Jeudi 13 Février 2014 Lithiase biliaire RESUMES Lithiase vésiculaire / Cholécystectomie prophylactique - Lithiase vésiculaire • Micro lithiase, Origine Ethnique : N. Golse (Lyon)………………………...............2 • Lithiase vésiculaire et obésité : M. Robert (Lyon)…………………………………..5 • Lithiase vésiculaire et nutrition artificielle : B. Darnis (Lyon)…………………… 8 • Lithiase vésiculaire et médicaments : K. Mohkam (Lyon)………………………….10 • Lithiase vésiculaire et grossesse : M. Poiblanc (Lyon)……………………………..15 - Cholécystectomie prophylactique • Polypes vésiculaires : J. Perinel (Lyon)…………………………………….……….19 • Anomalie de jonction bilio-pancréatique : R. Kianmanesh (Reims)……….……….23 • Pancréatite aiguë d’étiologie indéterminée : O. Risse (Grenoble)………………….29 Cholécystite aigüe / Cholécystectomie - Cholécystectomie • Cholécystectomie par trocart unique : G. Poncet (Lyon)…………………………31 • Cholécystectomie en ambulatoire : N. Berthoux, MO. Robert (Arnas)…………..33 - Cholécystite aigüe • Cholécystite aiguë lithiasique : quand opérer ? D. Fuks (Paris)……………………39 • Cholécystite aiguë lithiasique : quelle antibiothérapie ? JM. Régimbeau (Amiens) .42 • Cholécystite alithiasique : E. Buc (Clermont-Ferrand)……………………………..43 • Cholécystostomie : indications et aspect technique : A. Rode (Lyon)……………..44 Plaie des VB / Lithiase VBP - Plaie des voies biliaires • Prévention : L. Chiche (Bordeaux)…………………………………………………47 • Gestion péri opératoire : C. Létoublon (Grenoble)…………………………………49 • Aspects médico-légaux : C. Gouillat (Lyon) ……………………………...………..52 - Lithiase VBP • Endoscopie : T. Ponchon (Lyon) ………………………………………………….. • Radiologie : A. Rode (Lyon)………………………………………………………..53 • Chirurgie (trucs et astuces): F. Borie (Nîmes) …………………………………….55 Lithiase VBP /Lithiase intrahépatique - Lithiase VBP • Angiocholite aiguë grave : stratégie thérapeutique P. Pessaux (Strasbourg)……….59 - Lithiase intrahépatique • Lithiase intrahépatique: mise au point O. Farges (Paris)………………………….61 • Lithiase et anastomose bilio-digestive : S. Truant (Lille) …………………………63 Nicolas GOLSE, Hôpital de la Croix Rousse, Lyon MICROLITHIASE, ORIGINE ETHNIQUE La cholécystectomie est l’une des interventions les plus pratiquées en France, notamment depuis l’avènement de la cœlioscopie. Il s’agit en effet d’un geste souvent simple et qui permet de prévenir efficacement 1/ les complications potentielles d’un enclavement ou d’une migration lithiasique et 2/ le cholangiocarcinome vésiculaire. Pourtant, la probabilité qu’une lithiase asymptomatique devienne symptomatique est faible (2%/an) et le premier symptôme est habituellement une crise de colique hépatique, laissant alors le temps au patient de consulter. Concernant le risque de cancer, celui est très faible dans les pays occidentaux, de l’ordre de 0.02%/an, ne justifiant donc pas à lui seul un geste prophylactique. Ainsi, accroître le nombre de cholécystectomies aboutirait à une augmentation de la morbi-mortalité secondaire, et notamment du risque de plaies des voies biliaires1, sans nécessairement apporter de bénéfice aux patients. Si la conférence de consensus de 1991 et les recommandations de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (2010) précisaient déjà les indications de cholécystectomie, les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé rappellent les rares situations où une lithiase vésiculaire asymptomatique doit être prise en charge. Il existe pourtant d’autres cas où une cholécystectomie prophylactique pourrait être discutée : il s’agit de la microlithiase, ou de la lithiase chez certaines populations à haut risque. Nous verrons donc dans cette mise au point les arguments qui pourraient inciter à élargir les indications opératoires. 1. Calculs de petite taille La microlithiase vraie Sont définis comme microlithiase des calculs formés de cristaux de cholestérol ou de bilirubinate de calcium, localisés dans la vésicule ou la voie biliaire principale. Par définition, ces calculs ont un diamètre inférieur à 3 mm et ne sont donc pas visibles en échographie transpariétale. Leur visualisation est possible à l’écho-endoscopie2 mais le gold-standard demeure l’examen microscopique de la bile et l’analyse en lumière polarisée. La microlithiase doit donc être différenciée du sludge qui, lui, est visible à l’échographie transpariétale, et correspond à des cristaux assemblés sur une matrice muqueuse. Etant donnée la lourdeur diagnostique de la microlithiase, on comprend donc qu’aucune microlithiase ne puisse être diagnostiquée de façon fortuite… Les circonstances classiques aboutissant à ce diagnostic sont la suspicion de dysfonction du sphincter d’Oddi, les pancréatites aigües idiopathiques et les douleurs post-cholécystectomies3. Le traitement classique de la microlithiase repose habituellement sur la cholécystectomie, même si la sphinctérotomie et la dissolution médicamenteuse (acide ursodésoxycholique) sont des alternatives possibles4-6. Nous comprenons donc pourquoi la microlithiase n’est finalement pas une problématique entrant dans le cadre de la lithiase asymptomatique, à l’inverse des calculs légèrement plus gros et qui, eux, peuvent être diagnostiqués fortuitement. La « mini » lithiase Dans le cadre de la mise au point par la HAS, l’un des aspects de chirurgie prophylactique qui n’a pas été abordé est celui des calculs de petites dimensions, de l’ordre de 3 à 5 mm, découvert au cours d’un examen systématique ou dans le cadre d’un bilan pour une autre pathologie. La problématique de ces calculs est leur propension à migrer plus facilement à travers le canal cystique. Il y a déjà 30 ans, Houssin et al.7 proposait une cholécystectomie prophylactique, en l’absence de comorbidité notable, notamment pour réduire le risque de pancréatite. Plus récemment, Venneman et al.8 ont analysé la symptomatologie biliaire en fonction du diamètre du plus gros ou du plus petits calcul. Les patients ayant eu une pancréatite ou un ictère obstructif avaient des calculs plus petits que ceux n’ayant pas eu de complication ou ayant présenté une cholécystite. Ils rapportent également un diamètre moyen inférieur dans le groupe de patients ayant eu une pancréatite, comparé à ceux ayant développé un ictère obstructif (4 ± 1 vs 8 ±1, p<0,01). L’analyse multivariée retrouvait la présence de calcul ≤ 5 mm comme facteur de risque indépendant de pancréatite. L’intérêt d’une chirurgie prophylactique (gain d’années de survie) était en revanche plus difficile à prouver puisque très dépendant de l’incidence retenue de la pancréatite et de l’estimation de sa mortalité. Ces séries sont très certainement insuffisantes pour élargir les recommandations vers de plus larges indications de chirurgie prophylactique en présence de petite lithiase. Elles permettent cependant au chirurgien d’être probablement plus vigilant chez ce type de patients et, peut-être, d’être plus enclin à une cholécystectomie en cas de symptômes, mêmes atypiques, ou de chirurgie abdominale pour pathologie non biliaire. 2. Génétique de la lithiase biliaire La maladie biliaire a une composante génétique indéniable. De simples études observationnelles suffisent à s’en convaincre, avec notamment une incidence élevée de lithiase au sein des parents au premier degré du cas index9. Des études de cohorte plus larges ont permis d’estimer à 25-30% l’imputabilité de l’héritage génétique dans la survenue de lithiase10,11. Plusieurs dizaines de gènes ont finalement été proposés comme déterminants dans l’apparition de calculs. La majorité de ces gènes interviennent dans le métabolisme des acides biliaires (principalement diminution de leur sécrétion) ou du cholestérol, modifiant l’équilibre fragile (triangle de Small) du mécanisme de solubilisation du cholestérol (théorie micellaire). L’une des anomalies les plus connues demeure le syndrome MDR3 (Multi drug resistance 3, ou Low phospholipid-associated cholelithiasis) causé par une mutation sur le gène ABCB4. Cette anomalie entraine une réduction de l’excrétion biliaire de phosphatidylcholine. responsable de la formation de micelles détergentes à haut pouvoir lithogène. Plusieurs critères sont nécessaires pour le diagnostic (symptômes biliaires avant 40 ans, récidive des symptômes après cholécystectomie, cholestase modérée…) et le traitement repose sur l’acide ursodésoxycholique. L’influence du bagage génétique est également mise en évidence par les variations d’incidence selon l’origine géographique des populations. Plusieurs populations sont particulièrement à risque, notamment chez certaines ethnies d’Amérique du sud (Mapuche) ou en Inde12. L’impact de nombreux facteurs environnementaux doit également être pris en compte, même si cela ne permettrait pas d’expliquer que les populations émigrées gardent une prévalence de lithiase proche de celle de leur groupe d’origine et non pas de celui des populations d’accueil13,14. Au Chili, le cancer vésiculaire est la première localisation de cancer, avec une lithiase retrouvée dans 85% des cas et un risque de cancer multiplié par 7 en présence d’une lithiase. La moitié des patients porteurs de lithiase seront symptomatiques. La même problématique est posée dans la région de Delhi (Inde). De nombreux auteurs préconisent donc une cholécystectomie prophylactique dans ces populations à haut risque de cholangiocarcinome vésiculaire, notamment indiennes15 et chiliennes16, même si le niveau de preuve demeure assez faible. Cette attitude pouvait aussi être retenue d’après les recommandations de l’Organisation Mondiale de Gastro-entérologie de 2007. En conclusion, la littérature ne permet actuellement pas d’élargir les indications de cholécystectomie prophylactique aux patients porteurs de petite lithiase. Le bénéfice individuel devra être pesé pour chaque cas, mais la cholécystectomie pourra être proposée au moindre symptôme ou d’antécédents biliaires au premier degré. Pour les rares ethnies à haut risque de lithiase et de cholangiocarcinome vésiculaire, les recommandations de l’Organisation Mondiale de Gastro-entérologie de 2007 autorisent à un geste de cholécystectomie prophylactique. A défaut, une surveillance renforcée (dont les modalités ne sont pas définies) sera nécessaire. 1. Lubikowski J, Chmurowicz T, Post M, Jarosz K, Białek A, Milkiewicz P, et al. Liver transplantation as an ultimate step in the management of iatrogenic bile duct injury complicated by secondary biliary cirrhosis. Ann Transplant. 2012 Apr;17(2):38–44. 2. Ardengh JC, Malheiros CA, Rahal F, Pereira V, Ganc AJ. Microlithiasis of the gallbladder: role of endoscopic ultrasonography in patients with idiopathic acute pancreatitis. Rev Assoc Med Bras. 2010 Jan;56(1):27–31. 3. Abeysuriya V, Deen KI, Navarathne NMM. Biliary microlithiasis, sludge, crystals, microcrystallization, and usefulness of assessment of nucleation time. HBPD INT. 2010 Jun;9(3):248– 53. 4. Evans WB, Draganov P. Is empiric cholecystectomy a reasonable treatment option for idiopathic acute pancreatitis? Nat Clin Pract Gastroenterol Hepatol. 2006 Jul;3(7):356–7. 5. Saraswat VA, Sharma BC, Agarwal DK, Kumar R, Negi TS, Tandon RK. Biliary microlithiasis in patients with idiopathic acute pancreatitis and unexplained biliary pain: response to therapy. J Gastroenterol Hepatol. 2004 Oct;19(10):1206–11. 6. Gerke H, Baillie J. Biliary microlithiasis: a neglected cause of recurrent pancreatitis and biliary colic? J Gastroenterol Hepatol. 2005 Apr;20(4):499–501. 7. Houssin D, Castaing D, Lemoine J, Bismuth H. Microlithiasis of the gallbladder. Surg Gynecol Obstet. 1983 Jul;157(1):20–4. 8. Venneman NG, Buskens E, Besselink MGH, Stads S, Go PMNYH, Bosscha K, et al. Small gallstones are associated with increased risk of acute pancreatitis: potential benefits of prophylactic cholecystectomy? Am J Gastroenterology. 2005 Nov;100(11):2540–50. 9. Attili A-F, De Santis A, Attili F, Roda E, Festi D, Carulli N. Prevalence of gallstone disease in first-degree relatives of patients with cholelithiasis. World J Gastroenterol. 2005 Nov 7;11(41):6508– 11. 10. Katsika D, Grjibovski A, Einarsson C, Lammert F, Lichtenstein P, Marschall H-U. Genetic and environmental influences on symptomatic gallstone disease: a Swedish study of 43,141 twin pairs. Hepatology. 2005 May;41(5):1138–43. 11. Nakeeb A, Comuzzie AG, Martin L, Sonnenberg GE, Swartz-Basile D, Kissebah AH, et al. Gallstones: genetics versus environment. Ann Surg. 2002 Jun;235(6):842–9. 12. Stinton LM, Shaffer EA. Epidemiology of Gallbladder Disease: Cholelithiasis and Cancer. Gut Liver. 2012;6(2):172. 13. Moro PL, Checkley W, Gilman RH, Cabrera L, Lescano AG, Bonilla JJ, et al. 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L’obésité est reconnue comme une véritable maladie chronique, entraînant de nombreuses pathologies graves ou comorbidités que sont principalement le diabète de type II, l’hypertension artérielle, le syndrome d’apnée du sommeil, la dyslipidémie et les pathologies ostéo-articulaires, et constitue ainsi un enjeu prioritaire de santé publique. Plusieurs études ont démontré que la prise en charge chirurgicale de l’obésité était supérieure au traitement médical en termes de perte de poids, d’amélioration des comorbidités et de la qualité de vie(1). Face à ce constat, le nombre des procédures bariatriques a augmenté de façon exponentielle depuis le début des années 2000, en parallèle avec l’avènement de la laparoscopie. Entre 2005 et 2011, le nombre de procédures bariatriques en France a été multiplié par 2,5 et est passé de 12771 à 30 881 procédures annuelles, comprenant 43.9% de Sleeve Gastrectomy (SG), 30.6% de bypass gastriques (GBP), 24.8% d’anneaux et 0.7% de Diversions Bilio-Pancréatiques (DBP). L’incidence de la lithiase vésiculaire dans la population générale est de 13.6%(2). Le nombre de cholécystectomies en France en 2010 était de 106 060 (données de la Haute Autorité de Santé). L’Obésité apparaît comme un facteur de risque, augmentant l’incidence de la lithiase de 21 à 38.5% dans la population obèse(2, 3). Plusieurs études histologiques de la vésicule dans la population obèse ont retrouvé 86 à 97% d’anomalies retrouvant 25% de calculs, 50% de cholécystites chroniques et 38% de sludge(4). 2. Incidence de la lithiase vésiculaire après chirurgie bariatrique L’incidence de la lithiase vésiculaire augmente après chirurgie bariatrique, dès le 3ème mois et jusqu’à 2 ans post-opératoires. Pendant les deux 1ères années après la chirurgie, le risque relatif de survenue d’une lithiase vésiculaire serait de 5.8(2). Plusieurs mécanismes ont été impliqués dans la lithogénèse et notamment la perte de poids rapide et importante. Une Perte d’Excès de Poids >50% à 3 mois serait un facteur prédictif indépendant de lithiase symptomatique (5). Les interventions mal absorptives avec anse commune courte (DBP, bypass distal, Bypass en Oméga) seraient également associées à la lithogénèse(6). D’autres facteurs ont été impliqués comme l’augmentation de mucine et de calcium biliaire, la diminution de la cholécystokinine et de la Ghreline jouant un rôle dans le ralentissement de la vidange vésiculaire, ainsi qu’une augmentation du rapport cholestérol/ (acides biliaires + Phospholipides). Une incidence de 3 à plus de 28% de lithiase symptomatique après GBP a été rapportée dans la littérature(7). 3. Options thérapeutiques La prise en charge de la lithiase vésiculaire asymptomatique est sujet à controverse depuis de nombreuses années et aucun consensus n’a encore été établit(5,7-10). L’incidence de la lithiase chez l’obèse et son augmentation après chirurgie bariatrique associée aux risques de complications biliaires sont à mettre en balance avec les risques propres de la cholécystectomie et sont à l’origine du débat. De nombreux auteurs sont en faveur de la cholécystectomie prophylactique, principalement pour les interventions bariatriques à l’origine d’une perte de poids rapide et importante de type bypass gastrique(7,9). D’autres privilégient le traitement médical préventif à base d’acide ursodésoxycholique (5, 8). 4. Données bibliographiques Les données bibliographiques sont nombreuses mais le niveau de preuve reste insuffisant pour clore le débat. Une seule métaanalyse récente a évalué le taux et la morbidité de la cholécystectomie consécutive au bypass (respectivement 6.8% et 1.8%) et a conclu que la cholécystectomie concomitante au bypass n’était pas justifiée(10). La majorité des études concernent la lithiase biliaire et le GBP et rapportent des données contradictoires. Une seule étude a analysé la cholécystectomie concomitante à l’anneau et concluait à son absence d’intérêt(11). Deux études récentes ont évalué la lithiase vésiculaire après Sleeve gastrectomy, évaluant sa fréquence comme équivalente au GBP(8). 5. Recommandations actuelles Les dernières recommandations de Pratique Clinique de la Société Nationale Française de Gastro Entérologie concluaient que la cholécystectomie systématique n’était pas justifiée en cas d’anneau gastrique, et qu’il n’était pas possible de conclure concernant le GBP. Les recommandations de la HAS de Janvier 2013 stipulaient que « en l’état actuel des connaissances, aucune recommandation ne peut être faite en matière de cholécystectomie prophylactique lors de la chirurgie bariatrique.». 6. Arguments pour ou contre la cholécystectomie prophylactique Il semble actuellement admis que la Vésicule Biliaire (VB) alithiasique ne justifie pas une cholécystectomie concomitante à la chirurgie bariatrique à l’exception de la DBP hautement mal absorptive. En présence d’une lithiase biliaire asymptomatique et en cas d’anneau gastrique, la cholécystectomie concomitante n’est pas non plus indiquée du fait d’une perte de poids modérée et progressive. Par contre, la cholécystectomie concomitante au GBP semble justifiée pour la majorité des chirurgiens bariatriques, excepté en cas de risque opératoire majoré. L’échographie abdominale préopératoire à la recherche d’une lithiase vésiculaire doit donc être systématique. Les différents arguments avancés dans la littérature pour ou contre la cholécystectomie concomitante à la chirurgie bariatrique sont résumés dans le tableau1. Tableau 1 : arguments pour ou contre la cholécystectomie concomitante au bypass gastrique POUR Risque élevé de lithiase complications lithiasiques parfois graves (angiocholite, Pancréatite Aiguë,…) Impossibilité de Cathétérisme Pancréatique Rétrograde Endoscopique et pas d’accès à la Voie Biliaire Principale Évite une seconde intervention Faible morbidité (2,4%) (7) CONTRE Risques ≠ 0 Nombre de plaies des voies biliaires = 0,6 à 1,4%, incompressible…. Obésité = FR supplémentaire Position des trocarts non adaptée Peu de calculs symptomatiques (6,8% dans métaanalyse de Warschkow(10)) Rallonge la durée op +- durée hospit Risque infectieux si fuite de bile 7. Place et modalités du traitement médical par acide ursodésoxycholique Le traitement médical prophylactique à base d’acide ursodésoxycholique est indiqué en cas de vésicule biliaire alithiasique après Bypass gastrique et SG pour une durée minimum de 6 mois et une durée optimale de 2 ans post-opératoires. Il existe une relation effet-dose et la posologie minimale efficace est de 500mg/J(12). Par contre, ce traitement ne prévient pas la survenue de complications en cas de VB lithiasique et n’est donc pas indiqué dans cette situation. 8. Conduite à tenir et arbre décisionnel Références 1. Maggard MA, Shugarman LR, Suttorp M, et al. Meta-analysis: surgical treatment of obesity. Ann Intern Med. 2005;142:547-59. 2. Deitel M, Petrov I. Incidence of symptomatic gallstones after bariatric operations. Surg Gynecol Obstet. 1987;164:549-52. 3. Iglezias Brandao de Oliveira C, Adami Chaim E, da Silva BB. Impact of rapid weight reduction on risk of cholelithiasis after bariatric surgery. 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Concomitant cholecystectomy during laparoscopic Roux-en-Y gastric bypass in obese patients is not justified: a meta-analysis. Obes Surg. 2013;23:397-407. 11. O'Brien PE, Dixon JB. A rational approach to cholelithiasis in bariatric surgery: its application to the laparoscopically placed adjustable gastric band. Arch Surg. 2003;138:908-12. 12. Sugerman HJ, Brewer WH, Shiffman ML, et al. A multicenter, placebo-controlled, randomized, double-blind, prospective trial of prophylactic ursodiol for the prevention of gallstone formation following gastric-bypass-induced rapid weight loss. Am J Surg. 1995;169:91-6; discussion 6-7. Benjamin DARNIS, Hôpital de la Croix Rousse, Lyon LITHIASE VESICULAIRE ET NUTRITION PARENTERALE 1. Introduction La nutrition parentérale s’est développée depuis les années 70 et permet la survie à court, moyen, voire à long terme de patients souffrant d’une insuffisance intestinale. L’un des problèmes récurrents rencontrés chez ces patients est celui de la lithiase biliaire. 2. Epidémiologie La prévalence de la lithiase vésiculaire chez les patients adultes sous nutrition parentérale au long cours est estimée à 35% versus 20% dans la population générale (1). Son incidence est de 20 à 25% par an (1-3), alors qu’elle est évaluée à 1,39% par an dans la population générale occidentale (4). L’incidence de la lithiase biliaire compliquée est de 5% par an dans l’ensemble de la population sous nutrition parentérale (3) alors que la prévalence dans la population générale est de 4%. 