20080930

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COURS DE COMMUNICATION
CHRISTINE POPLIMONT
INTRODUCTION
Histoire de l’école de Chicago :
Création en 1910
Fondateurs : J Dewey / H Mead / Cooley
En 1940, d’autres sujets les intéressent => Ecole de Palo Alto.
Genèse :
La communication a un rôle important dans la vie sociale
= échanges entre les hommes
L’être humain a besoin d’interactions / d’échanges avec les autres pour se
développer. Sans ces échanges, il devient fou.
Leurs études ont porté sur les questions suivantes :
- que se passe-t-il durant ses échanges ?
- qu’est il produit ?
Premier schéma :
Emetteur  récepteur
Message
Si parasite la communication passe moins bien.
A force de réflexion, ils en sont arrivés à la conclusion qu’il y avait
plusieurs niveaux dans les messages, ainsi que plusieurs types de
messages. (paroles / écrits / arts …)
Niveau 1 : réflexion seul
Niveau 2 : réflexion avec les autres
Niveau 3 : réflexion écrite
Par exemple dans l’architecture :
style roman au départ, puis quand la religion catholique a voulu faire
passer le message « on est plus proche de Dieu dans une église » =>
style gothique avec des flèches très hautes pointant le ciel.
Mead a prouvé que la pensée ne peut pas se développer sans
communication.
Dewey a étudié le travail sur l’expérience, et a démontré qu’il faut
s’appuyer sur son expérience pour conceptualiser.
1941 : Travail sur la propagande Nazi
Lazerfeld, Lewin, Lasswell


Comment ont ils fédérés les gens ?
Pourquoi autant de personnes ont adhéré au nazisme ?
Les réflexions ont commencé a Berlin : Hitler voulait savoir comment
s’adresser aux gens=> techniques de comm.
Aux US, l’analyse est partie des communications d’Hitler => définition de
ses techniques de propagande
Propagande : le maniement des attitudes collectives par la manipulation
de symboles significatifs
Mettre dans un message simple des symboles qui touchent les êtres
humains => ê manipulés sans s’en rendre compte
En psycho, la manipulation c’est amener quelqu’un à faire quelque chose
qu’il n’aurait pas fait spontanément.
La psycho sociale découle des travaux faits autour du nazisme. C’est
l’étude de l’incidence du groupe sur l’individu et de l’individu sur le
groupe.
Il y a
-
3 grands champs dans cette étude :
dynamique de groupe
représentation sociale (Abric, Doise, Moscovici)
théorie de l’engagement (Kiesler, Beauvoir, Joule)
LA DYNAMIQUE DE GROUPE
Postulat de départ : l’être humain a besoin de faire partie d’un groupe
pour se développer.
Le sentiment d’appartenance est inconscient. Il est souvent utilisé lors des
embauches par exemple, c’est la clé de voûte d’une personne.
L’objectif du formateur est de fédérer le groupe des formés, de récupérer
celui qui s’exclue via et avec le groupe.
1942 : Conférences de Macy
Regroupement de différents chercheurs de toutes disciplines. Leur point
commun : ils ont du fuir l’Europe pour les US au moment du nazisme.
Précis de psycho sociale Tome I et II. (textes fondateurs anglais et
américains)
Les armes utilisées par le nazisme :
- La possibilité de sortir de son état : ex le fils d’ouvrier qui devient
médecin => donne l’idée qu’adhérer au parti permet de se grandir.
- La résilience : quand j’ai vécu quelque chose de grave, je ne suis
pas pour autant un paria, je vais pouvoir tisser des liens avec des
gens qui vont m’aider à remonter la pente.
- L’idée de grandeur : par exemple les défilés de Nuremberg, mais
aussi le style architectural de l’époque. Appuie un peu plus sur l’idée
de pouvoir sortir de son état.
- Les symboles : le feu, les colonnes, les musiques …
Lewin a inventé le terme de « champ psychologique » : un être humain a
des caractéristiques propres mais le sentiment d’appartenance à un
groupe lui fait faire des choses qui ne lui sont pas propres.
Le contexte/la relation aux autres mettre une pression (par une mise à
l’index par exemple).
Le poids du rituel est tres fort dans l’engagement d’une personne.
« Tristes tropiques » de Levi Strauss
F Hoaland : est ce que pour convaincre quelqu'un il faut un argument
univoque ? La réponse est plutôt non : si on présente un argument
univoque, la personne va se méfier, voir va faire machine arrière, même si
elle était convaincue. Il faut donc plutôt multiplier les arguments.
Importance du rôle de chacun dans le groupe. Comment les gens
s’expriment ils ? :
- implicite : la relation
- explicite : le contenu
A partir du rôle, on repère le sentiment d’appartenance.
Reperer les leaders :
Les emergences de personnalités jouent sur les interactions dans le
groupe.
 attention, les leaders peuvent avoir une influence sur la formation.
