Guide pratique pour l’élaboration d’un projet d’évaluation de la qualité de l’acte par critères explicites Programme de résidence en pédiatrie Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke Préparé par Natacha Hébert (résidente en pédiatrie) sous la supervision de Dre Thérèse Côté-Boileau, Dre Johanne l’Allier et Dre Sophie Laflamme Mise à jour : Février 2012 par Dr Sébastien Roulier GUIDE POUR L’ÉLABORATION D’UN PROJET DE LA QUALITÉ DE L’ACTE PAR CRITÈRES EXPLICITES 1. INTRODUCTION 2. QUI? 3. QUAND? 4. COMMENT? INTRODUCTION Pourquoi? Chaque établissement hospitalier doit mettre sur pied la structure nécessaire à la réalisation d’un programme de gestion de la qualité des soins. En pédiatrie, il existe un sous-comité nommé sous-comité de soins pédiatriques et néonatologiques qui a pour rôle de réviser tous les cas de décès et les dossiers ayant présenté des complications non attendues. Un mode d’évaluation par critères implicites est alors utilisé. L’évaluation par critères explicites est l’autre mode d’évaluation. Il s’agit d’une évaluation de la qualité des soins par rapport à une norme scientifiquement reconnue ou déterminée par consensus. C’est par ce mode d’évaluation que les résidents de pédiatrie sont interpellés à effectuer un projet d’évaluation de la qualité de l’acte. Grâce à ces deux modes d’évaluations, différents éléments du processus de soins sont analysés et la conformité à des standards de pratique est validée. Le sous-comité émet par la suite des recommandations issues des conclusions des évaluations. Ceci permet d’assurer le respect des normes de pratique dans l’exercice professionnel et également de motiver et encourager les professionnels à améliorer la structure et le processus utilisés lors des soins aux patients. Dans le contexte scientifique et socio-économique actuel, il est impératif que les professionnels du domaine médical s’engagent dans la gestion de la qualité des services prodigués. Les conduites thérapeutiques seront alors plus uniformes, la qualité des soins et de l’enseignement sera améliorée. En 2004, suite à la visite de l’agrément du Collège Royal, une faiblesse a été relevée concernant l’évaluation de la qualité de l’acte médical. Le comité post doctoral de pédiatrie à alors décidé d’impliquer les résidents de façon obligatoire dans un projet de l’évaluation de la qualité de l’acte au cours de leur formation. De plus, avec les compétences CANMEDS du Collège Royal, le projet de l’évaluation de la qualité de l’acte médical s’inscrit très bien dans les compétences de gestion. Qui? Le projet d’évaluation de la qualité de l’acte est obligatoire pour tous les résidents de pédiatrie. Ceux et celles qui prévoient faire une sur-spécialité devront compléter leur projet pendant le tronc commun (R1-R3) Quand? Le projet peut être fait à n’importe quel moment au cours de la résidence. Cependant, l’archiviste qui est attribué a un nombre fixe d’heures allouées par année pour les résidents et elle favorisera les résidents en fin de formation. Si son nombre d’heures est épuisé, le résident devra remettre son projet à plus tard ou le faire seul. Il est donc important d’établir une liste des projets et de désigner les projets prioritaires pour l’archiviste. Ce rôle revient à un résident désigné responsable de l’évaluation de la qualité de l’acte. De plus, le directeur de programme sensibilise les résidents à ce projet dès leur arrivée dans le programme. Comment? Le projet se fait seul ou à deux. Si le projet est fait à deux, il doit y avoir 2 questions distinctes avec littérature à l’appui. Le choix du sujet vient du résident lui-même ou à partir d’une banque de sujets proposés par différents membres du département de pédiatrie. Les membres sont sollicités régulièrement afin de fournir de nouvelles idées de projet d’évaluation de la qualité de l’acte Le choix du sujet se rapporte en général à une question « simple » laquelle se rapporte à une recommandation clairement établie dans la littérature face à une conduite clinique. Ceci a pour but de vérifier la pratique médicale et d’améliorer la qualité des soins et de l’enseignement. Des recommandations claires seront émises au comité central de l’hôpital ainsi qu’au chef du département de pédiatrie au terme