Chap 5 : stéréotypes, préjugés, discrimination

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Chap 5 : stéréotypes, préjugés, discrimination
Xénophobie = hostilité à l’égard de ce qui est étranger
1. DEFINITIONS ET ILLUSTRATION
a. Les stéréotypes
La représentation que nous avons des autres groupes est formée de nos croyances à leur égard. Un
stéréotype est une croyance partagée portant sur les caractéristiques de personnes appartenant à
un groupe. Pour qu’il y ait stéréotype, il faut qu’un groupe se distingue des autres par la présence plus
ou moins fréquente d’une caractéristique.
Ils sont partagés différemment selon les groupes et ils se maintiennent différemment dans le temps.
On constate une évolution dans les stéréotypes sur les Noirs (ex : les Noirs sont paresseux) mais cela
ne signifie pas qu’il y en a moins : de nouveaux traits ont pu remplacer les premiers et le biais de
désirabilité sociale est de plus en plus présent.
Bien des gens ont des stéréotypes se rapportant à leur propre groupe : il s’agit de
l’autostéréotype.
Le métastéréotype est la croyance d’une personne à l’égard des stéréotypes que les membres des
autres groupes ont à propos du groupe de cette personne. On constate qu’ils sont plus négatifs chez
les blancs canadiens qui ont peu de préjugés que chez ceux qui en ont beaucoup. Les métastéréotypes
d’une personne semblent avoir une influence plus grande sur les émotions négatives qu’elle s’attend à
éprouver dans une interaction avec un membre d’un autre groupe, que les stéréotypes qu’elle a à l’égard
de ce groupe. D’où l’importance de les prendre en compte.
b. Les préjugés
Les stéréotypes contribuent à notre connaissance de l’autre et relèvent de la dimension cognitive,
tandis que les préjugés relèvent de la dimension affective. Ce sont des attitudes, habituellement
(pas toujours) négatives, à l’égard des membres d’un groupe, càd qu’ils renvoient à notre évaluation
des autres.
Comme toute attitude, un préjugé peut résulter de nos croyances (y compris les stéréotypes) mais il
arrive parfois que celui-ci précède la croyance évaluative. Dans ce cas, il repose sur le seul fait que
nous savons que l’autre groupe existe, indépendamment de nos connaissances de ses caractéristiques. Il
n’est pas rare que les gens entretiennent un préjugé reposant sur des croyances négatives à l’égard d’un
groupe dont ils n’ont jamais rencontré aucun membre.
L’antisémitisme est un préjugé négatif à l’égard des Juifs.
Selon Cotrell et Neuberg, le préjugé est plus complexe : il est fait de multiples émotions négatives
(colère, dégout, pitié, envie…) que les gens éprouvent différemment selon les groupes. La nature de
l’émotion dépendrait de la menace représentée par le groupe en question.
c. La discrimination
Ce que nous pensons des autres (croyances, stéréotypes, préjugés…) et l’état affectif qu’ils
déclenchent orientent souvent notre comportement à leur égard. La discrimination est un
comportement négatif à l’égard des membres d’un groupe. Il peut se manifester de plusieurs
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manières mais il s’agit toujours d’un comportement injuste (du manque de politesse au meurtre) à
l’égard d’un individu en raison de son appartenance à un groupe.
Les cibles peuvent changer avec le temps. Par exemple les sidéens souffrent d’isolement social depuis
environ 1995. La stigmatisation et la discrimination qui accompagnent le sida dépendent de la façon
dont il a été contracté : la sexualité hétérosexuelle entraine la stigmatisation la plus forte, tandis que
la transfusion sanguine entraine la plus faible.
d. Le racisme
Le racisme : préjugé défavorable et discrimination à l’égard de personnes à cause de la couleur
de leur peau ou de leur appartenance ethnique. Même s’il n’a pas disparu, il ne s’exprime plus aussi
ouvertement qu’autrefois en raison de l’évolution de la société. L’étiquette de raciste est même
associée à une forte réprobation sociale.
 Racisme traditionnel
Il n’y a encore pas si longtemps, le racisme était répandu voire même institutionnalisé dans certaines
sociétés (Apartheid, USA…). On peut également penser à l’Holocauste : l’antisémitisme nazi a donné lieu
à des atrocités qu’on croyait depuis lors à tout jamais bannies de l’humanité. Pourtant nous assistons
depuis quelques années à des nettoyages ethniques suite à des fragmentations d’Etats qui mènent à une
intolérance aux conséquences meurtrières. En Bosnie, au Rwanda… le but était de se débarrasser de la
souillure de l’autre ethnie.
Le racisme traditionnel est un racisme flagrant qui s’exprime, par exemple, par la ségrégation
fondée sur la couleur de la peau dans les restaurants. Il ne se manifeste pas toujours par le désir de
se débarrasser de l’autre ethnie mais se traduit par des comportements visant à maintenir une
certaine distance sociale par rapport à l’étranger.
 Racisme moderne
A cause du fait qu’un individu ne peut plus exprimer ses attitudes négatives à l’égard des membres d’un
autre groupe (respect des lois, pression sociale, peur d’un riposte, culpabilité…), le racisme traditionnel
a fait place chez certains au racisme moderne. Il s’agit d’un racisme plus subtil qui s’exprime
indirectement et se fonde sur des raisons socialement acceptables. Il peut prendre plusieurs
formes : ainsi la combinaison de valeurs morales traditionnelles d’un individu et de l’affect négatif que
déclenchent chez lui les Noirs peut entrainer un racisme symbolique. L’individu s’opposera alors aux
Noirs selon certains principes et non selon ses intérêts personnels.
La discrimination positive est un comportement plus favorable à l’égard des membres d’autres
groupes qu’à l’égard des membres de son propre groupe.
Ce racisme symbolique est aujourd’hui plus courant que le racisme traditionnel mais il existe entre eux
une corrélation parce qu’ils reposent tous deux sur un affect négatif à l’égard des Noirs. Certaines
personnes pratiquent les deux, d’autres ne pratiquent que le racisme symbolique. Lorsqu’une personne
blanche pratique le racisme symbolique, on peut prédire son opposition aux politiques visant à aider les
Noirs.
Une troisième forme est le racisme d’aversion : il s’exprime par un appui aux mesures d’égalité
pour les Noirs mais qui s’accompagne de sentiments négatifs à leur égard. Il se manifeste par le
fait de ne pas se sentir à l’aise en présence des Noirs.
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e. Le sexisme
Le sexisme se manifeste pas des préjugés et discriminations fondés sur le sexe d’une personne.
Dans la majorité des cas, les victimes sont les femmes.
De nombreuses cultures voient la femme comme passive, soumise, indécise, émotive et dépendante et
l’homme comme décisif, confiant, rationnel et ambitieux. Même si tous les stéréotypes à l’égard des
femmes ne sont pas négatifs (on leur reconnaît une supériorité dans la compréhension de l’autre et la
chaleur dans les relations), les traits masculins restent plus valorisés.
Certaines personnes se décrivent elles-mêmes en utilisant des stéréotypes sexistes. Selon qu’elles
s’attribuent des caractéristiques masculines ou féminines, on dit qu’elles ont une orientation masculine
ou féminine. Celles qui se décrivent selon les deux, ont une orientation androgyne.
Même si les stéréotypes illustrent ces différences, ils traduisent des différences plus marquées
que dans la réalité.
On distingue trois types de sexisme : le sexisme hostile qui se manifeste par une animosité à l’égard
des femmes, perçues comme usurpant le pouvoir des hommes et trop peu reconnaissantes de ce que
font les hommes pour elles, le sexisme bienveillant s’exprimant par un comportement favorable et
protecteur à l’égard des femmes à condition qu’elles adoptent les rôles traditionnels, et le sexisme
ambivalent qui associe les deux formes précédentes.
On distingue aussi le sexisme traditionnel du sexisme moderne. Le traditionnel est un sexisme dans
lequel on endosse les croyances traditionnelles relatives aux femmes (les femmes ne sont pas
aussi intelligentes que les hommes…) tandis que le moderne se manifeste par le déni de la
discrimination à l’égard des felles dans la société (les femmes et les hommes ont les mêmes
chances de s’accomplir, la société s’est trop préoccupée du traitement à accorder aux femmes ces
dernières années…).
Les femmes tendent à détecter plus facilement l’expression du sexisme traditionnel que du sexisme
moderne mais éprouvent plus d’anxiété face au sexisme moderne, contrairement aux hommes.
Que ce soit pour le racisme ou le sexisme, on constate que les personnes appartenant à un groupe
victime de discrimination tendent à dire qu’elles ne subissent pas autant de discrimination que leur
groupe dans son ensemble.
2. CAUSES DES PREJUGES
Plusieurs voies possible : les stéréotypes peuvent engendrer des préjugés qui à leur tour mènent à la
discrimination ou un comportement (discrimination) peut produire une attitude (préjugé) qui elle-même
produira une rationalisation de cette discrimination, la transformant en croyance (stéréotype).
Plusieurs plans d’analyse :
a. L’histoire : origine et évolution des relations entre groupes
Les préjugés peuvent remonter à un contexte historique donné, où deux peuples entretenaient des
relations conflictuelles.
L’acculturation est un processus par lequel un groupe remplace ses valeurs par celles d’un autre groupe.
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Selon la sociologie d’inspiration marxiste, les relations de domination entre groupes sociaux sont à
l’origine des préjugés. La situation classique est la suivante : un groupe en soumet un autre puis justifie
cette domination par l’incapacité de l’autre à se gérer soi-même. On trouve au groupe soumis des
défauts incorrigibles et on en arrive à se convaincre qu’on leur a rendu service en les soumettant,
tandis que le groupe dominat s’attribue des qualités qui expliquent sa domination. On appelle cela les
mythes de légitimation. Dans ce contexte l’erreur d’attribution fondamentale joue un rôle : les
dominants oublient les contraintes environnementales qui fixent les positions sociale pour croire
qu’elles sont le résultat exclusif de prédispositions internes. On en arrive donc à des raisonnements
circulaires : par exemple on limite la promotion sociale des pauvres en rendant difficile leur accès aux
études puis on explique leur pauvreté par leur ignorance.
Ces facteurs historiques n’expliquent cependant pas comment ni pourquoi tous les individus d’un groupe
ne partagent pas également les mêmes préjugés.
b. Le contexte socioculturel : les changements qui engendrent des préjugés
Expérience de Sherif dans des colonies de vacances : en séparant les enfants en deux groupes
aléatoires qui vivaient chacun de leur côté, il a constaté une forte identification de chaque enfant à son
groupe. En faisant entrer les deux groupes en compétition, il a même observé le rejet de l’autre groupe,
transformé par après en véritable conflit. Il en a conclu que les préjugés ont des origines objectives :
le partage d’un territoire et de ressources que deux groupes convoitent pour survivre.
Théorie du conflit de groupe réaliste : théorie selon laquelle l’antagonisme entre les groupes
repose sur des conflits réels et produit de la frustration.
De telles observations peuvent être observées dans des situations réelles : « les immigrés volent nos
jobs »,…
c. La pression sociale : lorsque la socialisation et l’influence sociale expliquent les
préjugés
 La socialisation
Les préjugés étant des attitudes, ils sont acquis soit par expérience directe, c.à.d. au contact de ceux
qui en font l’objet soit, dans la majorité des cas, par la transmission d’une personne à une autre,
notamment au cours de la socialisation de l’enfant. Il ne semble pas exister d’aversion « naturelle »
entre membres d’ethnies différentes.
Selon la théorie de l’apprentissage social, les préjugés seraient appris par des modèles présentés aux
enfants, dès le plus jeune âge jusqu’à l’adolescence, au cours de leur socialisation. Ces modèles ne sont
pas des affirmations mais des exemples ou des comportements qui servent de référence aux enfants
(ex : un père dominateur et une mère soumise). L’expérience des enfants en bas âge est cruciale parce
qu’il y a souvent cristallisation au début de l’adolescence et ces préjugés sont alors plus difficiles à
éradiquer à l’âge adulte.
Les médias jouent aussi un rôle dans la socialisation car l’image qu’ils présentent de la réalité vient
souvent renforcer les stéréotypes de la société.
