SOCIAL MEDIA CLUB France / SESSION 14 QUEL FUTUR POUR LA PUBLICITE ON-LINE ? Selon une récente étude, seulement 49% des annonceurs ont conscience des enjeux stratégiques on-line, et seulement 27.5% d’entre eux les ont intégrés au dispositif de croissance de leur entreprise. La croissance moyenne annuelle des investissements digitaux a été de 40% en 2008, et ce sans cannibalisation des autres médias, puisqu’à 60% l’investissement sur le web des annonceurs est un placement supplémentaire. En 2007 et 2008, les principaux leviers utilisés par les annonceurs étaient la création de sites et les stratégies de communication directe ( email marketing). Mais avec l’apparition de nouveaux besoins digitaux, les annonceurs tentent de développer de nouveaux leviers : marketing mobile et social media marketing par exemple, ou même ciblage comportemental. Quels sont les nouveaux modes d’influence de la publicité ? La bannière étant dépassée, quelles nouvelles stratégies mettre en place ? A quel business model on-line correspondent les nouveautés en matière de publicité ? Peut-on faire perdurer un cercle vertueux de la communication digitale ? Quel placement pour les marques sur le net ? Bref, quel futur se dessine pour la publicité on-line ? Pour répondre à ces questions, nous avons réunis un plateau d’intervenants de choix : - Damien Douani, Blue Kiwi et Read Write Web, qui traitera de l’avenir du placement de produit. - Ludovic Manigot, Eperf Consulting qui traitera des aspects pratiques de la publicité sur internet en insistant sur la notion de Performance - Aude Delobelle directrice commerciale AdConion Media Group, qui traitera du ciblage comportemental ; 1/ Internet de la performance, Ludovic Manigot, ePerf Consulting A- Definition A mes yeux, l’avenir de la publicité se pose en deux points : la notion de performance et la présence de la publicité sur les réseaux sociaux. Mon expérience ( entre autre chez Yahoo, Kelkoo ) me fait conclure que le futur de la publicité est évidemment dans la PERFORMANCE, en effet, la publicité on-line a besoin d’être trackée, mesurée, analysée, et surtout avoir un ROI suffisant, donc de la performance. De plus en plus de budgets publicitaires classiques dit campagne de branding dérivent vers des notions de performance dans leur conception de modèle économique. La notion de performance est en soit difficile à définir, mais tous les annonceurs comprennent la notion de retour sur investissement : l’annonceur paye sa campagne en fonction d’une action réaliste et mesurée, si celle-ci n’existe pas, il n y a pas de performance. Pour l’instant, 30 à 60% des budgets sont investis de cette façon mais bientôt cela sera 90%. Contrairement à la télévision qui a un objectif d’exposition et de visibilité mais n’offre aucune mesure de celui-ci, ce qui contrecarre l’idée même de performance. Mais sur le web, l’annonceur veut de la performance, de la mesure, du ROI. B- Canaux et outils Les canaux de performance sur le web sont surtout l’affiliation et dans une moindre mesure le SIM c'est-à-dire le lien sponsorisé où la rémunération est reliée à la performance réalisée. De gros réseaux tels Yahoo, Msn, rentrent maintenant dans un internet à la performance, depuis un an et demi environ, et nous voyons se développer une monétisation à la performance. Concrètement, nous accédons à des sous-domaines ( pages peu achetées en terme de CPM), que l’on monétise au clic avec des garanties de performance pour l’annonceur ( exemple : à condition que les 2500 clients soient venus, je reconduis ma campagne). C’est à mon avis l’avenir de 80% de l’inventaire sur le web. Les agences tiennent un vrai faux discours, en effet, elles disent vendre des prestations à la performance mais leur modèle économique ne l’est pas du tout et est appuyé sur de gros médias, et l’inventaire est toujours vendu au CPM c'est-àdire au fixe. Les gros carrefours de trafic se concentrent de plus en plus sur les home pages. Les gros espaces de trafic et d’influence restent vendus au CPM, mais 90% de l’inventaire reste invendu, parce que la notion de risque est inhibitrice pour l’annonceur. La notion de performance prend donc tout son sens sur le net. Dans un plan média de plus en plus élaboré, l’annonceur veut introduire et travailler sur une notion de performance, mais aussi répondre à la problématique de visibilité de sa marque. Une campagne de branding sur internet, même si elle était mesurée, n’impliquerait pas de performance, parce que nous n’avons pas de référent sur le web. Donc l’ évolution est à un mix de budget entre la performance et le branding. C- Réseaux Sociaux