Thème 1 : Classes, stratification et mobilité sociale
1.1. Comment analyser la structure sociale ?
Le programme officiel :
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la
tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur pertinence
pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de
différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie) et on se demandera
dans quelle mesure cette multiplicité contribue à brouiller les frontières de classes.
Acquis de première : groupe social
NOTIONS : Classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles
I- La construction des groupes sociaux
A- Stratification et groupe social
1- La hiérarchie au cœur de la stratification sociale
2- Castes et ordres : exemples de stratification dans les sociétés traditionnelles
2- Catégorie sociale et groupe social
a- Les catégories sociales
b- Les groupes sociaux
c- Des groupes réalistes ou nominalistes ?
B- Les PCS : un outil pour étudier la stratification sociale
1- Présentation de la nomenclature
a- Les 8 grandes catégories
b- Les 7 critères de classement
2- Les avantages de la grille
a- comprendre les mutations de la société
b- mesurer les inégalités économiques et sociales
3- Les inconvénients de la grille
a- Une homogénéité sociale contestable
b- Chômage et précarité de l’emploi : 2 critères de classement oubliés
II- Les débats théoriques autour de la notion de classe sociale
A- Une approche en terme de classe : Karl Marx
1- Prolétariat et bourgeoisie
2- Exploitation et domination
3- Classe en soi et pour soi
4- La lutte des classes
B- Une approche en terme de strate : Max Weber
1- Une autre vision de la société
2- Les différences entre Marx et Weber
C- La société française est-elle encore une société de classe ?
1- Un effacement des frontières de classes et la moyennisation de la société
a- Montée de la constellation centrale
b- La disparition des classes sociales, et notamment de la classe ouvrière
2- La persistance des clivages de classe : Pierre Bourdieu
a- Classe dominante, moyenne et populaire
b- Habitus et reproduction
c- Exemple : la grande bourgeoisie
Conclusion
Introduction :
- sensibilisation : Le goût des autres (1999) de Agnès Jaoui
- Problématique : égalité et inégalités en démocratie
La sociologie vise la connaissance et pour y accéder, elle procède par classement comme les
ensembles en mathématiques, les espèces en biologie, les périodes en histoire, etc. Il est donc
normal que la sociologie suive cette démarche : c’est ainsi qu’ont été créées les notions de
catégories sociales, classes sociales, groupes sociaux. Mais le statut des sciences humaines
n’est pas celui des sciences dures (la physique par exemple).
I- La construction des groupes sociaux
A- Stratification et groupe social
1- La hiérarchie au cœur de la stratification sociale
Déf : Ensemble des différences sociales associées aux inégalités de richesses, de pouvoir, de
savoir, de prestige et déterminant la division de la société en groupes de droit ou de fait. La
division en classes est un système de stratification parmi d’autres, comme les sociétés
d’ordres sous l’Ancien Régime ou le système de castes en Inde.
La société française, qui, depuis 1789, a érigé en principe l’égalité des hommes, n’est pas
pour autant une société égalitaire. Même si les inégalités de droit ont progressivement été
abolies, le changement économique et social n’a pas fait disparaître les inégalités de fait : les
différences entre individus sont encore très grandes (accès aux biens de consommation, au
logement, à la culture, à l’éducation...), et elles renvoient aux places occupées dans la vie
économique et sociale.
Les sociologues se sont toujours interrogés sur le problème de la structuration sociale, c’est à
dire qu’ils se sont efforcés de proposer une ou des réponses aux questions suivantes :
quels sont les grands groupes sociaux ?
quelle place ils occupent dans la hiérarchie sociale ?
comment sont-ils construits ?
Une hiérarchie est un classement visant à distinguer des supérieurs et des inférieurs, au
regard de certains critères fonctionnant comme des valeurs pour ce classement.
Le fait, par exemple, de classer les individus selon la richesse ou le prestige implique que
l’argent et la considération des autres sont des “valeurs” reconnues comme telles par la
majorité des membres de la société.
La stratification est souvent représentée par la métaphore de l’échelle (dont on peut gravir ou
descendre les échelons) ou de la pyramide (sur laquelle on occupe une place plus ou moins
proche du sommet ou de la base).
