COURS DE COMMUNICATION CHRISTINE POPLIMONT INTRODUCTION Histoire de l’école de Chicago : Création en 1910 Fondateurs : J Dewey / H Mead / Cooley En 1940, d’autres sujets les intéressent => Ecole de Palo Alto. Genèse : La communication a un rôle important dans la vie sociale = échanges entre les hommes L’être humain a besoin d’interactions / d’échanges avec les autres pour se développer. Sans ces échanges, il devient fou. Leurs études ont porté sur les questions suivantes : - que se passe-t-il durant ses échanges ? - qu’est il produit ? Premier schéma : Emetteur récepteur Message Si parasite la communication passe moins bien. A force de réflexion, ils en sont arrivés à la conclusion qu’il y avait plusieurs niveaux dans les messages, ainsi que plusieurs types de messages. (paroles / écrits / arts …) Niveau 1 : réflexion seul Niveau 2 : réflexion avec les autres Niveau 3 : réflexion écrite Par exemple dans l’architecture : style roman au départ, puis quand la religion catholique a voulu faire passer le message « on est plus proche de Dieu dans une église » => style gothique avec des flèches très hautes pointant le ciel. Mead a prouvé que la pensée ne peut pas se développer sans communication. Dewey a étudié le travail sur l’expérience, et a démontré qu’il faut s’appuyer sur son expérience pour conceptualiser. 1941 : Travail sur la propagande Nazi Lazerfeld, Lewin, Lasswell Comment ont ils fédérés les gens ? Pourquoi autant de personnes ont adhéré au nazisme ? Les réflexions ont commencé a Berlin : Hitler voulait savoir comment s’adresser aux gens=> techniques de comm. Aux US, l’analyse est partie des communications d’Hitler => définition de ses techniques de propagande Propagande : le maniement des attitudes collectives par la manipulation de symboles significatifs Mettre dans un message simple des symboles qui touchent les êtres humains => ê manipulés sans s’en rendre compte En psycho, la manipulation c’est amener quelqu’un à faire quelque chose qu’il n’aurait pas fait spontanément. La psycho sociale découle des travaux faits autour du nazisme. C’est l’étude de l’incidence du groupe sur l’individu et de l’individu sur le groupe. Il y a - 3 grands champs dans cette étude : dynamique de groupe représentation sociale (Abric, Doise, Moscovici) théorie de l’engagement (Kiesler, Beauvoir, Joule) LA DYNAMIQUE DE GROUPE Postulat de départ : l’être humain a besoin de faire partie d’un groupe pour se développer. Le sentiment d’appartenance est inconscient. Il est souvent utilisé lors des embauches par exemple, c’est la clé de voûte d’une personne. L’objectif du formateur est de fédérer le groupe des formés, de récupérer celui qui s’exclue via et avec le groupe. 1942 : Conférences de Macy Regroupement de différents chercheurs de toutes disciplines. Leur point commun : ils ont du fuir l’Europe pour les US au moment du nazisme. Précis de psycho sociale Tome I et II. (textes fondateurs anglais et américains) Les armes utilisées par le nazisme : - La possibilité de sortir de son état : ex le fils d’ouvrier qui devient médecin => donne l’idée qu’adhérer au parti permet de se grandir. - La résilience : quand j’ai vécu quelque chose de grave, je ne suis pas pour autant un paria, je vais pouvoir tisser des liens avec des gens qui vont m’aider à remonter la pente. - L’idée de grandeur : par exemple les défilés de Nuremberg, mais aussi le style architectural de l’époque. Appuie un peu plus sur l’idée de pouvoir sortir de son état. - Les symboles : le feu, les colonnes, les musiques … Lewin a inventé le terme de « champ psychologique » : un être humain a des caractéristiques propres mais le sentiment d’appartenance à un groupe lui fait faire des choses qui ne lui sont pas propres. Le contexte/la relation aux autres mettre une pression (par une mise à l’index par exemple). Le poids du rituel est tres fort dans l’engagement d’une personne. « Tristes tropiques » de Levi Strauss F Hoaland : est ce que pour convaincre quelqu'un il faut un argument univoque ? La réponse est plutôt non : si on présente un argument univoque, la personne va se méfier, voir va faire machine arrière, même si elle était convaincue. Il faut donc plutôt multiplier les arguments. Importance du rôle de chacun dans le groupe. Comment les gens s’expriment ils ? : - implicite : la relation - explicite : le contenu A partir du rôle, on repère le sentiment d’appartenance. Reperer les leaders : Les emergences de personnalités jouent sur les interactions dans le groupe. attention, les leaders peuvent avoir une influence sur la formation. Plus on se sent à l’aise, plus les échanges seront riches. C’est par le groupe que l’on va faciliter