et Créativité Sur les réseaux sociaux , le clic sur bannière est très faible. Pour une grosse campagne, le taux de clic est d’environ 0.20%, mais le volume d’impression est énorme. De plus l’environnement de la bannière est très important : par exemple, je vais cliquer sur une voiture quand je suis sur ce type de site d’information alors que si je me trouve sur un autre site qui n’a pas de rapport avec cela, je ne cliquerai pas. La relation entre la page publicitaire et le site hébergeur est étroite. Certains paramètres comportementaux rentrent evidement en compte, mais je regrette surtout lors des campagnes web, la pauvreté de la créativité. Il y a depuis 2 ans une réduction drastique de l’exposition publicitaire sur une page, elle est donc vendue plus cher et avec des impératifs de performance. Quels seront les nouveaux formats qui permettront d associer mon comportement en tant qu’internaute et de la performance ? On sait par exemple que la publicité sur Facebook clique à 0.01. On a l’exemple de Xerox en France qui a suscité l’intérêt en créant de l’interaction en intégrant des mini-sites intégrés au sein des créations. Mais actuellement on assiste à une baisse très conséquente des taux de transformation. Pourtant la demande de créativité est rare chez les annonceurs entre autre parce qu’elle demande des moyens. Les agences ne sont pas éduquées vraiment, elles ne facturent plus de conseil, elles ne facturent plus que les frais de trafficking, et donc la proportion d’inventaire invendu est de 40 à 60% voir pour un exemple comme La Tribune leur proportion d’invendu est de 100 à 110% Je rêverai de voir les créatifs télé sur le on-line par exemple, parce que la question n’est pas tellement celle du budget de tournage mais vraiment celle de la créativité. Même si il y a un basculement des budgets entre autre parce que les -25ans ont un taux d’attention plus faible à la télévision, le média télévision reste tout de même un outil de prestige. C’est la chaîne d’intermédiaire entre l’annonceur et le créatif qui au final avale 90% du budget. Le net lui connecte l’annonceur au consommateur directement. Pour moi l’avenir de la publicité est vraiment dans la performance, car les réseaux sociaux qui peuvent paraître une ouverture, ne sont finalement investis que par les politiques. La forme d’un annonceur sur un réseau social est quasiment une forme d agression et prend la forme d un virus. La question reste comment monétiser un lien social, parce que dans ce cas dans un objectif de référencement et de recommandation cela donne des taux de transformation phénoménaux. 2-Aude Delobelle, Adconion Media Group, le ciblage comportemental a-Origines et définition Pour ma part, je défendrais le ciblage comportemental dans la publicité. Comme vous le savez donc, le ciblage comportemental permet d’adapter la campagne, le contenu promotionnel à l’user internet en fonction de ses comportements de navigation voir de sa géolocalisation. Je ne vois donc pas l’intérêt pour nous de parler en termes de CPM, CPA, ou CPC. Le but du ciblage comportemental est tout de même fonctionnellement lié à une notion de performance très importante. De 2001 à 2003, s est effectué un glissement dans le monde des annonceurs, une prise de conscience qu’il existait une possibilité de notoriété sur internet. Puis en 2005-2006, les annonceurs ont compris qu’internet était un outil magique pour eux, puisqu’il permet d’identifier précisément le comportement, les envies et donc les demandes précises de l’internaute. Si je résume le ciblage comportemental, c’est un algorithme qui suit l’internaute et suit donc ses interactions qui constituent donc nos segments d audience. En effet, avant le retargeting, le trafic sur le site n’était pas monétisé, or le visiteur unique est un prospect pour la marque. Notre travail en régie est donc segmenté sur 30 jours pour pouvoir rester le plus proche possible du cycle d’achat. En partant d’un exemple sur un site comme AuFéminin et une marque comme Nivea, l’absence de la marque sur ce site est seulement inconsciemment remarquée, sa présence ne doit pourtant pas lui faire espérer des ventes. Les acteurs donc de la performance ne pourront jamais se passer du branding. Le ciblage comportemental multiplie les taux de transformations entre 6 et 25 fois. Cela peut être une réponse à la crise subie par des sites qui ont une forte notion de branding. Pour la marque passer au ciblage comportemental, c’est prendre un risque. b- La technologie et les chiffres Le système de ciblage comportemental a besoin d’un cookie pour être effectif. Evidemment chaque