Plus on se sent à l’aise, plus les échanges seront riches. C’est par le
groupe que l’on va faciliter le changement, car le poids du groupe va
jouer.
D Anzieu : le role et le style de l’animateur
Trois styles de management :
Directif
Les performances sont
bonnes
Pour des taches
simples
Animateur doit être
très présent. Si absent
alors plus rien ne se
passe.
Tensions internes car
apparition de sous
groupes / cohésion de
groupe faible
Le climat relationnel
est moyen
Le bouc émissaire sert
d’élément fédérateur.
Il est nécessaire
Participatif
Les perfs sont moins
bonnes
Pour des taches
complexes
L’animation doit être
faite de présence et
d’absence (savoir
s’éclipser pour laisser
faire)
Tensions internes
faibles, cohésion forte
car travail sur
interactions
+++
Laisser aller
Perfs « stables dans la
médiocrité »
Non nécessaire,
rarement présent
Nécessaire, le seul qui
va pouvoir fédérer
Tensions fortes /
cohésion quasi nulle
---
Trois types de personnes :
Les AGENTS qui font ce qu’on leur dit de faire.
Les ACTEURS qui font ce qu’on leur dit de faire, mais en y mettant de leur
personne.
Les AUTEURS qui écrivent ce qui doit être fait.
Shannon
C’est le premier a avoir parlé des messages avec emetteur/recepteur.
Chacun code un message à sa manière et chacun de décode à la sienne
=> on voit toujours à travers son propre prisme. Deux personnes ne
voient jamais la même chose.
Py a étudié les CR d’agressions, faits pas les témoins. Les infos sont la
plupart du temps très différentes d’un témoin a un autre. Pire si l’on
indique quelque chose aux témoins avant de témoigner (Il avait un
chapeau noir par ex) ils vont quasiment tous en parler comme s’ils
l’avaient vu de leurs propres yeux.
LA THEORIE DE L’ENGAGEMENT
Arriver à faire changer d’avis sans autorité ni persuasion. Travailler sur le
phénomène du changement.
Actes à priori anodins pour que les gens changent de comportement.
 Modifier le système de pensée pour arriver à un autre
comportement.
Lewin a été mandaté par le gouvernement US pour faire accepter les
abats à la population américaine, quand les bons morceaux de viandes
partaient sur le front.
1er groupe : un animateur vante les abats. A la sortie 23% disent « je vais
consommer des abats », mais une semaine plus tard seulement 3% l’ont
reellement fait. Les 20% de pertes sont dues aux « pressions » du regard
des autres. => sentiment d’appartenance, si l’autre n’en veut pas, moi
non plus.
 le discours seul ne change que 3% de la population.
2ème groupe : un animateur vante les abats ET propose des recettes + fait
participer les personnes, avec des débats, des échanges. A la fin, il
demande aux gens de prendre publiquement position. A la fin de la
semaine 35% des gens ont mangé des abats.
 l’engagement est plus fort s’il est fait en public.
Lewin a voulu étudier le lien entre la motivation et le comportement. Ici
on voit que la motivation ne suffit pas. Il faut ajouter quelque chose pour
contrer « l’effet de gel ». En effet le gel de la décision doit être brisé.
Un groupe est l’association de plusieurs éléments contradictoires et sous
tension. Cela ne signifie pas que ça ne peut pas fonctionner. Au contraire,
les contradictions et les tensions font naître des choses, du fait de causes
externes (contexte environnemental) et de causes internes (les
envies/besoins de chacun).
Paradigme de l’effet de gel : trouver l’équilibre entre ses envies, le
contexte et l’objectif du groupe.
Kiesler : étude de l’engagement.
L’engagement est le lien entre l’individu et ses actes.
L’etre humain est consistant, càd en fonction de ce que j’ai dans la tete, je
vais agir d’une certaine manière. Il est inconsistant quand il agit en
désaccord avec son système de valeur.
L’etre humain est rationalisant, càd s’il fait un acte inconsistant, il va le
rationaliser, par rapport à son système de valeur. Il va le justifier (vis-àvis de lui même) par opposition à se justifier (par rapport aux autres).
La rationalisation est une amorce au changement, car va donner une ou
des nouvelles idées.

pour faire rationaliser les gens, il faut modifier le contexte.
Testinger : il faut alimenter l’engagement, car un seul acte ne va pas
changer le comportement. Il faut faire en sorte que la personne puisse
recommencer.
Un acte amène la dissonance cognitive. Il y a double dissonance cognitive
quand en plus de faire l’acte, on le vend à un tiers.
La dissonance n’implique pas le changement, il est possible de revenir en
arrière, de trois façons :
- la folie (schizophrénie)
- le suicide
- la rationalisation.
Le piège abscond, c’est y aller petit à petit et arriver a un résultat absurde
(pour son système de valeur). On s’engage plus facilement sur du peu
coûtant. Plus on fait d’actes peu coûtant, plus on pourra effectuer un acte
qui aurait été refusé de prime abord.