du projet. Le résident doit rencontrer le patron responsable de cette activité de formation afin de s’assurer que la question est adéquate, que la population définie sera facile à retracer et que la littérature qui s’y rapporte est adéquate. Il faut éviter les sujets où la littérature est controversée. La révision d’environ 50 dossiers est suffisante pour ce genre de projet. Le résident devra réaliser un document et présenter son projet au sous-comité de l’évaluation de l’acte de soins pédiatriques et néonatologiques en tenant compte des points suivants : 1. Introduction a. On y retrouve un résumé de l’origine de la problématique et de la problématique elle-même. b. On y décrit les objectifs précis du projet. 2. Revue de la littérature a. On doit retrouver les éléments probants de la littérature se rapportant au sujet évalué avec les références à l’appui. 3. Formulation de la question a. L’énoncé du critère doit être clair et la norme pour que le dossier soit jugé conforme doit être établie. La norme est habituellement de 100% ie que 100% des dossiers doivent avoir le critère présent. i. Ex 1 : En pré-sédation, l’évaluation du jeûne doit être notée dans 100% des dossiers (norme = 100%). Si 30 dossiers sur 50 ont l’information, alors la norme est non respectée et des recommandations seront faites. ii. Ex 2 : Un taux d’échec de 10% à l’extubation est toléré ie un succès d’extubation de 90% (norme = 90%). Si le résultat obtenu est < 90%, il faut discuter des raisons de ce taux de réussite faible. Une discussion doit également être faite si le taux est > 90%. b. L’hypothèse de départ doit apparaître 4. Spécifications de l’étude (méthodologie) a. Définir la population : âge des sujets, années, etc… b. Critères d’inclusion c. Critères d’exclusion d. Définir les exceptions s’il y a lieu e. Élaboration d’un tableau des variables et des critères Variables ou critères Définition Inscrire la variable ou le critère Définir la variable ou le critère Sexe M ou F Âge DDN – date d’admission Jeûne noté 5. Références Norme Établir la norme pour les critères (0 à 100% ou Oui/Non) 0 ou 100% Oui ou Non (norme=100%) Instructions et commentaires Instructions à l’archiviste et commentaires utiles Feuille de consultation Page principale Ariane et onglet admission Feuille de consultation 6. Grille de collecte des données a. Grâce aux spécifications de l’étude, le résident élaborera une grille de collecte des données dans laquelle toutes les variables recherchées et tous les critères mesurés apparaîtront. b. Cette grille doit être validée par l’archiviste avant de poursuivre la collecte. Lors de la présentation de l’ébauche du projet, les différents membres peuvent apporter des suggestions, des commentaires et des modifications. Le projet pourra se poursuivre dès que le résident aura eu l’approbation du comité. Révision de dossier 1. L’archiviste et/ou le résident vont réviser les dossiers et compléter la grille qui aura été approuvée par le comité. 2. L’archiviste a 70 heures/année afin de compléter les grilles à partir des dossiers médicaux. Plusieurs projets lui demandent un nombre limité d’heures, ce qui permet à plusieurs résidents de compléter un projet dans une même année. Rédaction d’un rapport 1. Le rapport final doit inclure les mêmes sections décrites précédemment a. Introduction b. Revue de la littérature c. Formulation de la question d. Spécifications de l’étude (méthodologie) 2. Autres sections à élaborer a. Résultats Les résultats sont présentés sous forme de texte ou de tableau. Des statistiques appropriées doivent être utilisées si nécessaire. b. Discussion Une discussion est entreprise pour expliquer les résultats et émettre des pistes de solutions. Des références peuvent appuyer cette section. c. Conclusions et recommandations Des conclusions et des recommandations sont émises en fin de rapport. 3. Fin du document a. Références b. Grille de collecte des données Présentation du rapport au sous-comité d’évaluation de l’acte de soins pédiatriques et néonatalogiques 1. Lors de cette dernière rencontre avec le comité, le résident recevra le feedback des différents membres du comité et pourra effectuer les corrections finales jugées nécessaires. 