(rappels) : la sociologie de Durkheim, une - Lycée Elie Faure

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THEME 6 : « Intégration et solidarité » Emile Durkheim
BIOGRAPHIE p111 :
OUVRAGES : 1893 « De la division du travail social »(publication de sa thèse) ; 1895 « Les règles de la
méthode sociologique» ; 1867 « Le suicide, étude de sociologie » ; 1912 « Les formes élémentaires de la vie
religieuse »
Le contexte social et scientifique : Durkheim partage le sentiment commun à de nombreux intellectuels
français d'être plongé dans une grave crise morale. La religion ne semble plus capable de réfréner les appétits individuels exacerbés par un
libéralisme économique que condamnent les multiples courants socialistes, communistes et anarchistes. De plus, la défaite de 1870 a ébranlé les
valeurs nationales et suscité un patriotisme revanchard, dont la perversion éclate avec l'affaire Dreyfus: enfin, un nouveau système éducatif se
met en place qui tente d'inculquer à tous les vertus de l'ordre républicain. Très tôt, Durkheim s'avère sensible à ces évolutions.
Robert Weil, «Emile Durkheim», in: La Sociologie, coll. Textes essentiels, Larousse 1994
Introduction (rappels) : la sociologie de Durkheim, une science des faits
sociaux
1°) La définition des faits sociaux :
La sociologie est une discipline scientifique autonome qui se distingue de la philosophie ou de la psychologie. Elle est la
science des faits sociaux. Doc1 p112
Le fait social est ………………. à l'individu et exerce sur lui une ……………………….., il est contraignant :
« [Les faits sociaux] consistent en des manières d'….….., de …..……… et de …………….. qui présentent cette
remarquable propriété qu'elles existent en dehors des consciences …………............. Non seulement ces types de
conduite ou de pensée sont extérieurs à l'individu, mais ils sont doués d'une puissance impérative et coercitive en vertu
de laquelle ils s'imposent à lui ».
Exemple : offrir un cadeau d’anniversaire, s’habiller en noir à un enterrement… ne se fait pas en fonction de sa
« conscience individuelle » mais en fonction d’une « conscience collective » qui nous dépasse, qui est commune à
tous les membres de la société et que nous avons intériorisée.
E. Durkheim est ainsi conduit à distinguer la conscience individuelle (opinions propres à un individu) de la
……………………………………………. Cette dernière se définit comme « l'ensemble des croyances et des
sentiments communs à la moyenne des membres d'une même société qui forme un système déterminé ayant sa vie
propre, indépendamment des consciences individuelles ». (Ex : patriotisme, sentiment religieux…).
L’individu est certes influencé par sa conscience individuelle mais aussi par la conscience collective existant dans toute
société. Le fait social est donc contraignant.
Remarque : la conscience collective influence plus ou moins lourdement les individus selon le type de société.
E. Durkheim s'inscrit dans une démarche ………………. et considère ainsi qu'il existe un primat de la société sur
l'individu : « la société n'est pas une simple somme d'individus, mais le système formé par leur association représente
une réalité spécifique qui a ses caractères propres… »
Vision de la société qui détermine les manières de penser, de sentir et d’agir des individus.
2°) Les règles de la méthode sociologique.
Pour lui, le sociologue doit respecter notamment Les règles de la méthode sociologique suivantes :
« Les faits sociaux doivent être traités comme des choses ». À l'image du biologiste, le sociologue doit pouvoir
être extérieur à son sujet d'étude s'il veut que son travail soit scientifique. II doit, pour cela, faire abstraction des
prénotions (des idées non scientifiques) qui lui viennent de ses expériences personnelles et qui font obstacle à la
connaissance scientifique. Conséquence : le sociologue doit être objectif et Durkheim utilise beaucoup les statistiques,
les chiffres étant « objectifs »…
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«Un fait social n'est explicable que par un autre fait social qui lui est antérieur » :
Pour comprendre les faits sociaux, le sociologue ne peut se contenter d'interroger les individus sur leurs motivations
puisque la conscience collective qui est à l'origine de leurs actions leur est extérieure. Il ne doit pas non plus les
expliquer en accordant une place prépondérante à des faits étrangers au domaine de la sociologie. Durkheim rejette ainsi
les explications du suicide en termes d'hérédité (ce qui relève de la biologie) ou de faiblesse de caractère (ce qui est du
domaine de la psychologie).II affirme au contraire que « la cause déterminante d'un fait social doit être cherchée
parmi les faits sociaux antécédents ».