2- Castes et ordres : exemples de stratification dans les sociétés traditionnelles
Dans les sociétés traditionnelles la stratification est gitimée par des fondements religieux :
elle est le reflet terrestre de l’ordre divin.
Elle est aussi sanctionnée (organisée) par la loi.
Elle donne à chaque individu en fonction de sa naissance des attributions (droits et devoirs)
différentes.
L’espérance pour ceux qui appartiennent aux groupes défavorisés ou méprisés existe
cependant :
Dans le système des ordres (ancien régime) l’espérance d’une vie meilleure est liée au
respect de la morale chrétienne, la récompense c’est la vie éternelle au paradis.
Dans le système des castes en accomplissant fidèlement les tâches assignées à sa
caste, il est possible, pour un individu, de renaître dans une caste supérieure. Le
dessein ultime était le moksha (équivalant du nirvana dans le bouddhisme), retrait du
cycle de vie et de mort, par l’acquisition d’une haute spiritualité qui repose, dans les
interprétations traditionnelles de l’hindouisme, sur le fait de naître brahmane. Ainsi,
chacun peut espérer un salut en remplissant les devoirs inhérents à sa caste.
Les ordres sont les trois grandes catégories qui composent la société d’Ancien Régime :
clergé, noblesse et tiers état.
Ils sont hiérarchisés en fonction du prestige des fonctions sociales remplies par leurs
membres.
En théorie, le clergé est le premier des ordres, car sa fonction est d’être l’intermédiaire
entre le monde divin et le monde humain. Mais la noblesse, dont la fonction principale
est le métier des armes, jouit d’un égal prestige. Quant au tiers état, il s’adonne à des
taches peu prestigieuses : agriculture, artisanat, commerce.
Dans la noblesse, le souci de la pureté du sang, de la lignée, engendre une forte
endogamie (proche de celle des castes) ; la transmission des fonctions sociales est
largement héréditaire, limitant ainsi la mobilité sociale.
Au sein du tiers état, une couche bourgeoise s’enrichit, jetant les bases du capitalisme,
tandis que la noblesse ne pouvait accéder à des fonctions mercantiles. Une certaine
convergence d’intérêt apparut ainsi entre la haute bourgeoisie, avide de reconnaissance
sociale, et la noblesse et l’État toujours en manque d’argent.
L’État vendit donc à la bourgeoisie des charges anoblissantes, titra ses grands commis
d’origine bourgeoise (Colbert, ...), créant une “noblesse de robe” inférieure en dignité
à la “noblesse d’épée”. Des alliances matrimoniales se nouèrent entre les deux
noblesses.
Les ordres furent abolis en France par la Révolution.
Les privilèges furent supprimés dans la nuit du 4 août 1789.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen affirma, dans son article premier :
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, les distinctions sociales
ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
Les castes sont des groupes sociaux endogames (on ne peut se marier qu’entre membres
d’une même caste), strictement hiérarchisés et fermés et héréditaires.
Les relations sociales se construisent autour de la notion de pureté/répulsion. L’esprit de caste
interdit formellement les contacts physiques, les relations sexuelles, les repas en commun
entre membres de castes différentes. Si un contact impur a lieu, il faut procéder à un rite de
purification.
Des tribunaux de castes jugent les déviants et prononcent contre eux des sanctions allant
jusqu’à l’exclusion définitive. Dans ce cas, l’individu perd son identité sociale, il n’est plus
rien, ne peut rejoindre une autre caste, où il n’est pas né. Il devient un intouchable, mis au ban
de la société.
Aboli en 1947 le système des castes exerce encore une puissante influence sur les mentalités
et les pratiques sociales. Il y a, en Inde, concurrence entre normes juridiques et normes
sociales.
Brahmanes
Propriétaires
Artisans
Commerçants
Intouchables
Intouchables
2- Catégorie sociale et groupe social
a- Les catégories sociales
Une catégorie sociale serait la simple juxtaposition d’individus présentant une ou plusieurs
caractéristiques communes.
Les critères de construction des catégories sociales sont très nombreux ; c’est ce qu’on
appelle les caractéristiques sociologiques ou socioéconomiques.
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