la phrase reste en suspend avec la pause strophique qui sépare le sujet de
son verbe.
2ème tercet
Le v12 surprend par son contenu dans le contexte des « Antiquitez », il
introduit la Rome chrétienne presque absente du recueil. Par contre, il
efface le thème auquel on aurait pu s’attendre, celui des circonstances et
des causes de la décadence romaine qui vient généralement en contre-
point des développements sur la puissance.
De plus, le v12 établit un rapport direct entre le pouvoir impérial et le
pouvoir pontifical, sans se fonder sur la prétendue donation de Constantin,
léguant le pouvoir des empereurs romains au pape, donc ce n’est plus un
rapport historique qui est mis en jeu, mais un rapport poétique.
La notion de temps, qui sert l’unité du texte est toujours présente par le
biais du substantif « successeur » qui ramène à la notion de lignée, mais
également par le biais de « Pierre » qui nous propulse aux origines de la
fondation de l’église chrétienne dont il est le fondateur. Le singulier de
« successeur » permet de figer ce pouvoir, de le réactualiser à l’identique à
chaque succession, de l’indéterminer. L’opposition exprimée par « mais »
peut alors être sentie rétrospectivement comme préparant une modification
de la nature du pouvoir qui de temporel devient spirituel, le « ciel » pouvant
être interprété comme la notion chrétienne de Providence. C’est ainsi
qu’est préparé le passage à un sens second, à l’emploi métaphorique du
vocabulaire dans le v13.
La démarche métaphorique, explicitée avec insistance avec l’expression
« sous nom de » permet d’unifier l’histoire romaine sous un principe
directeur de nature poétique, et de fonder définitivement la figure de son
destin, incarné par l’adjectif « fatal ». Le substantif « pasteur » renvoie à
l’image du romain des origines, mais singularisé et transfiguré par le sens
religieux qu’a pris le mot. Le poème repose alors sur un jeu de mots. De
même, les démonstratifs désignant la ville romaine du début du premier
quatrain sont repris dans le groupe nominal « ceste terre ».
Le v14 qui complète le v13 syntaxiquement, est l’aboutissement gnomique
du poème. Le poète moraliste tire une leçon de cette histoire exemplaire,
enfermant dans une formule tout une philosophie de l’histoire : « monstre
que tout retourne à son commencement ». Cette formule, toutefois, ne
prétend pas à l’originalité, elle peut évoquer le mythe antique du temps
cyclique ou l’idée de régénération chère à Du Bellay, et commune à
l’Antiquité et à la pensée chrétienne.
De plus, cette formule peut également se rapporter à la démarche du
poème lui-même, la métaphore renvoyant le dernier tercet au premier
quatrain. Cependant il n’y a pas de circularité dans ce poème où l’on passe
de la vue physique du « tu vois » à la vue morale, qui fait sentir qu’il y a eu