3. Facteurs de risque étiologiques Le principal facteur de risque de lithiase biliaire chez ces patients est l’absence d’alimentation orale (3). Ceci serait expliqué par l’absence de sécrétion de cholécystokinine. Cette hormone est sécrétée par le duodénum, au moment du passage gastroduodénal du bol alimentaire. Elle est à l’origine d’une contraction vésiculaire et d’une ouverture du sphincter d’Oddi. En son absence, il se produit une stase biliaire favorisant la formation de sludge biliaire. Bien qu’il ait été prouvé que l’injection de cholécystokinine diminue la formation de sludge (5), cette thérapeutique n’est pas utilisée en pratique. En revanche, la préservation d’un apport alimentaire oral ou entéral si cela est possible est recommandée. Les facteurs perturbant le cycle entéro-hépatique des sels biliaires sont également à risque de lithiase vésiculaire. Ce cycle est à l’origine de la formation de sels biliaires secondaires, à partir d’acides biliaires formés dans le foie et excrétés dans la bile. La transformation des acides biliaires en sels biliaires primaires et secondaires nécessite notamment un passage intestinal de la bile, et une réabsorption au niveau de l’iléon terminal. Les patients atteints d’un grêle court post-opératoire peuvent avoir plusieurs facteurs perturbant le cycle : jéjunostomie haute, dérivation biliaire externe, montage chirurgical empêchant la réabsorption, résection iléale. La présence de segments intestinaux exclus ou de sténoses intestinales contribue à une pullulation microbienne qui augmenterait le risque de lithiase biliaire en perturbant le cycle entérohépatique des sels biliaires. Enfin, un amaigrissement massif est également un facteur connu de lithiase. Le mécanisme serait la mobilisation rapide de cholestérol des adipocytes, perturbant la composition de la bile et provoquant sa cristallisation. Cette complication de l’amaigrissement est particulièrement connue après chirurgie bariatrique (6). Elle pourrait être prévenue par la prise d’acide urodesoxycholique. Ainsi, les patients sous alimentation parentérale sont à risque de lithiase biliaire du fait des pathologies digestives sous jacentes, mais il n’y a à ce jour aucun argument évident en faveur d’un rôle favorisant des solutés d’alimentation parentérale. 4. Dépistage, prévention et traitement La cholécystectomie prophylactique avait été proposée pour les patients sous alimentation parentérale au long cours (1,2,7). Les arguments étaient d’une part l’incidence élevée de lithiase compliquée, et d’autre part la morbi-mortalité élevée en cas de cholécystectomie en urgence. Cependant il n’existe aucune donnée sur les complications d’une cholécystectomie prophylactique dans cette population de malades souvent multi-opérés. Enfin, des données récentes montrent qu’en cas de chirurgie pour lithiase compliquée, la mortalité était nulle et la morbidité acceptable (3) (pneumopathie infectieuse et éviscération chez 1 des 8 patients opérés). Ainsi, il n’est pas recommandé aujourd’hui de réaliser une cholécystectomie prophylactique systématique. Par contre, si une chirurgie abdominale est prévue, il serait préférable de réaliser la cholécystectomie en même temps (3) Enfin, il est à noter que la lithiase biliaire est la deuxième complication hépato-biliaire dans la population des patients sous AP après la stéato-hépatite (8,9). Celle-ci est directement liée aux apports lipidiques et glucidiques contenus dans les solutés de nutrition parentérale. Elle peut survenir dès les premières semaines d’administration, et être à l’origine d’une hépatopathie fibrosante pouvant évoluer jusqu’au stade de cirrhose. Pour prévenir cette complication, une attention particulière doit être apportée dans le calcul des apports glucidiques et lipidiques au patient, et il doit être réalisée une surveillance régulière du bilan hépatique, de la glycémie et de la triglycéridémie. En cas d’hépatopathie débutante, une modification des apports peut permettre une régression de cette complication. En cas d’évolution défavorable, une greffe multiviscérale (foie-intestin) peut être indiquée (10). 5. Conclusion La nutrition parentérale ne provoque pas de lithiase vésiculaire, mais les patients atteints d’insuffisance intestinale sont à risque de lithiase, particulièrement en l’absence d’apports alimentaires oraux ou intestinaux. Chez ces patients, la cholécystectomie prophylactique doit être discutée si une chirurgie abdominale est déjà indiquée. La surveillance hépato-biliaire au long cours est nécessaire pour dépister une stéato-hépatite liée à l’alimentation parentérale. Références : Pitt HA, King W 3rd, Mann LL, et al. Increased risk of cholelithiasis with prolonged total parenteral nutrition. Am J Surg 1983 ; 145 : 106–112 Roslyn JJ, Pitt HA, Mann L, et al. Parenteral nutrition-induced gallbladder disease : a reason for early cholecystectomy. 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Cependant, certains médicaments peuvent favoriser la formation de calcul, posant ainsi la question d’une éventuelle chirurgie prophylactique chez les patients bénéficiant d’un de ces traitements au long cours. Nous avons analysé les données de la littérature concernant les différents médicaments favorisants la survenue de lithiase biliaire, les mécanismes physiopathologiques incriminés ainsi que les potentielles implications thérapeutiques qui en découlent. Analogues de la somatostatine L’implication des analogues de la somatostatine dans la lithogenèse biliaire est établie de longue date. Une étude prospective menée en 1989 avait montré que les patients atteints d’acromégalie traités par octréotide présentaient un risque accru de développer une lithiase vésiculaire (4 patients sur 10)1. L’acromégalie constituant elle-même un facteur de risque de lithiase vésiculaire du fait de l’hypomotilité vésiculaire induite, une autre étude en 1992 a montré que les patients traités par octréotide pour syndrome d’apnée du sommeil présentaient un risque accru de développer une lithiase vésiculaire (32%). A l’arrêt du traitement, les calculs diminuaient en taille voire disparaissaient chez un nombre limité de patients2. La comparaison des patients atteints d’acromégalie traités par octréotide à des patients non traités a montré une augmentation de l’incidence de lithiase vésiculaire (34% vs 16%)3. Les analogues de la somatostatine agissent directement sur des récepteurs spécifiques (SSTR2 et SSTR5) présents dans la paroi vésiculaire, induisant ainsi une hypomotilité vésiculaire par inhibition de l’action de la cholecystokinine4. Celle-cientraîne une stase de bile au sein de la vésicule qui favorise la formation de calculs en son sein5,6. Les analogues de la somatostatine entraînent aussi une augmentation du taux sérique d’acide déoxycholique à l’origine d’une sursaturation de la bile en choléstérol7,8. Cette augmentation du taux sérique d’acide déoxycholique est provoquée par le ralentissement du transit colique, augmentant ainsi sa réabsorption9. Une étude biochimique et scannograhiquede la composition des calculs vésiculaires développés chez des patients sous octréotidea montré qu’ils étaient principalement cholestéroliques. Un tiers seulement des calculs rencontrés sont hyperdenses (donc calciques), ce qui explique l’efficacité de l’acide ursodésoxycholique qui permet une dissolution complète des calculs dans 22% des cas10. L’utilisation du lanréotide, autre analogue de la somatostatine, ne semble pas diminuer la survenue de lithiase vésiculaire par rapport à l’octréotide11. L’administration continue d’octréotide altère moins la contractilité vésiculaire par rapport aux injections discontinues, mais il n’existe aucune preuve concernant la diminution de survenue de lithiase12. Bien que l’arrêt de l’octréotide semble être suivie d’une diminution ou d’une disparition des calculs, elle peut aussi provoquer la survenue de complications liées aux calculs biliaires13. Dans le cadre du traitement à visée symptomatique et antitumorale par octréotide des tumeurs endocrines du grêle, les recommandations actuelles proposent la cholécystectomie lors de la chirurgie de la tumeur primitive14 afin de prévenir la survenue de lithiase biliaire compliquée au cours du traitement. Ciclosporine Les premiers cas de calculs vésiculaires induits par la ciclosporine ont été identifiés chez des enfants transplantés rénaux, chez qui l’analyse biochimique de la bile et des calculs avait montré la présence de taux élevé de ciclosporine15. Les prévalences de lithiase biliaire chez les patients greffés sont plus élevées que dans la population générale avec des taux rapportés de55% chez les transplantés cardiaques16, de 12-28%chez les transplantés rein-pancréas17,18 et de 7-19% chez les transplantés rénaux19,20. Parmi la population de greffés rénaux qui ne présentaient pas de calcul en prétransplantation, 10% d’entre eux vont développer une lithiase vésiculaire et tous étaient sous ciclosporine20. La ciclosporine modifie les échanges hydroélectrolytiques membranaires hépatocytaires, entraîanant ainsi la diminution de la synthèse d’acidechénodésoxycholique. La bile est plus concentrée, ce qui favorise la précipitation de cristaux de cholestérol au sein de la bile vésiculaire. D’autres mécanismes enzymatiques plus complexes entraînant une sursaturation de la bile en cholestérol sont également impliqués21. La question de la cholécystectomie prophylactique se pose avant et après transplantation. Cinquante pourcents des patients greffés rénaux présentant une lithiase vésiculaire vont nécessiter une intervention chirurgicale en urgence d’une fait d’une forme compliquée. Chez ces patients, la morbidité (15%) et la mortalité (3-7%) ne sont pas nulles, ce qui peut s’expliquer par des formes avancées diagnostiquées plus tardivement en raison du traitement immunosuprresseur 17,20, alors que des taux nuls de morbi-mortalité ont été rapportés chez les patients ayant bénéficié d’une cholécystectomie prophylactique avant transplantation rénale. Ces données sont cependant basées sur de faibles effectifs et la place du dépistage systématique de lithiase vésiculaire et de la cholécystectomie prophylactique (recommandées par les guidelines européens en 2000 22 avant transplantation reste à définir. Fibrates Les fibrates entraînent une modification de la composition lipidique de la bile en inhibant la synthèse du CYP7A123, une enzyme impliquée dans l’excrétion d’acide biliaire médiée par les récepteurs spécifiques PPAR24, provoquant ainsi une sursaturation de la bile en cholestérol qui favorise la survenue de calculs. Une étude observationnelle française (106 cas, 724 témoins) a montré que la prise de fibrates constituait un facteur indépendant de survenue de lithiase vésiculaire, avec un risque relatif de 1,725. Les taux de cholécystite aiguë et de cholécystectomie sont également plus élevés chez les patients sous fibrates26. En pratique, les fibrates sont rarement le seul facteur favorisant de survenue de calculs biliaires puisque l’hypertriglycéridémie qui en constitue la principale indication, entraîne une hypomotilitévésiuclaire par inhibition de la réponse à la cholécystokinine, tandis que l’obésité, souvent associée à l’hypertriglycéridémie est elle aussi responsable d’une surcharge biliaire en cholestérol 27. Les statines, quand à elles ne favorisent pas la survenue de lithiase vésiculaire et semblent même avoir un effet protecteur sur la survenue de calcul28, avec moins de cholécystectomie chez les patients sous statines comparés à la population générale29. Oestrogènes Une large étude randomisée américaine (22514 patientes) a comparé la survenue de complications liées à une lithiase vésiculaire chez des patients ménopausées avec ou sans traitement hormonal substitutif par œstrogène. Dans cette étude, les incidences de cholécystite et de cholécystectomie étaient significativement plus élevées chez les femmes sous œstrogène.Ce risque était de la même manière significativement plus important dans la sous population de femmes hysterectomisées qui ont reçu un traitement par oestrogènes et progestatifs30. Ce risque a également été démontré chez les sujets masculins ayant été traités par œstrogène pour cancer de prostate31. Les mécanismes d’actions impliqués sont liés à une augmentation de l’absorption hépatocytaire de cholestérol32 et une diminution de l’excrétion d’acide biliaire, rendant la bile plus concentrée en cholestérol, et favorisant ainsi la précipitation de cristaux de cholestérol33. Sur le plan thérapeutique, l’administration continue d’œstrogène par implants sous cutanés ne semble pas induire de lithiase vésiculaire, contrairement au traitement oral34. Thiazidiques Les thiazidiques entraînent une sursaturation en cholestérol de la bile35 qui favoriserait la survenue de calcul chez les patients traités au long cours. Plusieurs études cas témoins anciennes ont montré une incidence augmentée de cholécystite chez ces patients36, avec un risque de cholécystectomie moins important chez les patients ayant arrêté le traitement en comparaison aux patients toujours traités37. Ceftriaxone Cette céphalosporine de 3e génération, largement utilisée lors des infections urinaires, digestives et pulmonaires en raison de son large spectre est connue pour son effet lithogène au niveau des voies excrétrices uriniares38. Elle génère la formation de calcul biliaire en diminuant la contractilité vésiculaire39, avec une incidence de 11% chez des enfants traités pour pneumopathie et une délais de survenue rapide (2 à 7 jours). Ces calculs disparaissent rapidement après arrêt du traitement (entre 1 et 3 mois)40. En somme, plusieurs médicaments favorisant la survenue de lithiase vésiculaire ont été identifiés, avec un risque accru de complications liées. Cependant, peu d’implications thérapeutiques en découlent : aucune prévention significative ne peut être proposée pour les patients sous oestrogènes, fibrates ou thiazidiques. Les calculs développés chez des patients sous ceftriaxone correspondent à une pseudolithiase qui ne relève habituellement pas d’un traitement chirurgical et qui disparaît après l’arrêt du traitement. Les patients opérés d’une tumeur endocrine intra-abdominale peuvent bénéficier durant le même temps chirurgical d’une cholécystectomie de principe afin de prévenir le risque de lithiase biliaire provoquée par un traitement par analogue de la somatostatine. Enfin, les patients en attente d’une greffe de rein, de pancréas ou de cœur doivent bénéficier d’une échographie vésiculaire de dépistage lors du bilan pré transplantation, et une cholécystectomie de principe sera idéalement réalisée avant la greffe en cas de lithiase vésiculaire avérée. Références bibliographiques 1. McKnight JA, McCance DR, Crothers JG, Atkinson AB. Changes in glucose tolerance and development of gall stones duringhigh dose treatmentwithoctreotide for acromegaly. BMJ : British Medical Journal 1989;299:604. 2. Bigg-Wither GW, Ho KKY, Grunstein RR, Sullivan CE, Doust BD. Effects of long termoctreotide on gall stone formation and gallbladderfunction. BMJ : British Medical Journal 1992;304:1611. 3. Catnach SM, Anderson JV, Fairclough PD, Trembath RC, Wilson PA, Parker E, et al. Effect of octreotide on gall stone prevalence and gallbladdermotility in acromegaly. Gut 1993;34:270–3. 4. Kaczmarek P, Singh V, Cashen DE, Yang L, Berk S, Pasternak A, et al. 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Epidémiologie et physiopathologie La prévalence de la lithiase biliaire au cours de la grossesse est estimée à 3.5% SNFGE. La fréquence du sludge est de 30% à 40% environ. Il disparaît généralement dans le post partum. Une complication de la lithiase vésiculaire survient en moyenne dans 0.1% des cas. (0.05% et 0.8% selon les séries). En 2005, l’équipe de KO montre que l’incidence du calcul biliaire, du sludge, et de la transformation du sludge en calcul chez 3254 patientes enceintes étaient respectivement de 2.8%, 5.1% et 2.3%. A distance de la grossesse, le sludge et le calcul disparaissent dans 61% et 28% des cas (1). 3. Les mécanismes physiopathologiques impliqués dans la formation des calculs vésiculaires au cours de la grossesse sont hormonaux Les œstrogènes sont responsables de la modification de la composition de la bile. Ils provoquent une diminution du taux de sels biliaires et une augmentation du taux de cholestérol, ce qui tend à précipiter la cristallisation du cholestérol, et donc la formation de calcul cholestéroliques. La progestérone, également très augmentée au cours de la grossesse, augmente le volume de la vésicule et diminue sa contractilité, ces deux facteurs diminuant la motricité vésiculaire. (2). 4. Quelles imageries ? Les examens d’imagerie appropriés et non invasifs pour le diagnostic d’une pathologie biliaire chez la femme enceinte sont l’échographie abdominale et l’IRM sans injection de gadolinium. En effet, des études chez l’animal ont bien montré le passage transplacentaire du gadolinium, et comme ses effets ne sont pas clairement connus, l’injection du produit de contraste n’est pas recommandée actuellement. La période critique du développement cérébral du fœtus s’étalant de la conception jusqu’à environ 1725 SA, les radiations doivent donc être évitées au maximum pendant cette période, et ne pas dépasser 50mSv à 100mSv. Un scanner sans injection délivre une dose de radiation comprise entre 20 et 40 mSv. Cet examen est donc réalisable s’il semble indispensable pour avancer dans le diagnostic et /ou la prise en charge. Une cholangiographie standard per opératoire délivre une dose d’environ 5 mSv. Cet examen est donc réalisable au cours d’une cholécystectomie. Quelques mesures simples de radioprotections sont à prendre, comme la mise en place d’un tablier de plomb sur l’abdomen de la patiente par exemple. 5. Prise en charge de la colique hépatique simple L’épisode aigu de colique hépatique est traité médicalement, avec antalgiques simples, antispasmodiques, repos, mise à jeun transitoire. Se pose la question d’une cholécystectomie en cas de récidives multiples. Au cours de 1er, 2ème et 3ème trimestre de grossesse, ce risque de récidive a été évalué respectivement à 92%, 64% et 44%. (3) En 2012, une étude a montré qu’en cas d’abstention thérapeutique, les taux de consultations en urgence, ré hospitalisations, césariennes, et accouchements prématurés étaient plus important que les femmes prisent en charge chirurgicalement (4). Au premier et deuxième trimestre et en cas de récidives, une cholécystectomie est recommandée, jusqu’à 24 SA par cœlioscopie. Après, une laparotomie sous costale est à envisager compte tenu du volume utérin qui dépasse largement l’ombilic au cours du deuxième trimestre. Une cholécystectomie en post-partum est à programmer en cas de crises de coliques hépatiques récidivantes au cours du troisième trimestre. 6. Prise en charge de la cholécystite aigue simple Le traitement médical (mise à jeun, antibiotiques, antalgiques et cholécystectomie en post partum) s’oppose au traitement chirurgical (cholécystectomie au cours de la grossesse). Les études menées après les années 2000 semblent être en faveur d’une prise en charge chirurgicale. En 1994, l’équipe de Swischer a mise en évidence un taux d’échec du traitement médical dans presque un cas sur 2 (44%) (3) En 2000, l’équipe de Lee a mené une étude sur 8 ans, en comparant 20 patientes traitées médicalement, contre 15 patientes traitées chirurgicalement. On constate 1 décès maternel et un décès fœtal dans le groupe non chirurgical, aucun décès n’est à déplorer dans le groupe chirurgie. Les taux d’accouchement prématuré, de petit poids de naissance, d’inhalations méconiales, et d’hospitalisations en soins intensifs étaient tous plus importants dans le groupe traitement médical que dans le groupe traitement chirurgical. (5) En 2008, l’équipe de Date publie des résultats similaires, avec un taux de perte fœtale évalué à 2.2% dans le groupe traitement médical, contre 1.2% dans le groupe traitement chirurgical (non significatif) (6). En cas de traitement conservateur, la récidive se fait sur un mode identique dans 5% seulement des cas, vers une angiocholite aigue dans 15% des cas et sous la forme d’une pancréatite aigue dans 10% des cas. On peut distinguer deux situations cliniques : la cholécystite aigue simple (syndrome inflammatoire biologique et signes échographiques modérés, état général conservé) et la cholécystite aigue grave (syndrome inflammatoire biologique et signes échographiques important, retentissement général) - Prise en charge de la cholécystite aigue simple : Au premier et deuxième trimestre, après échec d’un traitement médical bien conduit, une cholécystectomie est recommandée. Celle-ci peut être réalisée par cœlioscopie jusqu’à environ 24 SA. Après cette date, le fond utérin remontant au-dessus de l’ombilic, une laparotomie sous costale est à envisager. Le troisième trimestre doit être « découpé » en 3 parties : - jusqu’à 34 SA, la grossesse est à privilégier, car le risque de complications liées à la prématurité est encore important. Tout doit être mis en œuvre pour poursuivre la grossesse, sans compromettre la santé fœtale bien évidemment. Les corticoïdes pour la maturation pulmonaire sont administrés sous couverture antibiotiques. La tocolyse, permettant de stopper les éventuelles contractions est également réalisée. - entre 34 SA et 38 SA, la prise en charge doit être discutée au cas/cas. La maturation pulmonaire est achevée, donc si la patiente présente des contractions, l’accouchement doit avoir lieu (pas de tocolyse), et la cholécystectomie réalisée dans le post partum. - après 38 SA, l’accouchement est à privilégier. Si la situation est mal supportée par l’enfant et/ou la mère, le déclenchement est recommandé, il n’y plus de risque de prématurité à ce stade. La cholécystectomie sera réalisée dans le post-partum, timing et voie d’abord seront discutés au cas par cas. - Prise en charge de la cholécystite aigue compliquée : Un traitement médical est à mettre en place de toute façon. Sa réévaluation doit être précoce et l’absence d’amélioration doit faire envisager rapidement une prise en charge chirurgicale. Au premier et deuxième trimestre de grossesse, une cholécystectomie coelioscopique est a évoqué rapidement en cas d’échec du traitement conservateur, et sans hésitation. (perte de chance foetomaternelle, utérus gravide peu gênant). Après 24 SA, une laparotomie sous costale peut permettre un accès plus facile à la vésicule biliaire. Prise en charge au troisième trimestre : - jusqu’à 34 SA, la grossesse est à privilégier. La mère reçoit une tocolyse et des corticoïdes. Se discute alors une cholécystectomie afin de patienter jusqu’à 38 SA, date à laquelle la grossesse peut être déclenchée sans arrière pensées. - entre 34 et 38 SA, discussions au cas/cas. Si les contractions se présentent, l’accouchement est stimulé. Sinon, une cholécystectomie est également à envisager. - après 38 SA, l’accouchement est à privilégier. La cholécystectomie est réalisée dans le post-partum (timing et voie d’abord selon les habitudes). 