On peut alors arriver a croire que l’acte a été librement consenti, mais en
fait, on a été conditionné a le faire.
Si la personne se rend compte de la manipulation, on obtient la réactance.
La personne voudra alors faire l’inverse de ce pourquoi on l’a manipulée.
On arrivera aussi à un blocage vis-à-vis du manipulateur. On parle aussi
d’homéostasie, càd un frein à tout changement.
Les facteurs de réussite sont donc :
1. la liberté (ou l’impression de liberté)
2. le caractère public de la prise de position
3. l’irrévocabilité de l’acte
4. la répétition de l’acte
5. le coût de l’acte
6. les raisons de l’acte (plus elles sont internes, plus elles sont
efficaces)
Une personne dite « interne » est une personne qui va accepter ses
responsabilités. Une personne « externe » va toujours trouver une cause
externe a ses erreurs.
L’engagement ne vient pas de la personne, mais du manipulateur, on dit
alors « être engagé ». L’engagement vient de la personne, on dit
« s’engager »
Pour arriver à l’idée de l’acte, on « infère ».
Se mettre en accord avec soi-même = se mettre en consistance.
La servitude sans contraintes :
Milgram a travaillé sur la soumission a l’autorité. Il pensait que les
allemands avaient une prédisposition à faire souffrir les autres, et que
c’était pour cela qu’ils avaient obéi aux ordres nazis.
Il a donc mené une expérience, en choisissant des personnes connues
pour leur caractère doux et non violent. Il les fait venir pour une
expérience sur l’association d’idée, mais en salle d’attente, s’arrange pour
qu’ils entrent en contact avec un comédien qui leur dit être malade, mais
avoir besoin d’argent … Ils rentrent ensuite dans une salle. Le comédien
est branché sur une machine qui envoie des impulsions électriques, et la
personne doit lui poser des questions. En cas d’erreur, il doit envoyer une
décharge de plus en plus grande, la dernière étant mortelle. A tout
moment il est libre d’arrêter l’expérience.
 65% des gens ont appuyé sur le bouton mortel.
Il s’agit ici de « soumission a l’ordre ».
45% l’ont fait sans broncher / 20% ont essayé de motiver le comédien
pour ne pas lui faire de mal.
Cela démontre bien le poids du contexte sur la personnalité de chacun.
A voir le film « I comme Icare » avec Montand.
Le role de l’affectif :
Si je suis mis en empathie, je vais plus m’engager. Exemple du vendeur «
j’ai le même à la maison ».
Pour laisser à la personne le sentiment de liberté, il faut qu’elle ait
l’impression de pouvoir revenir en arrière.
Zimbardo : the Lucifer effect
Les US ont commandé une étude sur les matons en prison. (Trop violents,
voir même sadique …)
Ils ont construits une fausse prison, ont formé des matons (choisis pour
leur caractère doux, n’ayant jamais travaillé dans une prison) pendant 3
mois. De vrais policiers sont allés arrêter de faux prisonniers.
L’expérience devait durer 6 mois, mais ils ont été obligés d’arrêter au bout
de 3 jours, car les matons étaient devenus sadiques.

le contexte (le lieu, l’effet d’emprisonnement) avait bien un effet
sur les comportements.
Cela prouve aussi que l’on n’est pas aussi fort que ce que l’on croit.
Cela a aussi démontré que les représentations sociales sont dures à
changer. Les faux prisonniers ont en effet du déménager, car leurs voisins
gardaient l’image de l’arrestation, bien qu’ayant été prévenus qu’il
s’agissait d’une comédie.
La première image que l’on a, va être la plus marquante. Même si elle
évolue, il suffira de très peu de chose pour qu’elle revienne en force.
Une étude suisse a démontré qu’il fallait 3 générations pour changer une
représentation.
Hall « la dimension cachée » (à lire)
Il a travaillé sur la notion de territoire. Une personne a en effet plusieurs
zones :
-
la zone intime (a 1 longueur de bras) : on y entre quand on connaît
bien la personne, quand on est habilité a y entrer. Rentrer dans la
zone intime de quelqu’un est hautement manipulateur.
La zone personnelle (2 longueurs) : on connaît la personne, mais
sans en etre proche.
La zone sociale (3 longueurs) : relations professionnelles …
La zone publique/politique (4 longueurs)
Il a aussi étudié les comportements, les positions et leurs significations.
Gilles Willet « la communication modélisée » (Lire le chapitre qui parle des
zones et des comportements)
Quelques techniques de manipulation :
1. l’amorcage
Faire une proposition avec un mensonge ou un leurre. Faire découvrir le
leurre dans la deuxième proposition => met en avant le reste.
2. le pied dans la porte
Actions préparatrices peu couteuses =>l’action couteuse passe toute
seule.
3. la porte au nez
On demande beaucoup au début, et on réduit ensuite.
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