Quant aux stéréotypes sexistes, ils sont transmis encore plus tôt : non seulement les parents se
comportent différemment face à un garçon ou une fille mais les livres, films, dessins animés, etc
véhiculent les stéréotypes traditionnels.
On constate heureusement un effet de génération : chaque nouvelle génération manifeste moins de
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racisme que la précédente. Les jeunes acquièrent moins de préjugés tandis que les plus âgés qui ont des
préjugés plus évidents, disparaissent.
D’abord parce qu’avec le temps, les cibles changent et donc les stéréotypes traditionnels se
« démodent ». Ensuite, l’augmentation du niveau d’éducation permet d’apprendre d’autres façons de
percevoir l’autre et d’apprendre les conséquences négatives des préjugés. Les individus ont également
une plus grande capacité à adopter la perspective de l’autre et ceux qui reçoivent un tel enseignement
font preuve d’une plus grande ouverture d’esprit.
 L’influence sociale
L’influence sociale peut amener les gens à commettre des actes ou à prononcer des paroles dont ils ne
se seraient pas crus capables. Loin d’être l’apanage des esprits dérangés, les préjugés peuvent se
généraliser dans une société au point qu’il devient délicat de faire entendre une voix discordante. Ou
l’individu en désaccord tente de convaincre les autres, au risque d’être rejeté, ou il se rallie à l’opinion
dominante. Cette deuxième solution peut finalement aboutir à une soumission réelle et intériorisée.
Par ailleurs, les stéréotypes sont parfois tellement ancrés que plus personne ne les perçoit comme tel.
Plus grave encore, se ranger à de telles idées peut aussi être une question de vie ou de mort.
d. La personnalité : certains sont moins bien armés pour résister à l’appel des
préjugés.
Certains endossent plus facilement des préjugés que la moyenne des gens. Après l’Holocauste, des
chercheurs se sont demandé s’il existait un type de personnalité particulièrement sensible au
développement de préjugés.
Adorno a établi le profil d’un type de personnalité caractérisé par la soumission à l’autorité, la peur du
changement, l’ethnocentrisme et la rigidité intellectuelle. Il peut sembler paradoxal que cela
corresponde à la personnalité autoritaire, c.à.d. caractérisée par la rigidité, la soumission à
l’autorité et des préjugés à l’égard de ceux qui sont différents. Bien sûr, les individus ayant cette
personnalité sont portés à utiliser leur pouvoir au maximum mais leur obsession de l’autorité peut jouer
dans l’autre sens : ils ont une admiration inconditionnelle pour la puissance et comme ils ont peur des
changements, un pouvoir fort leur garantit une meilleure protection contre les imprévus.
L’ethnocentrisme est la croyance selon laquelle son groupe ethnique est supérieur aux autres. Les
individus ethnocentriques entretiennent donc une attitude négative à l’égard des autres groupes. La
peur du changement coïncide généralement avec la peur de l’inconnu, il n’est donc pas étonnant de
retrouver ce trait dans les personnalités autoritaires.
La rigidité intellectuelle entretient chez les individus autoritaires une attitude très négative à l’égard
de tout ce qui ne cadre pas avec leur perception de la réalité. Leurs schémas sont très rigides et
étroits. Leur peur du changement est donc d’autant plus grande qu’ils ne peuvent s’y adapter sur les
plans intellectuel et affectif. Tous ces traits se conjuguent et amènent l’individu à développer des
préjugés non seulement contre les autres groupes mais aussi contre ceux qui représentent une menace
pour l’ordre établi : les contestataires politiques, les féministes, les homosexuels…
Par ailleurs, on sait que la frustration peut donner lieu à l’agression. Or il est difficile de se retourner
contre ce qui cause la frustration, donc il arrive que cette agression se déplace vers une autre cible
d’autant plus accessible qu’elle ne peut se défendre adéquatement. C’est justement la situation de
minorités qui deviennent alors des boucs émissaires. Il arrive fréquemment que l’on s’attaque à
quelqu’un de semblable pour se consoler de sa propre situation.
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On retrouve beaucoup cette personnalité autoritaire chez les hommes qui sont soumis à leur travail
mais qui exercent un pouvoir tyrannique sur leur femme et leurs enfants. Dominés à l’extérieur de la
maison, ils retrouvent une consolation en étant dominants dans leur famille.
e. La perception : l’apparence peut être trompeuse
 La catégorisation
Pour comprendre une personne qu’on rencontre pour la première fois, prédire son comportement et
savoir comment se comporter en sa présence, il faudrait accumuler une grande quantité d’infos en très
peu de temps. Pour court-circuiter ce long travail et faciliter la vie quotidienne, nous faisons appel à la
catégorisation pour interpréter plus rapidement l’environnement. Il s’agit du processus par lequel
on perçoit les personnes comme appartenant à des groupes ou à des catégories plutôt qu’en tant
qu’individus.
Bien qu’elle soit essentielle pour prendre des décisions dans un délai court, elle peut conduire à une
simplification excessive qui peut être à l’origine de stéréotypes et de préjugés. Un processus cognitif
utile et normal peut aller à l’encontre de sa fonction, qui est de favoriser une meilleure compréhension
du monde et une communication plus facile entre individus.
Les catégories peuvent être multiples : par exemple, un individu peut se distinguer d’un autre sur un
plan (le sexe) tout en lui ressemblant sur un autre plan (l’ethnie). Cet individu se distingue alors de
l’autre au regard des stéréotypes appliqués à la première catégorie mais il lui ressemble au regard des
stéréotypes appliqués à l’ethnie.
Lorsqu’un individu se rend compte qu’une personne ne se comporte pas selon les stéréotypes associés à
sa catégorie, c.à.d. lorsque l’expérience directe de l’autre infirme ses attentes, il y a trois possibilité :
- le stéréotype de l’individu change au fur et à mesure qu’il rencontre des cas qui l’infirment
- le stéréotype change d’une façon soudaine et radicale
- l’individu crée une sous-catégorie pour tenir compte de l’info nouvelle.
Les frontières entre catégories sont donc rigides ou non.
 Le favoritisme à l’égard de l’endogroupe
Dans l’expérience de Shérif, le simple fait d’avoir séparé au hasard les enfants en deux groupes a suffi
à créer une identification à l’endogroupe, qui est le groupe social qu’un individu perçoit comme étant
celui auquel il appartient, par opposition à l’exogroupe, qui est tout autre groupe que celui auquel un
individu perçoit qu’il appartient.
Après un certain temps, les sujets s’identifient à leur groupe et acquièrent une vision stéréotypée de
l’autre groupe ainsi que des préjugés à son égard. Il s’agit du biais de l’endogroupe : tendance à avoir
une meilleure opinion à l’égard de son endogroupe qu’à l’égard des exogroupes.
Selon la théorie de l’identité sociale, nos besoins d’être fiers de nos réalisations peuvent se satisfaire
par nos propres résultats mais aussi à travers les succès remportés par une catégorie sociale à laquelle
nous nous identifions. L’identification permet ainsi de maintenir l’estime de soi à un niveau acceptable.
Cette identification va tellement loin qu’il est fréquent d’entendre les gens dire « nous » pour parler de
groupes dont ils ne font pas partie mais auxquels ils s’identifient (par exemple les amateurs de sports
qui s’identifient à l’équipe et disent « nous avons bien joué cette partie »).
Le pas peut être vite franchi entre l’affirmation nationale et la xénophobie, la fierté d’être un homme
et la misogynie (haine ou mépris des femmes). La valorisation de son groupe peut se traduire par la
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dévalorisation des autres groupes qui sert souvent à alimenter l’estime de soi : « je ne suis pas
grand-chose mais au moins, je ne suis pas… ».
Il semble pourtant que la dévalorisation de l’exogroupe n’est pas aussi fréquente que le favoritisme à
l’égard de l’endogroupe. Cela dépendrait de la perception que les personnes croient que les autres ont
d’elles au sein du groupe auquel elles s’identifient : une façon de se faire accepter par les membres d’un
groupe est faire preuve de favoritisme à l’égard de l’endogroupe au détriment de l’exogroupe.
La préférence que l’on accorde à son endogroupe ne s’accompagne pas forcément d’un rejet de
l’exogroupe.
 Le bais de l’homogénéité de l’exogroupe
La catégorisation a aussi pour effet de simplifier la réalité. Cela peut entrainer une tendance à réduire
au minimum les différences entre les individus faisant partie d’une catégorie. Il s’agit du biais de
l’homogénéité de l’exogroupe : perception selon laquelle la variabilité entre les membres d’un
exogroupe est moins grande qu’entre les membres de l’endogroupe.
Ce biais n’existe que pour l’exogroupe : les blancs ont l’impression que tous les chinois se ressemblent.
Pourtant ni les chinois ni les blancs ne se confondent entre eux. Il semble que ce soit juste une question
d’expérience : plus un blanc fréquente de chinois, plus il prend conscience des caractéristiques qui
permettent de les différencier.
 Les corrélations illusoires
Ces corrélations illusoires font partie des biais de la pensée sociale. C’est une association apparente,
mais dénuée de fondement, entre deux phénomènes.
Les événements rares sont plus saillants que les événements courants, de même qu’un individu qui se
distingue des autres membres d’un groupe par une caractéristique importante comme l’appartenance
ethnique est plus saillant qu’eux. On retient donc encore mieux l’info quand un événement saillant est
associé à un individu saillant. Si par exemple l’association entre un crime crapuleux et un individu
appartenant à une certaine ethnie se répète, on finira par établir un lien entre les deux.
Donc le fait d’associer des traits négatifs peu fréquents et donc plus saillants à des individus
appartenant à un groupe minoritaire, c.à.d. saillants eux aussi, fera percevoir un lien plus fort
qu’il n’existe en réalité.
 Les prophéties qui s’autoréalisent
Le problème avec les préjugés, c’est qu’ils sont difficiles à infirmer et qu’ils créent souvent leur propre
réalité : on parle de prophéties qui s’autoréalisent, c.à.d. la tendance des personnes à se
comporter conformément aux attentes qu’on a d’elles, ce qui augmente les probabilités que ces
attentes se réalisent. Par exemple, à force d’entendre que les filles sont peu douées en mécanique, peu
d’entre elles s’y intéressent et le préjugé se voit confirmé.
5 étapes dans l’autoréalisation :
A a un préjugé à propos de B
A agit en fonction de ce préjugé
B modifie son comportement en fonction de celui de A
A voit son préjugé confirmé par le comportement de B
B en vient à accepter les préjugés de A comme description objective de la
réalité.
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Cette situation peut aussi s’appliquer aux préjugés que l’on entretient sur soi-même.
f. Le stimulus : et si l’objet du préjugé méritait sa réputation
Chaque explication que nous avons vue permet d’interpréter différemment la façon dont les individus
acquièrent une mauvaise perception de la réalité. Une autre explication est que les membres du groupe
victime méritent leur réputation, c.à.d. que ces groupes possèdent bien les qualités ou défauts qu’on
leur attribue.
Tous les groupes ne possèdent pas les mêmes traits. Cependant, les différences entre les groupes sont
habituellement faibles et reposent souvent sur la déviation de quelques individus par rapport à
l’ensemble. Si bien que le nombre d’individus qui sont semblables alors qu’ils appartiennent à des
groupes différents est nettement supérieur aux individus différents.
Nous arrivons bien souvent à entretenir des stéréotypes contradictoires à propos d’un même groupe et
le même comportement peut être interprété en termes positifs ou négatifs. Nous notons même parfois
des changements dans les stéréotypes à l’égard d’un groupe, qui ne correspondent pas à un changement
équivalent dans le comportement du groupe cible.
3. REDUCTION DES PREJUGES
De nombreuses personnes désirent réduire les préjugés qui ont des effets néfastes. Les psys sociaux
ont étudié plusieurs moyens, comme par exemple, le contact intergroupe et la modification des
catégories.
a. Le contact entre les groupes : est-il suffisant ?
Les préjugés reposent sur une vision caricaturale de l’exogroupe : on le considère comme l’autre,
l’ennemi à abattre, l’étranger, etc. Cette vision entrainant une attitude négative, le porteur de préjugés
ne cherche pas à connaître sa victime.
