Berne, 30 septembre 2005 Conférence de presse sur le démarrage de la campagne „Non à l’extension du travail du dimanche!“ Travail du dimanche: pour que la digue ne cède pas! Le travail du dimanche dans les gares est la première étape vers la libéralisation complète du travail du dimanche. Le travail du dimanche n’induit pas la relance de l’économie, il affaiblit encore plus les faibles sur le marché de l’emploi et fait fi de l’égalité. Le dimanche doit rester un jour chômé, les travailleurs ont besoin d’une pause dans notre monde du travail non-stop synonyme de stress. Travail.Suisse, l’organisation faîtière des travailleurs-euses, s’oppose avec véhémence à l’assouplissement de l’interdiction de travailler le dimanche. Hugo Fasel, président de Travail.Suisse Travail du dimanche dans les gares, un premier pas C’est avec les gares que la vague de fond entraînant la libéralisation du travail du dimanche va se déclencher. Aujourd’hui déjà, la loi sur le travail permet des dérogations à l’interdiction de travailler le dimanche lorsque des impératifs techniques, sociaux et économiques s’imposent, par exemple dans les hôpitaux, dans le tourisme ou dans certaines branches de l’industrie. Si, dans les gares, le travail du dimanche est autorisé pour les magasins qui ne vendent pas de marchandise destinée aux voyageurs, mais des vêtements, des produits de divertissement ou des appareils techniques, l’interdiction de travailler le dimanche est alors battue en brèche. Aujourd’hui les vendeuses, demain tout le monde On peut aisément s’imaginer que les grands magasins des centres-villes ne vont pas accepter que d’autres règlements soient subitement en vigueur le dimanche dès qu’on franchit l’accès à la gare. Ils vont eux aussi réclamer le droit au travail du dimanche. La prochaine étape a déjà été introduite: dans sa session d’automne 2004, le Conseil des Etats a accepté une motion demandant au Conseil fédéral d’étendre les possibilités de travailler le dimanche. Dans sa session d’hiver, le Conseil national a provisoirement renoncé à se pencher sur cette question – pour des raisons tactiques – et ne se prononcera à ce sujet qu’après les votations du 27 novembre 2005. La motion demande expressément que le travail du dimanche soit étendu à toutes les entreprises prestataires de services et à l’ensemble du commerce de détail. Cela signifie que désormais, non seulement les vendeuses, mais aussi les personnes travaillant dans une banque, dans les assurances, dans l’informatique, les jardiniers, les employés du service de voirie, les éboueurs et le personnel des crèches vont devoir travailler le dimanche. Le dimanche doit rester un jour chômé Le gâteau ne sera pas plus grand pour autant La libéralisation du travail du dimanche n’apporte à la Suisse aucun avantage économique supplémentaire. Le consommateur ne peut dépenser ses sous qu’une fois, même si les magasins restent ouverts un jour de plus. Une poussée de croissance de l’économie suisse n’en sera pas le résultat pour autant. L’extension du travail du dimanche entraîne à vrai dire une autre répartition du gâteau. Une concurrence déprédatrice va s’installer. Les puissants du commerce de détail installés dans les gares vont une fois de plus gagner la bataille qui les opposera aux petits magasins de quartier ou situés dans les agglomérations. Le travail du dimanche affaiblit celles et ceux qui sont déjà faibles sur le marché de l’emploi Ce sont les employés du commerce de détail qui sont concernés par le travail du dimanche dans les magasins installés dans les gares, et en particuliers les femmes et les travailleurs peu qualifiés. Il ressort des comparaisons salariales effectuées dans le cadre de l’étude sur la structure des salaires que les employés du commerce de détail travaillant le dimanche gagnent en règle générale moins que ceux qui ne travaillent jamais le dimanche. Donc, aujourd’hui déjà, le travail du dimanche concerne les travailleurs qui n’ont guère de pouvoir de négociation sur le marché de l’emploi et sont contraints à accepter les conditions de travail qui leur sont imposées. Un mauvais service rendu à l’égalité Contre toute supposition, ce ne sont pas des étudiants ou des personnes élevant seules leurs enfants qui travaillent le dimanche, mais des mères d’enfants âgés de moins de 15 ans. Avec un travail du dimanche „volontaire“ effectué par la femme, quelques familles augmentent leur revenu global, le plaçant ainsi à un niveau acceptable. Elles sont donc prêtes à accepter de faibles salaires et un manque de temps pour leur vie de famille. Ce n’est pas de cette façon que la question des bas salaires pour les femmes, qui n’atteignent que le niveau d’une rémunération accessoire, et les problèmes de manque de places dans les crèches peuvent être résolus. Le travail du dimanche ne contribue pas à l’égalité et à la présence des femmes sur le marché de l’emploi. Une fois de plus, ce sont les femmes, et en particulier les mères de petits enfants, disposant d’un bas revenu, qui doivent faire de leur mieux dans un contexte où les conditions sociales sont mauvaises. Le dimanche chômé est bon pour la santé Comme le montrent de nouvelles études sur la santé, presque la moitié des gens subissent une situation stressante à leur poste de travail. Une flexibilisation totale du temps de travail et une sécurité du travail en péril en sont les facteurs. La disponibilité absolue des travailleurs les soumet au stress; un absentéisme sans cesse croissant en est la conséquence. Les coûts subséquents sur le plan économique et social se comptent en milliards. Le dimanche fait partie d’une politique du temps de travail socialement régulée. Le dimanche chômé va de pair avec l’établissement de la semaine de cinq jours resp. avec la diminution du temps de travail hebdomadaire. Le travail du dimanche doit rester une exception, les tenants du travail non-stop ne doivent pas arbitrer encore plus notre vie. La valeur du dimanche Le dimanche appartient à la vie sociale et culturelle, à la famille et aux amis, à la détente et aux loisirs collectifs. La personne qui doit travailler le dimanche est coupée de la vie en société qu’offre la fin de la semaine. Pour le plus grand nombre possible de personnes, le dimanche doit rester un jour de congé. C’est une conquête de notre culture qui doit être sauvegardée.