Il préconise alors de vérifier s’il existe une « concomitance » (rapport de simultanéité) entre deux variables statistiques
avant de s'interroger sur une éventuelle relation de causalité entre les deux phénomènes observés. L'un des phénomènes
peut être la cause de l'autre mais, bien souvent, Durkheim fait intervenir un troisième élément qui détermine les deux
premiers. Ainsi, après avoir vérifié statistiquement que les hommes se suicidaient plus fréquemment que les femmes, il
explique cette différence par une moindre intégration sociale des hommes.
I - DIVISION DU TRAVAIL ET LIEN SOCIAL
Une question est au cœur de l’analyse de Durkheim : celle de la cohésion d’une société dans un monde où progresse
l’individualisme. Comment des individus tous différents peuvent-ils constituer une société alors que pour les
économistes ils sont divisés par la concurrence et par la recherche égoïste du plaisir, tandis que les psychologues se les
représentent mus par des pulsions individuelles ? En définitive quelle est l’origine du lien social ?
Problématique de « division du travail social »1893 :
« … comment se fait-il que, tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus
étroitement de la société ? (…) Il nous a paru que ce qui résolvait cette apparente
antinomie, c’est une transformation de la solidarité sociale, due au développement
toujours plus considérable de la division du travail ».
Définition générale de la division
sociale du travail: répartition et
différenciation des fonctions
sociales (religieuses,
économiques, politiques…) au
sein de la société.
A- la fonction sociale de la division du travail:
Dans « De la Division du Travail Social », E. Durkheim montre que la fonction principale de la division du travail est
« morale » car elle produit de la solidarité sociale, du lien social. Doc2p112 « Est moral, peut-on dire, tout ce qui
………………………………………………………………………………………………….
Elle intègre, dans les sociétés modernes, les individus en les spécialisant dans des activités complémentaires ce qui les
rend interdépendants et solidaires.
Se démarquant de l'analyse d’A. Smith (1723-1790), Durkheim récuse l'idée selon
laquelle la conséquence principale de la division du travail serait d'accroître la
productivité du travail:
« Le plus remarquable effet de la division du travail n'est pas qu'elle augmente le
rendement des fonctions divisées, mais qu'elle les rend solidaires. (...) Il est possible
que l'utilité économique de la division du travail soit pour quelque chose dans ce
résultat, mais en tout cas, il dépasse infiniment la sphère des intérêts
économiques;car il consiste dans l'établissement d'un ordre social et moral … ».
Durkheim montre qu’il existe deux
types d’attirance : la ressemblance
et la dissemblance. Il s’intéresse
particulièrement à la seconde et
constate que la dissemblance
(présente dans les sociétés
modernes), si elle s’accompagne
d’une complémentarité, crée des
liens.
B - l’évolution des formes de la solidarité sociale :
E. Durkheim distingue deux formes historiques de solidarité sociale :
 doc6p114 : La solidarité mécanique caractérise les sociétés ……………………….. (sociétés primitives,
communautés villageoises…) dans lesquelles la division du travail est …………..
Les individus sont …….. différenciés les uns des autres et adhèrent à des valeurs et des croyances communes. Le lien
social est principalement fondé sur la ……………………… (des statuts, activités, croyances…) des individus qui sont
soumis à une forte conscience ……………………...
L'existence d'un droit répressif qui donne lieu à des sanctions punitives lorsque la conscience collective est offensée,
est révélatrice de ce type de solidarité. La répression resserre et renforce le lien social, tout ce qui pourrait l’affaiblir
est sévèrement réprimé (ex : couper la main d’un voleur). Ces sanctions suscitent une forte émotion collective : la
répression a un caractère expiatoire mais aussi resserre et renforce le lien social, maintient la solidarité.
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 doc 7p114 : La solidarité organique caractérise les sociétés …………………… dans lesquelles la division du
travail est …………..
Le lien social est fondé sur les différences et les complémentarités qui existent entre les individus (image des différents
organes liés dans le même organisme). Les individus, « au lieu de se développer séparément, ils …………………
………………………………………………………………….…. ».
La conscience collective impose une coercition moins forte et permet le développement des consciences
…………………… (processus d’individuation) nécessaire dans une société où chacun se spécialise. Les liens qui
unissaient l’individu à son sol natal, à sa famille et aux traditions communautaires s’affaiblissent.