Le contact intergroupe peut réduire les préjugés mais dans certains cas, il les augmente. Certaines
conditions doivent être respectées pour qu’il ait les effets bénéfiques escomptés.
D’abord il faut que les deux groupes aient un statut social égal. Dans le cas d’enfants blancs côtoyant
des enfants noirs dans les écoles américaines en 1950, cette condition n’est pas respectée. De plus, il
faut que les deux groupes aient des relations personnelles les uns avec les autres : ils peuvent se
retrouver au même endroit sans pour autant s’adresser la parole.
Dans le même exemple, le fait que les parents blancs, les autorités scolaires et la communauté blanche
étaient contre la déségrégation se reflétait dans le comportement des enfants blancs.
Si les deux groupes apprennent à collaborer à un projet commun, les chances d’intégration
s’accroitront. Mais attention, cela ne fonctionne pas toujours : si les buts communs sont atteints, les
préjugés s’atténuent mais en cas d’échec, les membres de l’exogroupe sont les boucs émissaires tout
désignés.
L’effet du contact doit être évalué sur une longue période. Se rendre compte que ses inquiétudes ne
sont pas fondées prend du temps, même si parfois, un contact passif (l’observation du comportement de
l’autre) peut suffire.
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Parfois il suffit de savoir qu’un membre de son groupe a une relation étroite avec un membre de
l’exogroupe (minoritaire ou majoritaire) pour réduire le préjugé.
Le contact avec l’autre groupe peut se faire par le biais de la langue : la compétence dans la langue de
l’autre peut rapprocher les individus appartenant à des groupes différents. Cela favorise les
sentiments d’identité avec le groupe d’en face en diminuant l’écart entre les deux.
La plupart du temps, les gens évitent les contacts intergroupes car, même s’ils le désirent, ils
croient que l’exogroupe ne cherche pas de tels contacts. Les individus expliquent leur inaction par la
peur d’être rejetés mais ils expliquent l’inaction de l’autre par un manque d’intérêt. La modification de
cette perception (dans les deux camps) pourrait donc être un pas en avant pour une plus grande
interaction entre groupes.
b. L’approche sociocognitive : remplacer la mauvaise perception par une meilleure
Selon l’approche sociocognitive, les préjugés découlent d’un dérapage des processus cognitifs normaux.
On peut donc réduire les préjugés en agissant directement sur les processus cognitifs. La
catégorisation qui aboutit à la distinction nous/eux est souvent à la source de l’attribution de
stéréotypes, des préjugés et de la discrimination.
4 interventions ont été proposées pour réduire les effets de la catégorisation :
 La recatégorisation : processus par lequel une personne en vient à percevoir deux catégories
sociales comme n’en formant qu’une seule. Elle consiste donc simplement à faire comprendre aux
membres des deux groupes qu’ils ont intérêt à se voir comme appartenant au même groupe (par exemple
par la mise en place d’un projet commun). Cette idée est bien sur plus facile à énoncer qu’à mettre en
pratique.
 L’individuation : processus par lequel on met l’accent sur les différences entre individus
plutôt qu’entre les groupes. Si on se perçoit comme un individu ayant des caractéristiques
particulières et que l’on perçoit aussi les autres comme tels, il y a moins de risques qu’on les juge en
fonction de leur appartenance ethnique. De nouveau, le pas entre l’idée et la pratique est grand.
 La catégorisation croisée : processus par lequel une personne prend conscience qu’elle
appartient à deux catégories sociales. Prendre conscience de cette réalité peut atténuer les préjugés
envers quelqu’un de différent mais qui partage une catégorie avec nous, car au fond, nous ne sommes
pas tout à fait différents.
 La catégorisation multiple : processus par lequel une personne prend conscience qu’elle
appartient à plus de deux catégories sociales. Cette situation a aussi pour conséquence d’atténuer les
préjugés qui peuvent résulter de l’appartenance à des catégories exclusives.
Tenter de réduire la discrimination en contrant les stéréotypes n’est pas simple : il faudrait faire
l’effort de traiter toutes les infos sans passer par le raccourci cognitif. Or, les stéréotypes, souvent
appris depuis longtemps, peuvent sembler maitrisé, mais ils risquent de refaire surface et de s’imposer
malgré la bonne volonté de la personne.
4. CONCLUSION
Il serait difficile de déterminer l’influence qu’ont les psys sociaux dans l’évolution des comportements.
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Il ne fait toutefois pas de doute que cette influence est réelle : elle s’exprime par le résultat des
pressions qu’ils exercent sur les législateurs, par leur influence directe et par la prise de conscience
que favorise la vulgarisation de leurs travaux.
Il est clair que nous allons vers une ouverture d’esprit et une tolérance de plus en plus grandes.
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Chap 6 : L’influence sociale
1. INFLUENCE SOCIALE
Influence sociale = modification du cpt ou des croyances d’un individu sous l’effet d’une pression réelle
ou non, volontaire ou non, exercée par une personne ou un groupe.
Différenciée de l’uniformité de cpt = conduite que les individus adoptent indépendamment les uns des
autres en réponse à un même stimulus.
5 types de réaction face à l’influence (3 ici) :
Soumission = modification du cpt sous l’influence d’autrui qui ne s’accompagne pas d’un chgt de
croyance.
Intériorisation = chgt de croyance à long terme, fondé sur une réorganisation cognitive.
Identification = adoption du cpt ou des croyances d’un groupe ou d’une personne pcq on s’identifie à
ce groupe ou cette personne (suppose donc un degré d’influence supérieur et une perte de sens critique : on
suit le modèle pcq c’est le modèle).
Pourquoi ?
L’intériorisation et l’identification peuvent s’expliquer par le fait qu’elles correspondraient à deux besoins
essentiels : être dans le vrai et être aimé.
La plupart du temps, la réalité ne se laisse pas définir d’emblée : nous nous fions donc aux avis d’autrui
pour la comprendre. Il s’agit de la dépendance informationnelle. Cette forme de dépendance est
particulièrement forte dans l’intériorisation et l’identification.
La survie en société suppose la capacité de se faire accepter par les autres : c’est la dépendance normative.
Cette forme de dépendance est particulièrement forte dans la soumission.
Il existe différentes formes d’influence.
Normalisation : les membres s’influencent mutuellement
Conformisme : majorité influence minorité
Acquiescement : réponse positive à la demande explicite d’autrui
Obéissance : accepter de se comporter selon les demandes d’une autorité
Innovation : minorité influence majorité
2. NORMALISATION
La norme est la règle dictée par la société en reflétant des standards d’approbation ou de désapprobation
sociale. Pour qu’elle soit établie, il faut qu’un groupe de personne s’entendent sur une vision de la réalité.
Elle offre un cadre de référence pour évaluer la réalité.
Processus de formation de norme : mouvement autocinétique de Sherif (illusion perceptive qui survient qd
une personne plongée dans l’obscurité perd ses points de référence habituels).
En l’absence de cadre de référence, les sujets seuls s’en fabriquent un (norme de déplacement, selon
laquelle ils évaluent les autres déplacements des points)
Par groupe de 2 ou 3, le phénomène se reproduit : une norme collective se crée. Cette norme varie d’un
groupe à l’autre mais, à l’intérieur de chaque groupe, les individus s’empressent de la suivre une fois qu’elle
est créée.
Normalisation = convergence des estimations individuelles vers une estimation commune. Le
phénomène ne repose pas sur une interprétation forcément correcte de la réalité. Tendance irrésistible chez
l’homme : quand réalité floue, il s’empresse de la définir. Celui qui ne suit pas la norme, est vu comme un
déviant.
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Dans la réalité, les individus s’utilisent les uns les autres comme source d’information. La norme a donc
une double valeur : prédictive = indique le cpt attendu dans une situation donnée et descriptive = indique
ce que les gens font généralement dans une situation donnée (a un effet d’entrainement).
Comment en arriver là ?
La norme agit pour contrer l’incertitude. La définition de la réalité dépend de ce que les autres en pensent
ou en disent, par un processus d’ancrage commun dans le but d’avoir une vision commune de la réalité.
Cette vision varie et dépend de la culture, l’époque et des situations. Elle repose sur un consensus social à
un moment donné et non sur une analyse objective.
Foule et rumeur : normes suspendues
Ce besoin de définir la réalité correspondrait à une nécessité biologique. La capacité de s’entendre
rapidement sur le caractère urgent ou non d’une situation et de l’action à mener est un facteur important de
survie.
Dans le cas ou les normes sont suspendues, comme dans une foule ou lsq la collectivité ne peut plus se
fier à ses repères habituels, les normes ne fonctionnent plus toujours et doivent être réinventées. Un cpt
intolérable en général peut ainsi paraître tolérable, voire approprié, dans la situation particulière que
constitue la foule.
Dans ces situations, l’anxiété et l’incertitude prédominent. En l’absence de repères, la rumeur prend le
relais. Celle-ci fonctionne selon un processus de construction de la réalité semblable à l’expérience de Shérif.
Elle fabrique un sens social pour réduire l’anxiété et l’incertitude en créant un point d’ancrage commun qui
peut parfois se révéler contre-productif (plusieurs témoignages convergents n’indiquent par forcément une
vérité).
3. CONFORMISME
Le conformisme = chgt de comportement ou de croyance résultant de la pression réelle ou imaginée d’une
majorité chez un individu ou une minorité. Comme la normalisation, c’est un fait de vie quotidienne, même
s’il apparaît souvent comme négatif.
Asch
En labo, crée une situation dans laquelle un individu est le seul à défendre un point de vue correct, contre la
majorité soutenant l’opinion contraire (3 lignes) : la plupart des réponses que donne le sujet sont conformes à
l’opinion majoritaire. Il est donc plus facile pour la plupart d’entre nous, de contredire l’évidence plutôt que
s’opposer au jugement de purs étrangers.
Facteurs associés au conformisme
 Ambiguïté du stimulus
Avec un stimulus ambigu, le taux de conformisme augmente : lsq les gens sont interrogés sur des sujets
dans lesquels ils ne se sentent pas compétents, ils osent encore moins affronter la majorité.
Dans la vie de tous els jours, nous sommes souvent confrontés à des stimuli ambigus. Ainsi, la plupart
des décisions que nous prenons en situation sociale obéissent à un consensus social et non à une analyse
objective de la situation, c.à.d. à un plus grand conformisme que dans l’expérience de Asch.
 Caractéristiques du groupe
Le taux de conformisme des sujets plafonne dès qu’il y a 3 ou 4 compères et décline quand il y en a plus
que 7. A partir d’un certain seuil, le sujet soupçonne qu’il est victime d’un coup monté ou perçoit les autres
comme un groupe organisé (et non plus comme des individus indépendants) : il accordera ainsi le même
poids à leur opinion qu’à la sienne (un contre un).
Plus on est attiré par le groupe, plus on est conformiste. Les pressions sont plus grandes, ainsi que le cout
psychologique associé à la déviance.
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Nous nous conformons plus facilement aux croyances et cpts des personnes de notre entourage et
auxquelles nous nous identifions (influence des pairs).
Le taux de conformisme diminue de manière nette quand la majorité n’est plus unanime : un compère
dissident, même s’il fait une erreur évidente ou est incompétent, donne l’impression au sujet qu’il a trouvé
un allié et lui redonne confiance.
 Traits de personnalité
Des caractéristiques liées à certains types de personnalité peuvent prédisposer à céder plus facilement au
conformisme : besoin de se faire aimer, intérêt pour les valeurs collectives, l’harmonie sociale et l’ouverture
aux autres, fort monitorage de soi, faible estime de soi, perception de peu de contrôle sur sa vie, personnalité
autoritaire…
Un individu peut être conformiste dans un type de situation sans l’être dans un autre.
Deux types de cpts : innovateurs (chercher solutions personnelles) et adaptateurs (se tenir aux stratégies
connues).
 Culture
Dichotomie entre culture individualiste ou collective : dans l’individualisme, l’accent est mis sur l’autonomie
tandis que dans le collectivisme, le conformisme n’est pas perçu comme le résultat d’une pression sociale
mais comme le signe d’une conscience du lien avec la communauté.
Comment en arriver là ?