7. Laparotomie versus laparoscopie Les études récentes montrent que d’un point de vue obstétrique il n’y a pas différence significative entre la prise en charge chirurgicale par voie de laparotomie ou de laparoscopie. En revanche, les suites opératoires sont améliorées par la laparoscopie, avec une reprise plus précoce de la marche (moins de risque thrombo-embolique), du transit, et moins de douleurs post-opératoires (7) (8) (9) (10). 8. Conclusion La prise en charge de la pathologie biliaire chez la femme enceinte est multidisciplinaire (obstétricien, chirurgien, radiologue). Chaque situation doit être discutée au cas par cas pour envisager la prise en charge la plus adaptée selon le terme de grossesse et la présentation clinique. La crise de colique hépatique est traitée médicalement. En cas de récidives multiples, une cholécystectomie doit être réalisée sans hésitation jusqu’au deuxième trimestre. Après, une prise en charge dans le post-partum parait raisonnable (volume utérus gravide). La cholécystite aigue simple est traitée médicalement (antibiotiques, antalgiques, repos). En cas d’échec précoce, une prise en charge chirurgicale est techniquement réalisable et souhaitable par cœlioscopie jusqu’à 24 SA. Après ce terme et jusqu’à 32 SA, une laparotomie sous costale doit s’envisager. Au cours du troisième trimestre, chaque situation est unique et la prise en charge est effectuée au cas par cas. Généralement, la cholécystectomie est réalisée dans le post-partum. La cholécystite aigue compliquée est également traitée médicalement, mais l’efficacité du traitement doit être évaluée rapidement. En cas d’échec, réaliser une cholécystectomie en urgence. Doit se discuter une cholécystostomie au cours du troisième trimestre si cela permet de poursuivre la grossesse jusqu’à 38SA. Références 1. Ko CW, Beresford S, Schulte SJ, Matsumoto AM, Lee PS : Incidence, natural history, and risk factors for biliary sludge and stones during pregnancy. Hepatology 2005 ; 41 : 359-65 2. Menees S, Elta G : Endoscopic retrograde cholangiopancreatography during pregnancy. Gastrointest. Endoscopy Clin. N. Am. 2006 ; 16 : 41-57 3. Swisher SG, Schmit PJ, Hunt KK, Hiyama DT, Bennion RS, Swisher EM, Thompson JE : Biliary disease during pregnancy. Am. J. Surg. 1994 ; 168 : 576-81 4. Othman MO, Stone E, Hashimi M, Parasher G : Conservative management of cholelithiasis and its complications in pregnancy is associated with recurrent symptoms and more emergency visits. Gastrointest. Endosc. 2012 ; 76 (3) : 564-9 5. Lee S, Bradly JP, Mele MM, Sehdev HM, Ludmir J. Cholelithiasis in pregnancy : surgçical versus medical management. Obstet Gynecol 2000 ; 95 : 70-1 6. Date RS, Kaushal M, Ramesh A : A review of the management of gallstone disease and its complications in pregnancy. Am J Surg 2008 ; 196 : 599-608 7. Erika JL, Curet MJ, El-Sayed YY, Kikwood KS : Medical versus surgical management of biliary tract disease in pregnancy. Am J Surg 2004 ; 188 : 755-9 8. Patel SG and Ververka TJ : Laparoscopic cholecystectomy in pregnancy. Current Surgery 2002 ; 59 : 74-8 9. Cosenza CA, Saffari B, Jabbour N, et al : Surgical management of biliary gallstone disease during pregnancy. Am J Surg 1999 ; 178 : 545-8 10. Kuy S, Roman SA, Desai R, Sosa JA : Outcomes following cholecystectomy in pregnant and non pregnant women. Surgery 2009 ; 146 : 358-66 Julie PERINEL, Lyon LES POLYPES VESICULAIRES Les polypes vésiculaires désignent toute excroissance développée aux dépends de la muqueuse de la paroi vésiculaire. Leur incidence est estimée entre 0.3 et 12% au sein de la population (1).Le plus souvent découverts de manière fortuite lors d’une échographie systématique ou sur la pièce opératoire après cholécystectomie, 3 à 8% des polypes vésiculaires présenteront une dégénérescence maligne en adénocarcinome vésiculaire dont le pronostic reste encore très sombre (2). Il est donc essentiel de pouvoir distinguer les polypes suspects de malignité qui nécessiteront alors une chirurgie prophylactique, des polypes bénins pour lesquels une simple surveillance sera préconisée. I. Classification des lésions vésiculaires selon Christensen et Ishak(3) 1. Les lésions bénignes - Les tumeurs épithéliales ou adénomes Les adénomes ont une prévalence de 0.15 à 0.5% sur pièce de cholécystectomie, avec une prédominance féminine. Au sein des adénomes, on distingue trois types histologiques : tubulaires (les plus fréquents), papillaires ou mixtes. A l’échographie, ils se présentent sous la forme de polype unique, isoéchogène par rapport au foie, mesurent le plus souvent entre 5 et 20 mm (4). Ils sont associés à un risque de dégénérescence, ce risque augmentant avec la taille de la lésion. Il est établi que toute lésion polypoide mesurant > 1 cm ou ayant une cinétique de croissance rapide doit être réséquée. (5) - Les tumeurs mésenchymateuses (hémangiome, lipome et léiomyome) - Les pseudotumeurs (polypes cholestéroliques, polypes inflammatoires, adénomyomatose) Les polypes cholestéroliques se caractérisent par la présence de dépôts lipidiques dans les macrophages et à un moindre degré dans les cellules épithéliales de la muqueuse biliaire. Ils représentent 60 à 90 % des polypes vésiculaires et sont bénins. A l’échographie, ces lésions se présentent comme des formations hyperéchogènes, arrondies, le plus souvent de petites tailles (< 10 mm), sans cône d’ombre associé. Les polypes sont souvent multiples. Les polypes inflammatoires représentent 10 % des polypes vésiculaires. Ils sont le plus souvent associés à un tableau de cholécystite chronique et sont bénins. L’adénomyomatose se définit comme des lésions focalisées ou diffuses de la paroi vésiculaire caractérisées par un épaississement de la musculeuse et une hyperplasie de la muqueuse vésiculaire. Elle se caractérise par la présence d’invaginations caractéristiques à travers la musculeuse, désignées sous le nom de sinus de Rokitansky-Aschoff. Seule la forme localisée, appelée adénomyome, constitue un diagnostic différentiel de polype vésiculaire. Ces lésions représentent 25 % des polypes vésiculaires. Elles sont plus fréquentes avec l’âge et chez la femme. A l’échographie, on retrouve une formation hypoéchogène le plus souvent unique avec un épaississement pariétal segmentaire et des formations anéchogènes correspondant aux sinus dilatés. Le risque de dégénérescence est mal défini : initialement considéré comme une lésion bénigne, des cas de cancer ont été rapportés (6). 2. Les lésions malignes : l’adénocarcinome vésiculaire L’adénocarcinome vésiculaire touche une population à prédominance féminine, d’âge médian de 60 ans. Cette pathologie reste associée à un pronostic sombre avec une survie à 5 ans de seulement 5%. Cela s’explique par son caractère asymptomatique faisant découvrir les lésions le plus souvent à un stade avancé avec un envahissement précoce du foie et des ganglions du pédicule hépatique Les facteurs de risque identifiés sont : la présence de calculs vésiculaires, un antécédent de cholécystite chronique, une vésicule à parois calcifiées (ou vésicule porcelaine), un kyste du cholédoque, la présence d’un canal biliopancréatique commun. Il existe différentes formes macroscopiques. En cas de polype vésiculaire mesurant plus de 2 cm, le diagnostic d’adénocarcinome vésiculaire doit être évoqué. Un scanner ou une IRM sera réalisée à la recherche d’un rehaussement après injection en faveur d’une origine tumorale II. Polypes et risque de dégénérescence Bien qu’il existe quelques discordances entre les études, la prévalence des polypes est estimée entre 4.3 et 6.9%. Les hommes sont le plus concernés à un âge médian de 49 ans (7). Le syndrome de Gardner et le syndrome de Peutz-Jeghers constituent des facteurs de risque. Sur le plan clinique, les polypes sont le plus souvent asymptomatiques. Dans les formes symptomatiques, les polypes peuvent être révélés par des nausées, des vomissements, des douleurs de l’hypochondre droit voire même un tableau de cholécystite aigue ou d’ictère (quelques cas décrits de polypes obstruant le canal cystique ou le cholédoque) (4). Il semble néanmoins que ces formes symptomatiques soient souvent associées à la présence de calculs responsable en majeure partie des symptômes(8). La clinique à elle seule ne permet pas de différencier une lésion bénigne d’une lésion maligne. L’enjeu de la prise en charge des polypes consiste à identifier en pré opératoire les lésions potentiellement malignes qui nécessiteront une éventuelle chirurgie prophylactique. Il n‘existe actuellement aucun essai randomisé permettant d’établir des guidelines standardisées. Plusieurs facteurs de risque de dégénérescence ont été identifiés, certains d’entre eux restent discutés : - Age > 50 ans (4, 8,9) - Diabète (1) - Lithiase vésiculaire (7) L’association lithiase vésiculaire et polype reste discutée. Une étude prospective (10) a comparé 176 patients présentant des polypes associés à des calculs versus 185 patients présentant des polypes seuls. Aucun cas d’adénocarcinome n’a été rapporté. En termes d’augmentation de taille des lésions, il n’existait pas de différence entre les deux groupes. Les patients présentant des calculs étaient plus symptomatiques. La lithiase vésiculaire est considérée comme un facteur de risque, qui reste moindre néanmoins comparativement à la taille du polype. Sur le plan radiologique, la présence de calculs rend plus difficile le diagnostic et la surveillance des polypes. L’association polype et lithiase vésiculaire doit faire discuter une cholécystectomie prophylactique. - Cholangite sclérosante primitive L’association polype et cholangite sclérosante primitive doit faire discuter une cholécystectomie. En l’absence de chirurgie, une surveillance rapprochée est recommandée. - Taille > 10 mm ou augmentation rapide de taille entre deux imageries Les recommandations actuelles préconisent la réalisation d’une cholécystectomie pour tout polype mesurant plus de 1 cm. Cependant, certaines études ont démontrés que le seuil de 1 cm ne permettait pas de conclure de manière sûre sur le statut malin ou bénin (11). Ces dernières recommandent de discuter la cholécystectomie prophylactique pour toute lésion mesurant 6mm ou plus (12). - Polype unique (8) - Polype sessile (8) III. Quelle imagerie réalisée dans le cadre de la prise en charge des polypes vésiculaires ? 1. L’échographie L’échographie reste l’examen de référence en première intention pour le diagnostic des polypes (9). Rapidement disponible et peu couteuse, l’échographie permet de déterminer la topographie, le nombre et la taille des polypes avec une sensibilité de 90.1% et une spécificité de 93.6%. Le polype apparait comme une lésion fixe, hyperéchogène faisant saillie dans la lumière vésiculaire. L’échographie ne détecte que les polypes mesurant plus de 5mm et sa sensibilité diminue pour les lésions entre 5 et 10 mm. Elle permet d’éliminer un polype cholestérolique devant une lésion polypoïde, cependant elle ne permet pas à elle seule de déterminer son statut bénin ou malin (4, 12). L’échogénicité du patient et l’expérience du radiologue constituent les limites de l’examen. Par ailleurs, il est fréquent de méconnaitre un polype en cas de lithiase vésiculaire. L’échographie de contraste joue un rôle important dans la caractérisation des lésions puisqu’il a été mis en évidence une prise de contraste précoce, homogène et intense des lésions malignes après injection de produit de contraste, en rapport avec leur hypervascularisation, avec un Wash out à 35-40 secondes. Ces caractéristiques de rehaussement associées à la taille de la lésion permettent d’obtenir une spécificité de 87.2 % et une sensibilité de 90.9% pour diagnostiquer les lésions malignes (13). 2. Place du scanner et de l’IRM Ils sont indiqué en seconde intention dans le cadre du bilan d’une lésion mesurant plus de 10 mm à l’échographie. Ils contribuent à évaluer le risque de malignité. La présence d’un polype mesurant plus de 15 mm, sessile et se réhaussant après injection de produit de contraste au scanner sont de forts arguments en faveur d’une malignité. En IRM, les lésions malignes se caractérisent par un réhaussement précoce et prolongé, en hypersignal sur la séquence de diffusion. 3. Place de l’échoendoscopie L’écho endoscopie apparait plus précise que l’échographie avec une meilleure résolution spatiale pour différencier les polypes vésiculaires. Elle permet de détecter des polypes mesurant moins de 5 mm. Par ailleurs, elle permet d’évaluer le potentiel malin du polype via un score prédictif de dégénérescence avec une sensibilité de 78% et une spécificité de 83%.Cependant, l’échoendoscopie reste un geste invasif pour le patient et n’est donc pas recommandée en routine(14). IV. En pratique, quelle est la conduite à tenir ? 1. Il est recommandé de réaliser une chirurgie prophylactique en cas de (4) : - Polype symptomatique - Polype ≥ 10 mm ou augmentant rapidement de taille entre 2 imageries - Polype sessile ou à base d’implantation large - Polype et âge ≥ 50 ans - Polype et lithiase vésiculaire - Polype associé à un épaississement pariétal ou polype de l’infundibulum - Polype ≥ 6 mm associé à un autre facteur de risque Il est recommandé de réaliser en première intention une cholécystectomie par voie laparoscopique. Cependant, en cas de lésion mesurant plus de 18 mm, il est préconisé de réaliser une laparotomie avec un curage devant le risque élevé de se trouver devant un adénocarcinome avancé (9). 2. Surveillance Il n’existe actuellement aucune recommandation. La surveillance pourrait être préconisée pour toute lésion polypoïde non opérée, à raison d’une échographie à 6 mois puis annuel en l’absence de facteur de risque. En cas de polype mesurant entre 6 et 9 mm, sans facteur de risque associé, une échographie sera réalisée tous les 6 mois pendant un an puis annuelle. Une échoendoscopie viendra compléter le bilan initial. La durée du suivi reste controversée et il existe peu de données de la littérature. Certains auteurs recommandent un suivi sur 10 ans. (9) Les polypes vésiculaires représentent un véritable enjeu dans la prévention de l’adénocarcinome vésiculaire. Il apparait essentiel de pouvoir identifier les polypes à risque de dégénérescence en pré opératoire pour proposer une chirurgie prophylactique. La taille > 10 mm, le caractère symptomatique, l’âge > 50 ans et la présence de calculs vésiculaires sont des facteurs établis de risque de malignité. Cependant devant l’absence d’essai randomisé, la prise en charge des polypes restent encore controversée. Références : 1- Cha BH, Hwang JH, Lee SH, Kim JE, Cho JY, Kim H, Kim SY. Pre-operative factors that can predict neoplastic polypoid lesions of the gallbladder. World J Gastroenterol. 2011;17:2216–2222. 2- Aldridge MC, Bismuth H. Gallbladder cancer: the polyp–cancer sequence. Br J Surg 1990; 77: 363–364 3- Christensen AH, Ishak KG. Benign tumors and pseudotumors of the gallbladder. ArchPathol 1970; 90: 423–432 4- Matos AS, Baptista HN, Pinheiro C, Martinho F. Gallbladder polyps: How should they be treated and when? Rev Assoc Med Bras. 2010;56:318–21 5- Boulton RA, Adams DH. Gallbladder polyps: when to wait and when to act. Lancet 1997;349:817-8. 6- Choi JH, Yun JW, Kim YS, Lee EA, Hwang ST, Cho YK, et al. Pre-operative predictive factors for gallbladder cholesterol polyps using conventional diagnostic imaging. World J Gastroenterol.2008;14:6831–4 7- Park JY, Hong SP, Kim YJ, Kim HJ, Kim HM, Cho JH, et al. Long-term follow up of gallbladder polyps. J GastroenterolHepatol. 2009;24:219–22. 8- Kwon W, Jang JY, Lee SE, Hwang DW, Kim SW. Clinicopathologic features of polypoid lesions of the gallbladder and risk factors of gallbladder cancer. J Korean Med Sci. 2009;24:481–7 9- Gallahan WC, Conway JD. Diagnosis and management of gallbladder polyps. Gastroenterol Clin North Am. 2010;39:359–67. 10- Choi SY, Kim TS, Kim HJ, Park JH, Park DI, Cho YK, et al. Is it necessary to perform prophylactic cholecystectomy for asymptomatic subjects with gallbladder polyps and gallstones? J GastroenterolHepatol. 2010;25:1099–104 11- Inui K, Yoshino J, Miyoshi H. Diagnosis of gallbladder tumors. Intern Med. 2011;50:1133–6 12- Zielinski MD, Atwell TD, Davis PW, Kendrick ML, Que FG. Comparison of surgically resected polypoid lesions of the gallbladder to their pre-operative ultrasound characteristics. J Gastrointest Surg.2009;13:19–25 13- Xie XH, XU HY, Xie XY et al. Differential diagnosis between benign and malignant gallbladder diseases with real time contrast-enhanced ultrasonography. 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Il existe des variations « normales » à cette jonction entre le bas cholédoque (C) et canal pancréatique principal (P): (i) l’abouchement en « Y » représente 80-85% des cas ; (ii) l’abouchement de type « V » représente 5-10% des cas ; (iii) un abouchement séparé des deux canaux se voit dans moins de 10% des cas [2]. Par conséquent, 90% des individus ont un canal commun de moins de 5 mm et 10% une jonction-abouchement C et P séparée. Même si la plupart des classifications d’AJBP ont été proposées pour les AJBP associées aux DCVB, elles restent valables pour les AJBP sans DCVB associée. Elles sont essentiellement basées sur les modes et complexité d’abouchement entre les canaux C et P. Kimura et al. [3] ont décrit deux variétés basées selon le mode d’abouchements de ces deux canaux sur le canal commun anormalement long. Le type I (ou représentation P-C), le moins fréquent (<30%), se caractérise par l’abouchement à angle aigu du canal pancréatique dans le bas cholédoque. En général, la dilatation kystique de la voie biliaire principale au-dessus est fusiforme et le diagnostic de ce cas est moins évident en routine. Le type II (ou représentation C-P), plus fréquent (>60-70%), se caractérise par l’abouchement plus net du bas cholédoque dans le canal pancréatique principal. En général, ce type accompagne les DCVB volumineuse de type I (Ia de Todani) qui ont un rétrécissement du bas cholédoque qui se jette dans le canal pancréatique avec un angle plus ouvert (souvent de façon perpendiculaire). Cette AJBP type C-P peut être masqué par le volume du kyste lui-même. Komi et al. [4, 5] ont proposé une autre classification, basée sur l'étude des angles de la jonction bilio-pancréatique, l’existence ou non d’une dilatation du canal commun bilio-pancréatique et/ou la présence d’une anse de seau. Cette classification est donc plus complexe mais plus précise. On parle de type 1 lorsque l’angle de la jonction C-P est perpendiculaire : 1A quand il n’existe pas de dilatation du canal commun et de 1B quand il existe une dilatation du canal commun. On parle de types 2 lorsque l’angle de la jonction P-C est obtus : 2A quand il n’existe pas de dilatation du canal commun et de 2B lorsqu’il existe une dilatation du canal commun. Les types 3 correspondent à des AJBP complexes : 3A est le pancréas divisum complet avec AJBP, 3B lorsque le canal pancréatique principal est absent, 3C1 lorsqu’il existe une petite anse de seau, 3C2 avec anse de seau de calibre égal au canal commun, et de 3C3 lorsque tous les canaux sont dilatés. Les deux classifications sont utilisées, il nous a paru cependant souhaitable, dans le Rapport de l’AFC 2012, et comme cela a été suggéré par le groupe japonais d’études sur AJBP, de simplifier ces deux classifications en 3 types [6]: (i) une jonction type C-P et correspond au type II de Kimura et type I de Komi ; (ii) une jonction type P-C correspond au type I de Kimura et type II de Komi, et (iii) une jonction complexe ne pouvant pas être classée dans les deux précédentes, ceci est équivalent au type III de Komi qui comporte souvent une anse de seau. Dans la série de Tashiro et al. [6] analysant les AJBP du registre japonais de 1990 à 1999, les adultes représentaient la moitié des AJBP. Le sexe ratio F/H était de 2,9% avec un moyen d’âge de 24,3 ans (allant de 5 jours à 83 ans) chez les malades avec DCVB et de 47,3 mois (6 mois – 80 ans) chez les malades sans DCVB associée. La répartition des types d’AJBP associée aux DCVB selon les types C-P, P-C et complexe étaient respectivement de 59,9%, 34,1% et 6%. Le type C-P était plus fréquent chez les enfants (62,7% versus 57,3%). Cette répartition était inversée entre les types C-P et P-C pour les AJBP sans DCVB (29,3% versus 63,1%) (Tableau 1). La présence d’une AJBP augmente l’incidence de cancer de la vésicule par un facteur compris entre 100 et 800 [6-8]. Les tableaux 2 et 3 présentent les particularités des cancers biliaires rapportées dans le registre japonais des AJBP où 22% des AJBP n’étaient pas associées à une DCVB. Dans l’analyse de Tashiro et al. [6], parmi les 1627 malades ayant une AJBP, 23% n’avaient pas de DCVB. Le taux global de cancer biliaire était de 10,6% en présence de DCVB et 37,9% en son absence (p<0,001). La localisation vésiculaire représentait 2/3 des cancers lorsque l’AJBP était associée à une DCVB et de 93,2% lorsque l’AJBP était isolée. Dans la série coréenne de Lee et al. [9] parmi les 808 malades adultes, 467 (71,4%) présentaient une AJBP associée (62% type C-P, 21% type P-C et 17% une forme complexe de Komi). Le taux de cancer biliaire était de 9,9% (88/808 malades). Il s’agissait pour 74/88 d’un cancer synchrone avec près d’un malade