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Chap 5 : stéréotypes, préjugés, discrimination
Xénophobie = hostilité à l’égard de ce qui est étranger
1. DEFINITIONS ET ILLUSTRATION
a. Les stéréotypes
La représentation que nous avons des autres groupes est formée de nos croyances à leur égard. Un
stéréotype est une croyance partagée portant sur les caractéristiques de personnes appartenant à
un groupe. Pour qu’il y ait stéréotype, il faut qu’un groupe se distingue des autres par la présence plus
ou moins fréquente d’une caractéristique.
Ils sont partagés différemment selon les groupes et ils se maintiennent différemment dans le temps.
On constate une évolution dans les stéréotypes sur les Noirs (ex : les Noirs sont paresseux) mais cela
ne signifie pas qu’il y en a moins : de nouveaux traits ont pu remplacer les premiers et le biais de
désirabilité sociale est de plus en plus présent.
Bien des gens ont des stéréotypes se rapportant à leur propre groupe : il s’agit de
l’autostéréotype.
Le métastéréotype est la croyance d’une personne à l’égard des stéréotypes que les membres des
autres groupes ont à propos du groupe de cette personne. On constate qu’ils sont plus négatifs chez
les blancs canadiens qui ont peu de préjugés que chez ceux qui en ont beaucoup. Les métastéréotypes
d’une personne semblent avoir une influence plus grande sur les émotions négatives qu’elle s’attend à
éprouver dans une interaction avec un membre d’un autre groupe, que les stéréotypes qu’elle a à l’égard
de ce groupe. D’où l’importance de les prendre en compte.
b. Les préjugés
Les stéréotypes contribuent à notre connaissance de l’autre et relèvent de la dimension cognitive,
tandis que les préjugés relèvent de la dimension affective. Ce sont des attitudes, habituellement
(pas toujours) négatives, à l’égard des membres d’un groupe, càd qu’ils renvoient à notre évaluation
des autres.
Comme toute attitude, un préjugé peut résulter de nos croyances (y compris les stéréotypes) mais il
arrive parfois que celui-ci précède la croyance évaluative. Dans ce cas, il repose sur le seul fait que
nous savons que l’autre groupe existe, indépendamment de nos connaissances de ses caractéristiques. Il
n’est pas rare que les gens entretiennent un préjugé reposant sur des croyances négatives à l’égard d’un
groupe dont ils n’ont jamais rencontré aucun membre.
L’antisémitisme est un préjugé négatif à l’égard des Juifs.
Selon Cotrell et Neuberg, le préjugé est plus complexe : il est fait de multiples émotions négatives
(colère, dégout, pitié, envie…) que les gens éprouvent différemment selon les groupes. La nature de
l’émotion dépendrait de la menace représentée par le groupe en question.
c. La discrimination
Ce que nous pensons des autres (croyances, stéréotypes, préjugés…) et l’état affectif qu’ils
déclenchent orientent souvent notre comportement à leur égard. La discrimination est un
comportement négatif à l’égard des membres d’un groupe. Il peut se manifester de plusieurs
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manières mais il s’agit toujours d’un comportement injuste (du manque de politesse au meurtre) à
l’égard d’un individu en raison de son appartenance à un groupe.
Les cibles peuvent changer avec le temps. Par exemple les sidéens souffrent d’isolement social depuis
environ 1995. La stigmatisation et la discrimination qui accompagnent le sida dépendent de la façon
dont il a été contracté : la sexualité hétérosexuelle entraine la stigmatisation la plus forte, tandis que
la transfusion sanguine entraine la plus faible.
d. Le racisme
Le racisme : préjugé défavorable et discrimination à l’égard de personnes à cause de la couleur
de leur peau ou de leur appartenance ethnique. Même s’il n’a pas disparu, il ne s’exprime plus aussi
ouvertement qu’autrefois en raison de l’évolution de la société. L’étiquette de raciste est même
associée à une forte réprobation sociale.