le changement, car le poids du groupe va jouer. D Anzieu : le role et le style de l’animateur Trois styles de management : Directif Les performances sont bonnes Pour des taches simples Animateur doit être très présent. Si absent alors plus rien ne se passe. Tensions internes car apparition de sous groupes / cohésion de groupe faible Le climat relationnel est moyen Le bouc émissaire sert d’élément fédérateur. Il est nécessaire Participatif Les perfs sont moins bonnes Pour des taches complexes L’animation doit être faite de présence et d’absence (savoir s’éclipser pour laisser faire) Tensions internes faibles, cohésion forte car travail sur interactions +++ Laisser aller Perfs « stables dans la médiocrité » Non nécessaire, rarement présent Nécessaire, le seul qui va pouvoir fédérer Tensions fortes / cohésion quasi nulle --- Trois types de personnes : Les AGENTS qui font ce qu’on leur dit de faire. Les ACTEURS qui font ce qu’on leur dit de faire, mais en y mettant de leur personne. Les AUTEURS qui écrivent ce qui doit être fait. Shannon C’est le premier a avoir parlé des messages avec emetteur/recepteur. Chacun code un message à sa manière et chacun de décode à la sienne => on voit toujours à travers son propre prisme. Deux personnes ne voient jamais la même chose. Py a étudié les CR d’agressions, faits pas les témoins. Les infos sont la plupart du temps très différentes d’un témoin a un autre. Pire si l’on indique quelque chose aux témoins avant de témoigner (Il avait un chapeau noir par ex) ils vont quasiment tous en parler comme s’ils l’avaient vu de leurs propres yeux. LA THEORIE DE L’ENGAGEMENT Arriver à faire changer d’avis sans autorité ni persuasion. Travailler sur le phénomène du changement. Actes à priori anodins pour que les gens changent de comportement. Modifier le système de pensée pour arriver à un autre comportement. Lewin a été mandaté par le gouvernement US pour faire accepter les abats à la population américaine, quand les bons morceaux de viandes partaient sur le front. 1er groupe : un animateur vante les abats. A la sortie 23% disent « je vais consommer des abats », mais une semaine plus tard seulement 3% l’ont reellement fait. Les 20% de pertes sont dues aux « pressions » du regard des autres. => sentiment d’appartenance, si l’autre n’en veut pas, moi non plus. le discours seul ne change que 3% de la population. 2ème groupe : un animateur vante les abats ET propose des recettes + fait participer les personnes, avec des débats, des échanges. A la fin, il demande aux gens de prendre publiquement position. A la fin de la semaine 35% des gens ont mangé des abats. l’engagement est plus fort s’il est fait en public. Lewin a voulu étudier le lien entre la motivation et le comportement. Ici on voit que la motivation ne suffit pas. Il faut ajouter quelque chose pour contrer « l’effet de gel ». En effet le gel de la décision doit être brisé. Un groupe est l’association de plusieurs éléments contradictoires et sous tension. Cela ne signifie pas que ça ne peut pas fonctionner. Au contraire, les contradictions et les tensions font naître des choses, du fait de causes externes (contexte environnemental) et de causes internes (les envies/besoins de chacun). Paradigme de l’effet de gel : trouver l’équilibre entre ses envies, le contexte et l’objectif du groupe. Kiesler : étude de l’engagement. L’engagement est le lien entre l’individu et ses actes. L’etre humain est consistant, càd en fonction de ce que j’ai dans la tete, je vais agir d’une certaine manière. Il est inconsistant quand il agit en désaccord avec son système de valeur. L’etre humain est rationalisant, càd s’il fait un acte inconsistant, il va le rationaliser, par rapport à son système de valeur. Il va le justifier (vis-àvis de lui même) par opposition à se justifier (par rapport aux autres). La rationalisation est une amorce au changement, car va donner une ou des nouvelles idées. pour faire rationaliser les gens, il faut modifier le contexte. Testinger : il faut alimenter l’engagement, car un seul acte ne va pas changer le comportement. Il faut faire en sorte que la personne puisse recommencer. Un acte amène la dissonance cognitive. Il y a double dissonance cognitive quand en plus de faire l’acte, on le vend à un tiers. La dissonance n’implique pas le changement, il est possible de revenir en arrière, de trois façons : - la folie (schizophrénie) - le suicide - la rationalisation. Le piège abscond, c’est y aller petit à petit et arriver a un résultat absurde (pour son système de valeur). On s’engage plus facilement sur du peu coûtant. Plus on fait d’actes peu coûtant, plus on pourra effectuer un acte qui