Les participants conformistes se plient au processus de soumission et non à l’intériorisation : ils gardent
leur opinion première mais ont un besoin d’approbation (dépendance normative). Ils ont peur de se faire
rejeter pour avoir osé mettre en cause la capacité des autres à évaluer la longueur des lignes. Il existe donc
une croyance selon laquelle la déviance coute cher et le conformisme est profitable.
Cette crainte n’est pas infondée, une majorité sure d’elle-même ne fait pas de cadeaux aux dissidents. Le
sentiment d’être abandonné mène donc au conformisme.
L’ostracisme consiste à ignorer quelqu’un, c’est une autre façon de le rejeter, sans le ridiculiser.
4. ACQUIESCEMENT
La normalisation et le conformisme reposent sur des situations dans lesquelles la demande sociale n’est pas
formulée explicitement. L’acquiescement est une réponse positive à la demande d’autrui.
L’acquiescement irréfléchi
L’humain ne procède pas toujours à un traitement élaboré de l’info. Il est fréquent que nous donnions
notre accord distraitement, sans avoir réfléchi, car notre esprit était trop occupé ailleurs pour analyser de
façon détaillée tous les événements.
Pourtant, notre acquiescement distrait à une demande d’argent ne va pas au-delà d’un certain montant, à
partir duquel nous quittons le pilotage automatique et nous mobilisons des ressources pour analyser la
demande.
L’influence du débit verbal
Une personne submergée de paroles va plus vite acquiescer, non pas à cause des raisons qu’elle reçoit
mais à cause du débit verbal. Le demandeur mise donc sur la non-réflexion de sa cible.
Norme de la réciprocité
On peut acquiescer à une demande simplement parce qu’on a le sentiment d’avoir contracté une dette
envers le demandeur et parce qu’on a appris qu’un service en attire un autre. Par exemple, le pourboire des
serveurs augmente s’ils sucrent la facture à l’aide d’un bonbon.
Cette norme aurait un avantage évolutif : pouvoir se défaire de ses propres biens en sachant que l’on peut
compter sur la réciprocité permet de créer des systèmes complexes d’échanges qui favorisent l’adaptation
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collective à l’environnement.
L’attrait : soyez aimable
Se rendre aimable pour convaincre semble être un procédé si évident, que l’on se demande comment on
s’y laisse encore prendre. Se rendre aimable permet de toucher chez la cible le besoin d’affiliation : si qqn est
aimable avec nous, c’est pcq nous le méritons. Nous sommes tellement motivés à croire que l’amabilité
traduit de l’attrait envers nous, que nous ne voyons pas quand elle est utilisée dans un but de convaincre.
L’un des moyens les plus efficaces est d’utiliser la flatterie.
Un autre moyen, est de donner à l’autre l’impression qu’on lui ressemble (même prénom, mêmes gouts
ou opinions…).
L’attirance physique joue évidemment aussi un rôle dans l’aptitude à se faire aimer et à convaincre, assez
en tout cas avant qu’ils ne traitent l’info de façon plus élaborée.
Validation sociale
Pour amener qqn à satisfaire nos demandes, il est utile de les présenter comme relevant d’un consensus
social : tout le monde le fait donc je le fais aussi. Il faut en fait donner l’impression que l’acte s’inscrit dans
une norme évidente.
Cette technique suppose bien entendu que la cible ne procède pas à un traitement élaboré de l’info.
Demandes successives
On peut aussi tenter d’amener progressivement la cible, sans qu’elle ne s’en rende compte, à acquiescer à
des demandes qui lui auraient paru ridicules, si elles avaient été formulées telles quelles.
 Pied dans la porte
Technique de persuasion consistant à faire des demandes successives dont l’importance croit
progressivement. Ainsi, l’effort finalement consenti parait moins considérable que s’il avait été exigé d’un
seul coup.
Cette technique dépend du besoin de consistance : une fois engagés, nous avons du mal à revenir en
arrière sans nous sentir en contradiction avec nous-mêmes (traits instables = désagréable).
 Porte au nez
C’est l’inverse : technique de persuasion consistant à faire une demande excessive dans le but d’en
faire accepter une autre de moindre importance. Nous sommes ainsi rassurés de voir l’idée initiale
remplacée par une plus raisonnable, mais que nous aurions refusée si elle avait été proposée dès le début.
Cette technique dépend de la nécessité à conserver un concept de soi positif : nous ne vouons pas paraître
trop sévères à nos yeux ou ceux du demandeur donc nous acceptons une petite demande. Elle peut aussi
s’expliquer par le sentiment de culpabilité qu’a fait naitre en nous le premier refus.
 Amorçage
Technique de persuasion consistant à faire accepter une entente puis p rendre cette entente
conditionnelle à l’acceptation d’une nouvelle demande : « finalement, ca ne va pas mais je peux vous
proposer ceci en compensation » (la compensation correspond à l’intention initiale du vendeur !).
 Leurre
Technique de persuasion consistant à appâter le client potentiel avec une promesse fallacieuse pour
s’assurer de sa présence physique avant de lui faire une demande. Souvent, l’appât (quantité limitée)
n’existe plus ou pas du tout et devant la déception du client, le vendeur offre un autre produit
 Ce n’est pas tout
Technique de persuasion consistant à faire accepter une demande en l’accompagnant immédiatement
d’un rabais ou d’une prime. Avant que le client n’ait le temps de réfléchir, le vendeur lui propose un rabais
alors qu’il n’a jamais eu l’intention de vendre l’objet au prix initial.
Comment en arriver là ?
Ces techniques ont toutes en commun de nous pousser à faire un travail cognitif qui modifie notre
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perception de soi ou de la situation qu’on nous présente.
5. OBEISSANCE
Lsq l’autorité intervient dans l’influence exercée, on parle d’obéissance. C’est une réponse positive
exercée par une autorité.
Milgram
Il s’est demandé si l’obéissance variait selon certains facteurs.
 Prestige
Même en choisissant un lieu moins prestigieux que l’université pour mener l’expérience, le taux est resté
quasi identique.
 Légitimité
L’autorité doit être reconnue comme légitime. Si l’expérimentateur est remplacé par un compère censé
être un sujet attendant son tour, le moniteur refuse le plus souvent d’y obéir, allant parfois même jusqu’à
l’agresser.
 Proximité de l’autorité et de l’élève
Le taux d’obéissance diminue si le moniteur est dans la même pièce que l’élève, de même si
l’expérimentateur donne ses ordres par téléphone.
 Engagement du moniteur
Si l’expérimentateur demande au moniteur de mettre la main de l’élève sur la plaque induisant le
courant, l’obéissance diminue.
Donc, à la condition de ne pas faire de man eux-mêmes à autrui, presque tous les sujets ont accepté de
faire partie de la chaine.
Comment en arriver là ?
Selon Milgram, plusieurs facteurs expliquent le pouvoir de l’autorité :
 Apprentissage de l’obéissance
Cet apprentissage s’effectue en très bas âge. Il en résulte une norme si importante dans la socialisation de
l’individu, que celui-ci doit fournir un effort particulier pour la défier. Ici, cette norme s’oppose à une norme
tout aussi importante : ne pas faire souffrir autrui. Il semblerait que les enfants n’acceptent pas cette norme
jusqu'au point d’obéir à des commandements qui auraient pour effets directs la souffrance d’autrui.
 Situation d’agent
Le fait que le sujet soit dans une situation passive a aussi une influence. En se définissant comme un
agent (exécutant) et non comme l’initiateur de l’action, le moniteur a tendance à se décharger de l’action sur
la figure d’autorité.
 Recours à des mécanismes de défense
Ce recours renforce l’obéissance. Ces mécanismes sont utilisés par le moniteur pour pouvoir continuer
son travail. Certains se concentrent sur la tâche en essayant de ne pas faire d’erreurs, de donner la bonne
intensité de chocs, d’autres rejette la responsabilité sur l’élève en se plaignant de son incompétence, etc.
 Augmentation progressive des chocs
Le fait de formuler une demande en séquences modifie la perception de la situation par le sujet. Peu de
gens auraient accepté de donner d’emblée un choc violent, mais dans la progression, la différence entre 225
et 240 volts est perçue comme négligeable. Une fois engagé, l’effort nécessaire pour augmenter les chocs
devient relativement minime.
 Personnalité du sujet
Un développement moral moins important ainsi qu’une socialisation basée sur l’obéissance absolue sont
deux facteurs qui prédisposent à l’obéissance destructrice. Les personnalités de types autoritaires, plus
conformistes, ont aussi tendance à obéir plus aveuglément à l’autorité.
Comme pour la normalisation et le conformisme, les explications fondées sur des prédispositions de
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personnalité se révèlent insuffisantes.
6. INNOVATION
C’est l’influence d’une minorité sur la majorité.
Paradigme bleu-vert (Moscovici)
Les expérimentateurs présentent un stimulus ambigu (diapositives bleues ne différant que par la
luminosité) à un groupe. Quand un tiers répond qu’elles sont vertes, la majorité restante va dans le même
sens.
Même si on désapprouve publiquement une minorité, celle-ci exerce une influence sur le jugement. Ce
résultat se manifestant même en privé, on peut en conclure que l’influence est processus d’intériorisation et
pas seulement de soumission : c’est un phénomène de conversion.
Donc, les majorités induisent un chgt public et temporaire, tandis que les minorités auraient une
influence plus indirecte et persistante, répondant à ce que l’on appelle la dépendance informationnelle
(besoin de l’avis d’autrui pour comprendre la réalité).
Facteurs qui l’influencent
Pour être efficace, une minorité doit être cohérente dans ses jugements mais elle ne doit pas se montrer
rigide ou dogmatique. Elle se voit renforcée lsq elle s’inscrit dans le courant général de son époque, c.à.d. lsq
ses positions sont similaires à celles de la majorité sur la plupart des questions, sauf de celle à laquelle elle
cherche justement à s’opposer. Ainsi, les doubles minorités (par exemple être noir et homosexuel) ont moins
d’influence que les minorités simples.
Enfin, plus la minorité a confiance en sa propre position et plus elle sait réfuter les positions de la
majorité par des arguments logiques, plus elle est favorisée.
Pourquoi ?
De nombreux chercheurs prétendent que les même processus interviennent dans le conformisme et
l’innovation. D’autres (Moscovici…) pensent que l’influence plus ou moins souterraine et insidieuse d’une
minorité constante et unanime viendrait du fait qu’elle amène la majorité à réfléchir davantage au stimulus
et à reconsidérer son point de vue qui semblait aller de soi.
Le conformisme résulterait de pressions directes tandis que l’innovation découlerait de la stimulation du
travail cognitif de la majorité.
Aujourd’hui
L’influence de la minorité est plus marquée quand la réponse est privée et indirecte, contrairement au
conformisme. Donc, les gens font semblant de suivre la majorité quand ils sont devant elle, mais en privé, ils
manifestent l’influence que la minorité exerce sur leurs jugements.
7. RESISTANCE A L’INFLUENCE
Indépendance et anticonformisme
L’indépendance est le maintien du cpt ou des croyances d’une personne en dépit des pressions
d’autrui. Dans un groupe marqué d’une grande cohésion, cette réaction peut couter cher. Cette réaction peut
aussi entrainer un mouvement favorable à l’innovation.
Cependant, les personnes dont le statut dans un groupe est faible peuvent difficilement résister aux
pressions, à moins que leur statut soit si faible, qu’elles n’aient rien à perdre.
Crédits idiosyncrasiques : le conformisme permet de se faire aimer et d’améliorer son statut dans le
groupe, et l’on tolère davantage la déviance d’un membre dominant.
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Le refus des pressions sociales peut aussi se manifester par anticonformisme : adoption délibéré d’un
cpt ou d’une croyance qui va à l’encontre du cpt ou de la croyance majoritaire. Il s’agit bien d’une réaction
d’adaptation à la demande sociale, mais d’une adaptation à rebours. L’individu va à l’encontre de la
demande, même si elle est en accord avec ses désirs personnels.
Pourquoi résister ?
L’une des raisons est le besoin d’être unique, qui est aussi fort que celui d’être intégré à un groupe. Un
cpt globalement conformiste s’accompagne donc souvent de manifestations d’indépendance sur des points
particuliers.