Ce type de solidarité se manifeste par l'existence d'un droit restitutif qui répond davantage à une logique de
compensation des préjudices (remise des choses en l'état) qu'à une logique de punition. Les infractions à la règle
n’affectent plus le groupe dans son ensemble mais ses parties spécialisées, l’opinion y est donc moins sensible. Le Droit
doit permettre de réparer et favoriser la réinsertion dans le tissu social, le retour de la coopération.
 Pour Durkheim, la solidarité sociale n'est pas un fait directement observable : c’est un concept abstrait.
Il faut donc le transformer en un concept observable : c’est le type de droit (droit répressif, droit restitutif) en usage
dans chaque société qui servira d’indicateur observable et mesurable, et ce, au travers des sanctions appliquées. Il
permet de révéler distinguer la solidarité mécanique de la solidarité organique.
E. Durkheim montre que c'est le progrès de la division du travail qui permet de transformer la nature du lien
social et qui rend possible le passage d'une forme de solidarité à l'autre. Avec l’avènement des sociétés modernes,
le lien social, loin de s’affaiblir, subit de profondes mutations.
Résumé :
Forme de solidarité 
Solidarité mécanique
Présente dans Les sociétés …………………..
à population restreinte
Cohésion sociale fondée La ……………………….
sur 
Division du travail  Faible
Conscience  ………………………… forte
Droit  …………………….
Solidarité organique
Les sociétés ………………….
à population nombreuse
La complémentarité entre
individus spécialisés
Poussée
……………………..
s’émancipe
………………………..
C – Pourquoi la division du travail s’est-elle développée?
Selon E. Durkheim, le développement de la division du travail social résulte d’une combinaison de facteurs
sociodémographiques :
 l'accroissement de la densité matérielle résulte de l’accroissement démographique c’est à dire du nombre
d’individus sur un territoire donné : hausse de la densité de population liée à l’industrialisation, exode rural et
urbanisation. Cela entraînerait une « lutte pour la vie » et une compétition s’exercerait entre individus. La DTS
s’avère donc nécessaire quand il y a trop de monde sur un territoire.
 L'accroissement de la densité morale (ou sociale) est la conséquence de cette accroissement de la densité
matérielle, elle désigne la fréquence et l'intensité des relations morales et sociales entre les différents segments
de la société  plus une population est nombreuse sur un territoire donné, plus les échanges entre les individus
sont fréquents (« ils vivent une vie commune »), plus la DTS est développée.
Donc les causes de la DTS sont la démographie et les échanges.
Dès lors, dans une société qui se « densifie », la différenciation sociale et, par conséquent, la division du travail sociale,
apparaissent comme une solution sociale pacifique car elle élimine les risques de compétition en rendant les membres
d’une société nécessaires les uns aux autres, complémentaires  « Les hommes ont intérêt à se spécialiser s’ils veulent
coexister en paix »
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II– LA FRAGILITE DU LIEN SOCIAL.
A – les formes pathologiques de la division du travail.
Ce sont les cas où la DT ne produit pas ou pas suffisamment de solidarité, entraînant la rupture du lien social,
conduisant à séparer les individus.
Malgré l'importance que la division du travail assume dans le changement social, elle n'est jamais réellement
décrite dans l’œuvre de Durkheim. C'est l'étude des formes atypiques de la division du travail qui permet à Durkheim
de préciser la manière dont la société doit fonctionner pour que les individus y soient intégrés. Il réserve cette étude des
formes pathologiques de la division du travail à la fin de son ouvrage, comme preuve a contrario de ce que doit être la
normalité  doc 9p115.
1°) les formes anomiques de la division du travail:
l'anomie: pour Durkheim, l'anomie représente l'insuffisance de réglementation et
l'affaiblissement de l'intégration des individus dans les groupes sociaux provoqué
par des relations de moins en moins normalisées. « Les relations entre les organes
ne sont plus réglementées »
Doc10p116 :
Cf. 1ère ES  « suicide
anomique » : l’individu se suicide
parce que ses désirs ne rencontrent
plus de limites, ne sont plus
bornés. L’anomie est ici définie
comme « le mal de l’infini ».
Il en décèle trois exemples principaux qui sont :
 les crises industrielles et commerciales provoquant faillites et chômage qui
« sont autant de rupture partielles de la solidarité organique ». «Or à
mesure que travail se divise davantage, ces phénomènes semblent devenir
plus fréquents… ». (actualisation facile ici ! crise aux Usa et perte de logement, crise des
finances publiques en Grèce et troubles sociaux etc.)
 l'antagonisme du travail et du capital caractérisé par une insuffisance de
communication entre ouvriers et patrons « à mesure que les fonctions industrielles se spécialisent davantage, la
lutte devient plus vive », les conflits se multiplient, la solidarité organique est rompue.
 la perte d'harmonie de la science du fait de sa spécialisation croissante et du cloisonnement entre sciences. La
science perd son unité : on n’a plus de vue d’ensemble.