sur deux une localisation sur la vésicule biliaire. Sur l’analyse univariée, la présence d’une AJBP était significativement associée à la survenue de cancer biliaire (p=0,03) [9]. Une AJBP était présente chez 74,3% (26/35) des malades ayant un cancer vésiculaire et 60% (24/40) des malades ayant un cancer biliaire (hors vésicule). Parmi les autres facteurs augmentant le risque de cancérisation des voies biliaires, les dérivations internes (kysto-digestives) sont à proscrire. En effet, ces interventions chirurgicales jadis pratiquées, ne résèquent pas les zones kystiques à haut risque, n’interrompent pas le reflux pancréatobiliaire et augmentent significativement le risque de dégénérescence par un facteur de 10 à 20 avec une diminution de l’âge de survenue de cancer d’environ 10 ans [10].En effet, le reflux chronique pancréato-biliaire change la composition et le PH de la bile [16]. Ceci associé aux facteurs mutagènes et/ou carcinogènes et génétiques créent des conditions précancéreuses. On explique ainsi des changements histologiques de l’épithélium des voies biliaires qui devient inflammatoire, hyperplasique, métaplasique avec des signes de dysplasie régénérative. Le cycle cellulaire accéléré provoque des dommages de l’ADN qui peuvent à travers une cascade d’interactions moléculaires au sein de la muqueuse biliaire se traduire par la survenu de cancer des voies biliaires. Parmi les hypothèses évoquées, on suppose que l’activation des enzymes du suc pancréatique par le contact direct avec la bile au sein des zones dilatées comme un facteur carcinogène. Toutes les enzymes pancréatiques y compris l’amylase, la lipase, la trypsine, l’elastase-1, et la phospholipaseA2 (PLA-2) sont anormalement détectables dans la bile des malades présentant une AJBP [17]. Ces enzymes sont actives dans la bile de même que l’enterokinase duodénale. La PLA-2 ainsi transforme la lecitine en lysolécitine ou en lysophosphatidylcholine, qui sont des agents cytotoxiques [16]. En présence de cette situation pathologique, les acides biliaires fractionnées par les enzymes pancréatiques anormalement présentes dans la bile, déconjuguent les sels biliaires qui eux même sont reconnus cliniquement et expérimentalement être des agents toxiques pour les membranes cellulaires et jouer un rôle dans l’induction de certains cancers digestifs. Ainsi chez les malades ayant un cancer de la vésicule ou développé sur une DCVB, on note la présence d’un taux plus élevé d’acides lythocholique, lysophosphocholine et de lysolecitine. Les acides biliaires secondaires surtout l’acide taurodeoxycholique dans la bile des malades ayant une AJBP ont un taux anormalement élevé [8]. Les acides cholique et desoxycholique, qui ont une conformation proche de la methylcholantrène (un carcinogène puissant) ont également un taux anormalement élevé chez les malades ayant une AJBP [8]. Par ailleurs, Mizuno et al. [18] ont étudié la mutagenèse et réparation-substitution d’ADN de la bile des malades ayant une AJBP, et ont confirmé le caractère fortement « mutagène » de la bile chez la moitié des échantillons analysés. Ils ont émis l’hypothèse qu’il s’agit de substances ressemblant aux acides aminés avec un poids moléculaire entre 1,500 et 3,500 Daltons. Ceci explique les anomalies histologiques observées sur l’épithélium des malades ayant une AJBP. Ainsi, l’incidence d’hyperplasie est significativement plus élevé sur l’épithélium “non tumoral” des malades ayant un cancer de la vésicule biliaire (avec ou sans AJBP) [6]. Ces changements (métaplasie, dysplasie) sont également présents chez les jeunes malades ayant une DCVB. Ainsi les malades ayant une AJBP avec ou sans DKVB ont une activité anormalement proliférante de leur muqueuse biliaire. L’augmentation de l’activité d’ornithine décarboxylase et de l’antigène PCN, témoignent d’un état d’hyperprolifération précancéreuse, observée au sein de la muqueuse de la vésicule biliaire des maladies ayant une AJBP surtout ceux ayant une DCVB avec type P-C [19, 20]. L’immunomarquage de l’épithélium de la vésicule biliaire des maladies ayant une AJBP monte une hyperfixation de Ki-67 au niveau de la muqueuse vésiculaire et de façon plus forte, au sein des malades ayant un cancer de la vésicule biliaire sur AJBP. On observe également une augmentation de l’expression de MUC- 1 et de COX-2 [21]. De ce fait, ces auteurs proposent l’utilisation d’inhibiteurs de COX-2 tels les Anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS) pour diminuer les lésions inflammatoires chez ces maladies. Tsuchida et al. [22] ont analysé l’expression immunohistochimique de CD44s, CD44v6 ET MIB-1 (Ki67) sur 107 échantillons de voies biliaires et vésicules biliaires chez 25 malades ayant une AJBP et soulignent l’importance de cette expression comme facteur prédictif pour l’existence d’une dégénérescence. En effet, les échantillons vésiculaires et des voies biliaires des malades ayant des lésions de type dysplasie et/ou cancer, avaient une expression significativement plus forte pour CD44s et CD44v6 versus ceux ayant un épithélium normal ou hyperplasique. Les malades ayant une expression positive pour CD44s et CD44v6 avaient significativement une expression plus forte pour le Ki-67. Sur le plan moléculaire, Ichikawa et al. [23] ont conclu que l’expression de Bcl-2 pouvait être un événement précoce dans la carcinogenèse de l’épithélium biliaire des malades ayant une AJBP. Dans la série de Nagai et al. [19] une instabilité microsatellite (MSI) est détectée chez 80-90% des lésions cancéreuses et dysplasiques des AJBP versus 0% of chez les malades ayant une simple hyperplasie biliaire. La présence d’une mutation de l’oncogène Kras dans l’épithélium biliaire chez les malades ayant une AJBP peut être considérée comme un état précancéreux [8]. En présence d’AJBP, une surexpression de la protéine p-53 a été observée chez 57% des cancers biliaires et dans 20% des cas chez les malades n’ayant pas de cancer biliaire. La surexpression de la protéine p-53 est plus nette lorsqu’on compare les résultats entre l’épithélium des voies biliaires des malades sans cancer avec AJBP versus celui des malades ayant une pathologie bénigne sans AJBP (27-30% versus 0%)[24]. Les mutations du gène p53 (exons 5, 6, 7 and 8) a été apporté dans 60% des cancers de la vésicule et 100% des cancers des voies biliaires des malades ayant une AJBP, alors que chez les malades avec AJBP sans cancer associé, cette mutation n’est détectée que dans 60% des épithélium vésiculaire (identique que pour le cancer) et dans 56% des voies biliaires. Ces résultats parfois discordants suggèrent que les mutations du gène p-53 ou la surexpression de la protéine ainsi que la perte d’hétérozygotie de ce gène sur le chromosome 17, ou la mutation du gène p14ARF (exon 2) peuvent être témoins d’un phénomène de carcinogenèse biliaire [24]. Pour résumé, la carcinogenèse biliaire au cours des AJBP est très probablement multifactorielle. Ceci débutant probablement par une altération physico-chimique de la muqueuse biliaire par l’activation des enzymes et transformation des produits dans la bile suivi de cascades d’altération moléculaires surtout au cours de l’accélération du cycle cellulaire. L’agression chronique de la muqueuse biliaire, surtout dans les zones de stase, et par une certaine susceptibilité génétique, conduit à la métaplasie, l’hyperplasie, la dysplasie puis à la dégénérescence de l’épithélium biliaire. Le traitement des AJBP dépend du type de DCVB associée. Pour résumer, lorsqu’une AJBP est associée à une DCVB (types I et IVa de Todani), le traitement reste celui de la DCVB. Cela revient à réséquer de façon préventive les parties les plus susceptibles de dégénérer et d’interrompre l’agression de l’épithélium biliaire par le reflux du suc pancréatique. En pratique, une exérèse la plus complète de la voie biliaire principale avec reconstruction hépatico-jéjunale reste le traitement du choix [25, 26]. Lorsque l’AJBP n’est pas associée à une DCVB, le risque de dégénérescence reste 7 à 9 fois le plus élevé pour la vésicule biliaire sans être nul pour le reste de la voie biliaire [6]. De ce fait, la plupart des experts sans avoir un consensus recommandent une cholécystectomie préventive même en l’absence de lithiase et/ou symptômes. Les précautions de cette exérèse préventive restent les mêmes que pour un polype vésiculaire, à savoir une cholécystectomie sans ouverture de la vésicule biliaire et une analyse extemporané de la vésicule et du canal cystique [27]. Cependant, même si le ratio entre le risque de survenue de cancer de la vésicule versus celui de cancer des voies biliaires reste un argument majeur pour proposer une cholécystectomie préventive sans exérèse de la voie biliaire principale, certains attirent la « sonnette d’alarme » concernant l’incidence relativement élevée de cancer sur le reste des voies biliaires chez les malades ayant une AJBP. En effet, l’incidence de cancer biliaire était autour de 4-5% au cours des 10 dernières années dans le registre japonais des AJBP (JSPBM registration). Cette incidence reste significativement plus forte que le risque de cancer des voies biliaires dans la population générale [6, 28]. Ce risque paraît réel, d’autant que dans ce registre, parmi les 16 malades ayant une localisation double ou multiple de cancer biliaire, 5 (45,6%) avaient une AJBP sans dilatation des voies biliaires. De ce fait certains propose de lancer une étude contrôlée pour déterminer l’intérêt réel d’une attitude agressive pour traiter les AJBP sans dilatation des voies biliaires [6] . Par conséquent, d’un point de vu pragmatique, l’attitude la plus logique devant une AJBP sans DCVB reste une cholécystectomie préventive avec examen extemporané sur la pièce d’exérèse. En présence de signes de dysplasie voire cancer in-situ, l’exérèse de la voie biliaire principale devient plus logique par crainte d’un potentiel de dégénérescence plus étendu lié à la présence d’AJBP. Tableau 1 – comparaison entre les AJBP avec ou sans DCVB (1990-1999 registre japonais, n=1627 malades)[6] AJBP seul AJBP et DCVB N=388 N=1239 (NS : p>0,05) (S : p<0,05) Sexe ratio F/H 2,7 3,2 NS Ratio adultes/enfants 10,72 1,02 S Age moyen (extrêmes) 47,3 24,3 S (6m - 80 ans) (5 j-83 ans) Ratio type C-P/P-C 0,46 1,75 S Symptomatologie 77,6% 86,1% S Cholangite 10,8% 15,7% NS Pancréatite 13,9% 19% S Lithiase biliaire 4,1% 8,5% S Taux de cancer biliaire 37,9% 10,6% S Localisation vésicule 93,2% 64,9% S Voies biliaires EH 6,1% 33,6% S Amylase intravés. (UI/L) 163131 222911 ± 123568 ± 180827 Tableau 2 - Registre Japonais des AJBP (1996-2005)[8] N=1361 548 (40,3%) Enfants 813 (59,7%) Adultes 185 (13,6%) Cancer vésicule 51 (3,7%) Cancer voies biliaires (hors vésicule) 16 (1,2%) Double cancer vésicule et VB 252 (18,5%) Total cancers biliaires S Tableau 3 - Incidence de cancer des voies biliaires (VB) et de la vésicule biliaire et AJBP avec ou sans DCVB [8]. DCVB présente DCVB absente N=1062 (78%) N=299 (22%) 8,8% 36,1% Cancer de la vésicule biliaire 5,2% 4% Cancer des voies biliaires 1% 1,6% Double localisation 137/1062 115/299 Incidence globale de cancer (12,9%) (38,4%) des voies biliaires 12% 38,5% de la vésicule biliaire REFERENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. Kimura K, Ohto M, Saisho H, Unozawa T, Tsuchiya Y, Morita M, Ebara M, Matsutani S, Okuda K: Association of gallbladder carcinoma and anomalous pancreaticobiliary ductal union. Gastroenterology 1985, 89(6):1258-1265. DiMagno EP, Shorter RG, Taylor WF, Go VL: Relationships between pancreaticobiliary ductal anatomy and pancreatic ductal and parenchymal histology. Cancer 1982, 49(2):361-368. Kimura K, Ohto M, Ono T, Tsuchiya Y, Saisho H, Kawamura K, Yogi Y, Karasawa E, Okuda K: Congenital cystic dilatation of the common bile duct: relationship to anomalous pancreaticobiliary ductal union. AJR American journal of roentgenology 1977, 128(4):571577. 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Les progrès en radiologie avec la bili-IRM mais surtout l’écho-endoscopie [3] ont permis de déterminer encore mieux l’origine lithiasique des PA. La recherche de microcristaux dans la bile duodénale a été aussi utilisée de façon non courante pour confirmer l’étiologie biliaire d’une PA et proposer un traitement prophylactique de la récidive de la PA biliaire, chirurgical, endoscopique ou médicamenteux avec succès [2]. Cette part importante de PA idiopathique, mais en définitive lithiasique, a longtemps justifié de proposer une cholécystectomie prophylactique en cas de bilan étiologique négatif, les risques et séquelles peu fréquents de la cholécystectomie laparoscopique venant contrebalancer largement le risque de faire une récidive grave de PA. L’indication de cholécystectomie dans la prévention de la récidive d’une PA idiopathique dépend donc de la probabilité que l’étiologie soit biliaire en définitive. Un bilan radiologique et endoscopique négatif impose d’étudier d’autres critères, cliniques et biologiques. Bien que non précisés dans la littérature, les antécédents familiaux lithiasiques et les antécédents personnels de symptômes évocateurs d’une maladie lithiasique biliaire sont des arguments en faveur de la nature lithiasique de la PA « idiopathique ». Plusieurs auteurs ont étudié plus précisément des paramètres clinicobiologiques permettant de prédire l’origine lithiasique d’une PA, ou l’intérêt d’une cholécystectomie prophylactique. Sans tenir compte de l’imagerie, Blamey [4], en comparant des PA biliaires et des PA alcooliques, a décrit des critères clinicobiologiques en faveur d’une origine biliaire : des phosphatases alcalines >300UI/l, un âge >50 ans, le sexe féminin, des ALAT >100UI/l, une amylase >4000UI/l. Lorsque trois de ces facteurs sont présents, il s’agit d’une PA biliaire dans 86% des cas, lorsque 4 facteurs sont présents, il s’agit d’une PA biliaire dans 95% des cas, et lorsque que les 5 facteurs sont présents, il s’agit d’une PA biliaire dans 100% des cas. La limite de ce score est que les pancréatites non lithiasiques et non alcooliques n’ont pas été étudiées. Tran [5] a étudié le taux de récidive des PA après cholécystectomie prophylactique chez 239 patients opérés entre 1990 et 2005 avec un recul moyen de 99 mois. Ces patients ont été classés en 4 groupes selon la présence ou non d’une élévation des transaminases à J1, et de la présence ou non de lithiase ou de sludge vésiculaire : groupe A (transaminases +, lithiase +), groupe B (transaminases +, lithiase ), groupe C (transaminases -, lithiase +, groupe « idiopathique probable »), groupe D (transaminases -, lithiases - , groupe « idiopathique »). Quatre-vingt-dix pour cent des patients avaient soit une élévation enzymatique, soit des lithiases ou du sludge à l’échographie transpariétale. La cholécystectomie a été réalisée en moyenne 7 jours après l’épisode initial de PA. Au terme du suivi, le taux de récidive de la PA était de 13 cas sur 142 patients (9%) dans le groupe A, d’un cas sur 17 (6%) dans le groupe B, de 13 cas sur 57 (23%) dans le groupe C, et de 14 cas sur 23 patients (61%) dans le groupe D. Ce résultat dans ce dernier groupe était statistiquement significatif (p<0.0001) si on le comparait aux groupes A, B et C. La différence observée entre le groupe C et les groupes A et B était aussi statistiquement significative mais dans une moindre mesure (p=0.001). Le taux de récidive était moins fréquent en cas d’élévation des transaminases que lorsque ce critère manquait (A+B vs C+D, p=0.000003), ou lorsque une lithiase et/ou du sludge étaient présents (A+C vs B+D p=0.0008). Les récidives de PA ont fait l’objet d’une nouvelle recherche étiologique qui a confirmé l’origine lithiasique dans 9 cas sur 13 (69%) récidives du groupe A, dans 5 cas sur 13 (38%) dans le groupe C et 3 cas sur 14 (21%) dans le groupe D. Dans le groupe B, la seule récidive n’était pas d’origine lithiasique. Dans le groupe D « idiopathique », l’origine de la PA reste inconnue dans 79% des cas. Les limites de cette étude sont son caractère rétrospectif sur une longue période d’où l’absence d’utilisation systématique de l’IRM ou de l’écho-endoscopie pour la recherche de lithiases occultes, l’utilisation du dosage des transaminases à J1 de l’hospitalisation et non pas du début des symptômes, l’absence de données sur les patients avec des PA idiopathiques n’ayant pas eu de cholécystectomie prophylactique. L’intérêt de cette étude est de montrer que dans environ 80% des cas de PA idiopathique, la cholécystectomie prophylactique n’aura aucune efficacité, ce dont pourra être informé le patient. Conclusion La cholécystectomie prophylactique peut être proposée à la première poussée de PA idiopathique en l’absence de découverte de lithiase par échographie transpariétale, bili-IRM ou écho-endoscopie, si une élévation des transaminases a été notée au début de la maladie, ou si le malade a déjà eu des symptômes évocateurs d’une maladie lithiasique avant la PA. Dans le cas contraire, l’efficacité de la cholécystectomie prophylactique est faible, et le bénéfice-risque de la cholécystectomie prophylactique doit être clairement discuté avec le malade. Références : Lee SP, Nicholls JF, Park HZ. Biliary sludge as a cause of acute pancreatitis. N Engl J Med 1992;326:589-93 Ros E, Navarro S, Bru C, Garcia Puges A, Valderrama R. 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Surgery 2012, 151(2): 199-205 Gilles PONCET, Hôpital Edouard HERRIOT, Lyon CHOLECYSTECTOMIE PAR TROCART UNIQUE. LE POINT EN 2014. 1. Introduction La cholécystectomie laparoscopique(CL) classique à trois ou quatre trocarts est la voie d’abord de référence pour le traitement de la lithiase vésiculaire symptomatique (1). C’est en 1997 que l’équipe de Navarra(2) décrit la cholécystectomie avec incision unique susombilicale (SICL). Cette approche a suscité à la fois engouement et critiques de la part de la communauté chirurgicale comme en témoigne le nombre élevé de publications (87 publications indexées sur Pub-Med durant la seule année 2013). En s’appuyant sur les données actuelles de la littérature, nous allons essayer de définir quelle peut être la place de cette voie d’abord au sein de la stratégie chirurgicale. 2- Discussion - Technique opératoire On est frappé par l’extrême hétérogénéité concernant les aspects techniques et les instruments utilisés (3). En effet pour la majorité des procédures, on retrouve des accès supplémentaires à la cavité abdominale : palpateur de 3mm, aiguille de Verres, voir même adjonction d’un trocart de 5mm. La durée opératoire est significativement plus élevée pour SICL (3-4) en raison des difficultés d’exposition et de dissection. Ces difficultés sont directement liées à la perte d’ergonomie engendrée par la procédure. - Morbidité post-opératoire Les taux d'événements indésirables survenus pour SICL et CL sont comparables dans la méta-analyse de Trastulli(3) : 7,3% pour SICL et 6,6% pour CL. Ces données sont en accord avec les résultats d’autres études (4). Cette méta-analyse (3) ne retrouve pas un taux plus élevé de plaie biliaire pour SICL contrairement à celle de Joseph (5)qui décrivait un taux de plaie biliaire de 0.72% supérieur au taux de 0.4 à 0.5% après CL. Plusieurs données suggèrent que les taux d’infection de paroi et d’éventration sont plus élevés pour l'approche SICL (6). - Douleur post-opératoire L'intensité de la douleur postopératoire n’est pas différente entre SICL et CL. Cet élément est retrouvé dans trois méta-analyses (6-7-8). - Durée d’hospitalisation On ne retrouve pas de différence concernant la durée d’hospitalisation entre SICL et CL dans la métaanalyse des essais randomisés mené par Trastulli (3), cet élément traduit bien le caractère mini-invasif des deux techniques. - Aspect esthétique Dans l’étude randomisée de Saad (6), au terme d’un suivi de 12 mois aucune différence n’était observée entre le groupe SICL et le groupe CL(P = 0·229). - Coût Le coût apparaît plus élevé pour la SICL que pour la CL lorsque l’on prend en considération l’ensemble des variables(9). Cette différence semble être liée à de plus longs temps opératoires et un matériel plus couteux(10). 3. Conclusion La cholécystectomie réalisée par incision unique (SICL) est une alternative à la cholécystectomie classique (CL). Elle reste techniquement plus exigeante, plus difficile à réaliser, avec des durées opératoires plus longues que la CL. Son coût est plus élevé que la CL. Le caractère sécuritaire de cette technique doit encore être clarifié par des séries plus importantes. On peut raisonnablement se demander à la lumière de l’ensemble des publications si les gains marginaux en termes de douleur et d’aspect esthétique sont justifiés. Bibliographie 1 National Institutes of Health. Gallstones and laparoscopiccholecystectomy. NIH Consens Statement1992; 10: 1-28. 2 Navarra G, Pozza E, Occhionorelli S, Carcoforo P, Donini I. One-woundlaparoscopiccholecystectomy. Br J Surg1997; 84: 695. 3 S. Trastulli, R. Cirocchi, J. Desiderio, S. Guarino, A. Santoro, A. Parisi, G. Noya and C. 