Une autre raison est liée à la réactance, c.à.d. la réaction au sentiment d’avoir perdu sa liberté. Elle mène
généralement à l’anticonformisme.
Enfin, de la même façon que le besoin d’affiliation et l’importance des valeurs collectives sont des
facteurs de conformisme, le besoin de garder la maitrise des événements stimule l’anticonformisme et
l’indépendance. Une personnalité antisociale prédispose aussi à résister à l’influence sociale.
Faut-il résister ?
Dans notre culture, l’autonomie passe pour une qualité. Même si les expériences nous montrent les
dangers de suivre la majorité, les mécanismes mis en évidence sont utiles dans la vie. La normalisation et le
conformisme permettent une certaine cohésion sociale car ils nous fournissent un cadre de référence
commun. L’innovation nous ouvre la voie à des idées nouvelles, et l’obéissance à l‘autorité est un facteur de
socialisation efficace (l’autorité des parents semble bénéfique pour les ados !).
La résistance n’est d’ailleurs pas toujours un idéal ou une attitude positive car elle peut signifier que la
personne refuse de profiter des expériences et enseignements des autres. Cela peut l’entrainer à ne pas suivre
des conseils de prudence, par exemple.
Notre illusion d’invulnérabilité nous rend aveugle au pouvoir d’autrui, augmentant ainsi ce pouvoir.
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Chap 7 : Les relations interpersonnelles
1. L’AFFILIATION : POURQUOI CREONS-NOUS DES LIENS AVEC LES AUTRES ?
Nous nous affilions aux autres sans doute pcq ils nous apportent beaucoup. Nos relations répondent à
six besoins affiliatifs : d’attachement (sécurité et confort), d’intégration sociale : (les personnes avec
lesquelles nous nous lions nous confirment en partageant nos centres d’intérêt et nos attitudes), d’être
valorisé, d’aide et de soutien, de conseils, d’être utile en nous occupant des autres.
Aucune personne que nous fréquentons ne peut combler tous ces besoins ; nous faisons donc appel à un
réseau relativement complexe de relations.
2. LES DETERMINANTS DE L’ATTRACTION
a. L’influence de la situation : proximité et familiarité
On est tenté de croire que les sources d’attraction sont des caractéristiques intrinsèques
(personnalité, humour…) : nous faisons en fait l’erreur d’attribution fondamentale car nous aimerions
que ces caractéristiques constituent le facteur déterminant dans notre choix. Or ce choix est fort
influencé par des facteurs situationnels.
 Proximité : loin des yeux, loin du cœur
La proximité physique est déterminante dans l’attraction : plus on a de chances de rencontrer des gens,
plus on a d’amis.
Cela pourrait être dû au simple fait que les gens qui vivent près de chez nous sont plus accessibles.
Ceux que nous côtoyons sont souvent ceux que le hasard a mis près de chez nous (voisin de banc à
l’école qui deviennent des amis,…). Par conséquent, le moyen le plus efficace de rencontrer des gens est
de fréquenter un milieu où il y a beaucoup de monde.
Une autre explication renvoie au concept de dissonance cognitive : comme nous voyons souvent les
personnes qui sont près de nous, nous avons intérêt à les aimer. Nous aurions donc tendance à valoriser
leurs points positifs (ou à en inventer) et à considérer comme peu importants leurs points négatifs.
Enfin, certains psys ont avancé que la proximité favorise l’attraction pcq la familiarité entraine
l’attraction.
 Familiarité
Ce sont les objets et les gens que nous voyons le plus souvent, que nous connaissons bien et avec
lesquels nous somme le plus à l’aise, que nous préférons. Le contact répété produit des réactions
positives envers le stimulus : il s’agit de l’effet de la simple exposition, c.à.d. une préférence pour
les stimuli auxquels nous avons déjà été exposés. Il n’est pas nécessaire d’avoir conscience de la
familiarité du stimulus pour que l’effet ait lieu.
La plupart du temps, les relations naissent avec quelqu’un que l’on voit souvent et avec qui nous gagnons
petit à petit en familiarité. Ce scénario est beaucoup plus courant que le coup de foudre.
 Proximité et familiarité : limite des effets
La familiarité peut entrainer une baisse de l’attraction lorsqu’elle atteint un niveau extrême. Par
exemple, une chanson que l’on aime bien mais que l’on entend trop finit par nous déplaire. De même que
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croiser un voisin que nous n’apprécions pas beaucoup : après quelques temps, nous finirons par
franchement le détester.
b. L’influence des caractéristiques personnelles : qu’est-ce qui nous attire chez les
autres ?
 La beauté physique
Malgré ce que l’on prétend, l’apparence physique joue un rôle primordial. S’associer avec une belle
personne apporte des avantages. Par exemple, lorsqu’un individu est vu avec une belle personne, les
autres l’évaluent de façon plus favorable.
 Le biais en faveur de la beauté : ce qui est beau est bon
Une autre raison est le biais en faveur de la beauté : c’est la tendance à attribuer d’emblée aux
belles personnes des caractéristiques recherchées.
Les individus appliquent systématiquement aux belles personnes (homme ou femme) plus de succès, de
bonheur, d’intelligence, de sociabilité, bref plus de qualités. Donc pour attirer les autres, les belles
personnes n’ont pas vraiment besoin de posséder ces qualités intérieures : on les leur prête
spontanément !
Les effets de ce biais sont que nous trouvons les beaux beaucoup plus intéressants que les autres. Il
peut aussi avoir l’effet d’une prophétie sui s’autoréalise : nous agissons de façon positive à l’égard des
belles personnes, ce qui les incité à agir en fonction de nos attentes et des caractéristiques que nous
leur prêtons. Ce biais a des conséquences : par exemple en justice, les belles personnes reçoivent des
peines plus légères que les personnes moins attirantes.
Les beaux n’ont pas plus de qualités, ou tout au plus de meilleures habilités sociales, qui sont les effets
directs de ce que leur apporte la beauté dans les situations sociales.
 Qui est beau ?
L’évaluation des caractéristiques physiques positives ou négatives dépendent de la culture, de l’époque
ou la mode. Cela dit, certains visages sont considérés comme attirants par tous, peu importe la culture.
Certaines recherches confirment que plus un visage est symétrique, plus il nous semble attirant.
D’autres recherches révèlent que nous préférons les visages moyens aux visages atypiques, c.à.d. dont
la configuration des traits est moyenne : tailles moyennes, distances moyennes, nez moyen, etc.
En ce qui concerne le reste du corps, le ratio taille hanche ou épaules hanche joue un rôle important :
les hommes préfèrent les femmes dont la différence entre la taille et les hanches est plus marquée et
les femmes préfèrent les hommes dont les épaules sont plus larges que les hanches.
 Quelques inconvénients de la beauté
L’attraction ne donne pas forcément lieu à une prise de contact. Si nous sommes attirés par les
personnes très belles, nous avons en revanche peur qu’elles nous rejettent.
Lorsque les belles personnes sont félicitées, elles peuvent avoir tendance à attribuer leur succès à leur
beauté plutôt qu’à leurs qualités intérieures. Comme elles peuvent difficilement faire confiance aux
rétroactions positives qu’elles reçoivent, elles peuvent être anxieuses et avoir une faible estime d’ellesmêmes.
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Les belles personnes sont aussi victimes de stéréotypes négatifs (femme belle = vaniteuse et égoïste,
bel homme = stupide) et elles suscitent plus la jalousie et l’hostilité. Elles ne sont donc pas plus
heureuses que les autres.
Nous nouons des relations avec des personnes que nous considérons comme à peu près à notre niveau
pour ce qui est de la beauté et dont la valeur correspond à peu près à la nôtre.
c. Choisir son partenaire : similitude ou complémentarité ?
 Similitude : qui se ressemble, s’assemble
Nous sommes attirés par les gens qui nous ressemblent ou dont nous avons l’impression qu’ils nous
ressemblent, autant dans les relations amicales qu’amoureuses. Les amoureux et époux ont tendance à
se ressembler autant physiquement et socialement qu’en matière de capacités intellectuelles. Il semble
même que des conjoints ayant des personnalités similaires sont plus heureux que ceux dont les
personnalités diffèrent.
Une première explication renvoie à la théorie de l’équilibre de Heider : si nous aimons les gens qui
partagent nos attitudes, gouts et façons de vivre, c’est pcq nous avons avec eux des relations
équilibrées. En cas de désaccord, il y a trois possibilités : convaincre l’autre, changer d’avis, ou laisser
tomber l’autre (dans ce dernier cas il faut que le sujet de désaccord soit essentiel pour nous).
Selon une deuxième explication provenant du behaviorisme, si nous aimons les gens qui nous
ressemblent (avec lesquels nous sommes en accord), c’est pcq ils nous renforcent dans ce que nous
sommes, faisons et pensons, voire nous récompense pour ce que nous sommes. Le fait de se sentir
renforcé systématiquement par une autre personne est un facteur d’attraction. Il semblerait que nous
ayons même tendance à surestimer le degré de similarité réelle avec notre partenaire amoureux, ce qui
a pour effet d’augmenter la satisfaction que nous avons de la relation.
Troisième explication possible : il se pourrait que la ressemblance soit la conséquence de nos relations
et non l’origine, grâce à l’influence de l’un sur l’autre.
Enfin, selon une quatrième explication, il se pourrait que nous entretenions des relations avec ceux qui
nous ressemblent pcq c’est ce type de personnes
 Complémentarité : les contraires s’attirent
Il arrive que nous recherchions chez nos amis et amoureux des caractéristiques que nous n’avons pas.
Ainsi, les personnes ayant une faible estime de soi ne sont pas attirées par des personnes qui leur
ressemblent (si on ne s’aime pas, on ne veut pas côtoyer des gens semblables à nous !). Il semblerait
aussi que ce soit parce que nous ne voulons pas être en concurrence avec l’être aimé dans des domaines
qui nous importent.
d. Quelques autres caractéristiques personnelles
Il existe encore d’autres facteurs personnels d’attraction.
D’abord, nous aimons ceux qui semblent avoir une image positive de nous et qui donnent l’impression de
nous apprécier. Mais parmi celles qui nous apprécient, nous préférons celles qui ont d’abord eu une
image négative de nous : cela nous donne une impression de gain.
Ensuite, nous préférons les personnes qui semblent chaleureuses, gentilles et compréhensives.
L’intelligence, le physique (surtout des femmes) et la santé financière (surtout des hommes) favorisent
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aussi l’attraction.
Enfin, nous préférons éviter les personnes apparemment susceptibles de nous être infidèles.
Notre attirance dépend donc de facteurs externes (proximité, familiarité…) et de facteur qui relèvent
de l’individu (beauté, similitude, complémentarité).
3. DE L’ATTRACTION INITIALE AUX RELATIONS INTIMES
Les études en laboratoire sont utiles pour étudier le moment où l’attraction apparaît. Cependant, elles
ne sont pas révélatrices du devenir des relations qui en découlent.
e. Le développement des relations intimes : théorie des stades
Certains auteurs affirment que le chemin menant d’une relation interpersonnelle à une relation intime
est uniforme et prévisible. Selon Murstein, la relation comporte 3 stades : d’abord, elle s’amorce grâce
à des stimuli extérieurs : attirance physique, désir, sensation de bien-être avec l’autre. Ensuite, les
partenaires s’assurent que leurs valeurs sont similaires, Enfin, la relation repose sur le fait que chacun
des partenaires joue adéquatement son rôle de conjoint. Même si les 3 stades (stimuli, valeurs, rôles)
sont présents à chaque étape de la relation, chacun prévaut durant un seul stade (cfr figure 7.3 p 233).
Cette théorie suppose une dynamique entrainant des échanges de plus en plus intenses et que les
relations dépendent de sentments et de besoins internes.
Selon d’autres théories, la relation commencerait de façon superficielle sous l’effet d’une motivation
extrinsèque. Elle évoluerait ensuite vers une confirmation de plus en plus claire de l’existence et de la
légitimité de l’attirance entre les deux personnes. Il semblerait que les couples passeraient les stades à
différents moments.
f. Le behaviorisme et la théorie de l’échange social : aimer quand c’est payant
Dans la vision béhavioriste, la relation amoureuse repose sur le renforcement. Si l’on aime quelqu’un,
c’est simplement parce qu’on retire du plaisir dans les interactions que l’on a avec elle. Nous tentons
toujours de reproduire les réponses qui nous font du bien et à éviter celles qui nous causent du
déplaisir, bref, nous maximisons nos chances d’obtenir du renforcement.