« Ces difficultés se développent lorsque le manque de communication interdit le développement «naturel» des règles.
Par exemple, les crises industrielles (de surproduction) naissent de la méconnaissance qu'ont les producteurs des besoins
des consommateurs. L'insuffisance des contacts, la mauvaise circulation de l’information entre les groupes provoquent
un désajustement. […] Ces divers exemples sont donc des variétés d'une même espèce ; dans tous ces cas, si la division
du travail ne produit pas la solidarité, c'est que les relations des organes ne sont pas réglementées, c'est qu'elles sont dans
un état d'anomie.
2°) La division du travail contrainte :
Elle est présente quand la DT ne résulte pas d’un choix délibéré, mais quand elle est imposée à l’individu.
La DT est injuste: l’individu n’est pas en harmonie avec sa fonction Or la DT ne fonctionne que si elle est
« spontanée », que si les individus occupent la place qu’ils devraient occuper en fonction de leurs talents, de leur mérite.
Pour lui, il ne peut y avoir de contrat juste s’il y a des « riches et des pauvres de naissance » . Inégalité des chances:
Durkheim pose l'inégalité des chances comme un facteur défavorable au maintien du lien social. En contraignant les
individus à occuper des fonctions qu'ils ne désirent pas, l'inégalité des chances nuit au développement de la solidarité
organique. Les inégalités sociales ne reflètent pas les inégalités naturelles : DK parle de « guerre des classes ».
L’étude de ces formes anormales de la DT permet de spécifier les conditions dans lesquelles celle-ci peut produire de la
solidarité, du lien social. Il faut :
- une réglementation suffisante
- un niveau suffisant de relations entre les individus (difficile à réaliser dans les usines en 1893…..)
- une prise de conscience de la solidarité, de la cohésion de l’ensemble.
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B - Division sociale du travail et individualisme.
E. Durkheim considère que le passage d'une forme de solidarité à l'autre peut parfois s'accompagner d'un
accroissement «anormal » de la conscience individuelle aux dépends de la conscience collective. Lorsqu'une telle
situation se produit, le lien social s'affaiblit et il y a risque d'anomie.
Le développement de la solidarité organique est paradoxal
dans la mesure où, en même temps qu'il devient autonome,
l'individu devient de plus en plus dépendant des autres.
Le problème des sociétés modernes est donc de concilier ces
deux paramètres : elles doivent favoriser la cohésion
sociale et faciliter la montée de l'individualisme. Le
désajustement de l'individu à la société est perceptible par
l'existence de crises qui se manifestent tant dans le domaine
économique que dans le domaine social (lutte entre classes
sociales), voire individuel (suicide).
Pour pallier ces situations de déréglementation et
d'anomie, Durkheim préconise le retour aux corporations
ou groupes professionnels. Pourquoi ce choix conservateur
chez un réformateur social?
« Une société composée d’une poussière infinie d’individus
inorganisés, qu’un État hypertrophié s’efforce d’enserrer et
de retenir, constitue une véritable monstruosité
sociologique. […] l’État est trop loin des individus, il a
avec eux des rapports trop extérieurs et trop intermittents
pour qu’il lui soit possible de pénétrer bien avant dans les
consciences individuelles et de les socialiser intérieurement.
[...]. Une nation ne peut se maintenir que si, entre l’État et
les particuliers, s’intercale toute une série de groupes
secondaires qui soient assez proches des individus pour les
attirer fortement dans leur sphère d’action et les entraîner
ainsi dans le torrent général de la vie sociale. […] Les groupes professionnels sont aptes à remplir ce rôle […]. »
Pour Durkheim, la division du travail conduit les individus à trouver de plus en plus leur accomplissement dans leur
travail personnel. Alors que dans les sociétés segmentaires, les individus s'identifiaient à leur famille, leur communauté
régionale ou religieuse, la division du travail, émancipant les individus de ces formes de socialisation, conduit les
hommes à se préoccuper de leur travail qui représente aussi le moyen de l'échange social.
Dès lors, les instruments de régulation sociale doivent être en relation avec le travail et doivent permettre de réunir
les groupes professionnels.