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Depuis 2012, des incitations tarifaires ont été mises en place pour les séjours en ambulatoires (tarif ambulatoire égal au tarif d’hospitalisation de niveau 1) ce qui a fait augmenter le pourcentage de cholécystectomies ambulatoires. En 2012, environ 9% des cholécystectomies ont été réalisée sen ambulatoires en FRANCE d’après le rapport de L’ATIH [1].En ce qui concerne notre établissement privé, nous avons débuté notre expérience seulement en mai 2012 du fait de cette modification tarifaire apparue en mars de la même année. En 2012, nous avons réalisé 14 cholécystectomies ambulatoires sur 158 cholécystectomies coelioscopiques soit un taux d’ambulatoire de 8,8%. En 2013, nous en avons réalisé 70 sur 149 soit 47% d’ambulatoires. Les indications de cholécystectomies étaient toutes des lithiases vésiculaires symptomatiques. Les patient sont été exclus de l’ambulatoire en cas de cholécystite aigüe ou chronique (vésicule scléroatrophique), de score ASA>2, et d’antécédents de chirurgie abdominale sus-mésocolique par laparotomie. Ceux vivants seuls ou habitant à plus d’une heure de l’établissement ont également été exclus de l’étude. L’âge a été aussi un facteur de choix. En effet, tous les patients de plus de 75 ans ont été hospitalisés et entre 70 et 75 ans l’appréciation était laissée au chirurgien en fonction de l’état physiologique. Les patients ont tous été opérés par trois chirurgiens séniors en cœlioscopie à trois trocarts ou quatre ou un avec pince minilap en fonctions des conditions locales. Il est intéressant de noter, d’après une étude [9] que la chirurgie monotrocart n’apporte aucun bénéfice par rapport à la cœlioscopie ‘’conventionnelle’’en ce qui concerne la douleur post-opératoire (l’intérêt est uniquement esthétique).La pression de travail pour le pneumopéritoine était de 11 mm Hg. Une cholangiographie a été pratiquée de façon systématique. Aucun drainage n’a été mis en place pour la cholécystectomie. Tous les patients ont bénéficié d’une prise en charge de la douleur spécifique soit par infiltration des trocarts et de la coupole diaphragmatique droite avec 20 à 30 ml de Ropivacaïne 7,5mg/ml réalisée par le chirurgien en fin d’intervention, soit par TAP bloc sous échographie réalisé par l’anesthésiste avant l’incision. Afin d’éviter les NVPO (nausées vomissements post-opératoires), de la dexaméthasone, dumétoclopramide ou de l’ondansétronont été administrés systématiquement à l’induction ainsi que du droleptan en fin d’intervention. Les patients ont tous été réévalués le soir avant la sortie par le chirurgien, l’anesthésiste et les infirmières du service d’ambulatoire. Sur le plan antalgique, le protocole post-opératoire per os associe du paracétamol 3g/24h avec un AINS (kétoprofène ou piroxicam) et du tramadol LP 50 mg deux fois par jour en cas de douleurs plus importantes. Les patients sont joints systématiquement le lendemain par téléphone par le personnel de l’ambulatoire avec une évaluation de la douleur à J+1 par EVA. Ils sont tous revus en post-opératoire entre 3 et 6 semaines après l’intervention en fonction du chirurgien [10]. RESULTATS : La série comprend 84 patients en ambulatoire. Il s’agit de 66 femmes et 18 hommes. Il n’y a eu aucune conversion sur la série et aucune mortalité post-opératoire. L’âge moyen est de 47 ans (extrême de 23 et 74 ans). La durée moyenne des interventions est de 51 min (extrême de 27 à 111 min). Les patients ont été gardés en moyenne 7 heures après l’intervention (min 3h47 et max 10H08). Sur les 84 patients ambulatoires, 8 ont finalement été gardés en hospitalisation le soir, soit un taux d’échec de 9,5%.L’analyse des causes retrouve : -deux patientes gardées pour douleurs mais qui avaient été opérées tardivement 14 h et 14H35 -deux gardés pour nausées et vomissements post-opératoires -un autre resté car le chirurgien avait un doute sur un calcul du cholédoque lors de la cholangiographie -deux ont été gardés car les interventions se sont avérées plus difficiles que prévues (cholécystites chroniques dont une après pancréatite). -une a souhaité rester le soir mais allait bien Nous avons eu également deux réadmissions à J+1 et J+3 : une patiente a présenté un cholépéritoine sur une plaie du cholédoque. Elle a été reprise par cœlioscopie avec suture de la plaie et drainage transcystique. L’autre patient a présenté une collection abcédée sous hépatique qui a été lavée et drainée sous coelioscopie. Les heures de prise en charge au bloc opératoire en ambulatoire ont été répertoriées sur le graphique ci-dessous. On se rend compte que les patients ont été pris dans la plupart des cas le matin avant 12H00. En ce qui concerne les douleurs post opératoires nous avons réalisé l’analyse seulement sur les 63 patients de l’année 2013 réellement parti en ambulatoire. Il s’agit de l’analyse des résultats téléphoniques à J+1(EVA côtée sur 10). 56 % des patients ont une EVA <2 et 83% ont une EVA<5. Il reste quand même 17 % de patients avec EVA>5 malgré un protocole antalgique standardisé. Cependant, aucun n’est revenu en hospitalisation pour douleur en dehors des deux qui ont été réhospitalisés pour une complication chirurgicale (abcès du lit vésiculaire et cholépéritoine). DISCUSSION La cholécystectomie laparoscopique est actuellement le gold standard de la prise en charge de la lithiase vésiculaire symptomatique. Plusieurs études [2,3,4 ,7] ont montré que celle-ci peut être réalisée en ambulatoire avec des taux allant de 25% à 80% des cas. En fait, le taux augmente progressivement avec la pratique au fil des années [4,11]. En effet, nos résultats montrent que nous sommes passés en un an de 8% à 47% d’ambulatoire. Avec l’expérience et la disparition de nos réticences, nous avons proposé cette prise en charge de plus en plus fréquemment à la consultation. Notre taux d’ambulatoire devrait encore s’accroître dans les années à venir. D’après une revue de la littérature récente [6] et une méta analyse [7], la cholécystectomie ambulatoire semble aussi sûre que celle en hospitalisation d’une nuit. Dans notre série, le taux d’échec est de 9,5%.Il est comparable et même inférieur au taux retrouvé dans la littérature qui se situe entre 18 et 21% [3,4,8]. Certains annoncent même un taux d’échec de l’ordre de 1% après analyse des causes et améliorations des prises en charge [12]. En effet, parmi nos échecs, certains auraient pu être évités comme ceux pris en charge tardivement ou celui opéré après une pancréatite avec cholécystite chronique. La plupart des séries souligne l’intérêt de prendre les patients le matin avant 12H00[3,8] afin d’avoir un réveil et une surveillance post opératoire optimaux. Effectivement, les auteurs recommandent une surveillance après intervention de 4 à6H [4] et certains vont jusqu’à 8H [8]. Notre moyenne de surveillance, à 7 heures post-interventionnelles, se situe dans leurs recommandations. Toute l’attention de la prise en charge ambulatoire doit donc être orientée sur la sélection des malades, l’heure de prise en charge au bloc et la prise en charge de la douleur, des nausées et des vomissements post-opératoires [5,11]. Ce sont les conditions de sortie des patients afin de limiter les échecs. La littérature ainsi que notre expérience montre qu’il y a un véritable chemin clinique à mettre en place pour envisager une cholécystectomie ambulatoire [11]. Il faut tout d’abord expliquer au patient le parcours et les suites opératoires avec les types de douleurs possibles ainsi que les signes cliniques qui doivent le faire reconsulter. Afin de préparer au mieux leur retour à domicile et d’anticiper la prise en charge de la douleur, nous leur donnons les ordonnances de sortie (antalgiques et anticoagulants) lors de la consultation préopératoire. Aujourd’hui, la cholécystectomie laparoscopique ambulatoire est en train de devenir la prise en charge incontournable de première intention pour les patients rentrant dans les critères. Elle permet également de réaliser des économies obligatoires pour le système de santé français qui a pris beaucoup de retard en chirurgie ambulatoire. Certains [13] réfléchissent déjà à élargir les indications à la prise en charge de certaines cholécystites aigües sélectionnées. Références : 1. Etat des lieux 2012 sur l’activité de Chirurgie ambulatoire. Rapport de l’ATIH 0ctobre 2013 2. Johanet H, Laubreau C, Barei R, Descout F, Foulon JP, Tixier V. Outpatientlaparoscopiccholecystectomy. Ann Chir. 2002 Feb;127(2):121-5. 3. Vandenbroucke F, Létourneau R, Roy A, Dagenais M, Bellemare S, Plasse M, Lapointe R. Outpatient laparoscopic cholecystectomy: a one year experience onunselected patients. J Chir (Paris). 2007 May-Jun;144(3):215-8 4. Proske JM, Dagher I, Revitea C, Carloni A, Beauthier V, Labaille T, Vons C,Franco D. Day-case laparoscopic cholecystectomy: results of 211 consecutivepatients. Gastroenterol Clin Biol. 2007 Apr;31(4):421-4 5. Ahn Y, Woods J, Connor S.A systematic review of interventions to facilitate ambulatory laparoscopiccholecystectomy.HPB (Oxford). 2011 Oct;13(10):677-86. 6. Vaughan J, Gurusamy KS, Davidson BR. Day-surgery versus overnight stay surgery for laparoscopic cholecystectomy. Cochrane Database Syst Rev. 2013 31;7 7. Gurusamy K, Junnarkar S, Farouk M, Davidson BR. Meta-analysis of randomizedcontrolled trials on the safety and effectiveness of day-case laparoscopic cholecystectomy. Br J Surg. 2008 Feb;95(2):161-8 8. Sato A, Terashita Y, Mori Y, Okubo T. Ambulatory laparoscopic cholecystectomy: An audit of day case vs overnight surgery at a community hospital in Japan. World J Gastrointest Surg. 2012 Dec 27;4(12):296-300. 9. Yilmaz H, Arun O, Apiliogullari S, Acar F, Alptekin H, Calisir A, Sahin M.Effect of laparoscopic cholecystectomy techniques on postoperative pain: aprospective randomized study. J Korean Surg Soc. 2013 Oct;85(4):149-53. 10. Van Boxel GI, Hart M, Kiszely A, Appleton S. Elective day-case laparoscopiccholecystectomy: a formal assessment of the need for outpatient follow-up.Ann R CollSurg Engl. 2013 Nov;95(8): 11. Clarke MG, Wheatley T, Hill M, Werrett G, Sanders G. An Effective Approach to Improving DayCase Rates following Laparoscopic Cholecystectomy. Minim Invasive Surg. 2011 12. Vons C. L’ambulatoire va être la norme de prise en chargepour une grande partie des patients opérés en Chirurgie digestiveet viscérale. e-mémoires de l’académie Nationale de Chirurgie, 2010 ; 10(3) : 027-031 13.Fuks D, Cosse C, Sabbagh C, Lignier D, Degraeve C, Regimbeau JM. Can weconsider day-case laparoscopic cholecystectomy for acute calculouscholecystitis?Identification of potentially eligible patients. J Surg Res. 2014Jan;186(1):142-9. Marc Olivier ROBERT, Polyclinique du Beaujolais, Arnas ANESTHESIE POUR CHOLECYSTECTOMIE EN AMBULATOIRE Les premiers cas rapportés de cholécystectomie en ambulatoire datent de 1990. Longtemps marginale (environ 1% en 2009 en France) cette pratique tend à se développer ces dernières années. Une méta analyse récente (1) montre l’absence de différence entre la cholécystectomie en ambulatoire et la cholécystectomie suivie d’une nuit d’hospitalisation non seulement en terme de mortalité mais aussi de confort ressenti par le patient et de temps nécessaire à la reprise d’une activité. Cette pratique peut se heurter à la réticence des chirurgiens et des anesthésistes mais surtout à celle du patient qui doit donc être informé, rassuré et devenir un véritable acteur de son propre parcours de soins. Cette information se fait principalement lors des consultations de chirurgie et d’anesthésie à l’issue desquelles la décision d’ambulatoire est prise ou non. En dehors du contexte chirurgical (urgence, cholécystite…), la seule contre indication actuellement reconnue liée au patient est la présence de comorbidités sévères (patient ASA IV ou ASA III instable ou mal suivi) ou de traitements majorant le risque de complications, essentiellement les anticoagulants. L’âge en lui-même n’est plus considéré comme une contre indication même s’il a été décrit comme un facteur de risque d’échec de l’ambulatoire (2). Il intervient néanmoins dans la décision au même titre que le contexte socio-économique, l’entourage et la distance entre le domicile et l’établissement de santé. Les 3 causes d’échec d’ambulatoire et d’hospitalisation non prévue après cholécystectomie sont : 1) un réveil insuffisant le soir pour permettre le départ 2) la présence de nausées et vomissements post opératoires 3) la présence de douleurs trop importantes pour une gestion à domicile La maitrise de ces 3 éléments est donc l’objectif à atteindre pour l’anesthésiste. 1) Obtenir une récupération post opératoire suffisante pour permettre le départ le soir Plusieurs paramètres influent sur l’obtention d’un réveil satisfaisant le soir : a) organisation du bloc et programmation L’intervention doit se dérouler le matin, idéalement en début de programme. Une incision après 11 h le matin est associée à un risque d’échec de l’ambulatoire (2) b) prémédication Chez des patients bien informés en amont dans une structure organisée (pas de longue attente), on peut le plus souvent se passer de prémédication. Si une prémédication est prescrite, éviter l’Hydroxyzine (Atarax) dont la durée d’action est trop longue (6 à 8 heures) et préférer le Midazolam (Hypnovel) d’action rapide et courte. Pas de prémédication chez les patients âgés. c) Anesthésie Toutes les drogues d’anesthésie sont utilisables en ambulatoire. Il n’y a pas de différence en termes d’échec d’ambulatoire entre les hypnotiques volatils (halogénés) et intraveineux (Propofol) avec juste une petite réserve pour l’Isoflurane (gaz halogéné très peu utilisé aujourd’hui). Il n’y a pas de différence en termes d’échec d’ambulatoire entre les différents morphiniques utilisés en anesthésie. L’utilisation de curares ne contre indique pas l’ambulatoire. La Kétamine peut être utilisée en ambulatoire. d) post opératoire Retour rapide en chambre et reprise précoce de boisson et alimentation, respectivement 2 et 3 heures après la chirurgie. 2) Eviter les nausées et vomissements post opératoire a) Recours systématique aux anti émétiques en per opératoire (3, 4). La Dexaméthasone en début d’intervention ou le Dropéridol (Droleptan) en fin d’intervention sont aujourd’hui les plus utilisés. b) Eviter la morphine pour l’analgésie per et post opératoire 3) Contrôler la douleur post opératoire Sa prise en charge optimale repose sur plusieurs paramètres : a) L’administration d’antalgiques dès le début de l’intervention pour être efficace dès le réveil (5) b) L’analgésie post opératoire multimodale c'est-à-dire associant des antalgiques ayant des sites d’actions différents et complémentaires permettant des interactions additives voire synergiques. Ainsi, dans cette indication et en l’absence de contre indication, il convient d’associer Paracétamol, AINS, Néfopam et Tramadol c) Recours systématique à l’anesthésie locorégionale soit par infiltration des orifices de trocarts réalisée par le chirurgien (6) soit par TAP Bloc (7) réalisé en fin d’intervention par l’anesthésiste. Aucune étude n’a permis de démontrer la supériorité de l’un par rapport à l’autre. L’anesthésie locorégionale s’intègre dans la stratégie d’analgésie multimodale qui permet de ne pas utiliser de morphine en post opératoire après cholécystectomie laparoscopique. d) Contrôle de la pression intra abdominale (8) per opératoire et exsufflation par le chirurgien en fin d’intervention pour limiter les douleurs sous scapulaires. e) Prescription et prise par le patient d’antalgiques PO dans le service ambulatoire avant la sortie. f) Information du patient avant sa sortie sur l’importance de la poursuite systématique du traitement antalgique au domicile pendant au moins 72 heures. POLYCLINIQUE DU BEAUJOLAIS EN 2013 1) Suivi personnalisé du patient en anesthésie, permet d’informer précisément le patient dès la consultation et ainsi de le mettre en confiance et le rassurer 2) Remise de l’ordonnance d’antalgiques post opératoires lors de la consultation de chirurgie (évite le stress le soir de l’intervention) 3) Cholécystectomie en ambulatoire systématiquement le matin et idéalement en première position (incision 8h) 4) Prémédication :Hypnovel à faible dose : jamais plus de 5 mg chez le patient jeune, 2.5 mg voire pas de prémédication chez le patient âgé. 5) Protocole d’anesthésie classique avec entretien par SEVOFLURANE (gaz halogéné) 6) Analgésie multimodale systématique associant en l’absence de contre indication Paracétamol, AINS, Néfopam et Tramadol 7) Antiémétique systématique per opératoire (Déxaméthasone ou Primpéran) 8) Infiltration chirurgicale ou TAP bloc systématiques 9) Jamais de morphine 10) Reprise alimentation 3 heures après la fin de chirurgie 11) Passage systématique et personnalisé du chirurgien et de l’anesthésiste au service ambulatoire pour valider la sortie et donner les consignes post opératoires 12) Au début, recours à une équipe d’infirmiers libéraux qui passait le soir et le lendemain matin pour rassurer les patients, s’assurer de la bonne prise des antalgiques et nous alerter en cas de problème. Aujourd’hui, réservé uniquement à des cas particuliers et devenu exceptionnel. Ainsi, en 2013, sur 149 cholécystectomies réalisée à la clinique, 63 soit plus de 42 % ont été programmées et réalisées en ambulatoire et seule 1 patiente a du être hospitalisée le soir soit 1.6 % d’échec d’ambulatoire. Aucun des 62 patients sortis le soir même de l’intervention n’a été ré hospitalisé pour un problème médical, 2 étant revenus dans les 48 heures pour une complication chirurgicale. En 2009, en France, seulement 1 % des cholécystectomies étaient réalisées en ambulatoire et les premières études publiées retrouvaient des taux d’échec d’ambulatoire non satisfaisant car atteignant 20 % (2 ,9). Depuis, l’optimisation de la prise en charge globale (organisation de bloc et intervention réalisée le matin le plus tôt possible, services dédiés à l’ambulatoire), des techniques chirurgicales et de l’anesthésie (analgésie multimodale et locorégionale, prévention systématique des nausées et vomissements post opératoire et réhabilitation précoce) a permis de faire baisser ce seuil d’échec en dessous de 5% (10) voire moins. La cholécystectomie en ambulatoire tend donc à se développer pour devenir dans les prochaines années le standard. Réalisée en étroite collaboration entre chirurgien, anesthésiste personnels du service ambulatoire et du bloc opératoire, elle permet une prise en charge optimale et parfaitement sécurisée des patients qui deviennent des acteurs de leur parcours de soin. De plus, elle répond aux attentes des politiques actuelles de santé. Références : 1. Vaughan J. Day-surgery versus overnight stay surgery for laparoscopic cholecystectomy.Cochrane Database Syst Rev 2013, CD006798 2. Vandenbroucke et al. Cholécystectomie coelioscopique ambulatoire: experience d’un an sur des patients non sélectionnés. JCHIR-05-06-2007 3. Murphy GS et al. Preoperative Dexamethasone enhances quality of recovery after laparoscopic cholecystectomy. Anesthésiology, V114 N° 4 avril 2011 4. Fujii Y. Management of postoperative nausea and vomiting in patients undergoing laparoscopic cholecystectomy. Surg Endosc 2011; 25:691-5 5. Gan TJ et al. Preoperative parenteral parecoxib and follow-up oral valdecoxib reduce length of stay and improve quality of patient recovery after laparoscopic cholecystectomy surgery. Anesth Analg 2004; 98: 1665-73 6. Labaille T et al. The clinical efficacy and pharmacokinetics of intraperitoneal ropivacaine for laparoscopic cholecystectomy. Anesth Anal 2002;94:100-5 7. El Dawaty et al. Ultrasond-guided transversus abdominis plane block: description of a new technique and comparison with conventional systemic analgesia during laparoscopic cholecystectomy. Br J Anesth 2009;102:763-7 8. Gurusamy et al. Low pressure vs standard pressure pneumoperitoneum in laparascopic cholecystectomy. Cochrane Database Syst Rev 2009: CD 006930 9. Bona et al. Gastroenterol Clin Biol 2007 10. Vons C et al. SNFGE 2011 David FUKS, Paris CHOLECYSTITE AIGÜE LITHIASIQUE : QUAND OPERER ? Introduction Le diagnostic de cholécystite aiguë lithiasique (CAL) repose sur l’association de données cliniques, biologiques et d’imagerie. Selon les Tokyo Guidelines réactualisées en 2013 (TG13), le diagnostic de CAL peut être suspecté sur l’association d’au moins un signe local et un signe systémique d’inflammation, il est confirmé par les données de l’imagerie (1). La sévérité de la CAL dépend, d’une part de la présence ou non de signes de défaillance viscérale, d’autre part des éventuelles comorbidités qui pourraient exposer à un risque péri-opératoire. En 2007, les Tokyo Guidelines ont défini 3 grades de sévérité de CAL (2). Ces critères ont été révisés en 2013. CAL de gravité faible (grade 1) : Patients sans co-morbidités, ayant une cholécystite aiguë lithiasique sans les critères des cholécystites aiguës de gravité modéré (grade 2) ou sévère (grade 3), pouvant bénéficier d’une cholécystectomie avec un risque chirurgical minime. Ces patients ne présentent pas de défaillance multiviscérale mais uniquement une inflammation modérée de la vésicule biliaire. CAL de gravité modérée (grade 2) : Patients ayant une CAL aiguë associée à l’un des critères suivants : 1/ élévation des globules blancs (>18000/mm3), 2/ masse palpable dans l’hypochondre droit, 3/ durée des signes clinique de plus de 72h, 4/ marqueurs d’infection locale comme : péritonite biliaire, abcès péri-vésiculaire, abcès hépatique, cholécystite gangréneuse, cholécystite emphysémateuse. CAL de gravité sévère (grade 3) : Patients ayant une CAL associée à au moins une des défaillance suivante : 1/ défaillance cardiovasculaire (hypotension artérielle nécessitant un traitement par dopamine ≥ 5 μg/kg/min ou n’importe quelle dose de dobutamine ou noradrénaline), 2/ défaillance neurologique (diminution du niveau de conscience), 3/ défaillance respiratoire (ratio PaO2/FiO2 <300), 4/ défaillance rénale (oligurie, créatininémie sérique >2,0 mg/dl), 5/ défaillance hépatique (TP-INR >1.5), 6/ retentissement hématologique (nombre de plaquettes <100000/mm3). Quand opérer ? Le traitement chirurgical est le seul traitement curatif de la cholécystite aiguë lithiasique permettant la prise en charge de la cause, les lithiases, et de la conséquence, l’infection. Le délai de programmation du geste chirurgical et la voie d’abord dépendent de la gravité de la cholécystite. A l’ère de la laparotomie, les essais randomisés publiés (3-7) montraient que la cholécystectomie devait avoir lieu de façon précoce durant la même hospitalisation car elle diminuait les pertes sanguines, la durée d’intervention, le nombre de complications et la durée