aurait été refusé de prime abord. On peut alors arriver a croire que l’acte a été librement consenti, mais en fait, on a été conditionné a le faire. Si la personne se rend compte de la manipulation, on obtient la réactance. La personne voudra alors faire l’inverse de ce pourquoi on l’a manipulée. On arrivera aussi à un blocage vis-à-vis du manipulateur. On parle aussi d’homéostasie, càd un frein à tout changement. Les facteurs de réussite sont donc : 1. la liberté (ou l’impression de liberté) 2. le caractère public de la prise de position 3. l’irrévocabilité de l’acte 4. la répétition de l’acte 5. le coût de l’acte 6. les raisons de l’acte (plus elles sont internes, plus elles sont efficaces) Une personne dite « interne » est une personne qui va accepter ses responsabilités. Une personne « externe » va toujours trouver une cause externe a ses erreurs. L’engagement ne vient pas de la personne, mais du manipulateur, on dit alors « être engagé ». L’engagement vient de la personne, on dit « s’engager » Pour arriver à l’idée de l’acte, on « infère ». Se mettre en accord avec soi-même = se mettre en consistance. La servitude sans contraintes : Milgram a travaillé sur la soumission a l’autorité. Il pensait que les allemands avaient une prédisposition à faire souffrir les autres, et que c’était pour cela qu’ils avaient obéi aux ordres nazis. Il a donc mené une expérience, en choisissant des personnes connues pour leur caractère doux et non violent. Il les fait venir pour une expérience sur l’association d’idée, mais en salle d’attente, s’arrange pour qu’ils entrent en contact avec un comédien qui leur dit être malade, mais avoir besoin d’argent … Ils rentrent ensuite dans une salle. Le comédien est branché sur une machine qui envoie des impulsions électriques, et la personne doit lui poser des questions. En cas d’erreur, il doit envoyer une décharge de plus en plus grande, la dernière étant mortelle. A tout moment il est libre d’arrêter l’expérience. 65% des gens ont appuyé sur le bouton mortel. Il s’agit ici de « soumission a l’ordre ». 45% l’ont fait sans broncher / 20% ont essayé de motiver le comédien pour ne pas lui faire de mal. Cela démontre bien le poids du contexte sur la personnalité de chacun. A voir le film « I comme Icare » avec Montand. Le role de l’affectif : Si je suis mis en empathie, je vais plus m’engager. Exemple du vendeur « j’ai le même à la maison ». Pour laisser à la personne le sentiment de liberté, il faut qu’elle ait l’impression de pouvoir revenir en arrière. Zimbardo : the Lucifer effect Les US ont commandé une étude sur les matons en prison. (Trop violents, voir même sadique …) Ils ont construits une fausse prison, ont formé des matons (choisis pour leur caractère doux, n’ayant jamais travaillé dans une prison) pendant 3 mois. De vrais policiers sont allés arrêter de faux prisonniers. L’expérience devait durer 6 mois, mais ils ont été obligés d’arrêter au bout de 3 jours, car les matons étaient devenus sadiques. le contexte (le lieu, l’effet d’emprisonnement) avait bien un effet sur les comportements. Cela prouve aussi que l’on n’est pas aussi fort que ce que l’on croit. Cela a aussi démontré que les représentations sociales sont dures à changer. Les faux prisonniers ont en effet du déménager, car leurs voisins gardaient l’image de l’arrestation, bien qu’ayant été prévenus qu’il s’agissait d’une comédie. La première image que l’on a, va être la plus marquante. Même si elle évolue, il suffira de très peu de chose pour qu’elle revienne en force. Une étude suisse a démontré qu’il fallait 3 générations pour changer une représentation. Hall « la dimension cachée » (à lire) Il a travaillé sur la notion de territoire. Une personne a en effet plusieurs zones : - la zone intime (a 1 longueur de bras) : on y entre quand on connaît bien la personne, quand on est habilité a y entrer. Rentrer dans la zone intime de quelqu’un est hautement manipulateur. La zone personnelle (2 longueurs) : on connaît la personne, mais sans en etre proche. La zone sociale (3 longueurs) : relations professionnelles … La zone publique/politique (4 longueurs) Il a aussi étudié les comportements, les positions et leurs significations. Gilles Willet « la communication modélisée » (Lire le chapitre qui parle des zones et des comportements) Quelques techniques de manipulation : 1. l’amorcage Faire une proposition avec un mensonge ou un leurre. Faire découvrir le leurre dans la deuxième proposition => met en avant le reste. 2. le pied dans la porte Actions préparatrices peu couteuses =>l’action couteuse passe toute seule. 3. la porte au nez On demande beaucoup au début, et on réduit ensuite.