Les syndicats qui fondent leur existence sur la lutte des classes ne peuvent assumer cette fonction. Durkheim recherche
une forme sociale qui prend appui dans le monde du travail et qui rejette les rapports de production conflictuels: il prône
donc le retour aux corporations. La morale professionnelle et corporative doit permettre de redonner aux individus des
limites en bornant leurs désirs et en leur indiquant leur place dans la société. Cette place accordée à la corporation
comme médiateur entre le monde économique, voire la société globale, incite Durkheim à faire de cette institution une
forme communautaire médiatrice (elle ressemble à une forme de solidarité mécanique !).
L’école est aussi, pour Durkheim, un vecteur essentiel de la régulation sociale.
III – Portée de l’analyse de Durkheim.
Voir enseignement obligatoire + ces quelques pistes :
Finalement Durkheim tente de montrer que les sociétés ne peuvent exister sans une certaine dose de communauté en leur
sein. Vivant une période de transformation sociale, il pense que la rupture de son époque doit provoquer l'émergence
d'une nouvelle forme de lien social (les corporations). C'est d'ailleurs ce qui fait l'actualité de son oeuvre. L'analogie
avec le monde actuel est en effet possible.
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 Disparition de la solidarité mécanique ?
Face à l'effritement actuel du lien social (thème de l’exclusion sociale), c'est-à-dire de la solidarité, les individus
ou les groupes reconstituent des institutions ou groupes intermédiaires, comme les nouveaux mouvements sociaux
(lutte des femmes, écologie, pacifisme, groupes religieux ... apparus depuis les années 1960), les associations (restos du
cœur…) etc.
On observe aussi la montée des sectes et groupes intégristes, dont la fonction est de pallier les insuffisances du lien
social.
Sectes : Ici La conscience collective ici prime sur la conscience individuelle. Les adeptes sont absorbés par le
groupe. Les pratiques à l’intérieur de la secte sont uniformes et incontestées..La cohésion de la secte est fondée sur la
ressemblance, et on soumet les récalcitrants s’il le faut par tous les moyens : jeûne, privation de sommeil….Toute
contestation est proscrite et sévèrement réprimée  solidarité ……………………..
Si les individus semblent s’émanciper des institutions religieuses on observe l’émergence de nouveaux
mouvements religieux (pentecôtistes, évangélistes, témoins de Jéhovah……) et la résurgence aussi de pratiques
intégristes au sein des religions traditionnelles. Ce retour du religieux passe par des pratiques communautaires et
contribue à renforcer certains liens sociaux.
Les communautés redeviennent des lieux de socialisation en même temps qu'elles facilitent l'intégration.
De même, la famille, au delà de ses transformations (divorces, célibat, union libre, baisse de la fécondité…) liées en
partie à l’essor de l’individualisme, reste un vecteur de solidarité entre les générations essentiel. Au total, il existe
toujours des formes de solidarité mécanique et pas seulement dans les villages où l’inter connaissance (anonymat
limité), l’attachement aux traditions, à la religion restent forts.
 Intégration et travail : Pour Durkheim, c’est le travail qui devient, dans les sociétés modernes, le principal
vecteur d’intégration.
Effectivement on dit aujourd’hui qu’il est source de revenu, d’identification et reconnaissance sociale. Toutefois la
précarisation des formes d’emploi, des taux de chômage élevés contribuent à remettre en cause le rôle central du travail
dans le processus d’intégration… Voir E.O. avec « Désaffiliation » chez R.Castel et « disqualification sociale » chez
S.Paugam.
 Intégration et anomie : …
Néanmoins l’intégration par le travail reste essentielle et
la concomitance entre hausse du taux de chômage et du
taux de suicide semble le prouver, le suicide variant en
raison inverse du degré d’intégration sociale. Il ne s’agit
pas forcément d’une relation de causalité car ce ne sont
pas toujours les chômeurs qui se suicident…
(On peut aussi penser aux suicides chez France télécom)
En outre la notion d’anomie peut être pertinente pour
expliquer d’autres comportements déviants : la violence
des jeunes dans les lycées, dans les quartiers (vol,
« tournantes »…) semblent liée à « un dérèglement
social, une carence ou une perte de légitimité des règles
et des lois » et peut être considérée comme un défaut de
cohésion sociale. De même la toxicomanie, l’alcoolisme
aggravé ou la violence routière relèvent pour eux de
l’anomie, définie dans sa dimension individuelle comme
le désir humain illimité et l’indétermination des objectifs à atteindre (ce que Durkheim nomme « le mal de l’infini »)
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