d’hospitalisation. Depuis l’avènement de la laparoscopie plusieurs essais randomisés (6,8-13) et méta-analyses (14-16) ont été publiés (Tableau). Ces études concluent que les cholécystectomies réalisées précocement pour une CAL (moins de 4 ou 7 jours après le début des symptômes) par rapport aux cholécystectomies réalisées de façon différée (6 à 8 semaines après le début des symptômes) n’entraînaient pas de différence statistiquement significative en terme de : complications postopératoires et notamment en terme de traumatisme de la voie biliaire principale, de mortalité (0% dans chaque groupe), de taux de conversion en laparotomie (20,3% dans le groupe cholécystectomie laparoscopique précoce). En revanche, il y avait lors des cholécystectomies réalisées précocement de façon significative, une durée opératoire plus longue (de 10 à 30 minutes) et une durée d’hospitalisation plus courte (de 1 à 2 jours). Les résultats en terme de conversion en laparotomie doivent être pondérés par l’expérience en laparoscopie du chirurgien, puisque les essais randomisés étaient unicentriques (8-12) et que dans seulement la moitié de ces études (8-9,11) les chirurgiens avaient fait un minimum 25 à 50 cholécystectomies par laparoscopie pour participer à l’étude. Il a été observé chez les malades qui avaient une prise en charge chirurgicale différée, qu’une nouvelle complication des calculs vésiculaires survenait dans 17,5 à 36% des cas (3,5,8,9). Cette nouvelle complication nécessitait la réalisation d’une cholécystectomie en urgence dans 14 à 25% des cas (17) Les recommandations de Tokyo publiées en 2007 (18) concluaient qu’il était préférable de réaliser la cholécystectomie précocement en cas de CAL. Récemment, une étude canadienne (19) a évalué l’intérêt de la cholécystectomie précoce en termes de coût et de qualité de vie avec un recul de 12 mois. Dans cette série, la prise en charge précoce permettait une réduction du coût de l’ordre de 2000 $ canadiens et une amélioration de la qualité de vie. Les auteurs précisaient que seule la survenue d’une complication grave (telle qu’une plaie de la voie biliaire principale) pouvait modifier le bénéfice de la cholécystectomie précoce. Ces résultats confirment ceux observés dans d’autres séries nord américaines (20-21). Dans les formes sévères de CAL, il n’existe aucune étude sur la cholécystectomie précoce chez les patients ayant des critères de gravité clinique, très âgés (> 80 ans) ou avec des facteurs importants de comorbidité. On ne peut donc s’avancer sur la prise en charge chirurgicale précoce. De plus, le délai de la chirurgie se discute selon le type de défaillance uni ou multiviscérale, et selon l’existence de contre-indication à l’anesthésie du fait de comorbidités (22). Tableau. Résultats des 4 études randomisées comparant la cholécystectomie laparoscopique précoce et différée pour cholécystite aiguë lithiasique Auteurs N Définition Taux récidive symptômes Taux de conversion en Morbidité dans le groupe cholécystectomie par « cholécystectomie voie ouverte différée » Johansson, 145 2003 Précoce : <7 jours 26% Tardive : 6-8 semaines Chandler, 43 2000 Précoce : <3 jours 32% Tardive : après résolution Précoce : 31% Précoce : 18% Tardive : 29% Tardive : 10% Précoce : 24% Précoce : 10% Tardive : 36% Tardive : 9% Précoce : 21% Précoce : 9% Tardive : 24% Tardive : 8% Précoce : 11% Précoce : 13% Tardive : 23% Tardive : 29% des symptômes Lai, 1998 104 Précoce : <24 heures 16% Tardive : 6-8 semaines Lo, 1998 99 Précoce : <3 jours Tardive : 6-8 semaines 20% Références 1. Yokoe M, Takada T, Strasberg S, Solomkin J, Mayumi T, Gomi H et als. New diagnostic criteria and severity assessment of acute cholecystitis in revised Tokyo Guidelines. 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REGIMBEAU, Amiens The utility of antibiotic treatment (amoxicillin plus clavulanic acid) after early laparoscopic cholecystectomy for grade I-II (mild and moderate) acute calculouscholecystitis: an open-label, non-inferiority, randomized, multicentre, controlled trial. ABSTRACT Importance Grade I-II (mild and moderate) acute calculouscholecystitis (ACC) accounts for 90% of all cases. After early laparoscopic cholecystectomy, 90% of these patients have an uncomplicated post-operative course. Although the pre- and peroperative management of ACC has been standardized, there are no data on the utility of post-operative antibiotic (AB) treatment. Objective To test the hypothesis that the absence of post-operative AB treatment (amoxicillin plus clavulanic acid) would not be inferior to administration of the said treatment. Design We performed an open-label, non-inferiority, randomized, multicentre, controlled trial. Setting Institutional practice. Participants Patients with mild (grade I) or moderate (grade II) ACC and having received amoxicillin plus clavulanic acid 2 g three times a day before surgery (for a number of days that depended on the time between admission and surgery) and once during surgery. Intervention(s) for clinical trial Patients received a peroperative injection of amoxicillin plus clavulanic acid (2 g) on induction of general anesthesia and, depending on the randomization group, the same AB treatment three times daily for 5 days after surgery.The non-AB group did not receive any AB after surgery. Main outcome The incidence of post-operative infections four weeks after cholecystectomy for ACC.A successful outcome was defined as the absence of surgical-site infection. Results After recruitment by 17 centers over a 27-month period, the intention-to-treat (ITT) and per-protocol (PP) populations comprised 414 and 338 patients, respectively. An ITT analysis showed that the postoperative infection rates were 13% in the non-AB group and 14% in the AB group (absolute difference: 1%; 95% confidence interval (CI), −5.6 to 7.8%). In a PP analysis, the corresponding rates were 12.7% and 13% (absolute difference: 0.3%; 95% CI, −5.0 to 6.3%). The absence of AB treatment was not associated with a significantly worse outcome (relative to AB treatment). Overall, 60.9% of the biliary samples were pathogen-free. Mortality was 0.2%, the mean length of stay was 5 days and the readmission rate was 6% in both patient groups. Conclusion Antibiotic treatment does not appear to be useful after early laparoscopic cholecystectomy for mild or moderate ACC. Emmanuel BUC, Clermont-Ferrand CHOLECYSTITE ALITHIASIQUE La cholécystite alithiasique(CA) est une infection de la vésicule en l’absence de lithiase vésiculaire. Elle représente 2 à 14 % des cholécystectomies pour cholécystite aiguë. L’étiologie associe l’ischémie de la paroi vésiculaire à la stase biliaire, qui surviennent le plus souvent chez des malades hospitalisés en réanimation, notamment en cas d’antécédents cardiovasculaires ou de diabète. Les autres étiologies de CA sont plus rares. Le diagnostic de CA est difficile et repose sur l’échographie avec la triade associant distension – épaississement – sludge. Le traitement en urgence consiste au drainage percutané trans-hépatique. En cas d’échec ou d’impossibilité d’un tel traitement, la cholécystectomie garde une place de choix malgré ses taux de morbidité et de mortalité importants. Le traitement médical seul n’a pas de place dans la prise en charge des CA. Agnès RODE, Hôpital de la Croix Rousse, Lyon CHOLECYSTOSTOMIE : INDICATIONS ET ASPECTS TECHNIQUES Un siècle après la première cholécystostomie chirurgicale (Bobbs en 1867), Radder (1) réalisa en 1980 le premier drainage radiologique percutanée de la vésicule biliaire. C’est actuellement le traitement de choix des cholécystites aigues alithiasiques et une alternative intéressante à la chirurgie pour traiter les cholécystites aigues lithiasiques chez les patients présentant de lourdes co-morbidités, ou une contre-indication à l’anesthésie générale. 1. Technique Le guidage est échographique (voire tomodensitométrique). La ponction de la vésicule se fait sous anesthésie locale, elle doit être de préférence transhépatique pour éviter tout risque de biliopéritoine, ce qui est possible dans la majorité des cas, en l’absence d’interposition digestive (2,3,4). Après réalisation de prélèvements à visée bactériologique, un drain de petit diamètre (6 à 8f) est enroulé dans la vésicule biliaire selon la technique de Seldinger Il est possible d’opacifier la vésicule pour s’assurer de l’obstruction du cystique. Le geste peut être réalisé au lit du patient (en réanimation) et le contrôle de l’enroulement du guide et de la sonde est aisément fait par contrôle échographique. Le drain est à laisser en siphonage pendant 8 à 15 jours, avec un à deux rinçages quotidiens, à adapter en fonction de la viscosité de la bile. L’amélioration clinique doit être rapide en moins de 48H. Le drain ne doit être retiré qu’après vérification de la reperméabilisation du cystique. Ce geste est simple, réalisable par tout radiologue habitué à drainer des collections et des épanchements. Le petit diamètre du drain autorise la réalisation de ce geste même chez des patients n’ayant pas un bilan de coagulation optimal. 2. Indications et résultats Les deux indications principales : - La cholécystite aigue lithiasique chez des patients à haut risque anesthésique (Tokyo guidelines, 5) et présentant une cholécystite aigue modérée (évoluant depuis plus de 72H, GB> 18000, douleur de l’hypochondre droit et signes d’inflammation pariétaux à l’échographie) ou présentant une cholécystite aigue sévère avec une ou plusieurs défaillances viscérales associées, le geste de cholécystostomie étant alors à réaliser en urgence. Une récente étude de Smith (6) a montré que, si l’on compare chirurgie et cholécystostomie sur la dernière et avant dernière décade, on a eu récemment plus facilement recours aux drainages radiologiques qu’auparavant, avec la sélection de patients présentant un score ASA moins élevé, et la constatation d’une baisse conséquente de la mortalité de 36 à 12 % ces 10 dernières années. On ne dispose pas d’études randomisées comparant cholécystectomies et cholécystostomies, mais il est recommandé de compléter le traitement par un geste chirurgical durant la même hospitalisation ou en différé (à 6 ou 8 semaines), quand l’état clinique le permet. Ainsi il a été comparé la prise en charge de ces patients fragiles par cholécystostomies suivies d’une cholécystectomie précoce par cœlioscopie après amélioration de leur condition clinique, et par traitement médical avec cholécystectomies différées, sans différence significative de leurs complications et de leur morbidité, mais avec une durée d’hospitalisation plus courte dans le premier groupe (7). La simplicité du geste radiologique ne doit pas faire modifier les bonnes pratiques et retarder la prise en charge chirurgicale précoce des cholécystites aigues chez les patients âgés, les risques de conversion pour un geste opératoire retardé et de nouvelle poussée de la pathologie biliaire chez les patients traités par drainage premier (8). - La cholécystite aigue alithiasique représente 2 à 14 % des cholécystectomies pour cholécystite aiguë, mais 90% des cholécystites de réanimation (9) et est associée à une mortalité élevée (30 à 50%) (10). Le point de départ est une obstruction du canal cystique responsable d’une stase biliaire qui va initier une cascade de phénomènes inflammatoires, ischémiques et nécrotiques de la paroi responsable d’une translocation et d’une prolifération bactérienne. Sa survenue est favorisée par le jeune prolongé, les morphiniques (spasme du sphincter d’Oddi), mais aussi la baisse de la perfusion de la microcirculation vésiculaire (patients âgés, athérosclérose, diabète, état de choc, hypoxémie…). Elle survient donc chez des patients fragiles, souvent en réanimation. C’est aussi une complication classique des chimioembolisations, et plus exceptionnellement, elle peut se voir chez les immunodéprimés et les patients HIV. Le diagnostic de cholécystite alithiasique est difficile, ce qui explique son diagnostic souvent retardé, au stade de perforation ou de gangrène : les signes cliniques manquent chez les patients intubés, les anomalies échographies de la vésicule biliaire sont fréquentes chez les patients en réanimation ( sludge, vésicule de grande taille, épaississement pariétal en présence d’ascite..). En cas de cholécystite aigue alithiasique, les signes pariétaux en échographie peuvent faire défaut en raison des phénomènes ischémiques qui entrainent plutôt un amincissement de la paroi vésiculaire. Dans ce groupe particulier de cholécystite, on doit prendre en compte l’état clinique du patient (patient en réanimation, comorbidités, obésité…) et le risque de conversion en cas de traitement chirurgical : outre le traitement étiologique, si celui-ci est possible, le drainage percutané est donc le traitement de choix (11). Résultats : Taux de réussite technique de 90 à 100%. La mortalité liée au geste est quasi-nulle, la mortalité étant principalement liée aux comorbidités avec une mortalité à 1 mois de l’ordre de 13%, nettement plus élevée que dans les groupes de patients à risque traités chirurgicalement (variable de 19 à 4,5 %), ce qui s’explique par l’application des recommandations énoncées ci-dessus. La morbidité est faible < 10% : hématome hépatique (coagulopathie), fuite biliaire, retrait du drain... 3. Gestes associés Sphinctérotomie endoscopique (découverte lors d’une opacification de la vésicule d’un calcul cholédocien). 4. Indications annexes Réalisation d’une cholangiographie sur voies biliaires non dilatées, décompression de l’arbre biliaire si drainage biliaire impossible, sclérose de la vésicule biliaire ou mise en place d’endoprothèse du cystique en présence d’une obstruction tumorale du cystique chez un patient inopérable,.... Conclusion : la cholécystostomie percutanée est une technique simple, rapide, et efficace de traiter une cholécystite aigue lithiasique. Il faut rester strict sur ses indications afin de ne pas retarder la prise en charge chirurgicale recommandée : elle doit être réservée aux patients présentant un haut risque anesthésique, ou une ou plusieurs défaillances viscérales. Par ailleurs, c’est le traitement de choix des cholécystites aigues alithiasiques. Références : -1Radder RW Ultrasonicallyguidedpercutaneouscatheter drainage for gallbladerempyemeDiagnImagChir Med 1980 ; 49 :330-333 -2- Philips G Percutaneous US guidedpuncture of the gallbladerRadiol 1982 ; 145 :769-772 -3- Warren LP ; Percutaneouscholecystostomy : anatomicconsiderationsRadiol 1988 ; 168 : 615-616 -4- Patel M. Percutaneouscholecystostomyis an effective treatment for high-risl patients with acute cholecystitis Am Surg 2000 ; 66 :33-7 -5-Mayumi T and al, Results of the Tokyo consensus meeting Tokyo guidelines. J HepatolPancreatSurg 2007 14(1) : 114-21 -6- Smith TJ Changing trends and outcomes in the use of percutaneouscholecystostomy tubes for acute cholecystis Ann Surg 2013 ; 257 :112-115 -7- Akyurek N, Salman B, Yuksel O, et al. Management of acute calculous cholecystitis in high-risk patients: percutaneous cholecystotomy followed by early laparoscopic cholecystectomy. 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Cependant, la plaie biliaire n’est pas une fatalité et comprendre ses mécanismes doit permettre de mettre en œuvre des mesures préventives afin d’en diminuer le risque. Pré requis 1) Il est fondamental de comprendre pourquoi la cœlioscopie a généré cette augmentation de fréquence des plaies biliaires La laparoscopie n’est pas seulement une voie d’abord. Le chirurgien est en effet devenu dépendant de nouveaux facteurs comme la qualité de l’image vidéo, la performance d’instruments spécifiques, et il doit acquérir des reflexes particuliers notamment en cas d’hémorragie qui, même minime, obscurcit vite le champ opératoire Hughes analyse les mécanismes des plaies biliaires coelioscopiques en proposant de faire un parallélisme avec les circonstances des catastrophes aériennes, démontrant bien l’aspect multifactoriel des accidents : un concours de circonstances malheureux aboutissant à contourner les sécurités successives qui « protègent » de la catastrophe La cœlioscopie passant par l’image et non la réalité (image qui, en laparotomie, peut être corrigée par la palpation), le chirurgien est en cœlioscopie à la merci de ces procédés heuristiques inconscients. Ajoutons à cela les facteurs annexes, dépendant du matériel (colonne vidéo embuée, pince déficiente, coagulation touchant un clip), dépendant de l’environnement humain (aide opératoire tenant la caméra peu performant), et du chirurgien lui même (déconcentration, soucis, fatigue, retard…) et l’on voit que la plaie est proche 2) Il est également important de connaître les facteurs de risques de plaies biliaires : - les anomalies anatomiques « à risque » comme un canal cystique très court, l’implantation du canal cystique dans le canal hépatique droit, ou encore l’existence d’un canal postérieur d’implantation basse (convergence étagée) - les conditions locales qui vont rendre l’exposition difficile ou modifier les rapports anatomiques habituels : l’obésité, les antécédents chirurgicaux (gastrectomie), les cholécystites, les vésicules scléroatrophiques. Si ces situations incitent à une plus grande prudence, la seule façon d’éviter une plaie biliaire est de respecter pour chaque cholécystectomie un certain nombre de règles de bases théoriques et pratiques. Les 10 règles de prévention Règle 1. Garder en mémoire qu’aucun chirurgien n’est à l’abri, même s’il est vrai que l’expérience réduit le risque , ce qui veut dire qu’à chaque cholécystectomie , il faut y penser et rester concentré. Règle 2 Exiger un matériel qui vous permettent de travailler dans la sécurité et le confort : une image nette, une lumière adaptée, des instruments de qualité (pinces, clips, coagulation bipolaire) Règle 3 Prendre le temps de bien s’exposer, ne pas hésiter à rajouter un trocart, positionner correctement le patient et faire une traction à 45° sur la vésicule (Main gauche++) Règle 4 : Commencer la dissection au plus près du collet vésiculaire et commencer à le libérer en postérieur ce qui permet d’ouvrir le triangle de Calot et en général de s’éloigner de la VBP. Rester toujours au plus près de la vésicule est de base la meilleure sécurité Règle 5 : Se méfier du fameux triangle de Calot : les dangers sont dans cet espace Règle 6 : Ne jamais sectionner ou coaguler un élément avant son identification. Les deux éléments qui doivent être sectionnés sont le canal cystique et l’artère cystique .Aussi, si parfois chez un patient mince les éléments sont bien visibles par transparence, souvent, (et notamment en cas de conditions inflammatoires ou chez un patient obèse,) les choses ne sont pas si évidentes. La meilleure façon de bien identifier le canal cystique et la VBP est la cholangiographie opératoire (CPO). De nombreuses publications ont étudié le rôle de la CPO dans la prévention de plaies iatrogènes avec des résultats parfois discordants. L’analyse récente de la littérature permet cependant d’établir que la CPO diminue le risque et la gravité des plaies biliaires ce qui amène à la règle 7 Règle 7 : Savoir faire et bien interpréter la CPO Règle 8 : Savoir ne pas faire la CPO. En effet en cas de difficulté à individualiser ou à cathétériser le cystique par cœlioscopie, on risque une plaie biliaire et s’acharner à réaliser la CPO peut être en soi dangereux. Et notez-le sur votre CRO. Règle 9 : S’adapter aux conditions locales, notamment en cas de cholécystite gangréneuse ou avec pédiculite inflammatoire avec un collet très adhérent. Parfois, il est plus sage de faire une cholécystectomie d’avant en arrière en choisissant de laisser en place une petite partie du collet. Il faut, dans tous les cas, rester très proche du collet et laisser un drainage au contact d’un cystique fragile ou non cathétérisable sans dissection dangereuse du pédicule. Règle 10 : Savoir convertir et en cas de conversion, s’exposer correctement et suivre les mêmes règles techniques. . Là encore, dans certains cas de cholécystites sévères, il faut savoir se replier sur un geste parfois incomplet (cholécystostomie, cholécystectomie partielle) mais moins dangereux. L’appel à un ami est toujours à recommander pour les chirurgiens au début de leur expérience. En conclusion : Si vous avez respecté toutes ces règles, le risque de plaie biliaire sera minime mais persiste : écoutez donc attentivement les topos suivants Quelques Références Savader SJ, Lillemoe KD, Prescott CA, Winick AB, Venbrux AC, Lund GB, et al. Laparoscopic cholecystectomy-related bile duct injuries: a health and financial disaster. Ann Surg. 1997 Mar;225(3):268-73 Diamantis T, Tsigris C, Kiriakopoulos A, Papalambros E, Bramis J, Michail P, Felekouras E, Griniatsos J, Rosenberg T, Kalahanis N, Giannopoulos A, Bakoyiannis C, Bastounis E. Bile duct injuries associated with laparoscopic and open cholecystectomy: an 11-year experience in one institute Surg Today. 2005;35:841-5 Davidoff AM, Pappas TN, Murray EA, Hilleren DJ, Johnson RD, Baker ME, et al Mechanisms of major biliary injury during laparoscopic cholecystectomy. Ann Surg. 1992 Mar;215(3):196-202 Hugh T.B. 