Les troubles spécifiques du langage. Résumé de l’intervention du centre de référence de l’hôpital Charles Nicole, de Rouen. Dr Charollais, neuro pédiatre (seul le prononcé fait foi) En 2001 : création des centres de référence en France. Les constats : Pas plus de 3% d’enfants déficients en France. On estime que 10 à 15 % des enfants sont en échec scolaire, en fait 5 à 10 % de ceux-là ont des troubles spécifiques du langage (problèmes extrêmement imbriqués). Les parties cérébrales dédiées au langage oral sont très localisées (dans l’hémisphère gauche pour 80 % des êtres humains). Un peu d’histoire … Depuis 1881, un médecin (Professeur Berlin à Stuttgart) a décrit médicalement la difficulté d’entrer dans la lecture. 1896 : un médecin scolaire anglais décrit ces troubles « d’enfants intelligents » qui n’arrivent pas à lire et écrire convenablement. Il n’existe pas de pathologie psychiatrique internationalement reconnue pour la dyslexie. Avec le perfectionnement des IRM fonctionnelles : on observe une différence anatomique formelle chez les enfants dyslexiques. L’état des connaissances : On identifie aujourd’hui plusieurs causes : Anomalies du corps calleux Anomalie de la migration cellulaire Perte de l’asymétrie « planum temporal », le cerveau du dyslexique ne va pas se spécialiser ni à droite ni à gauche (désorganisation de l’information entre les deux hémisphères cérébraux). Désorganisation des structures magno cellulaire (adaptation visuelle insuffisante) Anomalies cérébelleuses (visio attentionnelles) Hypothèses : 1. Les deux hémisphères cérébraux n’arrivent pas à bien fonctionner ensemble. 2. La difficulté de traiter de façon temporelle les sons (lorsqu’ils sont trops rapprochés, ils sont mal identifiés). Chez certains enfants on note que : DA – BA, ces syllabes prononcées de façon rapprochée sont confondues et prononcée de façon espacée elles sont comprises et discriminées. 3. Le trouble ophtalmologique : le contraste noir/blanc, très accentué peut gêner l’enfant (jaune/vert étant alors préférable). Etat des connaissances actuelles : La dyslexie est internationale, car c’est la difficulté entre la coordination visuelle et auditive qui génère ce type de difficulté. Toute difficulté de langage écrit nécessite une évaluation du langage orale, le langage écrit ne se constituant que sur le langage oral. Facteurs familiaux génétiques, mais pas un déterminisme car des compensations sont possibles. Si le repérage se fait en maternelle (PS ou GS) en travaillant sur l’aspect phonologique et lexical de la langue, alors 50% à 75% des enfants dyslexiques peuvent entrer normalement au CP. Dès 6 mois le fœtus, commence à traiter les sons du langage (dans le ventre maternel). De 0 à 3 mois, vocalises ; à 6 mois : babillage dans le langage maternel (séquençage et répétition monosyllabique) ; 9 mois : babillage canonique « mama », les premières correspondances sons/signification. Toute plainte sur le langage oral à 3 ans doit être prise en considération, les critères de gravité : Inintelligible, agrammatisme, compréhension altéré … En cas de difficultés avérées : à 5 ans, évaluation orthophonique et rééducation (intense si difficulté sévère) L’école est essentielle : Là le trouble est repéré, car le retentissement est direct sur la vie scolaire. Attention à la co-morbidité (morbidité associée) : état dépressif de l’enfant qui comprend qu’il n’est pas à la hauteur des attentes des adultes -> troubles émotionnels, troubles du comportement. La correspondance de la lettre et du son ne fonctionne pas ou fonctionne mal chez l’enfant dyslexique. L’incidence dyslexique est donc plus importante dans les pays avec un langage non transparent comme le français (« femme », j’entends A mais je dois écrire E). Retard scolaire : de 18 à 24 mois aux tests de lecture standardisés. Le bilan orthophonique : Ses objectifs : Evaluer le langage oral, le langage écrit (le langage écrit nécessite un langage oral riche et précoce.) Proposer des hypothèses de rééducation Lien avec les adaptations scolaires éventuelles. Comment évaluer le langage oral ? Evaluation des mêmes composantes linguistiques quelque soit l’âge, établissement d’un « âge lecture ». Si l’enfant est pris très tôt (en dessous de 5 ans) la correction est possible ; à partir de 6 ou 7 ans, on ne sera que dans des mesures compensatoires. La vitesse et la précision de la lecture sont évaluées, la compréhension de lecture, la production de récits écrits également. A noter : le temps est un mécanisme compensatoire chez l’enfant dyslexique (il met plus de temps pour arriver au même résultat que les autres). Le pronostic scolaire : l’orthophoniste essaie d’évaluer les ressources dont dispose l’enfant afin de poursuivre sa scolarité. Le langage : Les entrées neuro sensorielles sont extrêmement importantes pour l’acquisition du langage. Deux principales fonctions peuvent être repérées pour le langage : La fonction évènementielle : signaler des évènements, surtout surprenant ; la prise en charge des petits nécessite cette activité. La fonction évènementielle tend vers l’argumentation. La fonction narrative : être capable de raconter des représentations décontextualisées. Les moyens pour raconter : la morphosyntaxe (savoir organiser l’ordre des mots, conjuguer, savoir distribuer les déterminants). Les troubles spécifiques du langage : La dysphasie : Trouble grave et durable du développement de la structure du langage qui se manifeste généralement par trois types de dissociations : - Entre les compétences langagières et les autres compétences intellectuelles. - Entre les capacités de compréhension et celles d’expression. - Entre le lexique et la syntaxe. La dysphasie est un trouble structurel du langage. Classement des dysphasies : Agnosie verbale : compréhension altérée car l’enfant ne reconnaît pas les sons du langage. Syndrome lexico syntaxique : difficulté à trouver ses mots + troubles de la compréhension. La dyslexie : Trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture : assemblage (codage phono alphabétique) ; adressage (procédure photographique) ; être expert (contextualiser, anticiper) La dyslexie dysphonétique (confusion des sons écrits : carvate au lieu de cravate) La dyslexie visuo attentionnelle : l’enfant ne prélève en lisant qu’une partie des syllabes du mot) : « carval » au lieu de « carnaval ». La dysorthographie : Ecriture phonologique par exemple. Questions de l’auditoire : Dans le diagnostic, quels sont les critères de gravité identifiables ? A deux ans l’enfant doit être capable d’associer deux mots (et disposer de 50 mots en réception) ; à trois ans il associe trois mots. Comment adresser un enfant au centre de référence ? Le centre de référence arrive en second rang, après l’intervention des professionnels de proximité. Les orthophonistes contactent le centre de référence lorsque l’évolution de l’enfant ne correspond pas à ce qu’ils pouvaient attendre. A noter : Site ressource de lectures pour des enfants qui ont des difficultés, on peut leur faire écouter des histoires : http://www.litteratureaudio.com