Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris. Fiche d'information des patients www.hopitalsaintlouis.org Mai 2006 Marc REVOL, Claire ROUVEROUX, Jean-Marie SERVANT Reconstruction du sein La reconstruction chirurgicale du sein a 3 buts : apporter un volume, ce qui peut être obtenu de 3 façons possibles : prothèse simple, lambeau de muscle grand dorsal, et lambeau abdominal. Le choix dépend de différents paramètres : qualité et souplesse de la peau autour de la cicatrice, forme et volume du sein restant, état des tissus utilisables. Symétriser le sein controlatéral Reconstruire une aréole et un mamelon Dans tous les cas, la reconstruction nécessite deux ou trois interventions séparées par plusieurs mois d'intervalle. La reconstruction par prothèse C’est la technique la plus simple, ne créant pas de cicatrice supplémentaire. Elle ne peut s'envisager que si la peau du thorax est bien souple. Sinon, il faut associer à la prothèse un lambeau de grand dorsal (voir plus loin). La prothèse est formée d’une enveloppe de gomme de silicone, remplie d'un gel de silicone de haute densité, dont l’absence de risque pour la santé est aujourd’hui bien établie. Elle est de forme ronde ou anatomique (en goutte), et sa surface est dite "texturée", c'est à dire irrégulière et granuleuse pour réduire le risque de coques (voir plus loin). Déroulement de l’intervention Elle est réalisée sous anesthésie générale et dure environ une à deux heures. La cicatrice de mastectomie est rouverte. La prothèse est introduite dans une cavité créée sous le muscle grand pectoral, contre les côtes. Un drain permet d’aspirer les écoulements post-opératoires et diminue le risque d’hématome. Suites opératoires En raison de la distension du muscle grand pectoral par la prothèse, la douleur est assez importante les premiers jours. Elle est systématiquement prise en charge de manière préventive et adaptée à votre cas. Le premier pansement est généralement enlevé le surlendemain de l'intervention, et remplacé par un soutien-gorge de sport, sans armature, s'ouvrant par devant. Surtout, pour éviter que la prothèse se déplace vers le haut, vous devrez aussi porter un contenseur, qui est une sorte de ceinture de Velcro qui appuie sur le haut des seins. Soutien-gorge et contenseur mammaire doivent être achetés avant l'intervention et doivent être portés nuit et jour pendant au moins un mois. Le drain est enlevé entre le deuxième et le cinquième jour, mais sa présence n’empêche pas votre sortie à partir du deuxième jour si votre état l’autorise : vous reviendrez en consultation pour le faire enlever. Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris. Fiche d'information des patients www.hopitalsaintlouis.org Mai 2006 Marc REVOL, Claire ROUVEROUX, Jean-Marie SERVANT Résultat Le volume du sein reconstruit est ferme, peu mobile et haut situé, d'aspect "juvénile". Un deuxième, voire un troisième temps opératoire sont nécessaires à quelques mois d’intervalle pour symétriser le sein controlatéral et reconstruire l’aréole et le mamelon. Risques Tout acte médical, investigation, exploration, intervention sur le corps humain, même conduit dans les conditions de compétence et de sécurité conformes aux données actuelles de la science et à la réglementation en vigueur, expose à un risque de complication. Complications précoces : les complications de tout acte chirurgical sont possibles (voir cette fiche). locales : un hématome ou un écoulement de liquide lymphatique peuvent motiver une reprise chirurgicale pour laver et drainer la loge de la prothèse. En cas d’infection, la prothèse devra être retirée et il faudra attendre plusieurs mois avant d'envisager d'en replacer une autre. générales : Phlébites et embolies pulmonaires font l'objet d'un traitement préventif. Exceptionnellement, une hémorragie importante peut nécessiter la transfusion de sang ou de produits dérivés du sang. Complications tardives : la prothèse comporte des risques spécifiques. Une fissuration ou une rupture de la prothèse peuvent survenir plusieurs années après la pose de la prothèse. Elles nécessitent le changement de l'implant. De même, la formation