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Le plus classique : Douleur inhabituelle après une coelio – fièvre – rétention biliaire –sepsis - péritonite En PER-OPERATOIRE : Le diagnostic de PVB. Dès qu’une PVB est suspectée il faut se demander si une CPO est possible, si une conversion doit être déjà décidée, si une aide chirurgicale est possible (directe ou téléphonique), et si l’installation d’un large drainage local suivi d’un diagnostic progressif post-opératoire n’est pas l’option la plus utile. La cholangio : si elle n’a pas été malheureusement faite plus tôt, il faut intuber si possible les orifices canalaires et rechercher le site de la plaie pour en deviner la gravité topographique (fuite cystique ou canal susvesiculaire=type A d’Amsterdam= bénin si certain et isolé – fuite latérale sur la VBP=type B=plus grave –transsection de la VBP ou d’un canal principal=type D=le plus grave). L’impossibilité de faire la CPO peut correspondre à l’absence de fuite et évoquer un type C qui rassemble les clippages de la VBP ou de branches principales, mais aussi tous simplement à des destructions « incompréhensibles ». La conversion : la question doit être évoquée à plusieurs moments de la recherche diagnostique. C’est une décision courageuse et médicolégalement reconnue comme positive. Elle peut donner un jour évident dans le diagnostic mais sa difficulté (obésité++) doit être prise en compte. Le report « à plus tard » du diagnostic précis. « Ne pas aggraver les lésions », « ignorer les dégâts vasculaires associés » plaident pour confier aux méthodes modernes le soin du diagnostic et éventuellement du traitement. On accepte l’incertitude, on draine largement, et on raconte tout au patient. Le diagnostic sera évoqué sur les signes post-op (fuite ou rétention), et le plus souvent assuré par la bili-IRM, l’angio-IRM ou-TDM, la CPRE… Les traitements peropératoires et leurs indications : - le drainage externe : C’est un authentique procédé de traitement (1). Il prépare un geste ultérieur de réparation. Il est réalisé par un module fait d’une ou plusieurs lames multitubulées plaçées au contact de la plaie. Dans certains cas, on peut intuber la ou les voies biliaires par un ou plusieurs drains poussés dans l’arbre biliaire et sortis par une contre incision, associés à une lame. Ce type de drainage a pour but d’organiser une fistule biliaire externe et d’ouvrir le champ des décisions ultérieures (chirurgie ou endoscopie). - la chirurgie de réparation biliaire : Fuites du cystique ou du canal susvesic. : suture simple + drainage. En sachant que la prothèse endoscopique peut traiter des fuites sur le cystique au contact dangereux de la VBP. Type B : si pas de brulure des bords, pas de dévascularisation, pas de diamètre<4 ou 5 mm on peut suturer sur Kehr à distance… Type D.Transection de VBP ou branche : suture bout a bout suggérée par certains transplanteurs…Défendable si bords francs, absence de tension, de brulures, de lésions vasculaires (hémostase forcenée), calibre acceptable, Kehr à distance… L’anastomose bilio digestive sur anse en Y peut être envisagée si grosse VBP. MAIS : le premier geste conditionne toute la suite et toute reprise ultérieure augmente le risque d’échec. Là encore il faut savoir décider un drainage externe… En POST-OPERATOIRE PRECOCE : Les conditions du diagnostic dépendent de l’existence d’une fuite biliaire. Fuite biliaire : douleur, fièvre, fuite par drain etc. conduisent à écho (IRM=l’idéal) et/ou coelio d’emblée : fuite dont l’origine peut être évidente et permettre une CPO (qui permet de situer la lésion et de vérifier l’absence de calcul résiduel), soit cachée. Dans ce dernier cas on propose le plus souvent drainage externe large puis ERCP et/ou bili IRM. Rétention biliaire : c’est l’installation plus ou moins rapide d’une rétention biliaire plus ou moins intense. La bili IRM élimine un calcul résiduel, précise le site de l’obstacle, analyse l’arborescence intrahépatique et sur des temps très tardifs en Teslascan peut donner une idée de l’existence ou non d’un passage biliaire. La ERCP peut être utile pour situer le niveau du « problème ». Le traitement et les indications pour ces découvertes secondaires : Les lésions de type A sont soit corrigées par suture si évidentes, soit prothésées dans un second temps sous drainage externe. Les lésions plus sévères (type B ou C) et responsables de fuites biliaires relèvent d’autant plus d’un traitement en plusieurs temps (large drainage initial voire intubation puis fistule biliaire externe puis rétention-dilatation d’amont puis anastomose bilio-digestive / anse en Y) que leur découverte est retardée et la région inflammatoire. Les rétentions totales ou partielles sont traitées, sauf exceptions, par une surveillance dans l’attente de la dilatation du secteur concerné pour anastomose biliodigestive ultérieure. En cas de suspicion d’angiocholite le AB peut permettre d’attendre la dilatation. Si angiocholite grave, le drainage transhépatique et la chirurgie peuvent s’imposer sans attendre (c’est rare). Les chirurgies exceptionnellement nécessaires dans les PVB sont : Les résections hépatiques peuvent s’imposer soit en situation précoce devant l’association d’une lésion sévère de branche importante avec des dégâts vasculaires artériels définitifs (1 cas sur 44 dans notre expérience), soit plus tardivement devant une succession d’échecs sur plaie unilatérale aboutissant à une rétention). On retient aussi que le développement d’une cirrhose biliaire sur un secteur en amont d’une sténose ne nécessite aucun geste s’il n’y a pas d’infection et que cette atrophie progressive est sans conséquence. Infectée incurable. La transplantation hépatique : après une succession d’échecs et de rétentions infectées c’est par le développement d’une cirrhose biliaire que la PVB peut aboutir à cette indication. EN CONCLUSION : Parce que les PVB sont encore fréquentes malgré l’amélioration des techniques de cholecystectomie coelioscopique, tous les moyens d’éviter les plus graves d’entre elles doivent être mis en œuvre. La CPO en fait partie selon les travaux qui ont étudié le passage de la CPO sélective à la CPO de routine (2). Les PVB graves constituent une catastrophe au cours d’une intervention considérée comme bénigne. Leur prise en charge doit bénéficier dès le premier temps du geste le plus adapté. La prudence est du coté de la conversion et/ou du drainage large et du transfert à une équipe spécialisée en chirurgie hépato-biliaire. Christian GOUILLAT, Hôpital Edouard HERRIOT, Lyon IMPLICATIONS MEDICO-LEGALES DES PLAIES DES VOIES BILIAIRES LORS DES CHOLECYSTECTOMIES La survenue d'une plaie accidentelle de la voie biliaire principale lors d'une cholécystectomie laparoscopique a souvent des conséquences catastrophiques pour le patient (réinterventions ou gestes invasifs à répétition, mise en invalidité, altération de la qualité de vie, voire hépatectomie, transplantation ou décès). Cette gravité, qui contraste avec la bénignité présumée de l'intervention, conduit souvent la victime (ou ses ayants droits) à réclamer une indemnisation par voie judiciaire (civile voire pénale) ou « amiable » via notamment les « commissions de conciliation et d'indemnisation » (CCI). Quelle que soit la voie de recours, le chirurgien est pratiquement toujours mis en cause pour « maladresse », défaut d'information, prise en charge inadaptée de la complication, voire blessures involontaires. La gravité du dommage conduit souvent à des indemnisations très élevées par les compagnies d'assurances et à la répétition de procédures pour aggravation. Le jeune âge, le caractère incomplet de la guérison, l'association à des lésions vasculaires et la réparation immédiate par le chirurgien en cause sont reconnus comme des facteurs de risques de recours. Le déficit d'information est de plus en plus souvent mis en avant par les demandeurs et retenu par les juges ou les commissions. Traditionnellement considéré comme à l'origine d'une « perte de chance » d'éviter la complication, il tend à être considéré, depuis l'arrêt de la Cour de Cassation du 03/06/2010, comme constituant à lui seul un préjudice indemnisable. Dans ce contexte particulièrement défavorable au chirurgien, les mesures de prévention du risque médico-légal sont d'une importance cruciale. Le chirurgien doit s'attacher à garder la trace de l'information délivrée, de la conformité de l'indication et du déroulement de l'intervention par rapport aux recommandations et aux règles de bonne pratique. Le dossier médical et le dossier de soins infirmiers doivent être impeccables. Il est déconseillé de réparer soi-même une plaie des voies biliaires. Une prise en charge dans un service spécialisé est toujours préférable. Le patient et sa famille doivent être informés de la survenue d'une plaie accidentelle de la voie biliaire mais sans jamais reconnaître d'erreurs ou de faute ni sous-estimer la gravité de la complication et la complexité de sa prise en charge. Agnès RODE, Hôpital de la Croix Rousse, Lyon RADIOLOGIE ET LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE. Diagnostic radiologique : En première intention, en cas de suspicion clinique et/ou biologique de lithiase de la voie biliaire principale, une échographie abdominale est généralement réalisée, avec une sensibilité bien inférieure à celle annoncée en cas de maladie lithiasique vésiculaire : de l’ordre de 77 à 90% pour des opérateurs expérimentés en présence de voies biliaires dilatées et moins de 50% pour les autres. En pratique un examen normal ne permet pas d’éliminer un calcul de la VBP. Le scanner, à condition de réaliser une acquisition sans injection, a une sensibilité supérieure, pouvant atteindre 80% dans certaines études(1). Leur détection va dépendre de la composition des calculs: calciques hyperdenses spontanément, cholestéroliques très hypodenses (densité < 10 ou négative), pigmentaires isodenses et donc rarement visibles, mixtes calcifiés en anneau ou peu calcifiés( 2,3). Mais c’est la bili-IRM qui permet de faire le diagnostic de lithiase de la VBP dans plus de 90% des cas (4,5), avec une sensibilité voisine de 100% pour les calculs supracentimétriques, et qui chute à 7080% pour les calculs de moins de 5 mm. Ils apparaissent comme des images lacunaires dans la lumière cholédocienne sur les séquences très pondérées T2 (dites de « bili IRM »), qu’il est intéressant de compléter systématiquement par des séquences T1, montrant très bien de petits calculs hyperT1 riches en cholestérol. Les limites de l’IRM sont donc la détection de la minilithiase (terme à préférer car par dérive sémantique, on utilise le terme de microlithiase qui correspond en fait à des structures cristallines visibles uniquement au microscope). Traitement radiologique : Même si ces cas sont anecdotiques, il faut connaitre les possibilités radiologiques de traiter une lithiase (le plus souvent résiduelle) de la voie biliaire principale : son traitement percutané est possible dans des cas bien particuliers, où l’endoscopie n’est pas toujours réalisable, en cas par exemple de diverticule juxta papillaire, de montage chirurgical avec gastroentéroanastomose… La présence d’un drain de Kehr, voire transcytique déjà en place, offrant un accès percutané à la voie biliaire principale, permet à l’aide de sonde dormia de récupérer le calcul résiduel et de l’évacuer par voie percutanée (technique de Mazzariello, 6) ou de l’évacuer dans le duodénum après dilatation au ballonnet du sphincter d’Oddi (des séries déjà anciennes (7, 8) de plus de 200 patients ont déjà été rapportées, avec l’évacuation de calculs cholédociens résiduels évacués, après dilatation sphinctérienne au ballonnet, parfois après fragmentation, avec des taux de succès > 90% et des taux de complications raisonnables : 1.6% de pancréatite) . Références : -1- Jiménez Cuenca I, delOlmoMartínez L, PérezHoms M.Helical CT withoutcontrast in choledocholithiasisdiagnosis. Eur Radiol2001;11:197-201. -2- JL Payen, Lithiase biliaire, La Presse médicale 2011 6 : 567-580 -3- Portincasa P, Moschetta A, Palasciano G. Cholesterolgallstonedisease. Lancet 2006;368:230-9. -4- Aubé C, Delorme B, Yzet T, Burtin P, LebigotJ,Pessaux P et al. MR cholangiopancreatography versus endoscopicsonography in suspected common bile ductlithiasis: a prospective, comparative study. AJR 2005;184:55-62. -5- Dalton SJ, Balupuri S, Guest J. Routine magneticresonancecholangiopancreatographyand intraoperativecholangiogram in the evaluation of common bile duct stones. Ann R CollSurgEngl 2005;87:469-70. -6- Mazzariello R. Removal ofresidualbiliary tract calculiwithoutreoperation. Surgery1970;67:566– 573 -7- García-García L, LanciegoC.Percutaneoustreatment of biliary stones: sphincteroplasty and occlusion balloon for the clearance of bile ductcalculi. AJR Am J Roentgenol. 2004 Mar;182(3):663-70 -8- Park YS, Kim JH, Choi YW, Lee TH, Hwang CM, Cho YJ, Kim KW.Percutaneoustreatment of extrahepatic bile duct stones assisted by balloonsphincteroplasty and occlusion balloon.Korean J Radiol. 2005 Oct-Dec;6(4):235-40. Frédéric BORIE, CH Nîmes TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE : TRUCS ET ASTUCES L’exploration cœlioscopique de la voie biliaire principale peut être faite au travers du canal cystique ou par cholédochotomie. Le choix se fera après avoir confirmé la présence d’un calcul dans la voie biliaire par une cholangiographie. Toute comparaison entre ces deux techniques serait fallacieuse car elles ont des indications différentes. A- La voie d'abord trans-cystique La voie trans-cystique sera préférée à chaque fois que possible. Elle suppose un certain nombre de prérequis: Canal cystique ≥ 3mm ; un Nombre calculs ≤ 5 Petits calculs, un Canal cystique court Insertion du canal cystique sur la face droite du cholédoque. 1. Extraction par sonde de Dormia sous contrôle radioscopique L’extraction des calculs par voie trans-cystique utilise les sondes à panier dites de Dormia sous contrôle de l’amplificateur de brillance. Il permet d’éviter les passages inutiles et potentiellement dangereux de la sonde au travers de la papille. L’introduction de la sonde à panier est faite par l’aiguille ou par le trocart qui a été placé à l’aplomb du pédicule ou par la pince à cholangiographie d’Olsen qui permet de maintenir le produit de contraste dans la voie biliaire sans fuite au niveau du cystique. La sonde est ensuite remontée progressivement, en lui imprimant des mouvements de rotation sur son axe de façon à saisir au passage le ou les calculs. L’extraction proprement dite du calcul doit être garantie par le contrôle coelioscopique assuré par le premier assistant. Dans certains cas de calculs dont le calibre est limite par rapport à celui du cystique, il peut être nécessaire au moment de l’extraction de pratiquer une courte cysticotomie, dans l’axe du canal, pour permettre la sortie du calcul. 2. Extraction sous contrôle cholédoscopique L’extraction sous contrôle cholédoscopique peut être réalisée en utilisant de cholédosocope de 3.5 mm. L’extraction des calculs de la voie biliaire principale pourra être tentée sous contrôle cholédoscopique par une sonde de Dormia descendue par le canal opérateur du cholédoscope ou à côté de lui est ouverte sous contrôle de la vue au-delà du calcul que l’on veut saisir. 3. Autres méthodes Les sondes à ballonnet dites cathéters de Fogarty et la méthode de traitement des petits calculs de la voie biliaire principale par « flushing », (lavage sous pression de la voie biliaire principale par du sérum associé ou non à une épreuve de relâchement pharmacologique de la papille par du Glucagon.) ont été proposées. 4. Contrôle peropératoire de la vacuité de la voie biliaire principale Il est nécessaire de contrôler la vacuité de la voie biliaire principale par une cholangiographie réalisée dans les mêmes conditions techniques que celles décrites précédemment. Le « massage » de la voie biliaire principale par un instrument mousse pour obtenir des clichés en couches minces et éviter les « faux positifs » est particulièrement nécessaire après les manœuvres multiples d’extraction. 5. Drainage biliaire externe Les indications d’un drainage biliaire externe après une extraction par voie trans-cystique doivent être limitées. B- La cholédochotomie La cholédochotomie est longtemps restée la méthode de choix pour la désobstruction lithiasique cholédocienne par laparotomie. En chirurgie coelioscopique son indication relève des contre indications à l'abord ou de l'échec de la voie transcystique. L'organisation de l'opération est celle de la cholécystectomie par cœlioscopie en rajoutant un trocart et en demandant l'aide d'un second assistant. 1. Exposition de la voie biliaire principale pédiculaire Une bonne exposition de la voie biliaire pédiculaire est nécessaire pour réaliser une cholédochotomie supra-duodénale sous cœlioscopie. L'abaissement du duodénum par un instrument introduit dans le trocart épigastrique procure cette bonne exposition à la condition d'exercer une contre traction sur le foie maintenu vers le haut. Pour obtenir ce soulèvement hépatique sans immobiliser un trocart, il a été proposé suspendre le foie à l'aide du ligament rond. Cette suspension est réalisée à l'aide d'un fil serti sur aiguille droite, introduit en percutané et placé le plus près possible de l'appendice xiphoïde. Le fil est noué sur bourdonnet à l'extérieur de la paroi abdominale. 2. Ouverture du cholédoque L'ouverture de la voie biliaire principale peut être faite aux ciseaux ou au bistouri à lame rétractable. Le choix de l'orientation de l'incision par rapport à l'axe de la voie biliaire, verticale ou transversale est un sujet de controverses. Si la voie biliaire principale est dilatée, ce qui est le cas le plus fréquent dans les indications de la cholédochotomie, l'orientation de l'incision n'a probablement aucune importance. L'incision verticale est supposée permettre plus facilement un agrandissement en fonction de la taille des calculs. Les règles à respecter qui garantissent la qualité de la fermeture ultérieure et la prévention du risque de sténose secondaire sont : - d'éviter toute plaie de la paroi biliaire postérieure surtout si l'on utilise le bistouri à lame rétractable - de ne pas dépasser plus de la moitié de la circonférence totale de la voie biliaire si on fait une incision horizontale - de ne pas faire de dissection excessive des parois de la voie biliaire pour éviter tout risque d'ischémie secondaire - de ne pas faire de cholédochotomie verticale si le calibre de la voie biliaire est dans les limites de la normale - d'agrandir chirurgicalement la cholédochotomie à la demande en fonction du calibre des calculs à extraire et de ne pas prendre le risque d'une déchirure des angles de l'incision par l'extraction « en force » d'un gros calcul. 3. Extraction des calculs La situation la plus satisfaisante est l'issue spontanée du ou des calculs lors de l'ouverture du cholédoque. Cette éventualité est possible, ce qui signifie que l'on doit être vigilant dans le contrôle coelioscopique dès cette ouverture. Les calculs peuvent sortir par expression avec des manœuvres externes appliquées avec un instrument mousse sur la face antérieure de la voie biliaire de bas en haut. Cette méthode est conseillée si le ou les calcul(s) sont mobiles à la cholangiographie. L'extraction des calculs peut utiliser une pince fenêtrée introduite dans la voie biliaire. Il faut savoir qu'une pince droite introduite par le trocart épigastrique descend dans la voie biliaire basse. L'extraction à la sonde de Dormia sous contrôle radioscopique est possible, cependant la fuite du produit de contraste par la cholédochotomie nécessite le recours à de multiples réinjections. L'extraction des calculs sous contrôle cholédoscopique nécessite une seconde caméra et un second moniteur. Le cholédoscope est introduit par le trocart de 10mm situé sous le rebord costal droit. L'extrémité interne du trocart est placée au contact de la cholédochotomie ce qui permet d'introduire directement le cholédoscope dans la voie biliaire principale. La pression d'irrigation à l'intérieur du cholédoque provoque la mobilisation des calculs les plus petits permettant l'issue des calculs à côté du cholédoscope ou au moment de son retrait. Une sonde de Dormia introduite par le canal d'irrigation. Avec l'aide conjuguée des mouvements de rotation du cholédoscope sur lui-même et du béquillage, l'opérateur parvient à mettre le calcul que l'on veut saisir « en plein écran ». La sonde de Dormia est introduite dans le canal opérateur par le second assistant et descendue en dessous du calcul, panier ouvert, sous contrôle de la vue. Deux méthodes sont possibles pour saisir le calcul, le retrait de la sonde à panier à laquelle on imprime de petits mouvements de torsion sur son axe, ou le retrait « en mono-bloc » de la sonde et du cholédoscope. La fermeture du panier emprisonnant le calcul est faite sous contrôle de la vue et l'ensemble endoscopesonde est reculé sous contrôle coelioscopique jusqu'à voir sortir l'extrémité de la sonde de Dormia contenant le calcul. Les calculs dits « enclavés » dans la voie biliaire basse sont bien sûr les plus problématiques, en particulier lorsqu'ils semblent inclus dans un récessus du bas cholédoque. Une méthode élégante est le recours aux appareils de lithotripsie de contact hydroélectrolytique ou au laser pulsé. 4. Contrôle peropératoire de la vacuité de la voie biliaire principale La cholédoscopie est la méthode de contrôle de la vacuité de la voie biliaire principale après cholédochotomie. 