Joyce Liyan Conférence de M. Stevant
Fiche technique no. 39
Les principales théories de l’échange international
Les principales théories de l’échange international sont celles du libre-échange et du protectionnisme. Le
débat entre ces deux théories est l’un des plus vieux de la science économique, ayant opposé physiocrates,
puis classiques, adeptes du libre échangisme contre mercantilistes devenus colbertistes et protectionnistes.
- Le libre-échange est la politique dans laquelle le gouvernement n’intervient pas dans les échanges
commerciaux internationaux par des droits de douane, des quotas ou autres moyens.
On retrouve les principaux auteurs de ces théories au sein de l’école classique et néo-classique
comme Adam Smith avec sa théorie des avantages absolus, Ricardo et la théorie des avantages
comparatifs, ou le modèle HOS (Heckscher-Olin-Samuelson), ainsi que les nouvelles théories du
commerce international initiées par Krugman et Helpman.
- Le protectionnisme désigne toute politique adoptée par un pays pour protéger les entreprises
locales de la concurrence des importations, le plus souvent, un tarif ou des quotas imposés aux importations.
Friedrich List est l’un des principaux auteurs de ce courant (protectionnisme éducateur), ainsi
qu’Akamatsu, avec son modèle de développement en « vol d’oies sauvages ». On retrouve aussi la
théorie de la politique commerciale stratégique (PCS) de Krugman.
LE LIBRE-ECHANGE
Adam Smith raisonne dans le cas de deux pays, ne produisant chacun que deux biens. Un pays
dispose d’un avantage absolu sur son partenaire dans un bien lorsqu’il peut le produire avec moins
de travailleurs que son partenaire. A quantité de travailleurs donnés, il est donc possible d’obtenir
par la spécialisation internationale une production mondiale supérieure à celle obtenue en situation
d’autarcie. Smith affirme que les pays, dès qu’ils disposent d’un avantage absolu, ont mutuellement
intérêt à se spécialiser et à s’ouvrir : l’échange international est un jeu à somme positive.
Cependant, le modèle développé par Smith ne s’applique qu’aux pays disposant d’un avantage
absolu. A la différence de ce modèle, David Ricardo fonde l’origine de l’échange international sur
des différences relatives de productivité. Tout pays peut désormais participer au commerce
international, même s’il dispose d’un désavantage absolu. Chaque pays a intérêt à se spécialiser
dans le bien dans lequel il dispose de la productivité relative la plus forte (exemple désormais
célèbre de l’avocat et de sa secrétaire, du jardinier et du médecin, du maçon et de...)
Le modèle de Ricardo ne fournit cependant aucune indication quant à la répartition du gain né de
la spécialisation. Stuart Mill a prolongé la théorie ricardienne en introduisant le rôle de la
demande mondiale.
Le modèle HOS (Heckscher-Olin-Samuelson) fonde l’échange international sur des différences
dans les dotations relatives de facteurs (travail et capital). Un pays a intérêt à exporter le bien
dont la production est intensive dans le facteur relativement abondant et à importer le bien dont la
production est intensive dans le facteur relativement rare. Par ailleurs, une hausse du prix d’un
produit a pour effet d’augmenter la rémunération réelle du facteur productif dont l’emploi est le plus
intensif dans cette production. Le théorème HOS montre alors que le commerce international doit
conduire à l’égalisation relative et absolue des prix des facteurs de production.
Exemple : Soit 2 pays, la France et l’Argentine considérées à technologie identiques, 2 facteurs de
production, le capital et le travail et 2 biens, la voiture et le blé. La France, abondante en capital,
dipose d’un vanatage comparatif dans la production de voitures, biens intense en capital. Le prix
de la voiture est relativement moins elevé en France qu’en Argentine et la France a interet à se
spécialiser dans la production de voitures. Avec l’echange international, l’augmentation de la
production de voiture se traduit par une augmentation de la demande en capital dont la rémunération
réelle augmente alors que la rémunération réelle du facteur relativement rare diminue. Suite à
l’ouverture internationale, la rémunération des facteurs évolue inverse en France et en Argentine : le
prix du travail augmente relativement par rapport au prix du capital en Argentine. Le commerce
international aura ainsi conduit à l’égalisation relative et absolue des prix des facteurs entre les 2
pays.
