Dr Pierre-Ludovic Giacalone
Spécialiste en gynécologie-obstétrique.
Chirurgie gynécologique oncologique
et mammaire.
Les chirurgiens oncologues ont pris conscience de
l’importance que la femme accordait à son image
corporelle et ils ont développé des techniques lui
permettant de retrouver sa féminité après l’inter-
vention. Ils collaborent désormais étroitement
avec les spécialistes de chirurgie plastique et
reconstructive.
DEUX TYPES DE CANCERS DU SEIN
Le tissu mammaire est constitué d’un tissu fibreux
dans lequel passent des canaux amenant le lait
jusqu’au mamelon. C’est à l’intérieur de ces
canaux que se développent les cancers du sein.
Il existe en fait plusieurs types de cancers du sein,
parmi lesquels on distingue deux grandes
catégories. Les cancers intracanalaires, ou in situ,
restent localisés à l’intérieur des canaux et les
cellules malignes ne se disséminent pas à
l’extérieur du sein. De ce fait, ces cancers ont un
très bon pronostic et ils sont quasiment tous
guérissables. Mais ils touchent souvent une grosse
partie du sein et, paradoxalement, dans la
majorité des cas, les chirurgiens doivent procéder
à une mastectomie, c’est-à-dire enlever la totalité
du sein.
Le deuxième type de cancer est nommé «invasif».
Dans ce cas, les cellules malignes peuvent traver-
ser les parois des canaux, envahir les vaisseaux
lymphatiques et former des métastases dans les
poumons, le foie ou les os. Paradoxalement, alors
que ce cancer est plus grave pour la santé, il est
souvent possible de conserver le sein car les
tumeurs sont limitées. L’importance de la
chirurgie ne dépend donc pas de la gravité de la
maladie.
TRAITEMENTS CONSERVATEURS OU NON
Les traitements chirurgicaux sont dits «conser-
vateurs» lorsqu’ils gardent le sein, et «non-conser-
vateurs» lorsqu’ils l’ôtent. Pour une tumeur d’une
taille donnée, l’un et l’autre offrent les mêmes
chances de guérison.
Le choix du traitement dépend de la grosseur de
la tumeur, mais surtout de sa taille par rapport à
celle du sein – chez une femme qui a un bonnet E,
on peut enlever une tumeur plus importante que
chez celle qui a un bonnet A. Il dépend donc de la
morphologie de la patiente et non de la gravité de
son cancer.
On privilégie l’ablation du sein lorsque celui-ci est
petit ou s’il renferme plusieurs tumeurs, alors
qu’on a recours au traitement conservateur quand
le sein a une taille suffisante et qu’il ne renferme
qu’une unique tumeur. Dans ce cas, on ôte cette
tumeur, en veillant toutefois à obtenir un résultat
esthétique que la patiente juge satisfaisant.
L’IMPORTANCE DE LA SYMÉTRIE
D’un point de vue esthétique, l’élément important
est la symétrie du buste. Il y a quelques années,
un chirurgien ne s’intéressait qu’au sein opéré.
Mais il en va autrement pour la patiente. Quand
elle est devant sa glace, elle regarde ses deux
seins et non seulement celui qui a été reconstruit,
et elle peut ne pas être satisfaite de sa poitrine. La
chirurgie moderne doit donc anticiper cela afin
d’aboutir à la plus grande symétrie possible.
Les séquelles esthétiques laissées par la chirurgie
sont de moins en moins fréquentes, mais elles
s’observent encore dans 10 à 15 % des cas,
notamment lorsqu’un traitement conservateur est
utilisé chez des femmes ayant de petits seins.
Dans ce cas, il est souvent préférable d’ôter la
totalité du sein puis de le reconstruire, plutôt que
de vouloir à tout prix conserver un sein qui sera
finalement inesthétique.
LA CHIRURGIE DU CANCER DU SEIN A BEAUCOUP ÉVOLUÉ CES DERNIÈRES ANNÉES. NON SEULE-
MENT SUR LE PLAN MÉDICAL, MAIS AUSSI SUR CELUI DES CONSÉQUENCES ESTHÉTIQUES DE
L’INTERVENTION. AUJOURD’HUI, LES CHIRURGIENS PRENNENT EN COMPTE LE DÉSIR DES FEMMES
DE RETROUVER UNE POITRINE HARMONIEUSE ET ILS ACCORDENT UN SOIN PARTICULIER À LA
RECONSTRUCTION MAMMAIRE.
LE POINT DE VUE
DU GYNÉCOLOGUE