Détection des microARNs circulants pour le diagnostic du cancer du pancréas. Marine Humeau, Hubert Lulka, Flavie Sicard, Nicolas Carrère, Louis Buscail et Pierre Cordelier La découverte de nouveaux marqueurs diagnostiques et pronostiques non invasifs est une des approches les plus prometteuses afin d'améliorer la prise en charge de l'adénocarcinome pancréatique. Nous avons récemment démontré l'altération de l'expression des microARNs dans les phases précoces du cancer du pancréas (lésions PanINs). Depuis, ces molécules très résistantes à la dégradation ont été détectées et quantifiées dans le sang de patients porteurs de cancers, notamment pancréatiques. Il n'existe cependant à l'heure actuelle aucune étude de l'expression des microARNs circulants au cours de la cancérogenèse pancréatique. Durant ce travail, nous avons utilisé un nouveau modèle préclinique crée au laboratoire basé sur la greffe de cellules cancéreuses pancréatiques humaines modifiées pour exprimer une luciférase sécrétée Gaussia (Gluc) quantifiable dans le sang des souris porteuses de tumeur. Nous avons tout d'abord démontré que le dosage sanguin de Gluc est proportionnel (R2=0.85) non seulement à la croissance de cellules tumorales humaines greffées dans le pancréas des souris, mais aussi à la prolifération de métastases hépatiques après injection de ces mêmes cellules dans la rate. Ce modèle innovant permet de plus la détection non invasive de tumeurs microscopiques indétectables à la palpation. Nous avons prélevés le sang de souris porteuses de tumeurs (n=9) et/ou de métastases pancréatiques (n=18) jusqu'à J+35 après implantation des cellules tumorales. En témoin, nous avons utilisé des souris non injectées (n=3) ou injectées avec le milieu de culture seul (n=6). Nous avons préparé le sérum, quantifié les microARNs candidats impliqués dans la prolifération, la survie, la transition épithéliomésenchymateuse, l'angiogenèse et la migration des cellules cancéreuses pancréatiques et corrélé ces résultats à la croissance tumorale et métastatique (dosage Gluc). Nous avons quantifié avec succès les microARNs dans le sérum de ces souris. Plus particulièrement, nos résultats démontrent que un de ces microARNs est surexprimé dans le sang de souris porteuses de tumeurs et/ou de métastases pancréatiques par rapport aux souris témoins et 2) que ce même microARN sanguin est un biomarqueur non invasif des phases précoces de la cancérogenèse pancréatique. Enfin, nous avons quantifié l'expression de microARNs dans d'autres fluides biologiques de souris porteuses de tumeurs et/ou de métastases pancréatiques et comparé ces résultats à l'expression des microARNs sanguins. A notre connaissance, nous avons mené la première étude dynamique de l'expression de microARNs circulant dans un modèle préclinique de carcinogenèse pancréatique. Ce travail, à fort potentiel de valorisation, est un pré-requis essentiel afin de déterminer l'intérêt des microARNs comme biomarqueurs précoces du cancer du pancréas chez l'Homme.