Ghannouchi avait dit de Caïd Essebsi: «Il est plus dangereux que les salafistes».
Tableau 2 : Une propension consommée à la mystification
La psychologie duelle de Rached Ghannouchi et son effarante insensibilité aux contradictions en cascades du
président d'Ennahdha (certains trouveront l'explication de cette pathologie dans le dédoublement de la
personnalité ou dans la dissimulation («taqiyya»), règle fondamentale de l'islam en milieu hostile : «en matière
de défense des intérêt, le mensonge devient licite», mais ils oublient que toute idéologie politique use du
mensonge mais aucune ne le justifie ni n'encourage son usage comme c'est le cas chez les Frères musulmans.
Au-delà de tout psychologisme de surface, le mensonge constitue la preuve tangible d'une tactique de type
fasciste. Tous les historiens qui ont examiné à la loupe la naissance du nazisme, du fascisme et du sionisme
vous le diront, la propension naturelle au mensonge et à la mystification est le propre de toute idéologie
totalitaire et de tout projet d'asservissement d'un peuple ou d'une nation.
L'homme politique Ghannouchi n'a cessé tout au long de sa carrière de prosélyte, de se mouvoir à son aise
entre ombre et lumière, de faire preuve d'une propension consommée à la mystification confinant parfois à
l'immoralisme et à l'indécence – deux semaines après l'assassinat de Belaid, il lança à la figure de tout un
peuple, le célèbre: «Crevez de rage» de Wajdi Ghoneim – aux antipodes du système de valeur et des bonnes
vertus («makârim al-akhlâq») dont il se réclame, confirmant ainsi l'antienne que «toute idéologie politique
dépourvue de morale se transforme en barbarie».
Tableau 3 : L'homme qui dit, à la fois, une chose et son contraire
Considéré comme islamiste modéré par les Américains et par les Européens, il sait au fond de lui-même qu'il
n'a jamais quitté son qamîs et sa barbe de jeune salafiste.
A partir d'un angle de vue différent, dire de Ghannouchi qu'il est un menteur, un mythomane ou un être duel,
c'est mal le connaître. Il est réalité un «politicien polyglotte», les nombreuses langues qu'il maîtrise
correspondent aux différents âges de sa vie politique. Pas plus musulman que toi et moi, il ne manie pas l'art du
double discours ou du double langage, il parle – comme on dit – plusieurs langues à la fois. D'ailleurs, il
commet rarement de lapsus lingus bien qu'il est naturellement doté comme le commun des mortels d'une
langue, toutefois la sienne est bifide comme celle d'un reptile invertébré, plus encore elle est quadrifide,
capable de traiter instantanément le même dossier par exemple en quatre langues.
Ghannouchi est polyglotte, non au sens où il maîtrise plusieurs langues, mais en maniant avec habilité
plusieurs langages ou «discours» en fonction des lieux, de la conjoncture, de l'actualité et de l'interlocuteur en
face de lui. Comme on dit de quelqu'un qui maîtrise par exemple l'anglais, l'arabe, le français et l'allemand,
etc., il dispose d'une aptitude hors du commun de traiter le même sujet en plusieurs langages, ou plusieurs
sujets dans un même et unique discours.
En tenant chaque jour un nouveau discours, Ghannouchi ne se contredit pas, «il parle en langues», non pas les
langues aux sens de lûgha/logos, car on l'a bien vu qu'après des longs séjours passés que ce soit en France ou
en Grande Bretagne, son français et son anglais sont demeurés gravement approximatifs.
Il exprime la même chose, mais déclinée chaque fois dans une nouvelle langue ou l'opposé, d'où le désarroi des
observateurs, des médias et de tous ceux qui scrutent ses faits et gestes, mais surtout de la masse des
Tunisien(ne)s habitué(e)s par le même discours de propagande débité dans la même langue.
Il pratique une espèce de glossolalie, mais une glossolalie, ayant peu à voir avec le délire, rationnelle, brillante
parfois, maîtrisée, consciente d'elle-même et bien structurée pour qui a à cœur d'en décrypter les codes.