5. Fermeture de la cholédochotomie Il existe trois possibilités : fermeture de la cholédochotomie sur un drain biliaire externe en T, fermeture de la cholédochotomie sous couvert d'un drainage biliaire externe transcystique, et fermeture primitive de la cholédochotomie sans drainage biliaire externe. Le drainage externe par drain en T est indiqué en cas d'angiocholite avec paroi cholédocienne inflammatoire, de manœuvres d'extraction potentiellement traumatisantes pour la papille, et de calculs multiples ou fragmentés par l'extraction a) Fermeture sur un drainage biliaire externe en T On choisit toujours un drain en latex de calibre n°10 ou 12. Des artifices techniques ont été décrits pour l'introduction du drain en T dans la voie biliaire. Il suffit habituellement de saisir l'extrémité de l'une des branches du T, et de pousser celle ci dans la voie biliaire haute jusqu'à ce que la totalité de la longueur de la branche horizontale du T soit dans la lumière biliaire. On retire ensuite la pince et on tracte doucement le drain par sa branche verticale pour placer les deux branches du T de part et d'autre de la cholédochotomie. Le drain est placé à l'angle externe de la cholédochotomie (ouverture horizontale) ou vers son angle supérieur (ouverture verticale) avec ou sans point de fermeture de l'angle au niveau duquel il aura été placé. La cholédochotomie est refermée par des points séparés ou un surjet de fil tressé résorbable 5/0. Pour garantir l'étanchéité de la suture on peut injecter du sérum par le drain en T sous contrôle coelioscopique. Une méthode simple consiste à « écraser » le drain en caoutchouc avec une pince à préhension juste à sa sortie de la voie biliaire ce qui permet de passer un point supplémentaire sur les berges de la cholédochotomie. Lorsque l'on relâche la pression sur le drain, son élasticité garantit l'étanchéité de la suture. Le drain est ensuite extériorisé par l'orifice cutané du trocart du rebord costal droit. b) La suture primitive de la cholédochotomie avec drainage transcystique Cette méthode permet une suture protégée de la voie biliaire principale et de tester l'étanchéité de la suture. Il n'a jamais été prouvé que la morbidité d'un drain transcystique était moindre que celle d'un drain en T. Les soins et la surveillance postopératoires sont les mêmes. Cette méthode combine en fait les risques d'une suture du cholédoque et les inconvénients du drainage biliaire externe. c) La suture primitive de la voie biliaire sans drainage. La fermeture primitive de la cholédochotomie est préconisée si la paroi cholédocienne est de bonne qualité et que l'on a la certitude d'être parvenu à une vacuité complète de la voie biliaire principale, sans traumatisme de la papille. Elle peut être faite par des points séparés ou par un surjet, au fil mono brin ou au fil tressé résorbable 5/0. Les extrémités du surjet sont nouées en endo-corporel, ou bloquées par de petits clips résorbables. Il est possible de contrôler l'étanchéité de la suture et la vacuité de la voie biliaire en utilisant un produit de contraste additionné de bleu de méthylène injecté par le moignon cystique comme pour la cholangiographie classique. Si la suture est étanche et que les conditions sont réunies pour une fermeture primitive sans drainage le moignon cystique est ensuite refermé par deux clips. Un drainage aspiratif de petit calibre peut être placé en arrière du pédicule hépatique et sortant par l'orifice cutané du trocart latéral droit. Ce drain permettra une surveillance postopératoire précoce de l'absence de fuite biliaire et sera retiré à la 48ème heure postopératoire. Référence : Cholécystectomie et exploration de la voie biliaire principale par cœlioscopie. Traitement coelioscopique de la lithiase de la voie biliaire principale. F.Borie, Encyclopédie Médico-Chirurgicale: Technique Chirurgicale Appareil Digestif, 2014 Patrick PESSAUX, Strasbourg ANGIOCHOLITE AIGUË GRAVE : Stratégie thérapeutique Il s’agit d’une infection aiguë de la voie biliaire principale, généralement due à l’enclavement d’un calcul au niveau de l’ampoule de Vater. L’angiocholite peut parfois être due à des parasites migrants, comme l’ascaris en Asie du Sud-Est ou la douve. Une sténose de la voie biliaire principale par une tumeur (pancréas, voie biliaire principale), par des adénopathies ou par la pancréatite chronique est rarement la cause d’une angiocholite. Une manœuvre endoscopique comme une cholangiographie rétrograde endoscopique peut être à l’origine d’une angiocholite. Elle se traduit par l’apparition successive en 48 heures de trois signes : – douleur – fièvre élevée – ictère. Le syndrome infectieux est souvent au premier plan. Il peut être sévère avec bactériémie, septicémie voire choc septique entraînant une insuffisance rénale organique. Parfois, la lithiase de la voie biliaire principale peut ne se manifester que par l’un de ces trois symptômes isolés (douleur ou ictère ou fièvre) ou l’association de deux de ces symptômes. Biologiquement, il existe une cholestase associée à un degré plus ou moins important d’élévation de la bilirubine, une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles. Une cytolyse avec élévation des transaminases est fréquente à la phase aiguë de constitution de l’obstruction biliaire. La biologie peut mettre en évidence une complication : insuffisance rénale d’abord fonctionnelle puis rapidement organique (ionogramme sanguin et urinaire, créatininémie), thrombopénie septique, pancréatite aiguë. Des hémocultures sont souvent positives et mettent en évidence des germes d’origine digestive. L’imagerie repose sur l’échographie en première intention. L’échographie peut montrer une lithiase vésiculaire, une dilatation de la voie biliaire principale et confirmer avec une sensibilité de 30 à 50 %, la présence de calcul(s) de la voie biliaire principale. Le scanner montre généralement des signes indirects biliaires comme la dilatation de la voie biliaire. Deux examens sont performants pour mettre en évidence une lithiase de la voie biliaire principale avec une sensibilité supérieure à 90 % : la cholangio-IRM et l’écho-endoscopie. Ces deux examens sont rarement réalisables en urgence chez un malade dont l’état hémodynamique et infectieux est parfois instable. L’échoendoscopie, compte tenu de son caractère invasif, peut être réalisée immédiatement avant une cholangiographie rétrograde endoscopique avec sphinctérotomie endoscopique biliaire. Les principales complications évolutives de l’angiocholite sont le choc septique et l’angiocholite dite « ictéro-urémigène » c’est-à-dire associée à une insuffisance rénale parfois grave. TRAITEMENT DE L’ANGIOCHOLITE GRAVE Bien qu’étant un problème clinique très fréquent, le traitement de l’angiocholite lithiasique est mal codifié et n’a été l’objet que de peu d’essais contrôlés. Le traitement initial de l’angiocholite repose sur l’antibiothérapie. Dans les formes graves, il est associé à des gestes invasifs de désobstruction en urgence, en plus de méthodes de réanimation habituelle. • L’antibiothérapie Les antibiotiques recommandés dans le traitement de l’angiocholite doivent être actifs sur les germes habituellement isolés et avoir une bonne élimination biliaire. Le traitement longtemps recommandé a été l’association d’ampicilline et d’aminosides. Cette association est désormais dépassée du fait de l’apparition de résistances des bactéries gram négatives à l’ampicilline et de la néphrotoxicité élevée des aminosides en cas de cholestase. Par ailleurs ce traitement ne couvre pas les germes anaérobiles, ce qui conduisait à ajouter du métronidazole en cas d’antécédent d’anastomose bilio-digestive. Plus récemment, le traitement classique ampicilline-aminoside a été remplacé par des uréidopenicillines ou des céphalosporines de deuxième ou troisième génération. Les quinolones ont été également proposées du fait de leur spectre d’activité et leur bonne pénétration biliaire. Elles ont cependant été peu évaluées et dans des études souffrant des mêmes problèmes méthodologiques que les céphalosporines. Il a été démontré que chez les malades ayant une obstruction biliaire persistante avec une pression biliaire élevée, ce qui est habituellement le cas des malades ayant une angiocholite grave, les antibiotiques pénètrent peu ou pas dans la bile. Les antibiotiques ne peuvent donc que limiter la diffusion générale des bactéries mais ne peuvent pas guérir l’infection biliaire. Cette guérison ne pourra être obtenue que par le drainage biliaire. L’apparente efficacité des antibiotiques proclamées dans le traitement de l’angiocholite lithiasique s’explique probablement par le fait que dans la majorité des cas, la VBP se désobstrue spontanément, les calculs étant éliminés dans le duodénum ou remontant dans la VBP. • Le drainage biliaire Le drainage biliaire est donc primordial dans le traitement de l’angiocholite grave. Le traitement chirurgical en urgence est grevé d’une forte mortalité (20 à 40%) et un traitement endoscopique a été proposé: les résultats des premières études non contrôlées indiquaient une mortalité de l’ordre de 5%. L’étude randomisée de Lai et al (1) a comparé le traitement chirurgical et le drainage endoscopique chez 82 malades ayant une angiocholite sévère définie par l’existence d’un choc septique ou la persistance d’un état septique malgré un traitement antibiotique adapté. Les résultats ont montré des différences significatives en faveur du traitement endoscopique en ce qui concerne la morbidité (34 contre 66%) et la mortalité (10 contre 32%). Le traitement endoscopique est devenu depuis la méthode de drainage biliaire de référence chez les malades atteints d’angiocholite grave. Le drainage biliaire percutané en attendant un traitement définitif de la lithiase de la VBP a également été proposé. Cependant, ce drainage radiologique est plus invasif et n’a pas amélioré la mortalité du traitement chirurgical dans une étude. Au total, la décompression biliaire en urgence est le traitement primordial de l’angiocholite grave. C’est l’augmentation de la pression biliaire qui favorise la généralisation du sepsis biliaire et empêche la pénétration des antibiotiques dans la bile. Cette décompression biliaire est au mieux obtenue par le traitement endoscopique qui consiste idéalement en une sphinctérotomie et l’extraction des calculs. En cas de difficulté à le réaliser, un simple drainage biliaire sera mis en place dans un premier temps. L’antibiothérapie reste indispensable, mais elle ne pourra pas guérir à elle seule une infection dans des voies biliaires obstruées. Son but est surtout d’essayer de limiter la dissémination de l’infection en attendant un drainage des voies biliaires. Lai ECS, Mok FPT, Tan ESY, Lo CM, Fan ST, You KT et al. Endoscopic biliary drainage for severe acute cholangitis. N Engl J Med 1992 ; 326 : 1582-6 Points clés • L’augmentation de pression biliaire joue probablement un rôle clé dans la diffusion de l’infection et la survenue d’un choc septique. • L’augmentation de pression biliaire explique également que les antibiotiques ne pénètrent que peu ou pas dans les voies biliaires obstruées. • Le drainage biliaire en urgence est le traitement primordial de l’angiocholite grave. • Il est réalisé au mieux par le drainage endoscopique. • Les modalités du drainage endoscopique sont mal codifiées. Olivier Farges, Hôpital Beaujon, Clichy LA LITHIASE INTRA-HEPATIQUE La lithiase intrahépatique est une maladie rare en Occident (fréquente dans certaines régions d’Asie) définie par la présence de calculs dans les voies biliaires intrahépatiques ou, par convention, au niveau de la convergence biliaire (bien que la convergence fasse en fait partie des voies biliaires extrahépatiques). Elle peut être exclusivement intrahépatique (Type I), ou être associée à une lithiase de la voie biliaire principale (Type IE). La proportion de Type I semble très variable d’une zone géographique à l’autre, avoir augmentée au cours des 30 dernières années et la lithiase prédomine dans le foie gauche. La lithiase intrahépatique pose essentiellement trois problèmes : (i) sa cause, en grande partie corrélée à la composition des calculs, pigmentaires ou cholestéroliques, qui varie d’une zone géographique à l’autre, (ii) ses risque évolutifs lorsqu’elle est asymptomatique et (iii) sa localisation précise lorsqu’elle est segmentaire, ce d’autant qu’elle peut être associée à des variations anatomiques de l‘arbre biliaire. La lithiase pigmentaire intrahépatique, dont la composition n’est pas tout à fait la même que celle de la lithiase pigmentaire de la vie biliaire principale (elle contient d’avantage de cholesterol), est associée à la présence de bactéries dans la bile, en particulier de la famille des E.Coli, Bacteriodes ou Clostridium, qui ont en commun une enzyme (la -Glucuronidase) susceptible d’hydrolyser la forme soluble de la bilirubine en bilirubine non-conjugué, insoluble dans l’eau et qui se combine avec du calcium ionisé pour former les calculs. Les facteurs de risque de ces lithiases pigmentaires sont les sténoses biliaires (secondaires ou primitives), les ectasies biliaires (Syndrome de Caroli) ou tout matériel endobiliaire (parasites, corps étranger). La lithiase intrahépatique pigmentaire est très fréquente dans certaines région d’Asie du Sud-Est, associée à des parasitoses (Clonorchisis, Ascaris) et / ou de mauvaises conditions socio-économiques ou hygiéniques. Elle est rare en occident, s’observant presque exclusivement : (i) en amont d’une sténose biliaire, en pratique principalement les sténoses d’une anastomose bilio-digestive ou les corps étrangers endobiliaires (fils de suture non résorbables, résidus alimentaires) ou (ii) en association avec les kystes du cholédoque (ou les diaphragmes de la terminaison des canaux biliaires droits ou gauches qui peuvent leur être associés) ou avec le syndrome de Caroli. Elle est possible, mais rare, chez les patients ayant une sténose tumorale ou associée à une cholangite slérosante. La lithiase cholestérolique, probablement la plus fréquente en Occident, est principalement observée dans le cadre d’anomalies génétiques du transporteur hépatocytaire de la Phosphatydile Choline dans la bile, connues sous le nom de Syndrome LPAC (pour Low Phospholipid Associated Cholelithiasis). Certains gènes ont été identifiés ; la mutation la plus connue est celle nommée MDR3. Ce syndrome s’observe principalement chez le sujet jeune (les symptômes débutent souvent avant 40 ans) et entraîne une symptomatologie polymorphe : douleur biliaire, ictère, angiocholite, pancréatite, récidivant après cholécystectomie car le syndrome est souvent méconnu au moment où elle est réalisée, familiale, mais aussi cholestase gravidique. Pour compliquer le tout, il peut aussi entraîner des sténoses des voies biliaires intrahépatiques. Le diagnostic est porté par la recherche de la mutation (qui prend du temps) et par la recherche échographique d’images caractéristiques en « queue de comètes » des voies biliaires intrahépatiques. Les risques évolutifs de ces lithiases intrahépatiques sont : (i) les douleurs biliaires et, si la bile est infectée, les angiocholites, (ii) les symptômes liés à une migration des calculs (angiocholite et pancréatite), (iii) le cholangocarcinome intrahépatique. L’imputabilité de la lithiase intrahépatique dans les cholangiocarcinomes intrahépatiques ou hilaires (ou les cancers associés à ces lithiases) est très rare en Occident (moins de 1% de ces cancers sont dus à une lithiase, contrairement à ce que l’on observe en Asie) et ne s’observe, en pratique, probablement que chez les patients ayant une histoire prolongée (> 10 ans) d’angiocholites à répétition. Une proportion probablement élevée (mais le chiffre n’est pas connu) de lithiases intrahépatiques est asymptomatique. Le principal risque est celui de sa récidive. Le bilan doit comprendre : (i) cliniquement, une évaluation « policière » de la nature et de la fréquence des symptômes, (ii) un bilan biologique hépatique qui peut, même lorsque la lithiase intrahépatique est importante, être peu perturbé, (iii) un bilan morphologique par scanner (essentiellement pour rechercher une dysmorphie), une IRM (pour avoir une cartographie de l’arbre biliaire, de ses variations et de la lithiase) et une échographie ciblée (guidée par les résultats de ces deux examens). Le traitement de fond de la lithiase cholestérolique repose sur l’acide ursodesoxycholique (Ursolvan®, Delursan®), à vie. Les formes symptomatiques distales segmentaires justifient d’une exérèse parenchymateuse segmentaire (ces résections sont associées à un risque très élevé de fistule biliaire postopératoire du fait de la cholangite associée ou de territoires exclus par la résection). Les formes proximales, sans dysmorphie hépatique associée, peuvent être traitées par désobstruction (par voie endoscopique rétrograde ou chirurgicale). Le traitement invasif (chirurgical ou endoscopique) des formes asymptomatiques est controversé mais probablement d’autant moins justifié que la lithiase est cholestérolique, de petite taille, périphérique et ne s’accompagne pas d’une atrophie segmentaire ou sectorielle. En pratique, il faut s’efforcer chez vos patients non-asiatiques : (i) d’évaluer la réalité des symptômes et leur fréquence et (ii) de rechercher des arguments cliniques, radiologiques et biologiques en faveur d’une lithiase cholestérolique pour instaurer un traitement médical de fond, qui peut être le seul traitement et est efficace à prévenir les récidives. Stéphanie TRUANT, Lille LITHIASE ET ANASTOMOSE BILIO-DIGESTIVE La lithiase intra-hépatique est définie par la présence de calculs dans les voies biliaires intrahépatiques. C’est une affection rare qui représente environ 1% de l’ensemble des cas de lithiase dans les pays occidentaux. Ces calculs intra-hépatiques se manifestent le plus souvent par des douleurs biliaires récidivantes et des poussées d’angiocholite, parfois compliquées d’abcès du foie voire de choc septique. L’évolution vers une cirrhose biliaire secondaire est très rare en dehors des sténoses chroniques de la voie biliaire principale. Il faut distinguer 2 types de lithiases : (i) les lithiases de migration, où les calculs se sont formés en dehors des voies biliaires intra-hépatiques (le plus souvent dans la vésicule biliaire) et ont migré secondairement dans le foie, et (ii) les lithiases primitives, sans ou avec anomalie des voies biliaires. Les calculs de migration sont soit associés à une lithiase de la vésicule biliaire ou de la voie biliaire principale, soit résiduels des précédentes. Dans le cas de la lithiase primitive sans anomalie des voies biliaires, les calculs sont riches en cholestérol, ils sont souvent de petite taille et situés à la périphérie du foie ; les voies biliaires sont normales. Souvent cette lithiase est associée à une mutation du gène MDR3 à l’état hétérozygote. La lithiase primitive avec anomalie des voies biliaires est pigmentaire (stase biliaire), survient soit en amont d’une sténose des voies biliaires (sténose congénitale ou diaphragme, sténose acquise, le plus souvent iatrogène secondaire à une plaie des voies biliaires ou à une sténose d’anastomose bilio-digestive, parfois due à un cancer des voies biliaires, rarement par destruction des voies biliaires (vasculaire, transplantation), exceptionnellement parasitaire en Europe: Clonorchis Siniensis, Ascaris Lumbricoïdes) soit dans un contexte de dilatation des voies biliaires (Maladie de Caroli, dilatation des voies biliaires associées à un kyste du cholédoque). Les dilatations congénitales sont habituellement associées à une anomalie de jonction bilio-pancréatique et exposent à un risque élevé de cancer des voies biliaires. Le traitement de la lithiase intrahépatique dépend du type de lithiase intra-hépatique, et du risque de récidive, qui est important en cas de lithiase intrahépatique primitive. L’approche doit être multidisciplinaire chirurgicale, endoscopique, radiologique et transplantation. Les buts du traitement sont de traiter l’angiocholite, d’extraire tous les calculs, de favoriser un bon flux biliaire en traitant une éventuelle anomalie biliaire responsable de la stase biliaire et de prévoir la possibilité de récidive. L’extraction des calculs est le plus souvent chirurgicale, réalisée par cholédocotomie avec manœuvres instrumentales, nécessitant pour les calculs localisés dans une portion du foie d’y associer une hépatectomie. Si l’on est certain que la désobstruction est complète, la cholédocotomie peut être fermée sur drain de Kehr. En revanche, en cas de désobstruction incomplète ou si l’on pense qu’il y a un risque de récidive de la lithiase, il est nécessaire d’effectuer un anastomose hépatico-jéjunale sur une anse montée en Y (70 cm). Le cul-de-sac de l’anse montée est mis en stomie à la peau afin de compléter si nécessaire la désobstruction en postopératoire, ou est fermé et laissé sous la paroi pour permettre des manœuvres d’extraction en cas de récidive de la lithiase. Le traitement dépend du type de lithiase intrahépatique : - Le traitement de la lithiase cholestérolique avec voies biliaires normale comporte une cholécystectomie, l’évacuation des calculs de voie biliaire principale éventuellement associées à l’administration d’acide ursodéoxycholique. - Le traitement d’une lithiase en amont d’une sténose biliaire consiste à lever la sténose quand cela est possible, par la confection d’une anastomose hépatico-jéjunale sur anse en Y au-dessus de la sténose si la sténose est pédiculaire ou hilaire. En cas d’anastomose bilio-digestive pré-existante, la survenue d’une sténose, dont les causes sont essentiellement ischémiques ou inflammatoires (anastomose effectuée dans un contexte de péritonite), impose d’effectuer soit une plastie de Hepp dans les cas favorables soit une réfection d’anastomose en amont de la première sur des voies biliaires saines et bien vascularisées. Dans les autres cas, il est nécessaire d’associer une hépatectomie à l’anastomose hépatico-jéjunale. Le traitement de lithiase sur dilatation congénitale des voies biliaires nécessite la résection du secteur hépatique le plus atteint quand elle est possible, et l’évacuation des calculs restants de façon chirurgicale, percutanée et/ou endoscopique. L’existence d’une anomalie de jonction bilio- pancréatique et du risque inhérent de dégénérescence impose d’associer à la cholécystectomie une résection de la voie biliaire principale. En cas de dilatation des voies biliaires intra- et extra-hépatique, on retient l’indication de résection complète des voies biliaires kystiques, si cela est possible (TodaniIVa), par résection de la voie biliaire principale, hépatectomie et anastomose hépatico-jéjunale. En cas de dilatation diffuse des voies biliaires intra-hépatiques (Todani V ou maladie de Caroli), il y a une indication théorique de transplantation hépatique.