Aujourd’hui, de nouvelles théories expliquent l’échange international à partir de la structure de
marché portant sur l’existence d’économies d’échelle, sur la structure de monopole, sur l’oligopole et sur la
concurrence oligopolistique. Ces études sont initiées par des auteurs comme Krugman et Helpman. Les
principaux apports de ces théories sont les suivants :
- L’existence d’économies d’échelle apparaît ici comme un déterminant suffisant de la spécialisation
internationale. Il n’est nul besoin que les pays soient différents en termes d’avantages comparatifs.
- Le commerce international s’explique aussi par la dynamique du monopole d’innovation, comme
le montre Vernon dans sa théorie du cycle de vie du produit.
- L’existence du commerce international, en particulier de l’échange intrabranche, peut s’expliquer
par la structure oligopolistique des marchés, pour Kurgman et Brander. Exemple : Soient deux
pays A et B en économie fermée et identiques en tous points. Dans les deux pays, deux
firmes, respectivement 1 et 2, en situation de monopole et produisant un bien X. En situation
d’échange international, on passe à un duopole et à un comportement de réaction oligopolisitique,
chaque firme tentant d’acquérir des biens des parts de marché dans le pays adverse. On a ainsi un
commerce international intrabranche croisé sur des biens strictement identiques.
- Toutefois, ces études montrent que dans certaines circonstances, le protectionnisme peut améliorer
le bien-être du pays qui se protège.
Ainsi, pour les tenants du libre-échange, le commerce international favorise une meilleure
utilisation des ressources de chaque pays, une augmentation des opportunités des entreprises,
une diffusion plus rapide des innovations et des savoir-faire et l’amélioration de la productivité.
Pour le consommateur, il permet une plus grande liberté de choix, des prix plus bas en raison des
économies d’échelle et de la concurrence. Inversement, le protectionnisme entraverait les
entreprises les plus dynamiques en leur fermant des parts de marché et pénaliserait les
consommateurs. Cependant, la répartition des avantages se concentre surtout au profit des
consommateurs des pays avancés et des FMN.
LE PROTECTIONNISME
Au XVIIème siècle, les auteurs mercantilistes appréhendaient l’échange international comme un
jeu à somme nulle. Bodin et De Monchrétien estimaient que le gain d’un pays se faisait
nécessairement au détriment des partenaires, d’où l’importance des mesures protectionnistes.
La doctrine du protectionnisme a été formulée par Friedrich List, économiste allemand du XIXème
siècle. List considérait que son pays ne pouvait se développer, face à la concurrence anglaise
dominante à l’époque, qu’à l’abri de la protection commerciale.
« La protection douanière est notre chemin, le libre-échange est notre but » ( F. List, Système national
d’économie politique, Introduction, 1840).
Dans cet ouvrage, List défend la nécessité d’un protectionnisme temporaire, un protectionnisme
éducateur qui éviterait à une industrie naissante de se trouver handicapée par la concurrence des
biens importés substituables existants, qui bénéficient déjà des économies d’apprentissage.
Cependant, List souligne que le protectionnisme ne peut pas profiter à tout le monde : les petites
nations ont intérêt au libre-échange si elles veillent à une bonne insertion dans le système
commercial. Seules les industries qui disposent d’industries capables, à long terme, de rivaliser
avec les plus puissantes ont intérêt au protectionnisme.
Dans le fil de List, l’économiste japonais Akamatsu (1896-1974) développe la théorie du modèle
de développement « en vol d’oies sauvages » : un pays sous-développé peut se développer
relativement rapidement avec des industries qui fabriquent d’abord des produits bon marché pour le
marché intérieur, et commencent à exporter, dès qu’ils sont assez forts, avec des niveaux croissants
de qualité. Ce processus se répète, s’étend aux biens d’investissements, et conduit ainsi à un
processus rapide de développement sur des secteurs spécialisés et porteurs du marché mondial (cas
du Japon et des « dragons »).
La théorie de la politique commerciale stratégique (PCS) montre que dans un contexte
oligopolistique, le protectionnisme ponctuel serait un instrument de conquête des marchés
extérieurs. En subventionnant la firme nationale, un pays peut exclure les firmes étrangères du
marché et obtenir une situation de monopole. Ainsi, de nombreux marchés se caractérisent par une
structure oligopolistique (duopole Airbus/Boeing).
Pourtant, si le protectionnisme peut être parfois justifié par les imperfections du marché, se pose la
question de l’engrenage des mesures de représailles des pays concernés.
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