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Il délivre les premières observations et impressions de l’auteure face à une organisation
institutionnelle où le temps est rythmé par les activités de soins mais également par les
différentes tâches aléatoires qui se rajoutent laissant peu de temps à la prise en compte du
malade, et conditionnant l’humeur des soignants.
L’auteure pointe les différences, voir les oppositions concernant les pratiques soignantes (en
fonction de l’horaire de travail, en fonction des services, en fonction des personnes...) avec
une certaine propension de la part des observés à critiquer négativement le travail de l’autre.
Les activités de soins sont sectorisées, les patients pris en charge par un ensemble de
personnes différentes, la transmission des informations est essentiellement orale et plutôt
informelle. Tout ceci accroît les difficultés de communication et entraîne une certaine
subjectivité des infirmières, source de préjugés et de pensées stéréotypées.
L’infirmière doit constamment faire l’effort d’accommodation aux autres et aux patients mais
aussi aux moyens qui lui sont alloués pour travailler ce qui accroit son sentiment de
mauvaises conditions de travail.
Ce premier jour donne l’impression d’une course contre le temps en dépit d’une organisation
confuse et au détriment du temps à consacrer aux patients.
Mardi
Il est question ici d’identité professionnelle des infirmières, de leur positionnement, en
interaction avec d’autres catégories professionnelles hiérarchisées.
L’auteure décrit la suprématie du pouvoir médical et retranscrits les critiques des soignants à
l’encontre des médecins, des cadres, et de l’institution elle-même, tous jugés comme étant
loin des difficultés quotidiennes liées aux soins infirmiers.
On retrouve tout au long de l’ouvrage ces discours leitmotive contre les cadres, les médecins,
les aides soignantes et les malades.
Les différentes activités de soins sont catégorisées et certaines sont connotées positivement
(valorisation des actes techniques…) tandis que d’autres sont considérées comme des basses
tâches et connotées négativement (nursing, paperasse…). De plus, le positionnement
individuel des soignants ne s’établie pas uniquement en fonction de leur statut professionnel
mais également selon d’autres critères (l’âge, l’ancienneté, l’éthique professionnelle les
affinités ou inimités entre collègues…)
L’infirmière semble tiraillée entre l’attitude relationnelle, dévalorisée, et l’acte technique lui,
valorisé.
L’auteure observe des discours et des attitudes contradictoires au sein des groupes infirmiers
révélant une certaine ambiguïté du travail infirmier et expliquant peut-être les critiques et les
conflits précédemment observés.
« L’exercice infirmier consisterait soit à rester ambivalente par rapport à cette contradiction,
soit à prendre partie pour un rôle relationnel ou technicien, ce qui reviendrait toujours à créer
des dissensions avec celles de leurs collègues qui n’ont pas fait les mêmes choix » (p.95).
Mercredi
Ce chapitre aborde les divers « cancans » et « défouloirs langagiers » auxquels se livrent les
soignants en leur attribuant une véritable fonction thérapeutique.
Il est donc question des différents moments de discussions informelles (en salle de repos, au
self…) ou formelles (lors des transmissions orales) entre professionnels, sujets à moqueries
voire accusations diverses envers les autres professionnelles ou les patients, véritable
défouloir contre la difficulté du travail quotidien et contre les souffrances vécues par le patient
et renvoyées aux soignants.
L’auteure voit dans ces propos et attitudes, un moyen pour l’infirmière de se protéger
individuellement et d’affirmer son identité professionnelle au sein du groupe.
L’auteure détaille également les rapports conflictuels que les infirmières entretiennent parfois
avec le malade et apporte une description de cette catégorie de patients qualifiés de « mauvais
malades ». Elle rapporte des propos de soignants montrant irrespect, humiliation, voire
racisme envers les patients.