toujours possible d’une coque péri-prothétique (réaction cicatricielle fibreuse autour de la prothèse) peut déformer le sein et/ou être douloureuse au point de motiver le changement de la prothèse, voire son ablation définitive, dans un délai variable. La reconstruction par lambeau de muscle grand dorsal Ce mode de reconstruction repose sur le prélèvement de peau et de muscle ("musculo-cutané") sur le côté du thorax et dans le dos, et il crée une cicatrice supplémentaire à cet endroit. Il est indiqué quand la qualité de la peau du thorax ne permet pas de placer une prothèse seule, et lorsque la morphologie du thorax, la taille et la forme du sein controlatéral s’y prêtent. Il est rare que la morphologie du thorax et du sein controlatéral permettent de se passer de prothèse et d'utiliser le lambeau seul. Dans l'immense majorité des cas, le volume du sein est donc reconstruit en associant une prothèse au lambeau musculo-cutané de grand dorsal. Déroulement de l’intervention Elle est réalisée sous anesthésie générale et dure 3 à 5 heures. Une palette de peau thoraco-dorsale et le muscle grand dorsal sont prélevés par une incision horizontale ou oblique du même côté que la mastectomie. Ce lambeau est pivoté de la zone latérale et dorsale à la zone thoracique antérieure. La cicatrice de mastectomie est rouverte et le lambeau est mis en place. La prothèse est placée en arrière du muscle grand pectoral et du muscle grand dorsal. Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris. Fiche d'information des patients www.hopitalsaintlouis.org Mai 2006 Marc REVOL, Claire ROUVEROUX, Jean-Marie SERVANT La zone donneuse du lambeau est suturée. Des drains permettent d’aspirer les écoulements postopératoires et de diminuer le risque d’hématome. Suites opératoires La douleur est d'intensité variable. Elle est systématiquement prise en charge de manière préventive et adaptée à votre cas. La vitalité du lambeau (sa couleur, sa chaleur, son pouls capillaire) est surveillée régulièrement. Le pansement est refait au deuxième jour post-opératoire. Les drains sont enlevés entre le deuxième et le cinquième jour. Résultat Le sein reconstruit est souple, plus ou moins volumineux. Avec le temps, il aura tendance à suivre l’évolution naturelle du sein controlatéral. Un deuxième, voire un troisième temps opératoire seront nécessaires à quelques mois d’intervalle pour symétriser le sein controlatéral et reconstruire l’aréole et le mamelon (voir plus loin). Risques Tout acte médical, investigation, exploration, intervention sur le corps humain, même conduit dans les conditions de compétence et de sécurité conformes aux données actuelles de la science et à la réglementation en vigueur, expose à un risque de complication. Complications précoces : Au niveau du sein reconstruit : le lambeau peut souffrir en raison d’un apport insuffisant de sang (ischémie), surtout s’il est de taille importante ou si vous fumez ; une nécrose plus ou moins étendue peut alors survenir, et nécessiter une ré-intervention ou des pansements prolongés, qui peuvent être faits à domicile. La perte complète du lambeau est très rare mais possible. Un hématome, une infection, un écoulement de liquide lymphatique peuvent également motiver une reprise chirurgicale. En cas d’infection, la prothèse devra être retirée et il faudra attendre plusieurs mois avant d'envisager d'en replacer une autre. Au niveau du dos : la production de lymphe peut se poursuivre après l’ablation des drains et former une poche de liquide sous la peau (sérome). Des ponctions répétées sont parfois nécessaires. Complications générales : Phlébites et embolies pulmonaires font l'objet d'un traitement préventif. Exceptionnellement, une hémorragie importante peut nécessiter la transfusion de sang ou de produits dérivés du sang. Complications tardives : déjà vues, elles sont essentiellement liées à la prothèse (rupture, coque, ascension). Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris. Fiche d'information des patients www.hopitalsaintlouis.org Mai 2006 Marc REVOL, Claire ROUVEROUX, Jean-Marie SERVANT Le prélèvement unilatéral du muscle grand dorsal n'entraîne pas de gêne fonctionnelle notable dans la vie quotidienne. Une limitation temporaire de la mobilité de l’épaule peut faire l’objet de séances de kinésithérapie. La reconstruction par lambeau abdominal Ce type de reconstruction repose sur le prélèvement de tissus de la partie inférieure de l’abdomen : il implique donc une cicatrice supplémentaire, longue, horizontale, située au dessus des poils pubiens. Il est indiqué si le sein controlatéral est volumineux et si l’anatomie du ventre s’y prête. Le volume du lambeau étant important, il n’est pas nécessaire d’y associer une prothèse. La peau et la graisse de l’abdomen sont prélevées selon les cas avec ou sans le muscle sous-jacent. Le lambeau peut-être "pédiculé" (il reste attaché à ses vaisseaux), ou "libre" (ses vaisseaux nourriciers sont coupés puis rebranchés sur les vaisseaux de l’aisselle par des techniques de microchirurgie). Le choix de la technique est lié aux conditions locales et son indication est posée par votre chirurgien. Déroulement de l’intervention Elle est réalisée sous anesthésie générale. Une palette de peau située sous l’ombilic est prélevée avec sa graisse par une longue incision horizontale au-dessus des poils pubiens. Dans le cas d’un lambeau pédiculé, le muscle est également emporté et l’ensemble est pivoté de la zone ventrale à la zone thoracique. La cicatrice de mastectomie est rouverte et le lambeau est mis en place. La peau du ventre est suturée après renforcement du muscle restant par une plaque synthétique (filet de nylon). Des drains permettent d’aspirer les secrétions post-opératoires et de diminuer le risque d’hématome. L’intervention dure de 3 à 5 heures. Dans le cas d’un lambeau libre, le muscle peut être emporté ou non. Le fait de ne pas prendre le muscle a pour avantage d’éviter de renforcer le ventre par une plaque de nylon, mais a pour inconvénient d’augmenter les risques et la durée de l’intervention. Il n’évite pas la paralysie du muscle. Le lambeau est prélevé avec ses vaisseaux qui sont "branchés" sur les vaisseaux de l’aisselle par des techniques de microchirurgie. La cicatrice de mastectomie est rouverte et le lambeau est mis en place et modelé. La peau du ventre est suturée. Des drains permettent d’aspirer les secrétions post-opératoires et de diminuer le risque d’hématome. L’intervention dure de 6 à 10 heures. Suites opératoires La vitalité du lambeau (sa couleur, sa chaleur, son pouls capillaire) est surveillée régulièrement. La douleur est d'intensité variable. Elle est systématiquement prise en charge de manière préventive et adaptée à votre cas. Les drains sont enlevés entre le troisième et le septième jour. Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris. Fiche d'information des patients www.hopitalsaintlouis.org Mai 2006 Marc REVOL, Claire ROUVEROUX, Jean-Marie SERVANT La durée d’hospitalisation est d’environ une semaine dans le cas d’un lambeau pédiculé. Dans le cas d’un lambeau libre, vous passerez la première nuit en salle de réveil et serez hospitalisée au moins 10 jours. Il est nécessaire de porter une gaine abdominale pendant un mois nuit et jour, surtout si le muscle a été utilisé. Résultat Le sein reconstruit est souple, volumineux, et suivra l’évolution dans le temps du sein controlatéral. Un deuxième, voire un troisième temps opératoire seront nécessaires à quelques mois d’intervalle pour symétriser le sein controlatéral et reconstruire l’aréole et le mamelon (voir plus loin). Risques Tout acte médical, investigation, exploration, intervention sur le corps humain, même conduit dans les conditions de compétence et de sécurité conformes aux données actuelles de la science et à la réglementation en vigueur, expose à un risque de complication. Complications précoces : Au niveau du sein reconstruit : le lambeau peut souffrir en raison d’un apport insuffisant de sang (ischémie), surtout s’il est de taille importante ou si vous fumez ; une nécrose plus ou moins étendue peut alors survenir, et nécessiter une ré-intervention ou des pansements prolongés, qui peuvent être faits à domicile. Si le lambeau est libre, les vaisseaux peuvent se boucher jusqu’à 10 jours après