paroles qui ont immédiatement fait «tilt ». Elles renvoyaient à un besoin immédiat, à un intérêt latent
ou à des valeurs défendues par l'individu. Il arrive même qu'il soit inutile de motiver !
La motivation peut exister à priori, à « fleur de peau ». Il suffit de la connaître ou de la faire
émerger. Pas la peine de perdre son temps pour déclencher un intérêt sur certains thèmes. Les
dinosaures, les volcans, l'Univers, les galaxies ou les hommes préhistoriques titillent d'entrée la
curiosité. Le désir de savoir est déjà au rendez-vous, préalable à la situation. Cette motivation fait
écho à certains de nos mythes, de nos fantasmes, de nos craintes ou encore à l'une des grandes
préoccupations humaines : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
MOTIVER = MISSION IMPOSSIBLE
A contrario, motiver peut s'avérer une mission impossible ! L'enseignant a beau proposer une
panoplie complète de moyens captivants (l'humour, le charme, une accroche, une intrigue ou des
technologies nouvelles), rien n'y fait. La mayonnaise, comme on dit, « ne prend pas ». Quelque chose
bloque : la situation, le comportement de l'orateur, l'image du savoir pour l'apprenant, le rapport aux
copains de classe...
De nos jours, c'est ce qui arrive très fréquemment à l'école. L'institution, pour une frange de
plus en plus large d'adolescents, est synonyme d'ennui et d'inutilité puisqu'elle ne permet plus
d'accéder à un emploi. La démotivation à l'école ne date pas d'hier. La question a déjà fait l'objet de
longs et âpres débats entre chercheurs et pédagogues. Quelques mots sur cette histoire nous
permettront d'avancer plus vite et de dégager la plupart des facteurs qui influencent, positivement ou
négativement, la motivation des élèves.
Pour Burrhus Skinner, le chef de file de l'approche béhavioriste, un élève se démotive à la
suite d'échecs trop fréquents. Les punitions morales ou corporelles ou le manque d'encouragements
participent de ce phénomène. Pour Skinner, tout est - relativement - simple. Des stimuli extérieurs, tels
des activités, des récompenses ou des encouragements, sont à rechercher pour déclencher une
irrésistible envie d'apprendre et mobiliser l'énergie ad hoc. Enseigner est l'art d'identifier ces facteurs
déclenchants. Par la suite, des renforcements seront mis en place pour en prolonger l'effet.
A l'opposé, dans les années soixante, le philosophe Carl Rogers et les pédagogues des courants
humanistes ont estimé que la véritable source de motivation résidait dans les besoins intrinsèques de
l'individu. Pour ce courant de pensée, la libido sciendi procède du besoin de s'épanouir. Le médecin et
pédagogue belge Ovide Decroly tenait pour sa part l'apprendre pour un besoin parmi d'autres.
L'enseignant, à son estime, se doit d'encourager ou de « diriger les besoins innés » ou acquis propres à
chaque enfant ou adulte, et d'en faire naître de nouveaux. En réponse au besoin de défense chez
l'enfant, par exemple, Decroly proposait d'inventorier avec lui les animaux dangereux, les plantes
vénéneuses, de lister les moyens de défense (les coups, les cris, les attaques...), ou de protection (les
écailles, les cornes, les dents...), pour faire naître l'envie de mieux connaître le comportement de ces
animaux.
Le succès de l'approche constructiviste a momentanément mis le débat sous le boisseau. La
motivation était logée dans une relation permanente entre l'élève et son environnement. Celle-ci prend
son origine dans les perceptions et les attentes d'un individu. Les possibilités d'interventions
pédagogiques deviennent immédiatement plus vastes. L'enseignant peut s'appuyer sur les besoins
internes de l'élève, ses intérêts, ses désirs et ses attentes générées par la situation d'enseignement. Dans
le même temps, il peut mettre en place des « moyens externes de persuasion » oraux, écrits ou
médiatisés. Pour les plus jeunes, le jeu et l'action occupent une place privilégiée.
Toutefois, rien ne coule de source dans la pratique quotidienne. La motivation ne peut se
résoudre en termes de recettes. C'est un délicat dosage qu'il s'agit d'organiser. Ce qui importe est de
susciter un intérêt porteur qui incite l'individu à se surpasser. Tout juste peut-on prévoir les difficultés
majeures qui inhiberont la motivation. Par exemple, cette dernière est rarement induite directement par
des renforcements externes. Bien que très pratiquée dans de nombreux musées pour enfants, une telle
approche ne produit qu'un intérêt très superficiel. De même, le fameux « carotte ou bâton » n'a que des
effets très fugaces. La présentation d'images, la réalisation d'expériences, l'utilisation d'interactifs
peuvent être un facteur déclenchant pour l'enfant, mais cet intérêt reste limité et inefficace s'il n'est pas
relayé par un intérêt plus profond.
LA MOTIVATION CHEZ LES SOURIS