DOSSIER Pr Nabil Benachenhou*, à Santé Mag, La reconstruction mammaire est proposée à la patiente, suite à une mastectomie La reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise en charge du cancer du sein. Elle intervient après l’ablation totale du sein. Il existe, cependant, deux méthodes; à savoir: la technique du lambeau de grand dorsal associé ou non à une prothèse, ou la prothèse, tout simplement, en silicone, qui donne de très bons résultats. Cette chirurgie réparatrice n’est pas obligatoire. En revanche, elle est proposée, par le médecin, à la patiente. Certaines femmes ne ressentent pas le besoin de reconstruire leur sein et d’autres, qui vivent mal cette «mutilation» le désirent, pour des raisons psychologiques et l’envie de se sentir bien dans leur peau. Cette opération chirurgicale se pratique, avec succès, au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d’Alger. Le Pr Nabil Benachenhou, auteur d’un ouvrage, intitulé "Cancer du sein, la chirurgie conservatrice", édité par l'ANEP, revient sur la thématique, dans cette interview, accordée à Santé Mag. Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: Qu’appelle-t-on une reconstruction mammaire ? Pr Nabil Benachenhou: La reconstruction mammaire est une étape de la prise en charge du cancer du sein. D’ailleurs, elle est proposée dès la première consultation, lorsque le diagnostic d’un cancer est établi et que la patiente subira une mastectomie; c'est-à-dire, l’ablation du sein. Aussi, cette idée va murir dans l’esprit de la femme, déjà préparée. Après la mastectomie et les soins thérapeutiques adjuvants, on interroge la femme, pour savoir si elle prête à bénéficier d’une reconstruction mammaire. Après l’obtention de son consentement, on planifie cette intervention chirurgicale. Comment se pratique la reconstruction mammaire ? Il existe deux méthodes à cette pratique: la première consiste, généralement, à extraire un lambeau du muscle du dos, qui se prête très bien à ce type de reconstruction, de par sa vitalité, qui n’est pas compromise, lorsqu’on le transfère. Comment faire ce transfert ? Le lambeau est extrait du dos et placé au niveau du site opératoire. Cela va donner une forme et un volume au sein. Par moment, ce volume est insuffisant parce que, généralement, les femmes algériennes ont un volume mammaire très important et dans ce cas, on peut rajouter, à ce lambeau, une prothèse. La 28 Santé-MAG N°37 - Février 2015 deuxième solution, par contre, fait appel aux prothèses siliconées, qui sont bien acceptées par l’organisme. Est-ce que cette prothèse, en silicone, est bien tolérée par les femmes ? Il est vrai que la malade nous interroge, pour connaître la nature de cette prothèse. Quels sont les résultats ? Y aurat-il des complications ? Cette chirurgie est elle sans danger ? Ce qui est normal, d’ailleurs. Lorsque des éclaircissements sont apportés à la patiente, cette dernière est, automatiquement, rassurée. A ce sujet, les femmes qui ont bénéficié de cette prothèse, sont satisfaites et retrouvent une certaine esthétique; notamment, dans leurs tenues vestimentaires. Cependant, il y a lieu de préciser qu’une prothèse ne remplacera jamais un sein naturel. Y a-t-il une forte demande, dans ce sens? Effectivement, il n y a pas une forte demande et lorsqu’on propose cette pratique à la femme, cette dernière est, souvent, réticente. Certaines nous dirons qu’elles ne souhaiteraient plus retourner au bloc opératoire, étant donné que cette pratique se réalise sous anesthésie générale. En effet, ce sont des femmes qui acceptent bien leurs corps et vivent en harmonie dans leur couple. Mais, parfois, la malade ne s’accepte pas * Pr Nabil Benachenhou, chirurgien, auteur d’un ouvrage, intitulé "Cancer du sein, la chirurgie conservatrice", édité par l'ANEP.