2. Une fois les modifications finales terminées, le rapport est envoyé à la présidente du comité qui se chargera de soumettre au comité central d’évaluation de l’acte de l’hôpital, les conclusions du projet ainsi que les recommandations qui en découlent. Ce comité central communiquera ces informations aux personnes concernées (médecins, infirmières, etc…). Présentation orale o La présentation orale (sous forme de power point) se fait dans le cadre des présentations du mercredi matin. Il est possible que les résultats soient présentés en moins de 30 minutes. o Si deux personnes participent à un même projet, il doit y avoir deux présentations (une par question). Annexe A DIRECTION DU PROGRAMME DES ÉTUDES MÉDICALES POSTDOCTORALES DE PÉDIATRIE COMITÉ DE L’ACTE LISTE DES PROJETS – RÉSIDENTS DE PÉDIATRIE Mise à jour : 8 août 2011 DATE NOM DU RÉSIDENT Septembre 2004 BEAULIEU, Geneviève Janvier 2005 PESANT, Caroline Avril 2005 LEMOINE, Marie-Hélène Juin 2005 VINCENT, Anne-Marie Juillet 2005 LANGLAIS, Caroline Novembre 2005 HÉBERT, Natacha Mars 2007 LANDRY, Marc-Antoine ROY, Marie-Claude BOUSQUET, Marie-Josée Juin 2007 Septembre 2007 NOGARÈDE, Annick THERRIEN, Élyse Novembre 2007 Juin 2008 BEAUDRY, Caroline ROUILLARD-LAFOND, Joëlle MOREAU, Brigitte Mai 2009 CLICHE-GRENIER, Catherine Mai 2009 En cours GROLEAU, Véronique KABWE, Nadine TITRE DU PROJET Dépistage systématique de la glycémie de l’enfant qui convulse Efficacité des pic-line comme voie d’accès pour administrer des antibiotiques à long terme dans une population pédiatrique Dépistage néonatal de la dysplasie développementale des hanches Évaluation de la prise en charge des patients oncologiques pédiatriques Évaluation de la fréquence et le type des hémorragies rétiniennes retrouvées chez les enfants avec suspicion de mauvais traitements. Évaluation du délai entre l’admission du patient ou la demande de consultation en ophtalmologie et l’évaluation en ophtalmologie Mesure de la tension artérielle chez les traumas crâniens sévères pédiatriques Évaluation du délai entre l’abus ou l’agression sexuel (le) et le moment où est faite la trousse médicolégale Le dépistage de l’anémie falciforme chez le nouveau-né à risque est-il fait au CHUS? Vérification de deux recommandations par rapport à l’approche de l’enfant entre 0 à 90 jours qui présente une fièvre sans foyer Dépistage de la rétinopathie du prématuré chez l’enfant hospitalisé à l’unité néonatale Est-ce que les enfants âgés de 0 à 5 ans ayant une première pyélonéphrite aiguë ont les investigations paracliniques (échographie-cystographie mictionnelle; DMSA) appropriées? Dépistage de l’hyperbilirubinémie chez les bébés ayant des facteurs de risques Réhydratation par voie orale Dépistage de l’hypoglycémie chez les nouveaux-nés DATE NOM DU RÉSIDENT TITRE DU PROJET Juin 2009 DESJARDINS, Marylin Documentation du score de Glasgow (GCS) au dossier des patients pédiatriques (0 à 18 ans) souffrant de blessures sévères au CHUS Décembre 2009 PÉPIN, Karine Complications des cathéters aux soins intensifs Avril 2010 FORTIN-PELLERIN, Étienne Prise en charge volémique initiale des patients pédiatriques en sepsis sévère. Les patients se présentant à l’urgence en crise d’asthme ont-ils des tests de fonctions respiratoires. Étude sur l’évaluation de la prescription de culot globulaire à l’unité de néonatologie du CHUS Étude sur l’évaluation des indications de transfusion de culot globulaire à l’unité de néonatologie du CHUS PLANTE, Jessica LAFONTAINE, Audrey Avril 2011 Juin 2011 LAFONTAINE, Audrey TREMBLAY-ROY, JeanSébastien CHAREST, Véronie PERREAULT-SAMSON, Myriam D’SOUZA, Bruce Laurence DucharmeCrevier Complétion de la feuille sommaire d’hospitalisation en pédiatrie Réhydratation intraveineuse : l’utilisation des solutés hypotoniques en pédiatrie. Évaluation du taux d’extubation accidentelle et du taux d’échec à l’extubation dans l’unité de soins intensifs pédiatriques du CHUS Annexe B : Exemple d’un projet d’évaluation de la qualité de l’acte Les sédations procédurales pédiatriques à l’urgence Dr Sébastien Roulier, Intensiviste-pédiatre CHUS Est-ce que les sédations procédurales pédiatriques faites à l’urgence du CHUS par des urgentistes et des orthopédistes respectent les recommandations de l’American Society of Anesthesiology (1) et de l’American