Médiations thérapeutiques
L’ours en peluche, la poupée, la petite voiture .... Peindre, dessiner, confectionner un gâteau, faire
du sport, du théâtre, jouer aux cartes... sont autant de supports relationnels proposés à l’adulte,
à l’enfant ou à l’adolescent en difficulté psychique. Ces médiations se situent entre les loisirs et
les véritables activités de soins.
Le soignant, à la fois animateur et garant du cadre, s’efforce d’être à l’écoute des besoins
d’aide de chacun. Pour que cet accompagnement médiatisé devienne thérapeutique le
professionnel s’appuie sur une compétence clinique puisée dans une réflexion et dans la
confrontation avec d’autres pratiques.
C’est dans cet esprit que 300 professionnels venant du CHU et d’établissements des
départements limitrophes se sont réunis le 30 avril au CHU-Hôpitaux de Saint-Etienne
Parmi les expériences présentées on retiendra le travail du Groupe thérapeutique à médiation en
psycho-gériatrie présenté par l’hôpital de jour Fougerolle de l’Hôpital la Charité, l’atelier “ Mots “
de l’équipe du centre intersectorial de réadaptation psychosociale, "les sorties culturelles comme
ouverture à soi et à l’autre" proposées par l’équipe de jour de Rive de Gier, l’Histoire de créer “ :
l’histoire d’un groupe de patients psychotiques qui participe à la réalisation d’un film vidéo. Ce
film a reçu la clé d’argent au 19ème festival de Lorquin...Le Centre de documentation du CHU-
Hôpitaux de Saint-Etienne dispose de l’intégralité des exposés. Il est possible de le contacter au
04.77.42.78.18.
Les psychothérapies de groupe avec médiations expressives restent aujourd’hui un temps de soin
indispensable pour le traitement des psychoses et autres maladies psychiatriques graves. Leur
pratique et leur théorisation se sont construites à Libourne depuis 1978 à l’intersection de la
phénoménologie, de la psychanalyse, de la sémiotique, de la théorie des systèmes. On peut
privilégier l’influence privilégiée de Winnicott pour le « playing » mais aussi Bion (petits groupes,
liaison, déliaison).
L’importance du mode associatif en psychanalyse rejoint la non-directivité de Rogers mais aussi
le libre jeu de la mise en forme, issu à la fois de la phénoménologie (Gestaltung) et du
surréalisme.. Pour susciter finalement des processus vivants de symbolisation où le sérieux du
cadre n’empêche pas l’invention de « microdispositifs de l’instant » (J. Masson-Chauvin) en liens
inconscients avec les enjeux posés par le groupe.
Les traitements séquentiels permettent souvent à un sujet d’envisager, après quelques
mois ou années de traitement, l’engagement dans une psychothérapie individuelle, voire à
une psychanalyse. Mais certains patients obtiennent le bénéfice d’une fréquentation
longue et privilégiée de ce type d’ateliers. Comme l’écrit J.C. Guillebaud dans un livre
récent « Le principe d’humanité en définitive a pour caractéristique d’être cause de soi…
il existe car nous voulons qu’il en soit ainsi. C’est à cette volonté obstinée et
joyeusement dissidente qu’il faut dorénavant se vouer ».
MEDIATIONS THERAPEUTIQUES
Principes
Utiliser des stratégies pour aider quelqu’un ayant des difficultés d’ordre
psychique ; les difficultés peuvent être personnelles ou interpersonnelles
personnelles
regard sur soi même
présence / rapport à la réalité
(réalité psychique =>comparable à la réalité matérielle [- selon
Freud -]
ce qui dans le psychisme du sujet présente une certaine
cohérence)
appréhension du corps
rapport à l’espace / au temps
orientation
mobilisation / coordination des mouvements
mémorisation.....
interpersonnelles
rapport à autrui
communication
socialisation...
Actions à la fois simples complexes
simple en ce sens que l’on utilise des stratégies voire des techniques pour aider
quelqu’un à s’exprimer
complexe en ce sens que l’on n’a pas de recette infaillible, de protocole, de
remède permettant à tous les coups d’obtenir le résultat attendu dans telle ou
telle situation relationnelle ou pathologie.
Or ce qui est thérapeutique c’est ce qui est apte à guérir, à traiter les maladies
ce qui est sensé guérir là c’est la médiation
quelques éléments de définition de la médiation en général:
J.F.Six [“ le temps des médiateurs ”seuil 1990] considère que la médiation a deux
fonctions
1) faire naître ou renaître un lien
2) parer à un conflit (le conflit signant la présence d’un lien)
4 types de médiations sont décrites :
médiation créatrice
créer un lien nouveau
médiation rénovatrice
resserrer / restaurer des liens
médiation préventive
éviter l’éclatement d’un conflit
médiation curative ou réparatrice
aider les partie à trouver une solution au conflit ou dénouer des nœuds
G.Hofnung [“ la médiation que sais je ?P.U.F 1995]repère, elle, 2 types de médiation :
médiation de différences : qui crée du lien social ou vise à
restaurer les liens sociaux distendus
médiation de différents : qui s’intéresse aux désaccords
soit dans leur phase émergente (rôle préventif)
soit dans leur phase avérée (rôle curatif)
La médiation vise donc à créer de la cohésion, de l’équilibre, elle s’intéresse à
éviter le chaos, la perte de la santé sociale.
La médiation thérapeutique
La médiation thérapeutique se préoccupe donc de créer et restaurer du lien, prévenir et
résoudre les conflits d’ordre psychiques.
La maladie mentale pourrait s’envisager comme une perte ou distorsion du lien avec
soi, et/ou les autres dans le cadre de conflits entre les différentes instances de la
personnalité, entre elles ou avec le réel.
