PROBLEMATIQUE :
Le constat de conditions de travail de plus en plus dégradées en milieu hospitalier en général, et
en service de psychiatrie en particulier est à l’origine de mon questionnement.
L’hôpital lieu de soin, peut il devenir un endroit où l’on "mal traite" ?
Par quel étrange processus certains infirmiers, voués à aider, soulager leur prochain peuvent se
métamorphoser en des personnes faisant preuve de comportement déshumanisés ?
Qu’en est-il de l’épuisement professionnel des soignants ?
Est-il possible d’identifier les conditions favorisant des formes de maltraitances ?
Et ceci afin de pouvoir plus rapidement les combattre.
Si il est vrai que la violence et la folie ont toujours cohabité, qu’en est-il de la violence dans les
soins ?
La violence fait partie de la vie. Elle est notre compagne dès notre naissance. Violence
fondamentale, violence soi disant gratuite, violence contenue, ses représentations diffèrent
suivant les individus.
Le domaine de la psychiatrie, avec son cortège de fantasmes véhicule un long et douloureux
passé de violence. Enfermement, camisole, obligation de soin, privation de droits, les exemples
de violences institutionnelles ne manquent pas. Cependant, ces aspects spécifiques de la prise en
charge des malades mentaux, s’ils n’en demeurent pas moins emprunts d’un certain côté
paradoxal, ont heureusement un cadre bien défini de nos jours.
Les infirmiers, évoluant dans ce monde à part, soumis à des tensions environnementales ou
personnelles peuvent parfois basculer dans des actions ne faisant plus partie d’un dispositif de
soin. Ils peuvent alors être amenés à développer des comportements déshumanisés pouvant
donner naissance à des actes de maltraitance.
Le travail en psychiatrie, avec la richesse de ses différents acteurs, ainsi que les variétés des
pathologies rencontrées peut s’avérer générateur d’échanges et de constructivisme pour un grand
nombre de personnes, les rapports humains étant ici priorisés entre les soignants et les patients,
mais aussi des soignants entre eux. Or, compte tenu des difficultés de prise en charge ainsi que
des répercussions des conditions conjoncturelles, il peut aussi créer des situations de l’ordre de
l’inacceptable. Le lieu de soin devient alors lieu de mauvais traitement.
Le cadre de santé, de par la position centrale qu’il occupe, se doit de prévenir, autant que faire se
peut, ces éventuelles dérives de la relation de soin, et au besoin, de mettre tout en œuvre pour y
remédier.
Or, en l’occurrence, si l’on considère l’aspect tabou auréolant ce sujet, le fait d’en parler, c’est
déjà commencer à le combattre…