Academy of Pediatrics (2). Introduction Suite à une analyse par critères implicites d’une sédation par un urgentiste d’un enfant à l’urgence du CHUS-Fleurimont, des failles importantes ont été notées durant tout le processus de prise en charge de la sédation procédurale pédiatrique. Étant donné l’importance de promouvoir des soins et services de qualité, une évaluation des sédations procédurales pédiatriques prise en charge par les urgentistes et les orthopédistes à l’urgence du CHUS-Fleurimont a été conduite afin de déterminer les points à améliorer afin de proposer des recommandations pour se conformer aux lignes directrices de la littérature. Revue de la littérature La sédation procédurale est une technique qui consiste à administrer des médicaments à un patient afin de lui permettre de mieux tolérer une intervention diagnostique ou thérapeutique de façon sécuritaire (3). Cette technique n’est pas sans risque. Parmi les événements adverses à redouter, il y a la dépression et la détresse respiratoire. Ces complications sont accrues si l’évaluation initiale est inadéquate, si la surveillance durant et après la procédure est déficiente, si les connaissances et les compétences du personnel sont insuffisantes pour le choix des médicaments, la reconnaissance et la gestion des complications (4). Afin de prévenir les complications suite à une sédation, il est important de développer des standards de pratique propres à cette discipline (4-5). Dans le but de répondre au nombre croissant de sédations réalisées en dehors des salles d’opération par des médecins non anesthésistes, des lignes directrices ont été élaborées par l’American Society of Anesthesiology (1) et l’American Academy of Pediatrics (2) afin d’assurer une efficacité clinique et une diminution des complications par les médecins non-anesthésiologistes lors des sédations procédurales hors du bloc opératoire. Le Collège des Médecins du Québec a également produit un document à cet effet en novembre 2009 (3). Formulation de la question Est-ce que les sédations procédurales pédiatriques faites à l’urgence du CHUS par des urgentistes et des orthopédistes respectent les recommandations de l’American Society of Anesthesiology (1) et de l’American Academy of Pediatrics (2). N.B : Dans l’étude originale, plusieurs critères ont été évalués. Nous allons nous limiter à 2 critères pour fin d’exemple. 1. Est-ce que le médecin a documenté l’état de jeûne? Lors de l’évaluation pré-sédation, l’état du jeûne doit être documenté par le médecin qui effectue la sédation. La norme pour ce critère est de 100% ie tous les dossiers évalués doivent présenter cette norme. Nous croyons que l’état du jeûne n’est pas bien documenté. 2. Si l’état de jeûne est documenté, est-ce que le médecin respecte les recommandations de l’ASA pour la durée du jeûne requis? Il existe des règles précises concernant le jeûne selon l’ASA (1) et le CMQ (3). Le nombre d’heures de jeûne doit être respecté par le médecin qui effectue la sédation afin d’éviter les aspirations. La norme pour ce critère est de 100% ie tous les dossiers évalués doivent présenter cette norme. Nous croyons que le nombre d’heures de jeûne n’est pas bien respecté par les urgentistes mais est plus respecté par les orthopédistes. CMQ 2009 Méthodologie Il s’agit d’une étude rétrospective de sédations procédurales pédiatriques survenues à partir de janvier 2007 à l’urgence du CHUS-Fleurimont par des urgentistes et des orthopédistes. Cinquante (50) dossiers pour chacun des groupes ont été retenus. Les critères d’inclusion sont : patients de moins de 18 ans qui nécessite l’administration de sédatifs et/ou analgésiques pour une procédure à l’urgence. Les 100 dossiers ont été étudiés selon la grille présentée à l’Annexe I. Les différentes variables et critères recherchées (cf tableau ci-bas) permettront de faire des recommandations spécifiques à chacun des groupes de médecins grâce à l’analyse des 50 dossiers pour chacun des groupes. Comme il s’agit d’une étude rétrospective, les éléments recherchés sont considérés « non faits » s’ils ne sont pas documentés. Tableau des variables et critères : Variables / Critères 1. Âge 2. Sexe 3. Procédure 4. Personnel présent Description ou Norme 5. Agents utilisés 6. Voie