UPRT (UNION DES PROFESSIONNELS DE LA RESTAURATION TERRITORIALE)
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Où se situer entre la Gastronomie moléculaire et la Cuisine
moléculaire ?
Auteur : Sale Milovan
La Science essaie depuis longtemps de comprendre les phénomènes de la casserole.
Depuis une vingtaine d’années, une discipline scientifique nommée "gastronomie moléculaire", emmenée par
Hervé Thys et Nicholas Kurti, explore les pratiques et les transformations culinaires, cherchant les mécanismes
des phénomènes qui surviennent lors de l'activité culinaire.
Chaque connaissance nouvelle produite par cette discipline est l'occasion de transferts technologiques et
d'applications pédagogiques vers les chefs et les cuisiniers de tous les jours. C’est de ces applications de
résultats scientifiques par des chefs qu’est né le terme cuisine moléculaire.
Mais que faut-il penser de cette cuisine dite moléculaire, de cette alliance entre scientifiques et chefs ? Est-ce de
la Chimie dans vos plats ?
La plus simple des réponses est apportée par cette phrase : « lorsque vous faites une mayonnaise, vous faites de
la chimie ». Cette recette que tout le monde a peur de rater chez soi, ce terrible moment où l’on se demande :
« prendra ou prendra pas ? », n’est rien d’autre qu’une émulsion. Lorsque vous comprenez ce que ce terme
signifie d’un point de vue scientifique, un monde de diversités s’offre à vous. Pourquoi se cantonner à l’huile,
pourquoi ne pas utiliser une autre matière grasse (foie gras, chocolat,…) ou un autre émulsifiant que le jaune
d’oeuf ?
Peu de chefs peuvent se permettrent au quotidien de travailler en partenariat avec des scientifiques et le
cuisinier de tous les jours n’a pas forcément le temps de se consacrer à la lecture d’articles ou de livres
scientifiques, parfois indigestes, traitant du sujet.
C’est pourquoi nous avons créé au sein de notre Institut, une branche entièrement consacrée à la Gastronomie et
à la Cuisine Moléculaire que nous avons appelée Ingénierie Gastronomique. Ce terme nous permet de voguer
aussi bien sur les flots de l’enseignement que sur ceux de la consultance et de la recherche sans devoir changer
de casquette nominative.
L’enseignement y est représenté par des cours mêlant le côté scientifique (sécurité alimentaire, compréhension
des phénomènes, « traduction » en terme culinaire de résultats scientifiques) assuré par nos ingénieurs (Sale
Milovan et Xavier Nicolay) et le côté culinaire (application, tour de main, présentation) assuré par un chef
doublement étoilé Sang Hoon Degeimbre de L’air du Temps.
Ces cours sont présentés sous la forme de trois modules de base qui permettent d’avoir une vue d’ensemble sur
la gastronomie et la cuisine moléculaire (texturants, cuissons basse température,…), de modules plus
approfondis sur l’application de ces nouvelles techniques et sur les développements récents issus de la
recherche scientifique.
La recherche est assurée par ce même partenariat « ingénieurs-chef ». Elle est basée sur le développement de
nouvelles approches et de nouvelles techniques qui jusqu’à lors n’étaient utilisée que dans les laboratoires ou
qu’en milieu industriel avec par exemple l’extraction de composés aromatiques (épices, herbes, fruits,…) par
ultrasons.
L’équipement du laboratoire nous permet de réaliser des analyses sur une multitude d’aliments et d’en évaluer
les notes aromatiques (technique du « sniffing », détection par le nez humain couplé à une détection par
spectrométrie de masse). Ces notes nous permettent ensuite de réaliser des accords « insolites » entre des