Faut il un entretien non directif ? Introduction Nous avons, dans le

Faut il un entretien non directif ?
INTRODUCTION
Nous avons, dans le cadre de notre étude sur le populaire et le politique, pris la décision de
réaliser un entretien, avec la personne de notre choix, parce que c’est la méthode la plus
efficace et le plus économique pour obtenir des l’information désirée.
La question est comment le réaliser ? le problème ou plutôt la spécificité d’un entretien est
qu’il est à chaque fois différent, dépend de l’enquêté et de l’enquêteur.
Quoi qu’il arrive, l’entretien aboutit toujours à une relation sociale qui conditionne les
résultats de l’entretien. Il y a forcément une relation de dominant- dominé.
« c’est l’enquêteur qui engage le jeu et institue la règle du jeu : c’est lui qui
notre but est alors, dans le cas de notre étude où le problème peut se poser, de minimiser les
chances d’échec de l’entretien. Mais que comment faire ? quel méthode choisir ?
il y a trois grands types d’entretien : directif, semi directif et non directif.
Cette violence symbolique est redoublée par une « dissymétrie sociale chaque fois que
l’enquêteur occupe une position supérieure à l’enquêté dans la hiérarchie des différentes
espèces de capital, du capital culturel notamment ». Bourdieu p 905
-directif. Collecte d’informations sous forme d’entretien selon une démarche très
structurée, pour laquelle le répondant a connaissance de l’ensemble du questionnaire, alors
que l’enquêteur est chargé de noter ses réponses au fur et à mesure, en veillant à ce
qu’aucune omission ou erreur ne survienne. Illustration : le questionnaire
Questionnaire : l’enquêteur détient le monopole de l’exploration et de l’inquisition.
-semi directif : Collecte d’informations reposant sur le principe de l’entretien directif, mais
agrémentée de la possibilité éventuelle pour le répondant de détailler tel ou tel point lui
semblant important. Illustration : la plupart des entretiens, interviews.
Entretien non directif :
non directif :.« permettre à un individu la libre expression de sa communication dans
l’entretien, sans l’influencer par des interrogations, sans privilégier soi-même un mode
d’approche particulier, sans en accentuer les contenus à l’aide de critiques extérieures »
Nicole Berthier
« mieux vaut écouter qu’interroger, surtout dans le cas assez fréquent où une différence dans
le dialecte ou dans le langage habituel rend difficile, des deux côtés l’intelligence des
demandes et des réponses ». F. le Play en 1862
« son apport nous paraît essentiel chaque fois que l’on cherche à appréhender et à rendre
compte des systèmes de valeurs, de normes, de représentations, de symboles propres à une
culture ou à une sous culture » Michelat
Il faut remplir les exigences de la méthode scientifique
I- AVANT ET PENDANT LENTRETIEN
A- POURQUOI CHOISIR LENTRETIEN NON-DIRECTIF ?
« L’entretien non directif est un des instruments les plus efficaces pour franchir les obstacles
épistémologiques, mettre en œuvre une opérationnalisation et rendre possible une
interprétation. » Jacques Maître
L’information que l’on atteint par le questionnaire est la plus superficielle, la plus stéréotypée
et la plus rationalisée. Pendant l’END, on peut atteindre des niveaux plus profonds parce qu’il
y a une relation entre le degré de liberté laissé à l’enquêté et le niveau de profondeur des
informations qu’il peut fournir.
Autre hypothèse : ce qui est affectif est plus profond de ce qui est intellectualisé. Ce qui n’a
pas été pris en charge affectivement par la personnalité n’a qu’une signification faible et une
relation réduite avec les comportements de l’individu. L’END permet l’émergence de ce
contenu sociologique profond.
Chaque individu est porteur de sa culture et de sa sous culture. Culture= ensemble des
représentation et des valorisation effectives, des habitudes, des règles sociales, des codes
symboliques.
« l’homme est acteur et vecteur de sa culture ». Stoetzel.
Ces modèles sont intériorisés donc ils peuvent jouer un rôle explicatif des comportements
sociaux . but de l’entretien : provoquer des productions verbales des ind de telle façon
qu’elles puissent constituer autant d’informations symptomatiques. Celles ci sont révélatrices
de la culture et des sous cultures propres à chaque individu et de certains mécanismes qui
président à leur constitution. Notre but est de reconstituer le ou les modèles cultures sous
jacents. Chaque individu a une appartenance actuelle à un certain nombre de groupes sociaux
qui nt une sous culture propre et qui n’ont pas de rapports identiques avec la culture globale.
Chaque individu a appartenu à d’autres groupes auxquels il n’appartient plus mais qui ont
laissé chez lui des traces plus ou moins importantes.
