Confédération Paysanne
De l’Ariège
GUIDE DE
L’ASSOCIATION EN AGRICULTURE
Réalisé par Suzy Guillouet
Etudiante en DESS « Aménagement et Développement
Transfrontaliers de la Montagne »
2
SOMMAIRE
1. Les différentes formes sociétaires.....................................................................................p.4
1.1 Les sociétés foncières...........................................................................................p.4
1.2 Les sociétés d’exploitation...................................................................................p.5
1.3 Les sociétés commerciales...................................................................................p.7
2- Vivre l’association : un recueil d’expérience..................................................................p.9
2.1 La rencontre.........................................................................................................p.9
2.2 Les motivations.....................................................................................................p.9
2.3 Un projet commun.............................................................................................p.10
2.4 L’organisation de la société...............................................................................p.10
2.5 Les relations entre associés................................................................................p.12
2.6 Vie privée, vie professionnelle...........................................................................p.13
2.7 Avantages et inconvénients de l’association....................................................p.14
3 Bien préparer un projet d’association.........................................................................p.15
3.1 Description de la méthode.................................................................................p.15
3.2 La communication : un enjeu majeur de l’association...................................p.16
3.2.1 Le bureau..........................................................................................p.17
3.2.2 Les réunions périodiques.................................................................p.17
3.2.3 Les comptes-rendus de réunions.....................................................p.18
3
Cette tentative de guide de l’association agricole est le fruit de nombreuses rencontres
d’experts et de personnes ayant vécu l’expérience du travail en société agricole. J’ai eu aussi
recours à de nombreuses références bibliographiques telles que des articles parus dans les
revus Agriculture de Groupe ou Travaux et Innovations. Je mets à la disposition du lecteur
une liste des contacts et des références bibliographiques qui m’ont été utiles à la fin de ce
guide.
La première partie de ce guide aborde rapidement les différentes formes sociétaires qui
existent en agriculture afin de donner quelques repères juridiques au lecteur. En effet, de
nombreuses formes juridiques sociétaires existent en agriculture tant au niveau de la gestion
en commun du foncier, que de la production ou de la commercialisation. Je passerai en revue
cet éventail sociétaire existant qui permet de monter un projet collectif, tout en mettant
l’accent sur le GAEC et l’EARL qui favorisent un véritable travail en commun. En effet,
après plusieurs rencontres avec des agriculteurs associés, il m’a semblé que les sociétés
instituées de type GAEC ou EARL étaient les plus répandues et les plus appréciées par ces
derniers. Paradoxalement, elles sont aussi les plus complexes à mettre en place car elles
touchent au fonctionnement quotidien d’une exploitation dans ses moindres détails. Cette
complexité rend difficile la mise en place et la bonne marche de ce genre d’associations. Il
m’a donc semblé intéressant d’orienter mon travail vers la confection d’un « guide » de
l’association de type GAEC.
Dans un deuxième temps, je suis donc partie à la recherche d’enseignements et de
conseils que pouvaient me procurer des personnes vivant ou ayant vécu l’association en
GAEC. Ce recueil d’expérience permettra à de futurs associés de se rendre compte des
avantages, mais aussi des inconvénients de la vie sociétaire.
Dans une troisième partie, pour palier au manque de méthode ressenti par les candidats
à l’association, j’ai souhaité élaborer une méthode d’aide à la décision qui permet de clarifier
les projets d’association. En effet, il apparaît primordial de bien définir les attentes et les
motivations de chacun des futurs associés avant d’engager quelconque processus. Ensuite,
pour compléter cette méthode, je m’attarde sur un des éléments centraux de la vie sociétaire
qui est la communication. Je donne au lecteur quelques indications sur les règles à respecter
pour faciliter les échanges entre associés.
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1. Les différentes formes sociétaires
Tout d’abord, il est important de différencier, juridiquement, les termes association et
société. Une association poursuit un but non lucratif. On lui apporte sa cotisation, sa
conviction, de l’aide bénévole mais son objectif premier n’est pas pécuniaire. Au contraire,
une société est une réunion de personnes qui souhaitent réaliser des bénéfices, un profit, un
avantage économique. Elle est définie comme telle, une réunion entre des personnes qui vont
devenir des alliés, des compagnons en vue de réaliser un but commun
1
. Chaque personne
apporte des biens, des instruments de travail, de l’argent ainsi que ses compétences
intellectuelles et physiques.