Pour les béhavioristes, les sentiments sont les conséquences du comportement, donc nous aimons qqun
parce que nous le fréquentons, et non l’inverse. Cette théorie a ses limites car nous ne nous séparons
pas forcément dès que le renforcement diminue.
Pour dépasser ces limites, certains auteurs proposent des « théories de l’échange social » :
Selon Homans, la relation amoureuse est semblable à une transaction commerciale : on échange des
biens contre des biens, chaque partenaire recherchant le plus grand bénéfice au moindre coût. Si les
coûts dépassent les bénéfices, la transaction devient déficitaire et la relation a tendance à ne pas se
prolonger. Chaque partenaire possède des ressources qu’il troque avec l’autre : affection, satisfaction
sexuelle, sentiments, prestige, argent, statut social, etc.
Une relation satisfaisante ne comporte pas que des bénéfices (malgré l’impression qu’on en a durant les
quelques premiers mois). Pourtant, nos jugements étant subjectifs, nous n’évaluons pas tous de la
manière les coûts et les bénéfices. Le biais égocentrique : chaque partenaire a l’impression d’en faire
plus que l’autre. Il semblerait que le niveau d’engagement dans une relation influence significativement
l’évaluation que les hommes font de leur partenaire : ils évaluent les qualités de l’autre de façon
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exagérément positive s’ils sont très engagés et inversement s’ils ne le sont pas.
On ne peut évaluer la satisfaction d’un individu dans son couple sans tenir compte de ses attentes et
expériences passées. C’est le niveau de comparaison, c.à.d. le standard à partir duquel une
personne juge les bénéfices et coûts associés à une relation. Il sera très élevé chez une personne
qui a des attentes élevées et qui a eu des relations très satisfaisantes dans le passé (les bénéfices
devront largement dépasser les coûts).
Les auteurs ont rajouté le concept de niveau de comparaison des solutions de rechange : évaluation
des coûts et bénéfices associés aux possibilités qui s’offrent pour remplacer une relation. Les
coûts d’une relation peuvent excéder les bénéfices mais les coûts d’une rupture peuvent excéder ceux
de la relation. Il sera plus facile de rompre si l’on est autonome financièrement, sans enfants et si l’on a
déjà des remplaçants intéressants en tête.
Enfin, le choix entre poursuivre ou interrompre une relation dépend de ce qu’on y a investi.
L’investissement correspond à ce qui a été investi dans une relation et qui ne pourra pas être
récupéré en cas de rupture. Quand la relation est satisfaisante, nous avons l’impression que notre
investissement a porté ses fruits, et cet investissement renforce notre engagement. Mais si nous avons
investi beaucoup et qu’elle n’est pas satisfaisante, nous nous retrouvons en état de dissonance
cognitive.
Donc : Bénéfices – Couts = Résultat
Résultat – Niveau de comparaison = Satisfaction
Satisf. – Niveau de comp. des solutions de rechange + investissement = Engagement
g. L’amitié et l’amour : différence quantitative ou qualitative
Selon certains auteurs, les théories des stades et de l’échange social ont défaut d’assimiler les
relations amoureuses à des relations amicales particulièrement intenses : ces théories insisteraient
trop sur l’aspect quantitatif de la relation amoureuse et sur le fait que plus l’attraction est forte, plus
la relation a des chances d’être amoureuse et non amicale.
Selon des chercheurs, il existe en réalité une différence qualitative entre l’amour et l’amitié. Le souci
de l’autre, l’attachement et le besoin d’exclusivité dans la relation caractériserait l’amour, tandis que la
conscience des ressemblances avec l’autre et l’estime qu’on a pour lui seraient des composantes de
l’amitié.
Comment expliquer l’amour ?
h. Deux facettes de l’amour : affection et passion
Il existe des variantes dans la catégorie « amour ».
On distingue l’amour-passion (amour caractérisé par un état d’excitation intense combinant extase
anxiété et obsession) de l’amour-affection (amour reposant sur la confiance, l’admiration et le
respect mutuels). Ce dernier se noue lentement, au fur et à mesure que les deux personnes
construisent leur relation.
L’amour-passion est l’amour aveugle, dans lequel on idéalise l’autre personne et on n’agit qu’en fonction
d’elle. On ne peut l’expliquer par des théories behavioristes car la passion est irrationnelle.
On a plutôt recours à la théorie bifactorielle. L’émotion serait chez l’humain un processus en deux
étapes : D’abord l’émotion amènerait une activation généralisée de l’organisme, ensuite, l’individu
22
chercherait dans l’environnement les causes de cette activation.
La passion commencerait par activation physiologique comme des hérissements, une respiration
saccadée, une accélération du rythme cardiaque, etc. Pour conclure que ces manifestations sont dues à
l’amour, le deuxième facteur intervient : la personne cherchera les causes dans son environnement et
pourra ainsi remarquer que telle ou telle personne la met dans cet état. Une erreur est cependant
possible : le transfert d’excitation est un phénomène où l’activation causée par un stimulus est
transférée et additionnée à celle causée par un autre stimulus.
L’amour-passion peut durer de quelques mois à quelques années. On pense souvent qu’après, l’amour
diminue. Or, ce qui déclinerait à mesure que le temps passe, est plutôt l’anxiété (peur de perdre l’autre)
et l’activation physiologique correspondante, et pas seulement l’attirance comme telle. Le fait que
l’amour soit aveugle explique sa courte durée : avec le temps, on évalue l’autre avec plus de réalisme, on
le voit tel qu’il est et non tel qu’on aimerait qu’il soit. Quand le couple survit, c’est souvent que l’amourpassion s’est transformé en amour-affection.
i. La typologie de Lee : les couleurs de l’amour
P. 241
j. Théorie triangulaire de Sternberg : intimité, passion et engagement
Selon cette théorie, l’amour comporte trois ingrédients de base.
L’intimité correspond à la composante émotionnelle, au sentiment d’être proche de l’autre et de
partager des choses avec lui. Quand l’intimité est élevée, la relation est chaleureuse et caractérisée
par un souci et un soutien de l’autre.
La passion est la composante motivationnelle de l‘amour, qui est caractérisée par de l’attirance et de
l’activation physiologique. Elle interagit beaucoup avec la passion : selon les cas, l’une entraine l’autre.
Parfois elles sont négativement corrélées.
La composante décision-engagement comporte un volet à court terme et un à long terme. A court
terme, il s’agit de la décision d’aimer l’autre, à long terme c’est l’engagement de poursuivre la relation,
de rester l’un près de l’autre, qui ne se manifeste pas toujours par une décision consciente.
Ces trois composantes peuvent être représentées sur les côtés d’un triangle. Toute relation amoureuse
comporte, à des degrés variables, chacune de ces composantes dont le niveau de chacune détermine
huit types d’amour. L’amour idéal correspondrait à un triangle équilatéral (les trois composantes sont
élevées).
4. LA SOLITUDE : ETRE SEUL ET AVOIR BESOIN DES AUTRES
La solitude est le plus souvent décrite comme un état désagréable. Ce sentiment est variable, il peut
aller d’un vague malaise à une souffrance intense et persistante. C’est un état de manque et
d’insatisfaction résultant de la non correspondance entre le genre de relations sociales que nous
souhaitons et celles que nous avons. Il ne faut pas confondre la solitude et le fait d’être seul
physiquement.
On associe souvent la solitude à la vieillesse. Pourtant, même si en vieillissant, ce sentiment s’accroit, il
23
n’atteint jamais le niveau ressenti pas les 18-25 ans.
Les personnes mariées se disent moins seules que les personnes qui ne le sont pas mais qui l’ont été. En
revanche, les personnes qui n’ont jamais été mariées ne se sentent pas plus seules que les personnes
mariées.
Le niveau de solitude dépend en bonne partie du soutien social reçu par les élèves. Les biais cognitifs y
contribuent aussi : un élève qui s’attend à être rejeté et critiqué va interpréter de manière négative
l’information sociale et ainsi être moins sensible aux ouvertures des autres, ce qui le maintiendra dans
un état de solitude. Les personnes ayant eu peu d’attachement de la part des parents s’attendent
souvent à subir le même sort dans leurs autres relations sociales.
Les personnes souffrant de solitudes sont souvent timides, introverties, peu sures d’elles, plus
conscientes d’elles-mêmes et ont peu d’habilités sociales.
24
Chap 8 : l‘agression
1. Qu’est-ce que l’agression ?
Agression = comportement physique ou verbal visant intentionnellement à blesser autrui. L’agression
n’est pas :
De l’agressivité : l’agression est un cpt tandis que l’agressivité est un trait de caractère, un état
affectif ou encore une attitude. L’une n’implique pas l’autre.
De la colère : la colère est une émotion. Elle accompagne souvent l’agression mais n’est pas une
condition nécessaire.
De la violence : la violence est une forme extrême d’agression qui constitue une tentative
délibérée de provoquer chez autrui une blessure psycho ou physique grave. Tout cpt violent est une
agression mais toute agression n’est pas assimilée à de la violence.
L’agression peut être physique ou verbale (rumeur, insulte…), directe ou indirecte (exemple : abimer
délibérément la propriété d’autrui).
On distingue l’agression hostile (manifestée dans la seule intention de blesser autrui) de l’agression
instrumentale (manifestée dans un but autre que de blesser autrui). Dans de nombreuses situations,
l’agression est commise pour les deux buts.
Il arrive qu’elle soit commise dans un but positif aux yeux de l’agresseur, même si elle provoque, du
moins à court terme, de la douleur physique ou psycho chez l’autre (parent qui punit…)
L’agression est parfois nécessaire à la défense.
2. Causes
Explications physiologiques
Système nerveux : l’existence de lésions dans les régions du cerveau qui contrôlent le cpt peut mener à des cpt
agressifs, notamment les dommages aux lobes frontaux, qui diminuent la conscience de soi, des émotions
d’autrui et son propre cpt social. Cette explication ne suffit pas à tout expliquer.
Hormones : il existerait un lien de causalité entre l’agression et la testostérone, mais ce n’est pas sûr. Un
niveau élevé de testostérone entrainerait plutôt des cpt de dominance. Habituellement, l’homme apprend à
exprimer sa dominance de manière non agressive, car il sait que ce n’est pas un moyen efficace d’accéder à ce
qu’il désire. Les personnes dont la socialisation est déficiente n’apprennent pas à dominer sans agresser.
Hérédité : la fréquence et l’intensité des cpt agressifs se transmettent d’une génération à l’autre : les enfants
apprennent les cpts agressifs de leurs parents. Il semblerait que l’hérédité a un effet important. Il existe aussi
un lien entre agression et environnement social, indépendamment des prédispositions génétiques
(apprentissage…).
L’instinct
Eros et Thanatos : selon Freud, l’agression est inhérente à la nature humaine. L’homme serait déchiré
inconsciemment entre deux pulsions : l’Eros (pulsion de vie qui pousse à la sexualité et la créativité) et le
Thanatos (pulsion de mort qui nous pousse à nous détruire et à détruire les autres). Nous apprenons dès le
plus jeune âge à contrôler ces pulsions mais la pulsion agressive n’est reste pas moins très puissante.
Approche éthologique : (discipline scientifique qui s’intéresse à l’étude comparative des fondements
biologiques du cpt animal et du cpt humain). Pour Lorenz, les individus sont agressifs car ils sont en
compétition constante pour assurer leur survie. L’agressivité serait donc une caractéristique adaptative car
elle représente un avantage. Elle serait donc instinctive et persisterait pcq elle est nécessaire à la survie.
Théorie de la frustration-agression
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La frustration est un état provoqué par un événement qui empêche la réalisation d’un but. Selon cette
théorie, la plupart des frustrations entrainent l’agression et toute agression nait d’une frustration.
L’agression est souvent dirigée contre une cible qui représente la cause de ses malheurs.
