l’intégration de l’autre, de l’étranger,
l’Espagne est un exemple emblématique. Dans la
péninsule ibérique se sont succédés, au fil de
l’Histoire, les peuples ibères en provenance
du nord de l’Afrique, les Celtes venus de
terres aujourd’hui appelées la France,
l’Irlande et l’Angleterre, des Grecs et des
Phéniciens venus de l’actuel Liban, des
transfuges des légions romaines, des
Carthaginois, des Juifs d’Israël, des Maures
arrivés de ce qui est aujourd’hui le Maroc,
des Arabes de Bagdad, des Goths descendus des
contrées danoises, allemandes et caucasiennes,
des gitans arrivés de l’Inde, des Indiens
débarqués des Caraïbes et du Mexique, des
esclaves noirs des régions africaines les plus
diverses, des émigrés venus des territoires
européens de l’empire espagnol (Hollandais,
Flamands et Italiens), des émigrés français,
anglais et allemands aux XVIII et XIXe siècle,
des exilés de l’Amérique latine… Tous ces
peuples et ces cultures ont forgé la culture
et le peuple espagnols. Mais c’est un
phénomène qui se répète de la même manière
dans chaque pays. Même les signes les plus
marquants de l’identité nationale mettent en
évidence le poids que l’étranger a eu dans la
formation de chaque nation. La Russie, par
exemple, doit son nom aux Vikings suédois,
appelés « rus » en raison de leurs cheveux
roux, qui s’étaient établis pendant presque
deux siècles sur les régions qui s’appellent
aujourd’hui Ukraine et Russie. Le nom
« Espagne » dérive de celui qui lui avaient
donné les empereurs romains : Hispania. La
France doit son nom à la tribu germanique des
« Francs », qui avaient établi leur domination
sur la Gaule. Sur les armes de la maison
royale d’Angleterre on peut lire une phrase en
français : « Honni soit qui mal y pense ! »
D’ailleurs, cette devise peut être invoquée au
moment où il faut définir qui sont les