SEQUENCE 7 Texte 2 LES CONTEMPLATIONS, « Elle était

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SEQUENCE 7 Texte 2
LES CONTEMPLATIONS, « Elle était déchaussée… » Victor Hugo ( 1802/1885)
Les Contemplations est un recueil de 158 poèmes. Il est composé de deux parties :
« Autrefois » et « Aujourd’hui ». Les deux parties son séparées par la mort de Léopoldine, la
fille de l’auteur. La première partie de l’œuvre renvoie à l’adolescence et la jeunesse de V.
Hugo : les poèmes ont été écrits entre 1830 et 1846. Tandis que la seconde, écrite ente 1843 et
1855, est caractérisée par un ton plus mélancolique. L’ensemble du recueil a été réuni en 1856
et peut être considéré comme un testament du lyrisme romantique. Situé dans le premier Livre
intitulé « Aurore », le poème « elle était déchaussée » est constitué de quatre quatrains écrits
en alexandrins. Il fait partie des poèmes qui traitent de la nature, de la joie et de l’amour.
LECTURE
PROBLEMATIQUES :
Comment le poète traduit-il ses sensations et ses sentiments grâce à la poésie ?
Quelle est l’expression du lyrisme amoureux ?
En quoi ce poème est-il romantique ?
Pourquoi peut-on parler d’une réécriture ?
PLAN
1.
UNE INVITATION AMOUREUSE.
1. Un topos* lyrique : l’amour en poésie
2. Le récit d’une rencontre.
3. Un coup de foudre
I.
UNE MISE EN SCENE ROMANTIQUE
1. Le décor : la contemplation de la nature.
2. Une nature féminine
3. Une scène rêvée : réécriture d’une scène de conte ou de mythe
II.
LYRISME ET SENSUALITE
1. L’expression d’un désir.
2. L’évocation des sens
3. La musicalité du poème
*topos= thème traditionnel souvent repris en littérature et associé à une forme.
I.
UNE INVITATION AMOUREUSE
1. Le thème de l’amour en poésie: un « topos » lyrique
*4 quatrains qui racontent une rencontre amoureuse entre le poète désigné par
« je » et la femme désignée par « elle » au printemps (« le mois où l’on aime au vers 7)
** La femme ne parle pas : elle est objet de la description
***Elle est caractérisée par sa nudité et sa beauté voir les mots : « déchaussée »
« décoiffée » au vers 1, « nus » au vers 2 et « qui reste à la beauté quand nous en
triomphons » au vers 6
L e thème de l’amour est un thème traditionnel souvent repris en littérature. Il est associé à
l’éloge de la femme.
2. Le récit d’une rencontre
L’évolution du récit dans les quatrains permet de retracer le récit d’une rencontre.
*Au quatrain 1 Les « joncs penchants » suggèrent la présence de l’eau. L’opposition entre
l’imparfait, description d’arrière plan (« Moi qui passais par là ») et le passé simple « je
crus voir » montre que le poète surprend une femme certainement sur le point de se
baigner.
* Au quatrain 2 : leurs regards se croisent et le poète l’invite dans les champs
*Au quatrain 3 : la femme devient sujet de l’action « elle essuya ses pieds à l’herbe de la
rive »/ « Elle me regarda pour la seconde fois ».Elle réfléchit à l’invitation
* Au quatrain 4 : elle décide de venir vers le poète « je vis venir à moi » et retour au temps
de l’imparfait de description. (« Comme l’eau caressait doucement le rivage »)
►les quatrains retracent toutes les étapes de la rencontre amoureuse : le regard,
l’invitation masculine puis le rapprochement final
3 Un coup de foudre
* Les propositions amoureuses sont répétées par le poète au discours direct
(Vers 4, 7, 8). Les pronoms évoluent et montrent un rapprochement progressif entre
l’homme et la femme. « Veux-tu t’en venir » au vers 4 puis « veux-tu nous en aller au
vers 8. Transformation du pronom de deuxième personne du singulier « tu » au pronom de
première personne du pluriel « nous » qui suggère que les deux personnages deviennent
un couple.
**Le sens de l’invitation est éclairé par l’expression « le mois où l’on aime » qui renvoie
au printemps c’est - à- dire au mois de l’amour. La répétition de l’invitation prouve qu’il
s’agit d’une invitation amoureuse voire érotique. En effet l’utilisation du verbe
« triomphons » au vers 6 renvoie au triomphe du séducteur.
*La rencontre amoureuse est traduite par un échange de regards: voir les répétitions des
mots « voir » et « regarder » dans chaque strophe : V 3 : « je crus voir »/ V5 « Elle me
regarda »/ « Elle me regarda pour la seconde fois »/V14 « je vis venir ».Le coup de foudre
est également un topos littéraire. Il est caractérisé par la rapidité, l’excès et la
métamorphose du sujet amoureux (voir Manon Lescaut). Le vers 5 traduit quelques
éléments de ce coup de foudre notamment l’échange de regard par la répétition du verbe
« regarder » dans chaque hémistiche mais aussi par un chiasme sonore. Il y a une
répétition des sons (é),(a) « Elle me regarda »// et (a)(e) « de ce regard suprême » de
chaque côté de la césure. Le coup de foudre est rapide et immédiat ce qui est traduit par le
verbe regarder au passé simple.
Cependant cette rencontre ne pourrait avoir lieu sans l’environnement extérieur qui semble
participer à l’amour. La mise en scène est conforme à la tradition romantique
II.
MISE EN SCENE ROMANTIQUE
Caractéristiques du romantisme à rappeler.
