique comportant des pertes de connaissance
imprévisibles, entraînent souvent des sentiments récurrents d’impuissance, d’embarras, de
perte de dignité et de faible estime de soi. Les personnes épileptiques éprouvent souvent des
sentiments de honte et se reprochent d’être malades.
En plus des facteurs psychologiques, les troubles cérébr aux sousjacents, par exemple le
groupe de démences de type alzheimer et les artériopathies cérébrales peuvent prédisposer les
personnes épileptiques à la dépression. Les crises, leur mauvaise maîtrise, l’activité ictale et
sousictale et les phénomènes proches de l’embrasement peuvent également contribuer à la
dépression. Certains indices montrent que les personnes souffrant d’épilepsie d’origine
temporale gauche, surtout celles dont les crises résultent d’une lésion cérébrale sous-jacente,
sont plus prédisposées à la dépression ainsi qu’à une fréquence plus élevée et une moins
bonne maîtrise des crises.
Les personnes déprimées sont moins capables de prendre des mesures physiques ou
psychologiques visant à bloquer ou éviter leurs crises. Dans une enquête américaine menée au
Maudsley Hospital, la plupart des répondants ont déclaré avoir des crises plus fréquentes
lorsqu’ils étaient tendus, déprimés ou en colère. Les crises étaient moins fréquentes lorsqu’ils
étaient heureux et calmes. Dans cette étude comme dans d’autres, le bonheur est ressorti
comme un puissant anticonvulsivant.
La conséquence la plus inquiétante de la dépression chez les personnes épileptiques est le
risque élevé de suicide. Le taux de suicide serait chez elles cinq fois plus élevé que dans la
population générale — et, chez les personnes souffrant d’épilepsie temporale, le risque de
suicide est 25 fois plus élevé que dans la population générale.
Il existe aussi un risque accru de tentatives de suicide, due s surtout aux surdoses. Parmi
les raisons de ce phénomène, citons des troubles cérébraux sous-jacents à l’origine des crises
et de la dépression, le sentiment écrasant d’impuissance et de désespoir découlant de crises
non maîtrisées et imprévisibles et un accès facile aux anticonvulsivants. Chez les personnes
épileptiques en dépression, le risque de suicide devrait être continuellement évalué.
Le diagnostic différentiel comprend les troubles bipolaires, les troubles paniques, le
syndrome de stress post-traumatique, les troubles psychotiques sous-jacents, l’abus d’alcool
ou d’autres drogues, un trouble d’adaptation accompagné d’un sentiment de dépression et un
deuil ou une tristesse compliqués.