Racisme traditionnel
Il n’y a encore pas si longtemps, le racisme était répandu voire même institutionnalisé dans certaines
sociétés (Apartheid, USA…). On peut également penser à l’Holocauste : l’antisémitisme nazi a donné lieu
à des atrocités qu’on croyait depuis lors à tout jamais bannies de l’humanité. Pourtant nous assistons
depuis quelques années à des nettoyages ethniques suite à des fragmentations d’Etats qui mènent à une
intolérance aux conséquences meurtrières. En Bosnie, au Rwanda… le but était de se débarrasser de la
souillure de l’autre ethnie.
Le racisme traditionnel est un racisme flagrant qui s’exprime, par exemple, par la ségrégation
fondée sur la couleur de la peau dans les restaurants. Il ne se manifeste pas toujours par le désir de
se débarrasser de l’autre ethnie mais se traduit par des comportements visant à maintenir une
certaine distance sociale par rapport à l’étranger.
Racisme moderne
A cause du fait qu’un individu ne peut plus exprimer ses attitudes négatives à l’égard des membres d’un
autre groupe (respect des lois, pression sociale, peur d’un riposte, culpabilité…), le racisme traditionnel
a fait place chez certains au racisme moderne. Il s’agit d’un racisme plus subtil qui s’exprime
indirectement et se fonde sur des raisons socialement acceptables. Il peut prendre plusieurs
formes : ainsi la combinaison de valeurs morales traditionnelles d’un individu et de l’affect négatif que
déclenchent chez lui les Noirs peut entrainer un racisme symbolique. L’individu s’opposera alors aux
Noirs selon certains principes et non selon ses intérêts personnels.
La discrimination positive est un comportement plus favorable à l’égard des membres d’autres
groupes qu’à l’égard des membres de son propre groupe.
Ce racisme symbolique est aujourd’hui plus courant que le racisme traditionnel mais il existe entre eux
une corrélation parce qu’ils reposent tous deux sur un affect négatif à l’égard des Noirs. Certaines
personnes pratiquent les deux, d’autres ne pratiquent que le racisme symbolique. Lorsqu’une personne
blanche pratique le racisme symbolique, on peut prédire son opposition aux politiques visant à aider les
Noirs.
Une troisième forme est le racisme d’aversion : il s’exprime par un appui aux mesures d’égalité
pour les Noirs mais qui s’accompagne de sentiments négatifs à leur égard. Il se manifeste par le
fait de ne pas se sentir à l’aise en présence des Noirs.
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e. Le sexisme
Le sexisme se manifeste pas des préjugés et discriminations fondés sur le sexe d’une personne.
Dans la majorité des cas, les victimes sont les femmes.
De nombreuses cultures voient la femme comme passive, soumise, indécise, émotive et dépendante et
l’homme comme décisif, confiant, rationnel et ambitieux. Même si tous les stéréotypes à l’égard des
femmes ne sont pas négatifs (on leur reconnaît une supériorité dans la compréhension de l’autre et la
chaleur dans les relations), les traits masculins restent plus valorisés.
Certaines personnes se décrivent elles-mêmes en utilisant des stéréotypes sexistes. Selon qu’elles
s’attribuent des caractéristiques masculines ou féminines, on dit qu’elles ont une orientation masculine
ou féminine. Celles qui se décrivent selon les deux, ont une orientation androgyne.
Même si les stéréotypes illustrent ces différences, ils traduisent des différences plus marquées
que dans la réalité.
On distingue trois types de sexisme : le sexisme hostile qui se manifeste par une animosité à l’égard
des femmes, perçues comme usurpant le pouvoir des hommes et trop peu reconnaissantes de ce que
font les hommes pour elles, le sexisme bienveillant s’exprimant par un comportement favorable et
protecteur à l’égard des femmes à condition qu’elles adoptent les rôles traditionnels, et le sexisme
ambivalent qui associe les deux formes précédentes.
On distingue aussi le sexisme traditionnel du sexisme moderne. Le traditionnel est un sexisme dans
lequel on endosse les croyances traditionnelles relatives aux femmes (les femmes ne sont pas
aussi intelligentes que les hommes…) tandis que le moderne se manifeste par le déni de la
discrimination à l’égard des felles dans la société (les femmes et les hommes ont les mêmes
chances de s’accomplir, la société s’est trop préoccupée du traitement à accorder aux femmes ces
dernières années…).