d’administration 7. Jeûne noté 8. Jeûne respecté 9. Complications 10 Complications En année M ou F Précisez MD, Résident, Infirmière, Inhalo, Autre (précisez) Précisez IV, PO, IR, SC O / N (Norme = 100%) O / N (Norme = 100%) O/N Précisez 11. Interventions Précisez Instructions et Commentaires Note médicale Note médicale Note médicale Note infirmière, onglet inhalo Note médicale et profil Note médicale et profil Note médicale Note médicale Notes infirmière, inhalo, MD Notes infirmière, inhalo, MD Ex :apnée, désaturation, sédation prolongée Notes infirmière, inhalo, MD Ex : BMV, antidotes, stimulation Résultats 1. Caractéristiques des sédations procédurales Il existe quelques différences entre les sédations effectuées par les deux groupes à l’étude (Tableau 1). Les urgentistes gèrent des sédations chez des enfants plus jeunes lors de procédures plus variées. Les urgentistes utilisent une variété plus grande de médicaments avec des voies d’administration variées. Les orthopédistes utilisent une recette identique pour toutes leurs sédations soit Versed et Fentanyl par voie IV. La présence d’un infirmier et d’un médecin est constante pour toutes les sédations. L’utilisation de l’inhalothérapeute est cependant beaucoup plus régulière pour les sédations par les orthopédistes Tableau 1 : Caractéristiques des sédations procédurales pédiatriques effectuées par les urgentistes et par les orthopédistes au CHUS Fleurimont Urgentistes Orthopédistes (n=50) (n=50) Âge médian (an) 2 ans 12 ans Âge < 5 ans 64% 4% Sexe masculin 64% 82% Réduction de fracture 30% Réduction de fracture 100% Réparation de plaie 48% Procédures CT Scan 8% PL 6% Réduction hernie 6% Drainage abcès 2% Médication utilisée (%) Sédatifs1 62 Sédatifs2 98 Analgésiques3 40 Analgésiques4 100 5 Anesthésiants 48 Anesthésiants 0 Voie d’administration (%) IV 46 IV 100 IR 36 IR 0 Autres6 18 Autres 0 Nombre moyen de 1.5 2.0 médicaments utilisés Personnel présent (%) Médecin 94 Médecin 100 Infirmier 100 Infirmier 100 Inhalothérapeute 46 Inhalothérapeute 98 1 Versed, Ativan, Hydrate de chloral Fentanyl 5 Kétamine, Propofol, N2O2 3 2 Versed Fentanyl 6 IM, SC, PO, SL, inhalé 4 2. Documentation de l’état de jeûne L’état du jeûne est documenté dans 25 dossiers gérés par les urgentistes (soit 50% des dossiers) et dans 34 dossiers gérés par les orthopédistes (soit 68% des dossiers). Lorsqu’il y a mention de l’état de jeûne, celui-ci est adéquat 48% du temps dans les dossiers des urgentistes et 76% du temps dans les dossiers des orthopédistes. 3. Complications Il y a eu 5 complications lors de 5 sédations dans chacun des groupes (Tableau 5). Le taux de complications est donc de 10%. Des agents anesthésiants sont impliqués dans toutes les complications des urgentistes. Durant la procédure, les urgentistes sont intervenus à 4 reprises pour des bradypnées / apnées alors que les orthopédistes ont fait face à cette complication à 2 reprises. Après la procédure, 4 patients ont nécessité l’antidote Flumazenil pour une somnolence prolongée. Un cas est survenu lors des sédations avec les urgentistes et 3 cas avec les orthopédistes. Tableau 2 : Détails des complications et interventions survenues lors des sédations Groupe Urgentistes Orthopédistes Complications Interventions Médicaments Apnée Apnée Apnée Apnée Somnolence Apnée Apnée Somnolence Somnolence Somnolence BMV BMV Stimulation Stimulation Antidote BMV BMV Antidote Antidote Antidote Versed Fentanyl Propofol Fentanyl Propofol Fentanyl Propofol Fentanyl Propofol Versed Kétamine Versed Fentanyl Versed Fentanyl Versed Fentanyl Versed Fentanyl Versed Fentanyl Discussion Comme beaucoup de situations en pédiatrie, les événements critiques sont rares lors des sédations mais elles peuvent être très sérieuses en présence de personnel inexpérimenté ou s’il y a manque de surveillance. La population pédiatrique représente un groupe pour lequel la tolérance au risque est faible (6). Des mesures préventives sont alors nécessaires. La sédation procédurale pédiatrique est une discipline médicale qui doit être structurée afin d’en limiter les complications (1,2,4,5). Bien que des recommandations existaient déjà depuis 2002 (1,2), le Collège des Médecins du Québec s’est investi à produire un document afin de guider le clinicien effectuant des sédations sans le support des anesthésistes et du bloc opératoire (3). Voici l’analyse des variables de l’étude en lien avec ces lignes directrices. 