L’intensité de l’agression dépend de la frustration : elle sera plus faible si nous sommes temporairement
empêchés d’atteindre un but. L’agression peut être directe (sur l’objet ou la personne responsable) ou
indirecte (reportée symboliquement sur une autre cible).
Nous apprenons au cours de notre socialisation à donner des réponses non agressives à notre frustration
(fuir la situation, chercher d’autres moyens d’arriver au but…). Nos attributions déterminent aussi notre
réaction : nous sommes plus agressifs si nous considérons que l’auteur l’a fait exprès.
Toutes les expériences, et pas seulement la frustration sont susceptibles de mener à l’agression (mauvaises
odeurs, stress, chaleur…). Certains indices ont une signification agressive pour nous pcq ils sont associés à
des situations désagréables et peuvent aussi mener à de l’agression (couleur noire car représente a violence
et le deuil…).
La présence d’une arme à feu peut aussi favoriser l’agression.
La catharsis (idée selon laquelle l’expression réelle ou imaginaire de l’agression soulage, produit de la
satisfaction et réduit l’agression future) ne semble pas être une solution.
Apprentissage social : récompense et imitation
Très tôt dans la vie nous constatons que l’agression paie (par nos propres cpts ou l’observation des csq de
celui des autres): il s’agit du conditionnement opérant (le renforcement de comportements agressifs
augmente l’agression).
Cfr expérience de Bandura.
Ainsi, les enfants témoins de violence sont plus susceptibles de développer de l’agressivité et une grande
proportion des personnes violentes ont elles-mêmes été victimes de violence. Lsq les enfants sont témoins de
violence, ils apprennent que c’est un moyen acceptable de réagit lsq ils sont en colère ou en conflit.
Il existe aussi des différences culturelles en ce qui a trait à l’agression. Nous imitons aussi les modèles
proposés dans les médias.
Modèle général
Deux types de facteurs déterminent la tendance d’une personne à réagir de façon agressive : les facteurs
relevant de la personne et les facteurs situationnels. Ils agissent sur les cognitions, les affects et l’activation
physiologique de la personne, qui vont à leur tour déterminer son cpt.
- Facteurs relevant de la personne : traits de perso, attitudes, prédispositions génétiques. Le fait d’avoir
une estime de soi élevée et d’attribuer de l’hostilité aux autres rend l’individu plus susceptible
d’agresser. Les hommes sont plus agressifs que les femmes (agression aussi plus directe que les
femmes). L’observation de l’agression et les biais de renforcement favorisent aussi l’agression.
- Facteurs situationnels : la vue de certains objets, les conditions déplaisantes, la consommation de
psychotrope peuvent favoriser l’agression.
Sur le plan cognitif, l’agression est reliée à des pensées hostiles (de façon chronique ou ponctuelle), sur le
plan affectif, elle fait ressentir de l’hostilité et de la colère et sur le plan physiologique, elle est renforcée par
l’effort physique ou une température élevée. On observe aussi le phénomène de transfert d’excitation.
Cet état interne détermine la façon dont la personne perçoit la situation. La première évaluation de la
situation se fait spontanément et très rapidement. Si elle nous satisfait, le cpt agressif peut suivre très
rapidement, sinon, nous réévaluons la situation jusqu’à ce que nous soyons satisfaits.
Notre cpt aura un effet sur notre environnement social, qui aura un effet sur notre fonctionnement interne
via les facteurs perso et situationnels ; nous revenons à la case départ.
3. Violence dans les médias
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Les films violents semblent avoir une influence sur nos cpts agressifs. La consommation d’émissions
violentes favorisent l’agression mais ne résultent pas d’une propension à agresser.
Même l’effet de la télé semble à première vue limité, l’omniprésence de la télé et l’exposition répétée
peuvent avoir un effet important, même s’il n’est pas le plus déterminant.
Jeux vidéo : selon les défenseurs, jouer aurait un effet cathartique. A l’inverse, certains craignent un effet
encore plus important que celui de la télé : les personnes qui y jouent ne sont pas passives comme à la
télé, elles tuent des adversaires et subissent elles-mêmes de l’agression. Les jeux favorisent donc
l’agression chez les enfants et les jeunes adultes et diminuent le cpt prosocial, surtout chez les hommes et
ceux qui sont déjà agressifs.
Pourquoi ? Selon Bandura, nous imitons les modèles que nous voyons à l’écran. Ces modèles ont un effet
sur nos croyances : nous sommes ainsi portés à croire que l’agression est une bonne façon de régler un
conflit et que le monde est hostile.
La violence éveille en nous des idées et des émotions qui peuvent nous amener à réagir de manière plus
agressive à la provocation. De plus, la télé violente est excitante et l’activation physiologique favorise
l’agression.
Elle a aussi un effet de désensibilisation : nous sommes de plus en plus indifférents à l’agression, ce qui
peut nous pousser à ne plus régir face à elle ou à la souffrance d’autrui.
4. Pornographie
Tout matériel à contenu érotique, quel que soit le médium utilisé.
L’existence d’un lien entre la violence sexuelle et la pornographie ne signifie pas que la violence est
causée par la pronographie.
Les films pornographiques, en particulier ceux comportant des scènes de violence ou la victime semble
apprécier son sort, peuvent pousser au viol des individus ayant peu d’inhibitions et possédant des
tendances agressives.
L’effet de la pornographie peut être du au fait qu’elle modifie la perception que les hommes ont des
femmes et de leur réactions aux avances sexuelles. Elle peut augmenter les croyances aux mythes du viol.
Les sujets exposés à des films pendant une longue période se désensibilisent au viol et les apprécient
même de plus en plus.
27
Chap 10 : le comportement dans les groupes
La vie en groupe occupe dans le quotidien une très grande place. Dès les premiers instants de notre vie,
nous évoluons au sein de ce groupe qu’est la famille. Les groupes sont un puissant facteur de
socialisation. Le soi est avant tout le reflet de l’image que les autres renvoient à l’individu et les
groupes dont nous faisons partie influent de façon déterminante sur notre manière de voir le monde.
Nous cherchons sans cesse à se créer un monde significatif et prévisible : la vie en groupe a une grande
importance dans cette démarche.
1. Qu’est-ce qu’un groupe ?
Un groupe est formé de deux personnes ou plus qui doivent : entrer en interaction, avoir des buts
communs, entretenir une relation relativement stable, présenter une certaine interdépendance et
se percevoir comme faisant partie d’un groupe.
Les structures et les normes de ces groupes sont stables aussi.
Les interactions entre membres et leurs buts communs supposent qu’ils exercent une certaine influence
les uns sur les autres. Ce que fait un membre ou ce qui lui arrive a un impact sur le reste du groupe.
La seule condition absolument nécessaire et l’identification consciente au groupe : il y a un groupe dès
que les individus rassemblés se perçoivent comme tel.
2. Les fonctions des groupes : pourquoi se regrouper ?
Naturelle ou pas, la vie en groupe est le mode de vie le plus courant. Les individus se regroupent pour
plusieurs raisons.
D’abord, les groupes peuvent aider une personne à atteindre des buts autrement inaccessibles.
Ensuite, les groupes permettent de combler des besoins psychologiques et sociaux importants, comme
l’affection, l’attention et la sécurité. Nous nous joignons aussi aux autres pour nous amuser
On se joint également à des groupes pour acquérir des connaissances ou pour obtenir des informations
(cours…).
Enfin, faire partie de groupes contribue à établir notre identité.
L’identification aux groupes est tellement importante que l’on constate qu’en divisant arbitrairement les
gens, il se forme rapidement un biais cognitif dans le traitement des données de l’environnement. Se
regrouper permettrait donc de se définir, de d’élaborer son concept de soi. Cependant l’identification
est parfois tellement profonde, que la personne risque de perdre son identité propre (cfr exemple du
Stanford Prison Experiment)
3. La structure des groupes : rôles et statuts
Les groupes, même informels ne fonctionnent pas au hasard des interactions entre leurs membres. Il
n’existe pas de groupes inorganisés.
Le rôle est la fonction que chaque individu exerce dans un groupe, tandis que le statut est la
28
position qu’occupe un individu dans un groupe. Souvent, le leader émerge naturellement dans le
groupe, sans que ce titre ne lui soit explicitement accordé.
Dans les groupes très structurés (armée, Eglise…) la distribution des rôles et l’établissement des
statuts constituent la base même du fonctionnement du groupe. Ils sont souvent déterminés par un
grade ou un titre accompagné de fonctions précises. Dans les groupes informels, cela ne va pas de soi.
4. La cohésion : qu’est-ce qui nous unit ?
La cohésion est le degré d’attraction que les membres ressentent à l’égard du groupe auquel ils
appartiennent. Elle n’est pas définitive : une intrusion peut par exemple amener les membres d’un
groupe à se voir moins souvent, jusqu’à la dissolution du groupe. Elle dépend aussi de la correspondance
entre les buts poursuivis par les membres et les buts du groupe.
Le succès y contribue aussi : c’est souvent lorsqu’un groupe est confronté à un échec que sa cohésion
s’effrite. La compétition intergroupe est aussi un facteur qui renforce la cohésion : face à un rival, les
membres ont tendance à s’entraider et à évaluer leur groupe de façon plus positive.
Effets de cette cohésion : d’abord, les membres du groupe communiquent davantage et participent plus
aux activités du groupe. Ils ont un meilleur esprit de collaboration, s’influencent plus fortement les uns
les autres et semblent plus respecter les normes du groupe. Un groupe cohésif est plus productif si la
tâche à accomplir nécessite un travail de groupe et que l’efficacité représente un but important pour le
groupe.
Toutefois, une trop forte cohésion risque de nuire à la performance du groupe : le plaisir que les
membres prennent à interagir (quand le groupe est très cohésif) risque de leur faire perdre de vue les
buts du groupe et de négliger le travail à accomplir.
5. La présence des autres : effet sur le rendement individuel
a. Facilitation sociale : effet sur le rendement individuel
Triplett a remarqué que les cyclistes qui couraient seuls étaient nettement plus lents que ceux qui
roulaient avec d’autres cyclistes. Il a conclu que la présence des autres favorise la performance
individuelle. Il s’agit de la facilitation sociale : effet positif de la présence des autres sur la
performance.
Mais la présence des autres n’est pas toujours facilitante : elle peut aussi nuire au rendement.
 Modèle de Zajonc : les autres en tant que stimulants
Il s’agit d’un modèle qui permet d’explication l’apparente contradiction du fait que tantôt la présence
d’autrui facilite la performance, tantôt elle le diminue.
Nous somme physiologiquement stimulés par la présence d’autrui et il s’agirait même d’une tendance
innée. Cette stimulation facilite chez l’individu l’apparition de la réponse dominante, c.à.d. la réponse
qu’il est le plus susceptible d’émettre dans une situation donnée.
- Si la tâche est simple, la réponse dominante est la bonne et la présence des autres améliore
29
notre performance.
- Si la tâche est complexe, la réponse dominante est incorrecte et la présence des autres est
nuisible.
Donc plus on maitrise une tâche, plus la présence des autres est facilitante.
b. Paresse sociale : le tout est moins que la somme des parties
Le rendement individuel est moins bon lorsque nous travaillons en équipe. La paresse sociale est la
tendance à fournir un effort moindre lorsqu’un tâche est effectuée en groupe plutôt
qu’individuellement. Lorsqu’on n’est pas seul, on ne va pas au bout de ses capacités.
Cela n’implique pas que travailler en équipe est inutile : la somme des efforts individuels, même réduits,
donne un rendement généralement supérieur à l’effort qu’un individu fournit en travaillant seul.
 Une explication du phénomène : diffusion de la responsabilité
Selon Latané, il y a une diffusion de la responsabilité au sein des groupes : la responsabilité d’agir, au
lieu d’être assumée individuellement, est divisée en autant de parties qu’il y a d’individus dans le groupe.
Cela est valable aussi pour la participation à une tâche collective quand il est difficile d’évaluer
clairement l’effort que doit fournir chaque individu : on compte les uns sur les autres donc la
responsabilité est divisée. L’individu fournira donc un effort proportionnel à la responsabilité qu’il
ressent.
