Cette dernière lui déclare son amour et il ne peut s’empêcher de la prendre dans ses bras au moment même où
arrive sa femme. De plus en plus aigri par les dettes qu’il ne peut payer, la maladie de sa femme et les
remords, Ivanov accumule les erreurs. Il refuse l’argent que Lebedev lui propose, reçoit Sacha chez lui et
traite sa femme de sale Juive et lui annonce très clairement qu’elle n’a plus longtemps à vivre. Sa femme
morte, Ivanov décide de se remarier avec Sacha, mais, incapable de surmonter ses propres contradictions, il se
suicide le jour de ses noces.
Ivanov, qui date de 1887, fut écrit en dix jours. Ce premier drame achevé suscita par sa nouveauté un vif
mouvement d’opinion. Pourtant, il ne fut pas compris tout de suite. La forme neuve "quotidienne", la grisaille
apparente des caractères, l’absence d’intrigue, déroutaient le public et la critique. On lui reprocha aussi d’avoir
"calomnié la société russe". Tchekhov se défendit sur ce point, en expliquant que ses personnages étaient
toujours le résultat de son étude de la vie. Et en effet, Ivanov, le drame de cet idéaliste velléitaire est bien le
drame même de l’intelligentsia russe de l’époque.
19 novembre 1887 : « Les hommes de théâtre disent n’avoir encore jamais vu au théâtre une telle effervescence,
autant d’applaudissements et de querelles qu’à la suite de ma pièce. Et chez Korch, l’auteur n’avait encore jamais été
ovationné dès le deuxième acte ». lettre à son frère Alexandre. (p.19)*
24 novembre 1887 : « Tu ne peux imaginer comment ça s’est passé ! De cette petite merde qu’est mon drame ils en
ont fait une montagne ! Je t’ai déjà décrit l’émotion qui régnait dans le public et dans les coulisses - durant ses trente
deux années de carrière théâtrale le souffleur n’avait jamais rien vu de tel. On faisait du bruit, on trépignait, on criait : »
Psst ! » ; au buffet on a failli se battre et à la galerie les étudiants avaient voulu virer quelqu’un, si bien que la police
avait dû intervenir et en sortir deux. L’émotion était générale. » « Ton Schiller Shakespearovitch ! » lettre à
Alexandre. (p.20)*
« J’ai caressé le rêve audacieux de faire la somme de tout ce qui fut écrit jusqu’à présent sur les gens
qui languissent et se lamentent et, par mon Ivanov, mettre un terme à cette sorte
d’écrivasserie. »***p.164
1888
5ème recueil : Récits (1888)
1888 : la pièce est montée à la scène. Imprimée en 1889.
Succès d’Ivanov traite d’un problème qui travaille les intellectuels russes / sombres années 80 :
un homme prématurément las d’une existence languide, confronté sans cesse à des obstacles impossibles à surmonter, à
l’inertie, à la pesanteur et à l’indifférence face auxquelles se brise tout élan et s’éteint tout enthousiasme. (p.20)*
[…] un homme dont la vie s’était stérilisée dans la structure rigide de la société russe des années 80 du XIXème s. (p.20)*
1888 : parution de la 1ère grande œuvre, la nouvelle La Steppe
Prix Pouchkine pour son recueil Dans le crépuscule (3ème recueil, 1887)
1888 : retouche Ivanov (surtout le 4ème acte).
Autres vaudevilles : Tonnerre et éclairs, L’Ours, Une demande en mariage, Tatiana Repina (initialement
conçue comme le 5ème acte du drame du même nom de A.S. Souvorine) (p.20)*
L’Ours. Madame Popova vit dans le deuil quand Smirnov, un propriétaire foncier rustre et sans
éducation fait irruption dans sa maison pour lui ordonner de lui rembourser immédiatement les dettes
contractées par son défunt mari. Une violente dispute éclate, qui se terminera de manière peu habituelle.
1888 : écriture commune Tchékhov-Souvorine de Le Sylvain (Lesij) (Le Sauvage) (p.20)*
Le Sauvage (en russe, Le Sylvain) est la troisième grande pièce de Tchekhov, et se situe
chronologiquement entre Ivanov et La Mouette. Conçue en 1888, la pièce fut rédigée au printemps
de 1889. Représentée pour la première fois à Moscou en décembre de la même année, la pièce, dont
la composition et la technique étaient inhabituelles, ne fut comprise ni du public ni de la critique.
4 octobre 1888 : « Mon saint des saints, c’est le corps humain, la santé, l’intelligence, le talent, l’inspiration,
l’amour et la liberté la plus absolue. La libération de toute force brutale et de tout mensonge, de quelque
manière qu’ils s’expriment : voilà ce que serait mon programme si j’étais un grand artiste »
3 novembre 1888 : lettre à Souvorine : « Les têtes chaudes de maintenant veulent embrasser ce qu’on ne peut
embrasser scientifiquement ; elles veulent trouver les lois scientifiques de la création […]. Il n’y a à mon avis,
pour les gens attirés vers la méthode scientifique, ceux à qui Dieu donne le rare don de penser
scientifiquement, qu’une seule issue : la philosophie de la création. On peut grouper en faisceau tout ce que
les artistes ont créé de mieux dans tous les siècles, saisir ce qui en fait la ressemblance et le prix. Cette