1. Caractéristiques des sédations procédurales Il existe différents modèles d’équipe de sédation procédurale. Le médecin qui pratique une intervention sous sédation doit faire une évaluation adéquate et assurer une surveillance continue du patient; connaître les médicaments qu’il utilise pour la sédation ainsi que leurs antagonistes; posséder les connaissances nécessaires à la réanimation cardio-respiratoire et en maîtriser les techniques; et avoir l’expertise requise, selon la clientèle visée (3). Les anesthésistes, intensivistes et urgentistes sont des professionnels qui possèdent les compétences pour effectuer des sédations plus risquées avec des agents pouvant entraîner des sédations plus profondes (7). L’étude actuelle démontre que les urgentistes effectuent des sédations chez des enfants jeunes, lors de procédures variées, avec une variété plus grande de médicaments dont les médicaments anesthésiants (Kétamine et Propofol). Les orthopédistes ont standardisé et structuré leurs sédations afin de minimiser les problèmes. L’âge est donc un facteur qu’ils considèrent. Aussi, ils utilisent la même combinaison de médicaments pour toutes les sédations soit Versed et Fentanyl IV qu’ils titrent pour obtenir l’effet désiré. De plus, ils s’entourent de professionnels pour assurer une bonne surveillance lors des sédations soit l’infirmier et l’inhalothérapeute. 2. Documentation de l’état de jeûne Les problèmes médicaux préexistants peuvent prédisposer les patients à des complications lors d’une sédation. Le médecin qui fait une bonne évaluation avant la procédure diminue le risque de réactions non désirées (3). Il est donc important de connaître le patient avant de procéder à une sédation (1,2,4). La recherche des facteurs de risque et la détermination de l’état de jeûne doivent être systématiques. Les agents utilisés lors d’une sédation peuvent altérer les réflexes de protection des voies aériennes. Certain suggère que la prise d’aliments récents n’est pas une contre-indication à une sédation (8). Malgré cela, comme il est difficile de prévoir le niveau de sédation qui sera atteint, l’ASA et l’AAP recommandent que comme lors d’une anesthésie générale, l’état de jeûne doit être respecté afin d’éviter les phénomènes d’aspiration (1,2). Pour les cas urgents, il faut évaluer le rapport du risque/bénéfice (1-3). Beaucoup trop de médecins n’ont pas documenté la durée du jeûne. Les critères de jeûne établis par l’ASA et adaptés par le CMQ (Annexe II) ne sont pas respectés systématiquement. 3. Complications Étant donné la variation des définitions d’une complication en sédation, il est difficile de comparer nos résultats avec la littérature. Un auteur a publié des taux de complications, toutes complications confondues, pouvant aller jusqu’à 12% (9). En ne considérant que les événements respiratoires, des auteurs ont noté entre 5.6% et 8.6% événements dans leurs populations étudiées (10-11). Un autre auteur a comparé les complications attribuées à une sédation légère à modérée et à une sédation profonde. Il a obtenu des taux de 3.8% et 9.2% respectivement (12). Chacun des groupes a fait face à 10% de complications. La présence d’apnées avec l’agent anesthésiant Propofol utilisé par les urgentistes est un effet souvent attendu. La nécessité d’utiliser l’antidote pour une somnolence prolongée dans l’autre cas des urgentistes peut être attribuée aux doses excessives de Versed et Kétamine utilisées. Malgré une utilisation adéquate de la médication, les orthopédistes ont eu 5 événements. Comme plusieurs auteurs le mentionnent, le médecin doit être préparé à gérer un niveau de sédation supérieur à celui planifié pouvant survenir en tout temps au cours de la procédure (1-3). Le respect du jeûne est donc important. Recommandations Les médecins urgentistes et orthopédistes effectuant des sédations procédurales à l’urgence doivent documenter l’état du jeûne et la durée du jeûne. La durée du jeûne doit respecter les recommandations de l’ASA (1) et du CMQ (3). Conclusion Afin d’obtenir une efficacité clinique et une diminution des complications