Les femmes tendent à détecter plus facilement l’expression du sexisme traditionnel que du sexisme
moderne mais éprouvent plus d’anxiété face au sexisme moderne, contrairement aux hommes.
Que ce soit pour le racisme ou le sexisme, on constate que les personnes appartenant à un groupe
victime de discrimination tendent à dire qu’elles ne subissent pas autant de discrimination que leur
groupe dans son ensemble.
2. CAUSES DES PREJUGES
Plusieurs voies possible : les stéréotypes peuvent engendrer des préjugés qui à leur tour mènent à la
discrimination ou un comportement (discrimination) peut produire une attitude (préjugé) qui elle-même
produira une rationalisation de cette discrimination, la transformant en croyance (stéréotype).
Plusieurs plans d’analyse :
a. L’histoire : origine et évolution des relations entre groupes
Les préjugés peuvent remonter à un contexte historique donné, où deux peuples entretenaient des
relations conflictuelles.
L’acculturation est un processus par lequel un groupe remplace ses valeurs par celles d’un autre groupe.
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Selon la sociologie d’inspiration marxiste, les relations de domination entre groupes sociaux sont à
l’origine des préjugés. La situation classique est la suivante : un groupe en soumet un autre puis justifie
cette domination par l’incapacité de l’autre à se gérer soi-même. On trouve au groupe soumis des
défauts incorrigibles et on en arrive à se convaincre qu’on leur a rendu service en les soumettant,
tandis que le groupe dominat s’attribue des qualités qui expliquent sa domination. On appelle cela les
mythes de légitimation. Dans ce contexte l’erreur d’attribution fondamentale joue un rôle : les
dominants oublient les contraintes environnementales qui fixent les positions sociale pour croire
qu’elles sont le résultat exclusif de prédispositions internes. On en arrive donc à des raisonnements
circulaires : par exemple on limite la promotion sociale des pauvres en rendant difficile leur accès aux
études puis on explique leur pauvreté par leur ignorance.
Ces facteurs historiques n’expliquent cependant pas comment ni pourquoi tous les individus d’un groupe
ne partagent pas également les mêmes préjugés.
b. Le contexte socioculturel : les changements qui engendrent des préjugés
Expérience de Sherif dans des colonies de vacances : en séparant les enfants en deux groupes
aléatoires qui vivaient chacun de leur côté, il a constaté une forte identification de chaque enfant à son
groupe. En faisant entrer les deux groupes en compétition, il a même observé le rejet de l’autre groupe,
transformé par après en véritable conflit. Il en a conclu que les préjugés ont des origines objectives :
le partage d’un territoire et de ressources que deux groupes convoitent pour survivre.
Théorie du conflit de groupe réaliste : théorie selon laquelle l’antagonisme entre les groupes
repose sur des conflits réels et produit de la frustration.
De telles observations peuvent être observées dans des situations réelles : « les immigrés volent nos
jobs »,…
c. La pression sociale : lorsque la socialisation et l’influence sociale expliquent les
préjugés
La socialisation
Les préjugés étant des attitudes, ils sont acquis soit par expérience directe, c.à.d. au contact de ceux
qui en font l’objet soit, dans la majorité des cas, par la transmission d’une personne à une autre,
notamment au cours de la socialisation de l’enfant. Il ne semble pas exister d’aversion « naturelle »
entre membres d’ethnies différentes.
Selon la théorie de l’apprentissage social, les préjugés seraient appris par des modèles présentés aux
enfants, dès le plus jeune âge jusqu’à l’adolescence, au cours de leur socialisation. Ces modèles ne sont
pas des affirmations mais des exemples ou des comportements qui servent de référence aux enfants
(ex : un père dominateur et une mère soumise). L’expérience des enfants en bas âge est cruciale parce
qu’il y a souvent cristallisation au début de l’adolescence et ces préjugés sont alors plus difficiles à
éradiquer à l’âge adulte.
Les médias jouent aussi un rôle dans la socialisation car l’image qu’ils présentent de la réalité vient
souvent renforcer les stéréotypes de la société.