Chaque individu est singulier ; on se sert de ce qui fait sa particularité c’est à dire une certaine
organisation d’appartenances et d’expérience sociales spécifiques et non pas le considérer de
façon abstraite. Certaines situations particulières feront mieux apparaître le modèle général
que nous recherchons.
B- PENDANT LENTRETIEN : ETABLISSEMENT DUN RAPPORT PARTICULIER ENTRE
LENQUETEUR ET LENQUETE
Problème : écart entre la signification du chercheur et l’interprétation des enquêtés. Les
réponses n’ont pas forcément la dimension qui auraient eu une signification pour le chercheur.
Les personnes ne répondent pas au hasard mais suivant un stimulus : est-il le plus adapté et le
plus facilement interprétable par rapport à l’objectif fixé et est il le meilleur indicateur
disponible ?
L. Kandel, P.Bourdieu, font de l’END une technique manipulatrice, productrice d’artefacts
verbaux, facteur de privatisation des rapports sociaux et de psychologisation de l’explication
Paradoxe de l’entretien non directif : on leur demande de parler d’une chose précise, mais ce
qui nous intéresse est de passer par ce qu’il y a de plu psychologique, de plus individuel pur
atteindre ce qui est sociologique et culturel. Cela demande un double effort de l’enquêteur qui
va devoir essayer de faire adopter une transition à l’enquêté.
Ce qui intéresse le plus l’enquêteur est de faire ressortir la spécificité de l’enquêté. On va
essayer de partir de ce qu’il y a de plus individuel et affectif pour arriver à ce qui est plus
sociologique.
II- PENDANT ET APRES LENTRETIEN
Problème : besoin d’analyse et d’interprétation de grande qualité de et de précision pour faire
ressortir ces modèles. Nous ne sommes pas capables.
Pour retrouver un modèle culturel, il faut faire abstraction de la culture et analyser le mieux
possible les actes et les pensées quotidiennes d’un certain nombre d’individus.
L’analyse de contenu des entretiens (type Berelson)
Discours parlé et spontané même si cette liberté est restreinte puisqu’il y a toujours la
pression d’être interrogé.
Le texte est décomposé en unités de signification classées à l’aide d’un système de catégorie.
La fidélité de l’analyse est grande car classée.
L’analyse qualitative de l’entretien non directif
Tout élément du corpus a une signification au moins.
« nous considérons les entretiens non directifs comme une production de symptômes qu’il
nous appartiendra d’interpréter et d’organiser, et qui souvent se présenteront sous forme de
« détails ».
Cette importance du détail et souligne par Freud et Levi Strauss :
« elle est une analyse en détail et non en masse ; comme celle-ci elle considère le rêve dés le
début comme un composé, un « conglomérat » de faits psychiques ».
ce qui importe le plus est le détail. L’analyse a l’obligation d’être exhaustive
on va du contenu manifeste au contenu latent pour reconstituer le raisonnement sous jacent.
On part de l’entretien pour arriver à un schéma unique qui soit le plus simple possible.
Le modèle final : rendra compte de k’ensemble des cheminements de ce raisonnement qui
sera propre à une culture donnée avec des embranchements différents, des sous modèles
propres à certaines sous cultures.
Imprégnation et interprétation
Il faut lire et relire l’entretien
« au-delà de la littéralité de la phrase on essaie de reconstituer sa traduction interprétative
incluant des séquences de signification plus ou moins longues ».
On sera obligé d’interpréter des lapsus contexte psychologique et sociologique.
Le problème est qu’une proposition banale recèle de nombreuses significations.
Ex : les politiques mises en place aujourd’hui ne profitent qu’aux classes supérieures. On ne
peut pas prendre une phrase seule sans la remettre dans son contexte !
Comme une remarque cache parfois plusieurs idées, il y a parfois la nécessité de faire de la
surinterprétation : « interprétation qui se dégage secondairement alors qu’une première
interprétation cohérente et apparemment complète a pu être fournie ». Laplanche et Pontalis
Il faut aussi mettre les entretiens en relation entre eux.
On retrouve dans la phase de l’analyse de l’entretien des ressemblances avec l’attention
flottante du psychanalyste.
«La manière dont, selon Freud, l’analyste doit écouter l’analysé : il ne doit privilégier a
priori aucun élément du discours de celui-ci, ce qui implique qu’il laisse fonctionner le plus
librement possible sa propre activité inconsciente et suspend les motivations qui dirigent
habituellement l’attention » Laplanche, Pontalis
L’analyste ne peut négliger aucun élément car ce qui lui paraît inutile peut se révéler très
important. En plus ce qui a l’air « en dehors du champ » est souvent capital. En plus si on
prétend savoir ce qui est révélateur et ce qui ne l’est pas, cela signifierait que l’on connaît le
résultat de l’analyse et donc que ce que l’on fait ne sert à rien.
