est souvent un motif d’augmentation de l’épargne de précaution, qui est justement
comptabilisée dans M3. C’est pourquoi, comme nous le rappelons depuis 1999, cet objectif
n’est pas crédible et ne peut servir de socle à la politique monétaire eurolandaise, sous peine
d’erreur de diagnostic. Et on sait maintenant où ces erreurs ont mené la croissance de
l’Euroland.
Dans ce cadre, l’attitude de la BCE et des gouvernements eurolandais dans les mois à venir
est déterminante pour notre avenir économique.
Première possibilité : la stratégie de la BCE reste arc-boutée sur ses principes monétaristes qui
sont pourtant dénoncés par le FMI. Dès lors, l’Euroland accumulera de nouveau des points de
croissance de retard par rapport aux Etats-Unis : 15 points de 1992 à 2000, combien dans les
10 prochaines années ? Malheureusement, ce cas de figure reste fort probable. Les mauvaises
langues soulignent même que le rejet de la candidature de Paul de Grauwe, au profit du grec
Lucas Papademos, est directement lié au rapport du CEPR sur M3. Ce qui serait évidemment
de mauvais augure pour la stratégie à venir de la BCE. De même, les inquiétudes de Wim
Duisenberg sur les hausses salariales, notamment en Allemagne, tranchent un peu avec la
réalité économique. Le président de la BCE sait-il qu’en 2001, les salaires réels des
Allemands ont reculé de 0,8 % ?! Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché l’inflation allemande
d’atteindre 2,5 % l’an passé...
Deuxième possibilité : les statuts, la transparence et la stratégie de la BCE sont améliorés vers
une prise en compte de la croissance économique, un objectif d’inflation hors énergie et
produits alimentaires et la diffusion de l’état du débat lors des réunions de politique
monétaire. A ce moment là, la crédibilité de la BCE sera rehaussée et la croissance de la zone
euro pourra faire aussi bien, voire mieux, que celle des Etats-Unis.
Car, au contraire de ce qu’ont pu dire les dirigeants du SEBC (Système européen de Banques
Centrales) en 2001 et au début 2002, la stratégie de la Fed est un succès. La preuve : malgré le
cataclysme du 11 septembre, l’économie américaine est déjà installée sur la voie de la
croissance soutenue et ce, sans regain majeur d’inflation. Cette dernière est même de 1,2 %
aujourd’hui contre 2 % dans la zone euro !
C’est d’ailleurs ce qui permettra à la Réserve fédérale américaine de consacrer un nouveau
statu quo monétaire jusqu’en août prochain de manière à consolider davantage la reprise
économique américaine. Ce qui souligne d’ailleurs que le récent rebond de l’euro ne pourra
aller bien loin...
Jusqu’où l’euro peut-il remonter ?
Il faut effectivement être clair : le récent rebond de l’euro vis-à-vis du dollar n’est aucunement
dû à des performances économiques eurolandaises meilleures que celles des Etats-Unis. C’est
même le contraire qui s’observe et qui devrait d’ailleurs durer sur l’ensemble de l’année 2002.
Certes, la reprise américaine n’est peut-être pas aussi forte que les marchés l’auraient
souhaité. Pourtant avec une croissance annualisée de 5,6 % au premier trimestre 2002 et de
2,6 % hors stocks, il n’y a vraiment pas de quoi se plaindre. De même, l’indice des directeurs
d’achat dans l’industrie manufacturière s’est nettement redressé depuis le début d’année et
cela fait désormais cinq mois qu’il est nettement au-dessus de la barre des 50. Ainsi, après
avoir déjà augmenté de 2 % de janvier à mai, la production industrielle devrait demeurer sur
le chemin de la hausse.
En outre, comme le montre la bonne tenue de la confiance des ménages, la consommation
devrait rester vigoureuse et conserver par-là même son rôle de moteur actif de l’économie
américaine. Cette dernière est donc toujours bien partie pour enregistrer une croissance proche
de 3 % cette année et 3,5 % l’an prochain. Les déçus actuels de ces performances devraient