1) Première Phase
Dans une première phase, la Deuxième République est marquée par un mouvement idéaliste
de réconciliation nationale qui tente de dépasser le conflit des « deux France » : République et
catholicisme font bon ménage (le clergé catholique bénit les arbres de la liberté et les
révolutionnaires s’agenouillent devant le Saint Sacrement). Les mesures prises par le
gouvernement provisoire reflètent ce climat d’euphorie en phase avec la devise républicaine
de Liberté, d’Egalité et de Fraternité qui orne le drapeau tricolore :
• adoption du suffrage universel masculin (introduit pour la première fois sous la forme
directe, sans restriction)
• abolition de la peine de mort en matière politique et libération des détenus politique
• abolition de l’esclavage aux colonies
• rétablissement des libertés fondamentales : liberté totale de la presse et de réunion
(L’histoire de France G. Labrune, Ph. Toutain Nathan)
• affirmation du droit au travail (création des Ateliers nationaux où on emploie les
chômeurs)
• limitation de la journée de travail en usine à 10 heures
Une Assemblée Constituante est élue au suffrage universel direct. Les résultats des élections
marquent néanmoins un net recul de l’extrême gauche (une soixantaine de sièges pour
l’extrême gauche contre 500 aux républicains modérés et 300 aux monarchistes).
L’Assemblée est donc dominée par une majorité républicaine modérée. Le gouvernement
provisoire démissionne. L’assemblée élue proclame à nouveau la République et s’attribue le
pouvoir législatif. Elle élit une commission à qui elle attribue le pouvoir exécutif. (On reprend
les mêmes membres sauf les socialistes.) La suppression des Ateliers Nationaux, provoque la
grande révolte populaire des journées de juin (du 23 au 26 juin). C’est la fin de la République
sociale et fraternelle.
2) Deuxième phase
A la suite du soulèvement des ouvriers parisiens, la commission exécutive démissionne.
L’Assemblée vote l’état de siège et confie les pleins pouvoirs au général Cavaignac. Les
combats durent plusieurs jours. La répression est féroce (1 500 morts, 12 000arrestations, 5
000 déportations). Les journées de juin marquent la rupture entre républicains et socialistes, et
l’échec d’une République sociale au profit d’une République conservatrice. La bourgeoisie
après avoir mené la lute contre les anciens privilèges défend dès lors ses intérêts. Deux camps
se forment : d’un côté les possédants, de l’autre les prolétaires. Le clergé se rallie au parti de
l’ordre. Cavaignac devient président du Conseil. L’ Assemblée Constituante nomme une
commission de 18 membres chargée de rédiger la Constitution. La Constitution est adoptée le
4 novembre 1848. En se référant à Dieu et au peuple français, elle rappelle les principes de la
République (liberté, égalité, fraternité) et ses fondements (famille et propriété), elle énonce
non seulement les droits (le droit au travail n’est pas reconnu formellement), mais les devoirs
du citoyen. Elle maintient le suffrage universel. Elle prévoit l’élection d’un président de la
République au suffrage universel direct dont le mandat est de quatre ans. Le président n’est
pas immédiatement rééligible. Il partage l’initiative des lois avec l’Assemblée et les
promulgue. Il exerce le pouvoir exécutif. Une assemblée de 750 membres, élus pour trois ans,
détient le pouvoir législatif. La séparation des pouvoirs est totale et aucun organisme
d’arbitrage n’est prévu en cas de conflit entre le président et l’Assemblée. Le 10 décembre
1848, le président de la République est élu au suffrage universel. (Ce sera la seule fois avant