Cette carte de rechange, c'est bien évidemment celle l'islam soufi que les salafistes, encouragés en sous-main
par Ennahdha, ont combattu dès le premier jour, connaissant le danger qu'ils représentent pour leurs ambitions
hégémoniques en Tunisie, terre ardente du soufisme, meilleur antidote à l'islam judéo-chrétien salafiste.
Faim d'Ennahdha, authentique islam
C'est en abandonnant leur rigorisme faussement islamiste, n'étant que la manifestation de la tradition judaïque
en islam, qu'Ennahdha regagnerait le cœur des Tunisiens et répondrait à leur faim réelle de spiritualité et
d'éthique. Car celles-ci ne sont plus dans les fausses manifestations, caricaturales qui plus est, de la religion
ainsi qu'Ennahdha en offre l'affligent spectacle.
Par exemple, elles le sont dans un ramadan de libertés, où l'activité commerciale ne cesse pas de jour par
obligation, où l'on ne force pas les gens qui ne souhaitent pas jeûner à se cacher, où l'on n'interdit pas à ceux
qui veulent consommer de l'alcool à le faire, les obligeant à se comporter en criminels, s'en approvisionnant
chez les contrebandiers, encourageant ainsi le crime. Or, le crime est loin de l'être dans la consommation
d'alcool, nullement interdite en islam contrairement à ce que continue Ennahdha de colporter en violation des
préceptes authentiques d'une foi libérale.
La saine interprétation de l'islam n'est pas, non plus, dans la pratique du honteux et moyenâgeux test anal, ni
dans la répression de la liberté sexuelle, qu'elle soit le fait de gens de même ou de différents sexes. Les jeunes
ont bien le droit de vivre selon la nature placée en eux par Dieu, en assumant ce besoin essentiel pour
l'équilibre psychologique et l'unité de l'humain.
Elle n'est surtout pas dans l'injustice faite à des innocents dont on détruit la vie pour cause d'un malheureux
joint, bien moins nocif à leur santé qu'une cigarette, ou celle encore plus flagrante que subissent les femmes
par une inégalité successorale que même la religion, au vu de ses visées, ne peut plus cautionner.
Ce ne sont ci-dessus que des exemples parmi tant d'autres sur des cas flagrants d'injustice et de fausse lecture
de l'islam. Ils doivent, comme d'autres, faire l'objet sans plus tarder de la preuve concrète du changement du
parti islamiste, car ce sont autant de violations caractérisées de la constitution d'abord, mais aussi de la religion
correctement lue et interprétée.
Sur toutes ces questions, pour le moins, Ennahdha doit évoluer; et s'il le fait, ainsi que le commandent la
morale et la bonne gouvernance, il créera alors une faim pour son parti dans le peuple.
Ce sera celle de l'honnêteté, de la sincérité et de la conscience dans l'action politique devenant éminemment
éthique (ce que je nomme poléhique), honorant tout autant ses engagements politiciens que ses références
religieuses.
Sinon, Ennahdha finira pas disparaître de la scène politique tunisienne comme tous les partis sans assise
populaire véritable sinon simulée, ne sachant pas répondre aux attentes du peuple. Et celles-ci sont pour une
plus grande liberté.
Cela ne se fera qu'en bousculant les stéréotypes mythiques sur la religion et du conservatisme social, un
conservatisme qui n'est que dans la tête de certains dirigeants avides de contrôler la société et la jeunesse de
plus en plus turbulente, contestant les lois scélérates d'un autre temps au point de chercher à gagner sa vie en la
perdant sur les chemins de traverse. (3)
Le Tunisien est bien mûr et il l'a démontré politiquement; il l'est tout autant socialement et est en mesure de
réussir en mieux, dans son pays, ce qu'on a appelé movida en Espagne à la chute de sa dictature. (4) Alors, fin
ou faim d'Ennahdha? Qui vivra verra!