Le protectionnisme éducateur

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Le protectionnisme éducateur
Au XIXe siècle l’Allemand Friedrich List (1798-1846) montre que l’industrie de son pays ne
pouvait tirer avantage de l’ouverture des frontières dans la mesure où elle n’était pas encore
suffisamment compétitive pour supporter la concurrence britannique. C’est pourquoi il préconise un
protectionnisme éducateur destiné à protéger les industries naissantes. Plus tard, dans le courant du
XXe siècle, Kaldor expliquera à partir du cas britannique que le protectionnisme peut s’appliquer
aussi aux industries vieillissantes, non pour empêcher leur disparition, mais pour la rendre
progressive et faciliter leur reconversion.
Pbmatiq : Le protectionnisme éducateur peut-il justifier le protectionnisme ?
I. Le protectionnisme éducateur : un argument contre le libre-échange
1. Le libre-échange n’est pas nécessairement la meilleure solution pour les PED
Le libre-échange favorise les pays qui ont de l'avance sur les autres. Le protectionnisme est donc
nécessaire pour les pays ayant un certain retard. On a qualifié de protectionnisme éducateur une
théorie économique qui préconise un protectionnisme temporaire, seul capable de permettre un
développement suffisant d'une économie nationale qui pourrait ensuite se mesurer à ses
concurrentes sur les marchés internationaux grâce aux effets d'apprentissage.
Cette protection doit donc être modérée (notion de tarif optimal), afin que les industries puissent
ressentir les effets stimulants de la concurrence. Cette protection doit cesser lorsque le nouveau
secteur est assez fort pour affronter la concurrence.
L'Allemagne, les USA et le Japon ont, de cette manière, efficacement protégé leur économie au
XIXème siècle. Cette théorie est aujourd'hui reprise par les économistes keynésiens pour conseiller
un développement autocentré aux pays en voie de développement . Ex) La Corée du Sud qui a
constitué de grands groupes ensuite cédés au secteur privé ; Intervention marquée également à
Taïwan dans les années 60 (monnaie dévaluée, aides aux exportations et protection des
importations) et conquête de marchés étrangers ; Forte croissance dans les NPI.
De plus, même le GATT/l’OMC n’est pas contre le protectionnisme éducateur car on ne refuse pas
le libre-échange, on y prépare.
2. Par ailleurs, le protectionnisme éducateur engendre des effets bénéfiques à long terme pour
le commerce international
Notons que cette théorie a été admise par certains grands défenseurs du libre-échange (John Stuart
Mill, A.Marshall, P.Samuelson) qui y voient une des rares exceptions valables à leur thèse.
En effet, la théorie des avantages comparatifs veut que seules les productions qui disposent d'un
avantage comparatif par rapport à la concurrence soient maintenus. Cette 'logique' voudrait par
exemple que la Russie abandonne la production des voitures LADA pour importer des TWINGO et
développe au contraire sa production d'acier, secteur dans lequel elle dispose d'un avantage
comparatif. Néanmoins, procéder de la sorte revient à introduire une irréversibilité dans l'évolution
de la structure industrielle d'un pays : tout un savoir-faire et une main-d'oeuvre sont définitivement
perdus, alors qu'ils pourraient être de nouveau valorisé au bout d'adaptation et disposer ainsi d'un
avantage comparatif profitable aux consommateurs c'est d'ailleurs ce qui se passe avec LADA qui a
présenté ses nouveaux modèles -modernes- au dernier salon de Moscou. Le principe des avantages
comparatifs contient donc, de facto, un argument en faveur du protectionnisme éducateur.
II. Les limites de cette théorie économique
1. Il est difficile d’appliquer cette théorie économiques aux politiques
Pour pratiquer le protectionnisme éducateur de façon judicieuse, l’État doit se poser plusieures
questions :
Quelle industrie sera en mesure de survire et de dégager un profit à long terme ?
Les avantages engendrés par la survie de l’industrie seront-ils supérieurs aux prix (au sens
sacrifice) que les consommateurs devront payer pour la protection de cette industrie?
Gregory Mankiw, dans Principles of economics, désigne par l’expression ‘picking winners’ le
processus de sélection de l’industrie (à laquelle le protectionnisme éducateur sera appliqué) par
l’État : les prévisions sont difficiles à effectuer. En outre, la réponse à ces deux questions sont
d’autant plus difficile à trouver que des pressions d’ordre politique interviendront (i.e. lobby).
2. Le protectionnisme éducateur est-il vraiment nécessaire ?
Si les entrepreneurs estiment que l’avenir d’une industrie est très prometteur, ils n’hésiteront pas à
supporter les pertes à cout terme en espérant de pouvoir les couvrir par les gains et les profits au
long terme. Ils anticipent l’avenir et acceptent de traverser une période difficile en attendant le
moment de dégager un profit important.
Dans une telle situation, le protectionnisme éducateur n’est pas nécessaire pour encourager le
développement de l’industrie et celui des entreprises. Ainsi, par exemple, de nombreuses industries,
comme celle de la biotechnologie, ont réussi à survivre sans l’aide de l’État, sans protection contre
les concurrences étrangères.
Conclusion : À travers la théorie du protectionnisme éducateur, nous constatons que certaines
situations particulières incitent les États à prendre des mesures protectionnistes. Cependant, la
tendance générale demeure libre-échangiste.
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