En terme juridique, il existe deux formes de sociétés, celles qui sont à responsabilité
limitée et les autres. Pour les premières, seuls les apports constitutifs de la société répondent
des dettes. En effet, une société constitue ce que l’on appelle juridiquement une personne
morale qui détient un patrimoine propre composé de ce que ses membres lui ont apporté et de
ce qu’elle acquiert ensuite. Dans le cas des sociétés à responsabilité limitée, le capital de la
société est bien distinct de celui de ses membres sociétaires. En cas de faillite, les biens
personnels des associés tels que la maison, la voiture, le compte personnel ne pourraient être
utilisés pour rembourser les dettes. Au contraire, dans le cas de sociétés qui ne sont pas à
responsabilité limitée, les sociétaires peuvent être poursuivis sur leurs biens propres.
Depuis la loi d’orientation du 5 août 1960, les sociétés peuvent avoir une vocation
agricole, c’est-à-dire que « des propriétaires et exploitants peuvent librement faire apports de
leurs droits soit en pleine propriété, soit en jouissance seulement, à des sociétés civiles
d’exploitations agricoles ou à des groupements de propriétaires ou d’exploitants. »
2
Il existe
deux types de sociétés agricoles, celles qui gèrent du foncier en commun et celles qui gèrent
l’exploitation. Viennent s’ajouter des sociétés à vocation commerciale qui ne sont donc pas
agricoles mais qui peuvent être utilisées pour faciliter la commercialisation de produits
agricoles. Je développerai ces trois types de sociétés en insistant sur les sociétés d’exploitation
qui sont au cœur de cette étude.
Les sociétés foncières
Le Groupement Agricole Foncier (GAF, 8 août 1962)
Son objectif est de « rassembler des immeubles agricoles situés dans une même
commune ou dans des communes voisines afin de sortir de l’indivision ou de créer ou de
conserver une ou plusieurs exploitations agricoles ou d’en assurer ou d’en faciliter la
gestion »
3
. En effet, sa principale vocation est d’éviter le morcellement d’une exploitation
dans le cas d’un héritage. Elle permet aussi des remembrements volontaires dans le cadre
d’une commune ou de communes voisines. La durée du contrat est de 9 ans. Les apports de
chaque sociétaire se font en immeubles agricoles, en droits immobiliers agricoles ou en
numéraire.
1
LACHAUD Jacques, MARTEAU Lionel, Les Sociétés en agriculture, p. 7
2
ibid., p. 18
3
ibid. p.21
5
Le Groupement Foncier Agricole (GFA, 31 décembre 1970)
Son but principal est de mettre en commun du foncier au sein d’une société civile afin
d’exploiter ce foncier ou de le mettre en bail. Les GFA familiaux sont les plus courants car
cette forme juridique permet de transmettre le patrimoine plus facilement en transformant
l’indivision successorale en société familiale. En effet, le GAF n’avait pas atteint cet objectif
car rien n’obligeait le bénéficiaire de l’attribution à conserver la propriété et d’en maintenir la
destination agricole. Il existe aussi des GFA créés pour rassembler de petites exploitations
afin de mettre en commun des terres avec d’autres propriétaires. Les associés peuvent être
toutes personnes physiques sans limitation d’âge.
Le Groupement Forestier (GF)
Son objet est la constitution, l’amélioration, l’équipement, la conservation ou la
gestion d’un ou plusieurs massifs forestiers. La transformation de produits forestiers ne peut
pas constituer un objectif de ce type de société.
Le Groupement Foncier Rural (GFR, 1er février 1995)
Comme nous l’avons vu précédemment, le GFA vise à mettre en commun des biens à
destination agricole et le GF à mettre en commun des biens à destination forestière. Or, il
existe des exploitations agricoles réunissant à la fois des biens agricoles et forestiers. Le
Groupement Foncier Rural permet cette mixité sans devoir créer deux entités distinctes pour
chaque type de biens. Son objectif est donc de rassembler et gérer des immeubles à usage
agricole et forestier.
Les sociétés d’exploitation
Les Sociétés Civiles d’Exploitation Agricole (SCEA, 22 décembre 1979)
Ces sociétés sont aussi appelées des SCV (Société Civile Viticole), SCA (Société
Civile Agricole), SCAF ( Société Civile Agricole Familiale)
Elles constituent la forme sociétaire agricole la plus souple car aucune réglementation
juridique particulière ne lui est propre. C’est la réglementation des sociétés civiles qui
s’applique. Généralement, la SCEA est choisie par les associés lorsque les conditions
nécessaires pour la formation d’autres types de sociétés, ne sont pas réunies. Ainsi, peuvent
faire l’objet d’une SCEA, toutes exploitations agricoles ainsi que toutes activités se situant
dans le prolongement de l’acte de production (transformation et commercialisation), mais
aussi les activités de tourisme ayant pour support l’exploitation.
Les associés doivent être deux au minimum. Ils peuvent être des personnes physiques
ou morales, mineures ou majeures, exploitants agricoles ou non et l’association entre deux
époux est possible. On peut ainsi constater que les conditions nécessaires à la création de cette
forme sociétaire sont très peu restrictives.
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