1. Le décor : la contemplation de la nature.,
*Tous les éléments de la campagne et de la forêt sont présents
-vers2 : les joncs
-vers 4 : les oiseaux
-vers4 : les arbres
-vers9 :l’herbe de la rive
-vers12 : les oiseaux et les bois
-vers14 : les grands roseaux
Tradition bucolique et idyllique : paysage harmonieux (cf « dormeur du val »)
** le poète est celui qui sait contempler, il accorde une observation particulière au décor
et semble admirer la nature. Cette contemplation renvoie au titre du recueil Les
contemplations
**La nature participe à la joie de l’amour. La joie du poète est traduite par l’interjection
« Oh » au vers 11 ainsi que par les exclamations qui traduisent son enthousiasme au vers
11 et 13.La nature reflète les sentiments du poète. Il s’agit d’un paysage état- d’âme
( expression inventée par les romantiques)
2. Une nature féminine
* La femme se mêle à la nature par l’usage des prépositions à la strophe1 « parmi les
joncs penchants », à la strophe 4 « dans les gros roseaux verts » ou au vers final : « ses
cheveux dans ses yeux »qui est une métaphore pour désigner des lianes ou des branches
d’arbre.
*La femme semble être en fusion avec la nature car elle est désignée par sa sauvagerie ( V
1, « décoiffée » , V12 « folâtre »/V15 « sauvage ») et sa nudité ( voir I)
3. Une scène rêvée ? Réécriture d une scène de conte ou de mythe d’Actéon
* la femme ressemble à une créature mythologique : diane, déesse des forêts ou une
créature merveilleuse, une fée. Il s’agit d’une réécriture d’un épisode de la mythologie.
Actéon surprend Artémis par hasard sur le point de se baigner, elle le métamorphose en
cerf et le fait déchirer par ses propres chiens. Le poète surprend la jeune femme sur le
point de se baigner (Ovide, Les Métamorphoses) mais le poète transforme la fin en sa
faveur. La femme accepte son invitation au contraire d’Actéon qui finira déchiqueté.
Il s’agit bien d’une réécriture.
** le temps n’est pas précisé et cette scène pourrait être celle d’un conte, d’un mythe ou
d’un rêve du narrateur.
**Réécriture en langage simple d’un mythe ancien. Victor Hugo veut « mettre un bonnet
rouge aux vieux dictionnaires » (voir document complémentaire, Les
Contemplations, « Réponse à un acte d’accusation»). Il veut donc réformer le lexique littéraire
et utiliser un langage simple. Par exemple l’interjection « Oh »( au vers 11) remplace le « Ô »
vocatif traditionnel.
►Les romantiques reprennent les mythes et les contes populaires pour les traduire en
langage simple et accessibles à tous.
On retrouve dans ce poème tous les éléments du romantisme : la contemplation de la
nature et son lien étroit avec la femme aimée, ainsi que la référence au conte ou au mythe.
Ainsi à travers ces éléments V. Hugo poursuit la tradition lyrique.
III.
LYRISME ET SENSUALITE :
Rappelez la définition du lyrisme(Orphée)
1. Expression d’un désir personnel
* Importance de la première personne : vers 3 « Moi…je » au vers 4 au vers 7( voir la
Préface des Contemplations, « Mémoire d’une âme »)
*Suggestion érotique tout au long du poème : nudité au début « déchaussée/ décoiffée,
pieds nus.. »/la désignation « folâtre » qui suggère une volonté de s’amuser.
* Relecture du poème possible par l’implicite érotique voir « les joncs penchants » qui
semblent participer à la scène ou encore « comme l’eau caressait doucement le rivage ».
Le verbe « caresser » renvoie à la caresse du poète sur cette femme. C’est un transfert de
sensation : une hypallage.
2. Evocation des sens :
 vue (voir citations précédentes)=vers 5= vers central qui entraîne toutes les autres
sensations : »Elle me regarda de ce regard suprême »= chiasme sonore et répétition.
 Ouïe : »comme les oiseaux chantaient… »
 Toucher : l’eau caressait doucement le rivage »= personnification et hypallage =
allusion aux caresses de la femme.
3. La musicalité du poème : une versification libérée
*Volonté de se rapprocher de la forme de la chanson et du refrain voir les vers répétés 4
et 7 comme dans une chanson populaire ( figure de l’anaphore)
* La musicalité mime l’invitation : voir les assonances en A et E tout au long du poème
qui rappellent la femme et la nature.
*Allitération en V qui permet de faire un écho entre la vue/la volonté et l’action par »je
crus voir » « veux-tu venir ».
* Alexandrins libérés ou disloqués aux vers 4, 7 et 12 qui permettent de suggérer l’attente
du poète et de marquer la rupture avec l’alexandrin classique (pratiqué par Racine
par exemple)
Vers 4 et 7 : 4//8
Vers 12 :1//11
Voir le document complémentaire « Réponse à un acte d’accusation »
*L’enjambement final mime l’arrivée de la jeune fille. (« Je vis venir à moi… »)
CL. Hugo reprend la tradition lyrique en réutilisant des thèmes connus de la rencontre
amoureuse et du coup de foudre. Il transformant ses sensations et ses sentiments en
poésie. Mais il renouvelle le lyrisme en utilisant un vocabulaire simple et surtout en
introduisant des thèmes chers aux romantiques comme la fusion de l’homme avec les
éléments tout en redonnant une liberté à l’alexandrin.
Ouverture : « Réponse à un acte d’accusation » = définition du romantisme
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