En effet, la théorie des avantages comparatifs veut que seules les productions qui disposent d'un
avantage comparatif par rapport à la concurrence soient maintenus. Cette 'logique' voudrait par
exemple que la Russie abandonne la production des voitures LADA pour importer des TWINGO et
développe au contraire sa production d'acier, secteur dans lequel elle dispose d'un avantage
comparatif. Néanmoins, procéder de la sorte revient à introduire une irréversibilité dans l'évolution
de la structure industrielle d'un pays : tout un savoir-faire et une main-d'oeuvre sont définitivement
perdus, alors qu'ils pourraient être de nouveau valorisé au bout d'adaptation et disposer ainsi d'un
avantage comparatif profitable aux consommateurs c'est d'ailleurs ce qui se passe avec LADA qui a
présenté ses nouveaux modèles -modernes- au dernier salon de Moscou. Le principe des avantages
comparatifs contient donc, de facto, un argument en faveur du protectionnisme éducateur.
II. Les limites de cette théorie économique
1. Il est difficile d’appliquer cette théorie économiques aux politiques
Pour pratiquer le protectionnisme éducateur de façon judicieuse, l’État doit se poser plusieures
questions :
- Quelle industrie sera en mesure de survire et de dégager un profit à long terme ?
- Les avantages engendrés par la survie de l’industrie seront-ils supérieurs aux prix (au sens
sacrifice) que les consommateurs devront payer pour la protection de cette industrie?
Gregory Mankiw, dans Principles of economics, désigne par l’expression ‘picking winners’ le
processus de sélection de l’industrie (à laquelle le protectionnisme éducateur sera appliqué) par
l’État : les prévisions sont difficiles à effectuer. En outre, la réponse à ces deux questions sont
d’autant plus difficile à trouver que des pressions d’ordre politique interviendront (i.e. lobby).
2. Le protectionnisme éducateur est-il vraiment nécessaire ?
Si les entrepreneurs estiment que l’avenir d’une industrie est très prometteur, ils n’hésiteront pas à
supporter les pertes à cout terme en espérant de pouvoir les couvrir par les gains et les profits au
long terme. Ils anticipent l’avenir et acceptent de traverser une période difficile en attendant le
moment de dégager un profit important.
Dans une telle situation, le protectionnisme éducateur n’est pas nécessaire pour encourager le
développement de l’industrie et celui des entreprises. Ainsi, par exemple, de nombreuses industries,
comme celle de la biotechnologie, ont réussi à survivre sans l’aide de l’État, sans protection contre
les concurrences étrangères.
Conclusion : À travers la théorie du protectionnisme éducateur, nous constatons que certaines
situations particulières incitent les États à prendre des mesures protectionnistes. Cependant, la
tendance générale demeure libre-échangiste.