 Réduire la paresse sociale
On combat ce phénomène en augmentant le sentiment de responsabilité personnelle de chaque membre
du groupe. Il faut alors faire en sorte que les membres croient que leur contribution à la tâche
commune est identifiable. On réduira donc la paresse en demandant à chaque membre d’évaluer la
participation et le rendement des autres.
Il y aura d’autant moins de paresse sociale que la tâche est importante et que les gens sont motivés à la
réaliser.
L’envers de la médaille est la compensation sociale : elle s’enclenche quand nous percevons que l’effort
ou la performance des membres de notre groupe laisse à désirer. Nous fournissons alors plus d’efforts
pour tenter de compenser la défaillance. Si les autres ne précisent pas s’ils s’investissent fort ou non,
nous nous basons sur nos stéréotypes pour l’évaluer et ainsi déterminer l’intensité des efforts que nous
ferons. Nous ferons plus d’efforts pour compenser les lacunes auxquelles nous nous attendons.
c. Intégrer la facilitation sociale et la paresse sociale dans un seul modèle
Comment expliquer cette apparente contradiction entre les deux modèles ? Selon Zuckerman, cela
dépend de la possibilité d’évaluer l’effort individuel : c’est lorsqu’il est difficile de l’évaluer que la
paresse sociale se manifeste. La facilitation sociale ne se manifeste que quand le groupe est en mesure
de le percevoir. Dans ce cas, la performance sera favorisée si la réponse dominante est la bonne mais
elle sera inhibée si la réponse dominante est la mauvaise.
6. La prise de décisions en groupe : deux têtes valent-elles mieux qu’une ?
Les décisions prises en groupe sont généralement supérieures aux décisions individuelles, probablement
parce que la probabilité est plus élevée qu’un groupe trouve la bonne réponse quand il y en a une. Les
groupes sont plus efficaces parce qu’ils permettent de mettre en commun les compétences individuelle
30
souvent complémentaires.
a. Le remue-méninge favorise-t-il la créativité ?
Beaucoup pensent que le « brainstorming » est une technique productive de prise de décision en groupe
parce qu’il laisse libre cours à la créativité de chacun. Chaque membre exprime publiquement et sans
censure tout ce qui lui passe par la tête, puis le groupe reprend chaque idée pour finalement
sélectionner les meilleures.
Cette technique de réflexion représenterait en quelque sorte le contraire de la pensée de groupe (cfr
plus loin). Le fait que chacun soir totalement libre d’exprimer même ses plus folles idées permettrait
de laisser émerger d’autres possibilités que dans le cadre rigide d’une réunion traditionnelle. Les
exprimer en groupe stimulerait la créativité, selon le principe de facilitation sociale.
Expérimentalement, le remue-méninge apparaît comme une perte de temps du point de vue de la
productivité. Les solutions trouvées individuellement sont plus efficaces et originales que les solutions
trouvées en groupe. Il semblerait que ce soit parce que les membres de groupes discutent plutôt des
infos qu’ils ont en commun au lieu de trouver des solutions originales. Même si le groupe est peu cohésif,
les membres tendent à se censurer pour éviter d’aller à l’encontre de la tendance générale et d’être
ridiculisés ou rejetés. Enfin, le tumulte qui l’accompagne n’aide pas à la productivité.
Pour favoriser la créativité, il est préférable de commencer par une séance de travail individuel puis de
mettre les idées trouvées en commun. Il s’agit de la technique du groupe nominal, qui contribuerait
aussi à réduire la paresse sociale.
b. La polarisation de groupe : des positions qui s’extrémisent
La polarisation de groupe est la tendance à prendre des décisions plus radicales que les décisions
individuelles. Le groupe renforcerait donc les tendances initiales des individus : si la tendance
individuelle de la majorité des membres du groupe se porte vers une décision audacieuse, celle du
groupe le sera encore plus. Au contraire, si les membres font initialement preuve de prudence, celle du
groupe sera plus grande encore.
La polarisation ne concerne pas que les questions relatives au risque mais aussi les attitudes : par
exemple les attitudes négatives envers les Américains qu’entretiennent des étudiants français sont
encore plus défavorables après une discussion en groupe.
(Cfr figure 10.2 p 332)
 Explications de la polarisation de groupe
L’influence sociale joue un rôle important. Même si elles sont semblables, les attitudes des membres du
groupe ne reposent pas nécessairement sur des arguments identiques. La mise en commun de tous ces
arguments (auxquels tous n’avaient pas pensé) contribue certainement à renforcer la tendance initiale
des individus.
Ensuite, l’influence normative peut aussi y jouer un rôle, dans la mesure où les gens veulent être perçus
de manière positive par les autres. Les participants vont donc adopter des attitudes plus radicales, qui
vont dans le sens de l’attitude du groupe.
Enfin, certains proposent que la polarisation de groupe découle du processus d’identification sociale.
L’individu s’identifie à son groupe et se conforme à ce qui lui semble être la norme du groupe. Le
31
problème est nous pensons toujours que cette norme est plus radicale qu’elle ne l’est en réalité, donc en
pensant nous conformer à cette norme, nous adoptons une attitude plus radicale que celle du groupe.
 Conséquences de la polarisation de groupe
Puisque les membres du groupe se renforcent les uns les autres dans leur tendance initiale, les
tendances déviantes d’un individu seront renforcées par la fréquentation d’amis qui partagent ses
prédispositions. Cet individu sera au départ attiré par des personnes déviantes comme lui. La
fréquentation de ce groupe aura tendance à augmenter la déviance déjà présente.
Dans un travail de groupe, ceux que le travail intéresse peu se regroupent, ce qui ne laisse rien de bon
pour la motivation et inversement.
c. La pensée de groupe : quand le groupe pousse à prendre des décisions désastreuses
Les groupes très cohésifs ont parfois tendance à prendre des décisions basées sur une évaluation
erronée de la réalité. Il peut parfois prendre des décisions malheureuses sans qu’aucun des membres
n’ose critiquer le bien-fondé de cette décision de peur d’être rejeté. Il s’agit de la pensée de groupe :
mode de pensée des groupes où la recherche d’un accord à tout prix prend le dessus sur
l’évaluation réaliste des options existantes.
Plus un groupe est cohésif, plus les membres cherchent à maintenir l’impression d’unanimité, ce qui les
amène à accepter sans discuter les propositions du leader ou de la majorité, surtout en temps de crise,
quand le leader est particulièrement fort ou quand les membres partagent les mêmes normes sociales.
Il se peut que la pensée de groupe fasse tellement partie de la vie quotidienne que ne la remarquons pas
ou que nous la prenions tout simplement comme le fonctionnement normal des choses. Elle aurait pour
cause le fait que dans un groupe cohésif, les membres très engagés dans leur cause prennent trop
facilement pour acquis le fait qu’ils pensent et ressentent tous la même chose ; ils n’analysent pas assez
les points divergents.
On peut parler de pensée de groupe chaque fois que dans un groupe, une impression d’unanimité conduit
les membres à rejeter toute mise en cause de l’opinion majoritaire.
 Le phénomène de la pensée de groupe remis en question
Alors que Janis (créateur de la théorie) prétendait qu’une forte cohésion et la présence d’un leader
puissant constituaient des conditions à l’origine de la pensée de groupe, plusieurs spécialistes
considèrent ces éléments comme plutôt positifs que négatifs. Le développement de la pensée de groupe
se manifesterait plutôt sous l’influence de l’identification positive au groupe, du faible sentiment
d’efficacité personnelle des membres, des normes favorisant le consensus et enfin d’une surévaluation
de l’efficacité du groupe. De plus la perception d’une menace pour le groupe renforcerait l’effet de
pensée de groupe.
Nous constatons ainsi les dangers potentiels de la prise de décision en groupe. Certains aspects perçus
comme positifs (cohésion…) entrainent parfois des effets négatifs. Les groupes encouragés à rester
critiques et à favoriser la remise en question plutôt que la « fausse impression d’accord » et la
recherche absolue de consensus, prennent souvent de meilleures décisions.
7. Le leadership
Le leadership est le processus par lequel un membre du groupe –le leader- influence et coordonne
32
les comportements des autres membres de façon à atteindre les buts poursuivis par le groupe. Le
leader est la personne qui planifie, organise et contrôle l’activité du groupe.
a. Qui est leader ?
Des recherches plus récentes ont permis de distinguer certains attributs qui contribuent au succès
d’un leader. Les leaders ont une bonne capacité d’adaptation, un sens des responsabilités et un besoin
d’accomplissement plus grand que les suiveurs. Ils sont intelligents, ambitieux, tenaces, créatifs,
flexibles et sociables, ils ont confiance en eux-mêmes et aiment avoir de l’influence sur les autres.
 Le leader charismatique
Certains leaders se démarquent des autres, font rêver, passionnent et nous incitent à relever des
défis. On les appelle leaders charismatiques ou leaders transformationnels.
Plusieurs caractéristiques sont associées à ce type de leader :
- Ils sont très surs d’eux et confiants en leurs capacités
- Ils ont besoin d’influencer et servent de modèles à leurs adeptes
- Ils sont profondément persuadés du caractère moral de leurs actes, ce qui incite les gens à les
suivre, ou en tout cas en donnent l’impression
- Ils stimulent la créativité de leurs adeptes en remettant en question ce qu’ils prennent pour
acquis.
- Ils réussissent à mettre en avant une image positive et inspirante (ou juste à en donner
l’impression).
Evidemment, ce type de leadership n’est pas toujours utilisé à des fins positives ou moralement
acceptables.
b. L’approche interactionniste : modèle de Fiedler
Selon l’approche interactionniste, le succès d’un leader dépend assurément de ses caractéristiques
personnelles, mais aussi des caractéristiques situationnelles. Fiedler a crée un modèle appelé la théorie
de la contingence, selon laquelle l’efficacité d’un leader dépend de l’interaction entre ses
caractéristiques personnelles et les caractéristiques (ou exigences) de la situation.
Selon lui, il existe deux types de leader : celui orienté vers la tâche et celui orienté vers les relations.
Il affirme que ces deux types exigent des qualités plutôt incompatibles, que l’on retrouvera donc très
rarement chez un même individu.
- Leader orienté vers la tâche : capable de se détacher des émotions reliées aux relations
interpersonnelles pour se centrer principalement ou exclusivement sur la réussite du groupe.
Il semble donc froid et distant, voir insensible pour se consacrer entièrement aux objectifs du
groupe
- Leader orienté vers les relations : possédant de bonnes qualités de motivateur et de
communicateur, capable de nouer des relations chaleureuses avec les membres du groupe.
Même si, grâce à une bonne entente, le travail n’est pas toujours optimal, pour augmenter les
chances de succès d’un groupe, il faut souvent prendre des risques quant à la bonne entente
entre les membres.
La productivité et le bien-être du groupe dépendent du style du leader et de la difficulté à maitriser la
situation. Selon Fiedler, le fait que la situation soit plus ou moins contrôlable dépend de trois facteurs :
la relation affective leader-groupe, le degré de complexité de la tâche et le pouvoir qu’exerce le leader
sur le groupe (c.à.d. capacité à punir et récompenser).
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Dans une situation facile ou très difficile, un leader centré sur la tâche est plus efficace : dans la
situation facile, il n’est pas nécessaire de travailler à la bonne entente du groupe et dans la situation
très difficile, il est important de se centrer sur la tâche pour ne pas perdre de temps. Dans les
situations modérément maitrisables, un leadership centré sur les relations est préférable, puisqu’il met
permet à chaque membre de donner son maximum en rendant la situation agréable à vivre. (cfr figure
10.3 p 341)
8. Conclusion
Les prochaines recherches sur le groupe s’inscrivent plutôt dans un courant de psycho positive :
plusieurs phénomènes de groupe qui s’avèrent inefficaces dans certains contextes semblent être en
fait adaptatifs et peuvent donc se révéler très utiles dans d’autres contextes. Par exemple, le fait de
discuter de ce que tout le monde sait relève peut-être du fait que ces infos sont plus pertinentes que
celles qui ne sont connues que par une seule personne.
Aucun des phénomènes n’est en soi positif ou négatif. Les groupes ont leurs avantages et inconvénients
et sont l’objet de représentations sociales qui varient selon les cultures et les époques.
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