technologie a son propriétaire, chaque cookie est la propriété de son annonceur. La durée d’un cookie est de deux jours environ , puisqu’ensuite on subit un cookie dropping. Bien sur les cookies sont limités à un certain nombre de sites. Cet Add-On ne choisit pas son emplacement, le système le choisit pour lui à la performance. Leur faible durée de vie est due au fait que les cookies de post-vu et de post-clic sont écrasés par les autres. Bien entendu, l’un des problèmes que pose le retargeting avec acuité, c’est la conservation des données personnelles de surf de l’internaute. Or, aucune régie n’est capable de conserver les infos ou de les traiter. Une action à la Commission Européenne ayant été intentée, la réponse a été d’offrir à l’internaute une option login/log out. Pour parler en chiffre, et faire une comparaison, en général en matière de publicité sur internet, il ya environ 30 000 impressions pour une action. Avec le ciblage comportemental, le chiffre passe à 3000 pour une. Si je donne l’exemple le plus parlant qui serait celui de Nissan, sa plateforme d affiliation ne peut pas suffire à l’internaute. Avec une campagne de ciblage comportemental nous obtenons des taux de transformation de 12 à 15. L’une des problématiques qui semblent la plus actuelle est tout de même la notion de vie privée avec le paquet du télécom et les débats qui s’en suivent sur la protection de la vie privée. 3- Damien Douani, Blue Kiwi, le placement de produit. a-définitions Courant voir habituel aux USA ou en Asie, le placement de produit est une présence de la marque dans l’éditorial. Si je devais faire une métaphore pour le définir, je dirais qu’il fonctionne comme les filets dérivants en pêche. Nous avons pu observer son développement dans les jeux et dans le on-line, ce qui a donné lieu au développement de la technique de l’advergaming. Or les gens jouent avec la marque, la détourne, la remixe, ce qui semble contradictoire avec la politique de la marque. Donc certaines marques produisent un format uniquement dédié au web, en s’inspirant du modèle célèbre d’Unilever et du soap opéra, comme par exemple la Brownie Academy, en intégrant donc leur marque à un éditorial construit. Que faire alors de l’UGC ? Je prendrais donc l’exemple de Katoa, plateforme et réseau social que nous avons développé pour Orange et qui permet de contextualiser les vidéos postées. Youtube a aussi essayé de développer une sorte de bannière intelligente, permettant de réutiliser des formats pour les marques. Quelle objection peut y faire la marque ? Evidemment un problème de contrôle de son image se pose. Comment pensait on commercialiser le système Katoa ? Et bien, nous pensions le vendre sur le principe d’une agence, pour nous le business c’est l audience, et pour la marque c’est une publicité intersticielle. Le placement de produit exploite la logique du lien entre la marque et l’utilisateur. Il demande tout de même une crédibilisation contextuelle c'est-à-dire qu’il faut que l’intégration dans le propos scénaristique ne soit pas en désacord avec la réalité .Un placement de produit peu crédible dans un jeu par exemple, donne lieu à un refus du gamer, comme ce fut le cas par exemple avec la pub au néon d’Axe dans le jeu Splinter cell. Mais le placement de produit est aussi une façon d’augmenter la qualité du lien entre l’utilisateur et la marque, en laissant celui-ci se l’approprier comme l’a fait par exemple Currenttv où les publicités sont générées par les utilisateurs, ou EYEKA en France. b-les stratégies existantes Nielsen a effectué une analyse poussée de l’efficacité du placement de produit. Sur le web un outil trackant la présence de marque dans les médias numériques croisé avec la logique du CPM, donne des ratios interessants, parce que quasiéquivalent à ceux de médias d’offre comme la télévision. La structure référence sur le sujet est PQ MEDIA. Il existe déjà des stratégies de placement de produit dérivé ( par exemple Plus belle la vie sur France 2) mais ce que cela demande est une stratégie plus transversale, plus transmédia. Evidemment, cela demande aussi une adaptation de l’écriture scénaristique. La nouveauté dans la pratique du placement de produit est dans l’interaction ( information contextuelle complémentaire). Elle est envisageable notamment via une pratique de localisation. Elle requiert une logique de recommandation induite. Elle peut par exemple passer par la forme d’une intégration à la volée dans des productions génériques ( exemple de Dr Pepper dans les bannières de match de foot en trois D). Cela correspondrait à une forme de publicité personnalisée.