Conflit du Surmoi avec le ça dans la structure névrotique
du ça avec la réalité dans la structure psychotique
de l’idéal du moi avec le ça et la réalité dans les structures borderline
On peut distinguer la médiation verbale de la médiation non verbale
médiation verbale
la forme la plus courante c’est la psychanalyse ou la psychothérapie
indiquée essentiellement pour les patients névrotiques
si le langage peut être une forme de médiation thérapeutique, ce sera dans un cadre,
et une forme déterminée, car la parole en soi n’est pas thérapeutique
d’après F.Dolto [psychanalyste]“ quand on parle de la souffrance, les pulsions en
jeu s’apaisent du fait de la rencontre de q.qu’un qui écoute...
d’après J.P.Klein [psychiatre](à propos d’enfant victimes de traumatisme
sévères) la tentation est de dire et de faire dire ces souffrances, ces
traumatisme. Mais les dire et les redire les réitère, c’est comme s’ils revivaient
mille fois le traumatisme... L’expression de la souffrance, c’est à dire d’en parler
en direct calme éventuellement, mais il ne suffit pas de dire et d’exprimer et
d’en rester là sans rien faire
mais pour ce qui concerne les personnes psychotiques ou borderline, le langage est
souvent défaillant
médiation non verbale
selon B.Cadoux [psychologue]“ rencontrer les patients psychotiques ne peut
se faire qu’en un lieu précaire, entre art et thérapie, là où la faillite du langage
institué trouve des suppléances du coté d’autres modes d’expression qui
permettent de dire autrement ce qui ne peut se dire avec des mots
selon M.Janin [art thérapeute]“ certaines personnes ont besoin de trouver un
espace d’expression dans lequel la résistance à la parole sera respectée
qu’il s’agissent de faillite au langage ou de résistance au langage : un autre mode
d’expression est nécessaire : l’idée serait donc de dire autrement qu’avec des mots
ou pas uniquement avec des mots.
La médiation thérapeutique est aussi un mode d’approche d’un individu en souffrance
selon J.P.Klein
la personne en situation thérapeutique ne se pensait jusqu’alors et n’était pensée
qu’en terme de pathologie dont elle était prisonnière
d’objet de sa pathologie elle va devenir sujet d’un production issue d’elle même
et qui se nourrira - forcément - entre autre de cette pathologie qui dés lors
n’est plus uniquement la source d’une souffrance
production qui sera fournie par l’intermédiaire du médiateur thérapeutique de
son choix
la thérapie n’est pas un projet sur la personne mais la personne devient en projet
avec elle même à partir de ce qu’elle porte comme désir de changement
positif d’elle même
ce désir de changement coexiste avec d’autres désirs : désir de destruction de
soi et des autres, désir de non changement.
selon Y.Darrault Hardis (sc.éduc.) on ne soigne pas on ne guérit pas le patient, mais
on crée le cadre d’une transformation dont le patient reste l’agent, puisant dans
ses forces vitales intimes avec l’aide du soignant qui croit dans ses capacités de
changement
cf. notion développée dans l’éducation par ØM.Lesnes (objet sujet agent ) & ØJ.Ardoino (agent
auteur acteur)
pour J.Ambrosi [psychanalyste]
"la personne possède en elle même le savoir de son mieux être, de ses équilibres,
la médiation “ s’en tient à rappeler à la personne le savoir dont elle même dispose,
qu’elle ne parvient pas à entendre ou hésite à utiliser
la médiation est à distinguer du médiateur (le soignant)
en médiation, c’est la personne qui sait et utilise ses savoirs et non pas le
soignant-médiateur qui impose le sien
la médiation rend au savoir du soignant sa fonction réelle qui est de rassurer…
Indications
du ressort du psychiatre elle peut être discutée en équipe
les critères qui peuvent orienter le choix
orientation vers ce que Y.Klein appelle la stratégie du détour
activité dans laquelle on n’œuvre pas dans le registre tabou
(ex : ne jamais imposer une activité totalement rejetée)
activité où l’on n’attaque pas directement les symptômes
( ex : si la personne délire on ne cherche pas à le faire cesser)
activité où l’on respecte les défenses
( ex : ne pas favoriser le retour du refoulé)
activité où l’on contourne les résistances au changement
(ex : ne pas proposer une médiation thérapeutique par la peinture à une personne qui
connaît bien l’art pictural, qui a déjà acquis un savoir faire, voire un style qui va être
reproduit et annihilera l’espace thérapeutique potentiel en l’assimilant à du loisir)
A propos de l’indication de thérapie corporelle elles ne peuvent pas être rigides
pour telle ou telle type d’approche tant il est vrai que les facteurs subjectifs et
relationnels sont primordiaux dans la prise de décision
on retrouve chez la plupart des auteurs des exigences basiques concernant le cadre ce
qui caractérise le cadre doit être précisément défini : temps, lieu, durée, règles du
jeu, acteurs en présence
cette rigueur du contenant est facteur de la liberté du contenu ” si le contenu
n’est pas programmé, le cadre est rigoureusement pensé pour chaque personne ou
chaque groupe (Y.Klein)
(E.Bick)“ le besoin d’un objet contenant semblerait dans l’état non intégré du 1° âge
produire une recherche frénétique d’un objet
A mettre en lien avec les différentes étapes de la construction de la relation
d’objet
ëla fonction contenante et donc structurante du cadre posé comme espace rassurant
permettant que se joue le désordre sans danger
ëce qui permet de tenir rassemblées les parties de la personnalité
cf. D.Anzieu [le moi peau]fonction organisatrice de l’appareil psychique jouée par les
signaux tactiles de la peau
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