l’intervention : une reprise chirurgicale est alors nécessaire en urgence La perte complète du lambeau est rare mais possible. Un hématome, une infection, un écoulement de liquide lymphatique peuvent également motiver une reprise chirurgicale. Au niveau du ventre : la production de lymphe peut se poursuivre après l’ablation des drains et former une poche de liquide sous la peau (sérome). Des ponctions répétées sont parfois nécessaires. Les retards de cicatrisation sont fréquents, majorés par le tabagisme, et nécessitent des pansements prolongés pouvant être faits à domicile. Exceptionnellement, la nécrose d'une partie plus ou moins étendue de la peau abdominale décollée peut survenir. Complications générales : Phlébites et embolies pulmonaires font l'objet d'un traitement préventif (traitement anticoagulant systématique, bas de contention, etc.). .Exceptionnellement, une hémorragie importante peut nécessiter la transfusion de sang ou de produits dérivés du sang. Complications tardives : des douleurs, des troubles de la sensibilité peuvent persister au niveau du ventre. Une faiblesse de la paroi abdominale à distance peut nécessiter une nouvelle intervention pour la renforcer. La symétrisation du sein controlatéral Son but est d’harmoniser le volume et la forme des deux seins. Elle est réalisée quelques mois après la reconstruction du volume pour laisser au sein reconstruit le temps de prendre sa place naturelle. Service de chirurgie plastique. Hôpital Saint-Louis, Paris. Fiche d'information des patients www.hopitalsaintlouis.org Mai 2006 Marc REVOL, Claire ROUVEROUX, Jean-Marie SERVANT Si le volume du sein restant est supérieur à celui du sein reconstruit, et/ou s'il tombe plus que lui, il est réduit et remonté par une des techniques classiques de plastie mammaire. La cicatrice est circulaire autour de l’aréole, et verticale depuis le pôle inférieur de l’aréole jusqu’au sillon sous-mammaire. Une cicatrice horizontale dans le sillon sous-mammaire s’y ajoute fréquemment. Si au contraire le volume du sein reconstruit est supérieur à celui du sein restant, la mise en place d’une autre prothèse peut être envisagée dans le sein restant. Cette phase de la reconstruction tiendra compte de vos désirs ainsi que des conseils et de l’expérience du chirurgien. La reconstruction de l’aréole et du mamelon La reconstruction de l'aréole et du mamelon est faite soit au cours de l'intervention de symétrisation du sein controlatéral, soit quelques mois après celle-ci. L’aréole est reconstruite par une greffe de peau totale prélevée à la face interne de la partie supérieure de la cuisse, là où la couleur est plus foncée. Le site de prélèvement de la greffe est suturé. Au niveau de l’aréole reconstruite, des pansements sont nécessaires pendant 3 semaines, réalisés par une infirmière à domicile. Le mamelon est reconstruit par une plastie (modelage) de la peau du nouveau sein ou, lorsqu'il est volumineux, par un morceau du mamelon controlatéral. L’aréole et le mamelon sont reconstruits 3 mois environ après la reconstruction du volume du sein. On peut mettre à profit ce temps opératoire pour symétriser le sein controlatéral et effectuer des retouches si nécessaire : amélioration du volume du sein, de la position du sillon sous-mammaire, de l’aspect des cicatrices. Dans tous les cas, Quelle que soit l'intervention, les cicatrices sont constantes et inévitables. Indélébiles, leur aspect final est imprévisible et ne doit pas être jugé avant 12 mois. Une cicatrice doit être protégée du soleil pendant environ un an. L'évolution de la cicatrisation sur un mode hypertrophique ou chéloïdien est possible, pouvant nécessiter un traitement approprié (injections de corticoïdes dans la cicatrice, compression continue, douches filiformes, etc.). Des retouches chirurgicales sont possibles pour améliorer le volume des seins, la position du sillon sous-mammaire, de la prothèse, l'aspect des cicatrices, etc. >>> Pour en savoir plus sur Internet : o http://www.hopitalsaintlouis.org/ (Service de chirurgie plastique de l'Hôpital Saint-Louis) o www.plasticiens.org (Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique)