
Comment alors peut-on diminuer les coûts liés aux médicaments?
Si nous reprenons les deux problèmes concernant les médicaments, c'est-à-dire leur coût et
leur accessibilité, ce sont les instances politiques qui doivent s'impliquer dans les décisions
avec une réelle volonté de mettre en place un système de santé équitable et favorable à
l'ensemble de la population dans le cadre d'une politique de santé (20)
En Suisse, l'OFAS devrait exiger une diminution drastique du prix des nouveaux
médicaments, puisque plus de 50% du prix est lié au coût du marketing.
En décembre 2001, une étude a mis en évidence que l'industrie pharmaceutique américaine a
augmenté presque 2 fois plus ses effectifs en personnels pour le marketing que pour la
recherche (21).
Swissmedic (OICM) ne devrait autoriser la mise sur le marché que des nouveaux
médicaments qui apportent réellement un plus pour les collectivités. Car le terme "novateur"
pour un médicament est très flou, puisqu'il peut s'agir d'une nouvelle galénique, d'une
nouvelle indication ou réellement d'une nouvelle molécule, dont certaines apportent
véritablement un progrès thérapeutique favorable pour les patients (22). En effet, chaque
molécule, nouvellement admise, entraîne des frais considérables pour sa publicité et son
marketing dans l'espoir de s'approprier la plus grande part du marché. Est-il vraiment
nécessaire qu'il y ait, par exemple, 8 inhibiteurs de l'enzyme de conversion (traitement anti-
hypertenseur), 16 céphalosporines (antibiotiques) ou 6 inhibiteurs de la pompe à protons (anti-
ulcéreux),…
Concernant le prix des "anciens" médicaments, pouvant être vendus sous forme de génériques
ou copies, soit 80% des médicaments vendus en Suisse, leur prix devrait chuter de plus de
80% puisque les coûts liés à l'investissement pour la recherche ont été amortis depuis
longtemps et leur place dans le marché n'est plus à faire.
Cas particulier des médicaments essentiels:
Il est par ailleurs très important de ne pas confondre la notion de médicaments génériques
avec celle des médicaments essentiels, dont la liste est remise à jour régulièrement par l'OMS
depuis 1977, et dont le principe est de pouvoir satisfaire les besoins de la majorité de la
population (23). Les médicaments essentiels doivent donc être disponibles à tout moment, en
quantité suffisante. Ils sont choisis sur la base d'études tenant compte de critères de qualité,
d'efficacité, d'innocuité, de disponibilité et de prix. Il s'agit pour 30% de médicaments anti-
infectieux qui permettent non seulement de sauver des vies de manière très significative à
l'échelle mondiale, mais évitent également une perte de la productivité pour les populations
concernées qui sont maintenues dans une situation de dépendance et d'assistance (24).
Pour mémoire, 14 millions par an de personnes décèdent, de manière prématurée, de maladies
infectieuses comme la malaria, le SIDA, la tuberculose, la maladie du sommeil et la
leishmaniose (25) et les firmes pharmaceutiques font de la résistance pour l'accès aux
médicaments (26).
La production des médicaments essentiels devrait être introduite dans les programmes de
santé publique au même titre que l'accès à l'eau potable et à une nourriture suffisante, que le
droit au logement et au travail,… car ils contribuent à l'amélioration de la santé (27).