L’entretien doit être interprété dans son intégrité.
Ex : « je fais un travail pénible » signification dépend de beaucoup de choses.
Il y a toujours le doute de se planter. L but est de construire une grille d’analyse au fur et à
mesure.
Les entretiens non directif ne peuvent être analysés qu’en utilisant une démarche
l’interprétation se fait d’abord au fur et à mesure de l’analyse de chacun des entretiens, en
étant toujours à l’écoute de ce que veut dire l’individu singulier qui parle
III- COMMENT REMEDIER AUX PROBLEMES QUE POSE LENTRETIEN ?
Comment remédier aux problèmes de l’entretien non directif ?
William Labov en 1978 qui utilisait des jeunes noirs pour faire une enquête sur le parler
vernaculaire à Harlem. Il utilisait des enquêteurs indigènes. Ils faisaient en sorte qu’ils
partagent des caractéristiques capables de fonctionner comme des facteurs explicatifs majeurs
de ses pratiques et de ses représentations et auquel il est uni par une relation de profonde
familiarité. Ces enquêteurs ont eu le droit d’enquêter parmi des gens de connaissance. On peut
arriver à une communication non-violente.
Mais des inconvénients : interférence de l’intimité dans la conversation ; il est parfois plus
facile de se livrer à un inconnu. La distance entre les deux personnes ne résulte pas seulement
de la classe sociale. On trouve aussi le sexe, l’âge les opinions politiques ou religieuses.
Type d’analyse de Marie Christine d’Unrug :
Cette technique repose en particulier sur l’analyse des figures de l’ancienne rhétorique utilisée
dans les discours obtenus par entretiens non directifs. On arrive à une systématisation de la
recherche du raisonnement sous jacent à a production verbale des enquêtés.
L’entretien selon Bourdieu
Misère du monde : nouvelle manière de faire des entretiens, transgressant systématiquement
les règles de méthode habituellement admises en sciences sociales telles que la construction
préalable de l’objet et des hypothèses, la neutralité de l’enquêteur ou la nécessité d’une
analyse de contenu.
Type d’entretien : Bourdieu préconise une formule qui ne préconise ni au « pur laissez faire
de l’entretien non directif » ni au « dirigisme du questionnaire » mais entre ces deux pôle de
nombreuses variétés de l’entretien semi directif sont possibles, selon le degré de formalisation
de la consigne de départ, du guide d’entretien, de le stratégie de relance.
L’entretien comme conversation ordinaire
Bourdieu demande un engagement actif de l’enquêteur avec une réelle capacité de se mettre à
sa place, d’empathie. Il veut des interventions, des questions, des commentaires, des relances
au cours d’un échange que Bourdieu appelle « conversation ».
« cette participation par laquelle on s’engage dans la conversation, engageant ainsi son
interlocuteur à s’y engager, étant ce qui distingue le lus clairement la conversation ordinaire,
ou l’entretien tel que nous l’avons pratiqué, de l’entretien dans lequel l’enquêteur, par souci
de neutralité, s’interdit tout engagement personnel ».
La violence symbolique n’est donc plus là. On est dans un cas où l’entretien fournit à
l’interviewé une occasion inespérée de s’interroger sur lui même et de témoigner.
Il faut cependant remplir deux conditions :
Plan éthique :
« L’entretien est élevé au niveau d’une forme d’exercice spirituel, visant à obtenir, par l’oubli
de soi, une véritable conversion du regard que nous portons sur les autres dans les
circonstances ordinaires de la vie ».
plan cognitif :
le succés de l’entretien dépend du sociologue, de sa connaissance sur le sujet et sur son regard
critique. Le succès de l’entretien requiert un immense savoir et expérience au cours des
entretiens réalisés plus tôt.
Dans la pratique :
Entretiens réalisés : ceux où s’est établi une réelle confiance entre les deux personnes. Trop de
questions tue l’entretien
Le contenu est orienté. Il ne faut pas trop manifester sa sollicitude. Quand on fait ça, on tire
l’entretien dans un sens donné.
L’entretien non-directif rogérien
Repose sur l’empathie,une écoute active et des reformulations fidèles, miroir des propos de
l’enquêté. On part d’une consigne initiale.
CONCLUSION
Les divers types d’entretien se complètent. Existe- t-il vraiment des types d’entretiens
différents ? dans la pratique, on a du mal à discerner cer genre de choses…
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