Quant aux stéréotypes sexistes, ils sont transmis encore plus tôt : non seulement les parents se
comportent différemment face à un garçon ou une fille mais les livres, films, dessins animés, etc
véhiculent les stéréotypes traditionnels.
On constate heureusement un effet de génération : chaque nouvelle génération manifeste moins de
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racisme que la précédente. Les jeunes acquièrent moins de préjugés tandis que les plus âgés qui ont des
préjugés plus évidents, disparaissent.
D’abord parce qu’avec le temps, les cibles changent et donc les stéréotypes traditionnels se
« démodent ». Ensuite, l’augmentation du niveau d’éducation permet d’apprendre d’autres façons de
percevoir l’autre et d’apprendre les conséquences négatives des préjugés. Les individus ont également
une plus grande capacité à adopter la perspective de l’autre et ceux qui reçoivent un tel enseignement
font preuve d’une plus grande ouverture d’esprit.
L’influence sociale
L’influence sociale peut amener les gens à commettre des actes ou à prononcer des paroles dont ils ne
se seraient pas crus capables. Loin d’être l’apanage des esprits dérangés, les préjugés peuvent se
généraliser dans une société au point qu’il devient délicat de faire entendre une voix discordante. Ou
l’individu en désaccord tente de convaincre les autres, au risque d’être rejeté, ou il se rallie à l’opinion
dominante. Cette deuxième solution peut finalement aboutir à une soumission réelle et intériorisée.
Par ailleurs, les stéréotypes sont parfois tellement ancrés que plus personne ne les perçoit comme tel.
Plus grave encore, se ranger à de telles idées peut aussi être une question de vie ou de mort.
d. La personnalité : certains sont moins bien armés pour résister à l’appel des
préjugés.
Certains endossent plus facilement des préjugés que la moyenne des gens. Après l’Holocauste, des
chercheurs se sont demandé s’il existait un type de personnalité particulièrement sensible au
développement de préjugés.
Adorno a établi le profil d’un type de personnalité caractérisé par la soumission à l’autorité, la peur du
changement, l’ethnocentrisme et la rigidité intellectuelle. Il peut sembler paradoxal que cela
corresponde à la personnalité autoritaire, c.à.d. caractérisée par la rigidité, la soumission à
l’autorité et des préjugés à l’égard de ceux qui sont différents. Bien sûr, les individus ayant cette
personnalité sont portés à utiliser leur pouvoir au maximum mais leur obsession de l’autorité peut jouer
dans l’autre sens : ils ont une admiration inconditionnelle pour la puissance et comme ils ont peur des
changements, un pouvoir fort leur garantit une meilleure protection contre les imprévus.
L’ethnocentrisme est la croyance selon laquelle son groupe ethnique est supérieur aux autres. Les
individus ethnocentriques entretiennent donc une attitude négative à l’égard des autres groupes. La
peur du changement coïncide généralement avec la peur de l’inconnu, il n’est donc pas étonnant de
retrouver ce trait dans les personnalités autoritaires.
La rigidité intellectuelle entretient chez les individus autoritaires une attitude très négative à l’égard
de tout ce qui ne cadre pas avec leur perception de la réalité. Leurs schémas sont très rigides et
étroits. Leur peur du changement est donc d’autant plus grande qu’ils ne peuvent s’y adapter sur les
plans intellectuel et affectif. Tous ces traits se conjuguent et amènent l’individu à développer des
préjugés non seulement contre les autres groupes mais aussi contre ceux qui représentent une menace
pour l’ordre établi : les contestataires politiques, les féministes, les homosexuels…
Par ailleurs, on sait que la frustration peut donner lieu à l’agression. Or il est difficile de se retourner
contre ce qui cause la frustration, donc il arrive que cette agression se déplace vers une autre cible
d’autant plus accessible qu’elle ne peut se défendre adéquatement. C’est justement la situation de
minorités qui deviennent alors des boucs émissaires. Il arrive fréquemment que l’on s’attaque à
quelqu’un de semblable pour se consoler de sa propre situation.
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