lors d’une sédation, il faut donc considérer plusieurs éléments importants : Présence d’un personnel qualifié Ressources matérielles adéquates pour une sédation et pour un enfant Structure voire standardisation de la pratique Évaluation pré sédation du patient Connaissance et choix approprié des médicaments Connaissance de la procédure à effectuer Étant donné l’importance de promouvoir des soins et services de qualité dans le secteur de la sédation procédurale pédiatrique, les recommandations de cette étude permettront aux différents professionnels de se conformer aux lignes directrices du Collège des Médecins du Québec afin d’éviter des réactions adverses lors des sédations. Afin de bien standardiser le processus de sédation, l’équipe de sédation procédurale pédiatrique du CHUS a élaboré un formulaire de collecte d’informations. Ce formulaire est complété pour toutes les sédations. Les informations colligées concernent toutes les étapes de la sédation (évaluation pré sédation, surveillance per et post sédation, critères de congé et remise de documents informatifs). Également, un document avec les consignes de retour à la maison est remis aux parents. Vous êtes invités à utiliser ou à vous inspirer de ces documents. Références 1. Anonymous. Practice guidelines sedation and analgesia by non-anesthesiologists. American Society of Anesthesiologists Task Force on Sedation and Analgesia by Non-Anesthesiologists. Anesthesiology. 96(4):1004-17, 2002 Apr. 2. AAP: Guidelines for monitoring and management of pediatric patients during and after sedation for diagnostic and therapeutic procedures, 1985, 1992, 2002 et 2006. 3. Collège des Médecins du Québec. Utilisation de la sédation-analgésie. Nov 2009. 4. Coté CJ. et al. Adverse Sedation Events in Pediatrics: A Critical Incident Analysis of Contributing Factors. Pediatrics 2000; 105:805-814 5. Coté CJ. et al. Adverse Sedation Events in Pediatrics: Analysis of Medications Used for Sedation. Pediatrics 2000; 106:633-644 6. Cravero JP et al. Incidence and Nature of Adverse Events During Pediatric Sedation / Anesthesia for Procedures Outside the Operating Room: Report From the Pediatric Sedation Research Consortium. Pediatrics 2006; 118:1087-1096 7. Cravero JP et al. Pride, Prejudice, and Pediatric Sedation: A Multispecialty Evaluation of the State of the Art. Report from the Dartmouth Summit on Pediatric Sedation held at the Dartmouth Hitchcock Medical Center (September 9th, 2000) http://www.npsf.org. 8. American College of Emergency Physicians. Clinical policy: Procedural sedation and analgesia in the emergency department. Ann Emerg Med 2005;45:177-196 9. Lia Lowrie et al. The Pediatric Sedation Unit: A Mechanism for Pediatric Sedation. Pediatrics 1998;102(3). 10. Malviya S, Voepel-Lewis T, Tait AR. Adverse events and risk factors associated with the sedation of children by nonanesthesiologists. Anesth Analg 1997;85:1207–1213 11. Roback MG. et al. Adverse Events Associated with Procedural Sedation and Analgesia in a Pediatric Emergency Department:A Comparison of Common Parenteral Drugs. Academic Emergency Medicine 2005; 12(6):508–513 12. Hoffman GM. Et al. Risk Reduction in Pediatric Procedural Sedation by Application of an American Academy of Pediatrics/American Society of Anesthesiologists Process Model. Pediatrics 2002;109:236–243 13. Newman DH et al. When is a patient safe for discharge after procedural sedation? The timing of adverse effect events in 1,367 pediatric procedural sedations. Annals of Emergency Medicine 2003;42(5):627-635 14. Comité de travail en médecine d’urgence – ACMU. Sédation et analgésie procédurales au département d’urgence – Lignes directrices du consensus canadien. 1999 ANNEXE I: Feuille de collecte pour le projet sur les sédations procédurales pédiatriques à l’urgence Dossier # : _______________ Prise en charge : Urgence Orthopédie Âge : ____________ Sexe : M F Procédure : _______________ Personnel : Médecin Agents utilisés : Type Med A Med B Med C Med D Résident Nurse Inhalo Autre__________ Voie NPO noté O N Si NPO documenté, est-ce que NPO adéquat: O N Complications : O N Complications cliniques : ___________________________________________ Interventions : ____________________________________________________