d’années de survie) était en revanche plus difficile à prouver puisque très dépendant de l’incidence
retenue de la pancréatite et de l’estimation de sa mortalité.
Ces séries sont très certainement insuffisantes pour élargir les recommandations vers de plus larges
indications de chirurgie prophylactique en présence de petite lithiase. Elles permettent cependant au
chirurgien d’être probablement plus vigilant chez ce type de patients et, peut-être, d’être plus enclin à
une cholécystectomie en cas de symptômes, mêmes atypiques, ou de chirurgie abdominale pour
pathologie non biliaire.
2. Génétique de la lithiase biliaire
La maladie biliaire a une composante génétique indéniable. De simples études observationnelles
suffisent à s’en convaincre, avec notamment une incidence élevée de lithiase au sein des parents au
premier degré du cas index9. Des études de cohorte plus larges ont permis d’estimer à 25-30%
l’imputabilité de l’héritage génétique dans la survenue de lithiase10,11. Plusieurs dizaines de gènes
ont finalement été proposés comme déterminants dans l’apparition de calculs. La majorité de ces
gènes interviennent dans le métabolisme des acides biliaires (principalement diminution de leur
sécrétion) ou du cholestérol, modifiant l’équilibre fragile (triangle de Small) du mécanisme de
solubilisation du cholestérol (théorie micellaire).
L’une des anomalies les plus connues demeure le syndrome MDR3 (Multi drug resistance 3, ou Low
phospholipid-associated cholelithiasis) causé par une mutation sur le gène ABCB4. Cette anomalie
entraine une réduction de l’excrétion biliaire de phosphatidylcholine. responsable de la formation de
micelles détergentes à haut pouvoir lithogène. Plusieurs critères sont nécessaires pour le diagnostic
(symptômes biliaires avant 40 ans, récidive des symptômes après cholécystectomie, cholestase
modérée…) et le traitement repose sur l’acide ursodésoxycholique.
L’influence du bagage génétique est également mise en évidence par les variations d’incidence selon
l’origine géographique des populations. Plusieurs populations sont particulièrement à risque,
notamment chez certaines ethnies d’Amérique du sud (Mapuche) ou en Inde12. L’impact de nombreux
facteurs environnementaux doit également être pris en compte, même si cela ne permettrait pas
d’expliquer que les populations émigrées gardent une prévalence de lithiase proche de celle de leur
groupe d’origine et non pas de celui des populations d’accueil13,14.
Au Chili, le cancer vésiculaire est la première localisation de cancer, avec une lithiase retrouvée dans
85% des cas et un risque de cancer multiplié par 7 en présence d’une lithiase. La moitié des patients
porteurs de lithiase seront symptomatiques. La même problématique est posée dans la région de Delhi
(Inde).
De nombreux auteurs préconisent donc une cholécystectomie prophylactique dans ces populations à
haut risque de cholangiocarcinome vésiculaire, notamment indiennes15 et chiliennes16, même si le
niveau de preuve demeure assez faible. Cette attitude pouvait aussi être retenue d’après les
recommandations de l’Organisation Mondiale de Gastro-entérologie de 2007.
En conclusion, la littérature ne permet actuellement pas d’élargir les indications de cholécystectomie
prophylactique aux patients porteurs de petite lithiase. Le bénéfice individuel devra être pesé pour
chaque cas, mais la cholécystectomie pourra être proposée au moindre symptôme ou d’antécédents
biliaires au premier degré. Pour les rares ethnies à haut risque de lithiase et de cholangiocarcinome
vésiculaire, les recommandations de l’Organisation Mondiale de Gastro-entérologie de 2007 autorisent
à un geste de cholécystectomie prophylactique. A défaut, une surveillance renforcée (dont les
modalités ne sont pas définies) sera nécessaire.
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