Annexe 1
Les génériques, copies pas si conformes
Article paru dans l'édition du 25.02.12 Le Monde.fr
MÉDECINE : L'Académie de médecine souhaite des contrôles plus stricts de ces médicaments (..).
Incertitudes sur les contrôles de qualité, questionnements sur l'équivalence avec les médicaments de
référence, réticences des médecins. Les génériques, ces copies moins chères de molécules tombées dans le
domaine public, sont à nouveau sous le feu des critiques.
Et pour la première fois depuis leur lancement, en 1999, le marché est en recul en France : le nombre de
boîtes de génériques vendues a baissé de 3 % entre 2010 et 2011. Une stagnation qui s'expliquerait en
partie par le développement du recours à la mention « non substituable » (NS) sur les ordonnances. Par ce
procédé, les médecins interdisent au pharmacien de substituer un générique au médicament qu'ils ont
prescrit. Ils seraient de plus en plus nombreux à y recourir systématiquement. L'assurance-maladie va
lancer une étude sur ce phénomène.
Dans un rapport publié le 14 février, l'Académie de médecine s'inquiète, de son côté, des conséquences de
la délocalisation massive de la production des matières premières des médicaments. Et émet cinq
recommandations sur les génériques, dont celle d'« appliquer formellement les dispositions réglementaires
de contrôle de qualité » et d'« appliquer les [mêmes] règles de la pharmacovigilance et de la pharmaco-
épidémiologie » qu'aux médicaments référents.
Comme le souligne ce rapport, les génériques ne sont pas des copies conformes de la spécialité de
référence. Le principe actif est le même, mais couleur et présentation (gélule, comprimé...) peuvent
différer, de même que les excipients1. Pour être mis sur le marché, un générique doit simplement démontrer
sa bioéquivalence (par des tests biologiques qui reflètent le comportement du produit dans l'organisme)
avec la molécule princeps2, avec une tolérance de + ou - 20 %. Un système qui, pour les autorités de santé,
garantit que l'efficacité et la tolérance sont inchangées.
Pas si simple, selon les médecins. Globalement, les généralistes pointent des risques de confusion et
d'erreur chez les personnes âgées qui prennent beaucoup de médicaments.
D'autant que la marque de génériques délivrée par le pharmacien peut varier d'une fois à l'autre. « C'est une
vraie difficulté, qui s'accroît depuis trois à quatre ans. On est aux antipodes des conditions qui permettent
une bonne observance, et cela augmente les risques
iatrogènes », observe Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants. De
nouvelles dispositions réglementaires, qui permettent pour tout générique de copier l'apparence et la texture
de son princeps, devraient résoudre en partie ce problème.
Des questions se posent aussi dans certaines familles thérapeutiques. Le cas des antiépileptiques, dont la
marge thérapeutique est étroite, est emblématique. Des cas de déséquilibre de l'épilepsie après introduction
d'un générique ont été rapportés, avec parfois des conséquences dramatiques sur le plan médical ou social.
Après une enquête de pharmacovigilance plutôt rassurante, l'Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé (Afssaps) a cependant recommandé aux prescripteurs de bien informer le patient et de
s'assurer que la prescription de génériques n'induit pas d'anxiété particulière.
Les neurologues préfèrent jouer la prudence. « Quand un épileptique va bien, je demande qu'on ne change
pas la marque de son médicament. Je ne veux pas prendre de risques pour quelques centimes », souligne le
docteur Arnaud Biraben (CHU de Rennes), en précisant qu'au Canada une enquête médico-économique a
montré que le coût d'un traitement par antiépileptique générique était au final supérieur à celui du
médicament de référence. Une telle étude se met en place en France. « Je ne suis pas sûr qu'il existe de
grosses différences entre génériques et princeps, mais dans des pathologies où soit le taux sanguin du