Service de presse de Travail.Suisse – No 11 – 29 août 2005 – Travail du dimanche _______________________________________________________________________________ Le travail du dimanche ne crée pas plus d’emplois, mais de mauvaises conditions de travail On ne nous fera pas avaler des ours ou des couleuvres! Le dernier dimanche de mai, Zurich a organisé une vente dominicale pour lancer le «Teddy Summer 2005». Et, une fois de plus, il s’est avéré : le franc ne peut être dépensé qu’une seule fois ! Cette vente le dimanche a surtout profité aux familles, attirées par les parkings gratuits, le repas offert pour les enfants et 600 nounours colorés distribués. C’était le soleil qui a fait transpirer les gens, et non pas leurs sacs de courses à moitié vides. On l’avait déjà observé lors des ventes de l’Avent : beaucoup de personnes dans les rues et dans les magasins, mais des chiffres d’affaires en rien exceptionnels. Même Robert Ober, président de l'Association de la Ville, a avoué à la NZZ que le chiffre d’affaires était de l’ordre d’un jour ouvrable normal… Le travail du dimanche oblige au travail sur appel À l’avenir ce dimanche de travail qui, dans ce cas de figure, était un événement unique pourrait devenir la règle dans les gares. On prétend que l’extension du travail dominical aux gares, objet sur lequel on sera appelé à voter à la fin de l’année ou début 2006, crée des emplois. Mais les dépenses des consommateurs dépendent essentiellement du revenu disponible. Des heures d’ouverture des magasins plus longues ne signifient pas forcement plus de consommation. Au contraire, cela mettrait plutôt en difficulté les 95 pour cent des magasins qui doivent garder leurs portes ouvertes sept jours sur sept avec moins de dix employés. Il n’est pas surprenant que plus de la moitié de ces magasins soient contre la libéralisation des heures d’ouverture. En réalité, des heures d’ouverture plus étendues signifient plus de travail à temps partiel. Dans le secteur de la vente, pour beaucoup de personnes ceci signifie : du travail sur appel mal rémunéré. Dans le temple de la consommation, le fait de travailler le dimanche n’est pas seulement réservé aux prêtres Depuis quelque temps déjà, les consommateurs démontrent une certaine lassitude à faire du shopping, dans le même temps on les trompe avec une offre comme on n’en a jamais vu auparavant. Il n’y a pas que les gares qui se transforment en centres commerciaux, chaque nouveau stade de foot devient en même temps une rue commerçante. Sans parler des nouveaux quartiers urbains célébrés comme des «mondes d’aventures» tels que Sihlcity à Zurich ou Westside à Berne. Les acheteurs et acheteuses sont attirés grâce au ciné- Service de presse de Travail.Suisse – No 11 – 29 août 2005 – Travail du dimanche _______________________________________________________________________________ ma, au centre de bien-être et à un peu de culture. Il est clair que ces immenses investissements des banques et des gros distributeurs doivent être rentables. Si les magasins des gares peuvent rester ouverts pendant 52 dimanches par année, les autres centres commerciaux ne vont pas tarder à revendiquer le même droit, ce qui obligera des milliers de personnes à travailler le dimanche. Nous n’en sommes pas encore là. Le dimanche, pour la plupart d’entre nous est encore libre. Libre de réfléchir si nous voulons avaler cet ours du «plaisir sans frontières, de jour comme de nuit» (ainsi se présente Sihlcity). Ou si le vrai plaisir ne serait pas celui d’être en congé le dimanche et de nettoyer le miel du nez d’un vrai nounours lors du brunch en famille. Ainsi, tous pourront «faire exactement ce dont ils ont juste envie» (comme dit la publicité de Westside) pour autant qu'ils ne doivent pas travailler le dimanche ! Arno Kerst, secrétaire central du syndicat Syna* * Syna est membre de Travail.Suisse Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, Tél. 031 370 21 11, e-mai : [email protected], www.travailsuisse.ch