Recherche
8
Recherche
9
Les cellules de notre corps meurent et se repro-
duisent sans arrêt. Pour ce faire, elles obéissent
à différents signaux qui leur indiquent quand
se diviser ou quel travail elles doivent effectuer.
Lorsque ce processus s’enraie, les cellules se
développent anarchiquement et peuvent former
une tumeur: c’est le début du cancer. La pro-
téine EGFR (pour Epidermal Growth Factor
Receptor) est l’un de ces signaux responsables
de la division cellulaire. De plus, dans le cas du
cancer du poumon non à petites cellules*, l’EG-
FR joue un autre rôle particulièrement impor-
tant. En effet, la présence d’une forme normale
ou non – appelée forme mutée – de la protéine
dans l’organisme détermine la réponse de ce
dernier à un nouveau médicament, le Gefitinib.
En d’autres mots, le traitement ne fonctionne
que sur les patients porteurs de la forme mutée
de la protéine EGFR.
D’où l’intérêt, pour les chercheurs, de com-
prendre comment intervient cette mutation, de
même que les processus moléculaires qui en
découlent: c’est l’un des objectifs d’Erik Vas-
sella et de son équipe. Dans cette optique, ils
travaillent sur un type de molécules, les mi-
croARNs, qui pourraient jouer un rôle crucial
dans la réponse des cellules cancéreuses au
Gefitinib. Comment les microARNs in-
fluencent-ils la division cellulaire? Est-ce qu’ils
jouent un rôle dans la façon dont les cellules
répondent – correctement ou non – aux signaux
de l’EGFR? Répondre à ces questions permet-
tra peut-être des avancées majeures en termes
de thérapie et de diagnostic. Car lorsqu’on aura
parfaitement compris comment fonctionnent
les microARNs, on pourra imaginer une nou-
velle classe de médicaments inter-agissant
avec ces molécules en particulier. Enfin, les
microARNs pourraient être utilisés comme ou-
til prédictif: en savoir plus permettrait donc aux
médecins de prédire, moyennant le développe-
ment d’un test adéquat, si le Gefitinib va être
efficace ou non pour un patient donné.
Texte: Magali Corpataux; Photo: Peter Schneider
Mieux comprendre le rôle d’une protéine dans le dévelop-
pement du cancer du poumon et découvrir pourquoi un
médicament ne fonctionne que chez certains patients:
c’est l’objectif du Dr Erik Vassella à l’Université de Berne.
Portrait
Erik Vassella étudie la pharmacie puis
la biologie moléculaire à l’Université de
Berne, avant d’obtenir un post-doctorat
au Max-Planck-Institut für Biochemie à
Martinsried, en Allemagne. Il revient en
Suisse pour prendre la tête du labora-
toire de pathologie moléculaire de l’alma
mater bernoise. Actuellement, ses do-
maines de recherche de prédilection
sont les microARNs et leur rôle dans dif-
férents types de cancer. Âgé de 47 ans,
ce père de deux garçons vit dans la capi-
tale helvétique et s’en va régulièrement
naviguer sur le lac de Neuchâtel à bord
de son voilier.
* Le cancer du poumon
non à petites cellules,
un type de carcinome
bronchopulmonaire,
reste très difficile à soi-
gner. Il se développe
rapidement et a parfois
déjà formé des métas-
tases lorsqu’il est
diagnostiqué. Les traite-
ments actuels ne visent
donc qu’à ralentir sa
progression et à offrir au
patient une qualité de
vie acceptable; d’où
l’intérêt de trouver rapi-
dement des alternatives
thérapeutiques.
Le secret bien gardé
d’une protéine